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c- La multiculturalité: une réalité

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Ce concept définit les sociétés multiculturelles comme étant celles où il y a des
situations de coprésence et d’interactions entre différentes communautés dans un contexte
donné (Lévy et Lussault, 2003). Il caractérise les situations du ”vivre ensemble” dans des
sociétés plurielles. De surcroît, d’après la chercheuse Cynthia Ghorra-Gobin, une ville
multiculturelle désigne un espace où vivent différents groupes culturels. L´adjectif
“multiculturel” lui sert à « identifier une réalité pluriethnique ou encore multiethnique »
(1999, p.2). Ces termes correspondent à la définition du quartier El Cerezo ainsi que du
district de la Macarena. Ce concept est un fait qui permet d’identifier et qualifier un espace en
fonction de ses habitants et des transformations urbaines et sociales auxquelles ils ont
contribué : le quartier d’El Cerezo en est une parfaite illustration.

En effet, dans les villes qui accueillent des migrants et c’est le cas de Séville, il
apparaît primordial de passer du « savoir vivre au singulier au savoir vivre au pluriel »
(CONSTANT, 2000 p.88). Par conséquent, l´espace public multiculturel apparaît comme un
lieu de construction de l’altérité et de l’identité de l’individu par des pratiques liées au « vivre
ensemble » (GHORRA-GOBIN, 1994). En politique, ce concept est utilisé pour parler
d’espace où le mélange des cultures serait positif par souci de tolérance et de respect, il est
question ici de multiculturalisme utilisé essentiellement comme une doctrine.

« La question multiculturelle lorsqu´elle se décline dans le champ urbain exige de définir les
caractéristiques et les enjeux de ce nouvel espace public » (GHORRA-GOBIN, 1999, p.2).

Car, dans la ville, « l’urbanité est indissociable d’un devoir d’exposition qui exige des
compétences sociales relatives à la présentation de soi en public et à la considération de l’autre
en tant que personne humaine » (STEBE, 2010 p.109). C’est en cela qu’il apparait important
de lutter contre les discriminations et pour l’amélioration du “vivre ensemble” en donnant des
opportunités aux habitants de se connaître.

Pour finir, la diversité culturelle abordée dans le « traitement politique, soulève des
enjeux importants, notamment en ce qui concerne la citoyenneté » (DORTIER, 2004, p.575).

C’est pourquoi l’écrivain et journaliste J-F Dortier remet en cause le terme « citoyen » qui ne
prend pas en considération les spécificités de chacun et qui, toujours selon sa définition,
devrait être protégé par des lois. D’ailleurs, pour le chercheur Michael Walzer, « la
communauté peut être le lieu d’apprentissage de la citoyenneté » (DORTIER, 2004 p.576). Il
est important de prendre en considération ce terme puisqu’il permet d’intégrer les immigrés
dans le pays d’arrivée (ici l’Espagne) en leur donnant la possibilité de voter et d’être considérés
comme des personnes du territoire dans lequel ils vivent.

Nous utilisons les termes d’espace multiethnique, pluriethnique ou encore diversité culturelle
pour parler de zones où se rencontrent différents groupes d’origines différentes. Celui
d’interethnique nous sert à indiquer des regroupements entre personnes d’origines étrangères.

Quant à la multiculturalité, elle illustre des espaces où se retrouvent aussi bien des populations
autochtones qu’immigrées.

Le concept de multiculturalité nous permet d’introduire nos prochains chapitres qui
parlerons davantage du quartier El Cerezo, de ses transformations (urbaines et sociales), des
associations et bien évidemment des habitants. Nous verrons aussi les représentations des
habitants et comment se construit le “vivre ensemble” dans les quartiers multiculturels où se
concentrent de nombreux immigrés sujets au phénomène de ségrégation.

Comme nous venons de le constater, Séville est une ville où l’immigration a une place
importante, aussi bien dans les politiques publiques que par son impact dans certaines zones
de la ville. L’intérêt que les politiciens de la ville portent à l’immigration est assez récent
puisque l’importance de la présence de personnes d’origines étrangères date des années 2000,
période durant laquelle se sont créés divers organismes de défense et de soutien des étrangers
tel l’ODI ou encore SOMAÏ.

Nous pouvons à présent annoncer et valider notre problématique:

Dans quelle mesure les interactions entre habitants de quartiers multiculturels
peuvent-être révélatrices de mise à distance des populations immigrées et quels sont les
enjeux des politiques locales et des initiatives associatives pour fabriquer “du vivre
ensemble”?

Pour y répondre, nous tâcherons de comprendre comment se créé du “vivre ensemble”
au sein de ce type d’espace en utilisant comme exemple le quartier d’El Cerezo et en nous
appuyant sur certains projets associatifs tout en tenant compte du discours des habitants.

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