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B.3. PERCEPTIONS

Non classé

Madame A se considère dans cette situation comme une victime des dirigeants de
l’institution. Selon elle, elle n’a rien fait de mal pour mériter ce renvoi.

Rappelons ici que Madame A s’est bien familiarisée avec la résidence et avec
certains résidents. Pour elle, en plus de cet attachement, c’est la plus prestigieuse
résidence de la ville.

En apprenant l’histoire de la deuxième dame de compagnie, Madame A se dit être
volée car elle ne connaît pas cette dame. Elle attend de moi que je l’aide à récupérer
ces sommes volées depuis des mois.

Madame A me donne quelques exemples qui selon elle seraient à l’origine de son
renvoi : « un soir, j’avais tellement mal que j’ai demandé à voir un médecin, mon
médecin traitant étant déjà parti. Ses médicaments ne faisaient plus d’effets mais il
continuait de prescrire les mêmes. J’avais tellement mal ce soir là que j’ai demandé à
voir un autre médecin urgemment. Comme personne ne réagissait et que mon mal
persistait, j’ai donc appelé une ambulance. Quand l’ambulance est arrivée et qu’ils
ont su que c’était moi qui l’avais appelée, ils l’ont renvoyée. Je ne faisais plus
confiance aux médicaments qui m’étaient prescrits par le médecin traitant.

J’ai donc demandé à changer de médecin et à prendre un médecin de mon choix. Cette
demande a toujours été rejetée. N’ai-je pas le droit de changer de médecin
Monsieur ?», m’a-t-elle demandé.

« En plus de tout ceci, j’ai été accusée à tort par la direction de troubler les autres
résidents. Maintenant, ils vont me mettre à la porte. Ils me traitent de folle. Depuis
que vous êtes ici et que vous discutez avec moi, suis-je folle Monsieur ?», m’a-t-elle
encore demandé.

Si Madame A avait encore le choix, elle resterait au Clos Saint-Rémi, mais
puisqu’elle ne l’a pas, il faut que je l’aide afin qu’une résidence ne lui soit pas
imposée. C’est donc ce qui est urgent et prioritaire pour l’instant : trouver d’ellemême
un lieu d’accueil.

Personnellement, je trouve que Madame A a été victime de ses agissements.

Je trouve qu’elle demandait chaque fois les mêmes choses, à tel point que ses
demandes ont été considérées à partir de ce moment-là comme étant de simples
jeux. Je perçois aussi un certain niveau d’injustice au niveau du choix du médecin.

« Le libre choix de son intervenant médical fait partie du droit à la protection de la
santé. En institution, ce libre choix s’étend tout d’abord aux médecins, mais
également aux intervenants libéraux de toute nature : radiologue, masseur,
kinésithérapeute… »(122)

En discutant de sa situation avec la direction, ils ont remarqué que je prenais sa
défense. Ils m’ont alors fait savoir qu’avant d’arriver au Clos Saint-Rémi, Madame A
avait déjà été renvoyée d’une autre résidence. Selon la direction, Madame A doit
partir parce qu’elle le mérite :

– « Elle est surconsommatrice de soins médicaux car avant de lui refuser le
changement de médecin, elle avait eu 3000 euros/mois comme facture de
soins pour des consultations chez des médecins extérieurs, avec un peu plus
d’un tiers de cette somme à sa charge.
– Elle utilisait le téléphone de manière abusive, c’est pourquoi elle n’a plus de
téléphone.
– Elle a plusieurs fois troublé les autres résidents en allant dans leurs chambres.

C’est pourquoi nous ne pouvons plus continuer à la garder chez nous ».
Sa fille avec qui j’ai plusieurs fois discuté en avait déjà marre de sa maman qu’elle
trouvait agaçante, fatigante et manipulatrice.

Renvoyer Madame A du Clos Saint-Rémi ne faisait que confirmer son «mauvais
comportement», en faisant allusion à ces soi-disant antécédents institutionnels.

Tout ce qui précède conduit à un questionnement : Madame A est-elle allée trop loin
comme le dit la direction ou est-elle tout simplement victime de ses antécédents
institutionnels ? Toujours est-il que les institutions savent toujours bien se justifier
face à toute forme de violence institutionnelle.

122 Gérard BRAMI, op cit, p 69.

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