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B-Les critères subjectifs de détermination du prix :

ADIAL

La valeur d’une oeuvre est aussi fonction de plusieurs critères irrationnels et difficilement
quantifiables en argent. Le plus souvent il s’agit de critères de circonstances.

Lorsque l’on achète une oeuvre d’art dans une galerie ou lors d’une vente gré à gré, on
n’échappe pas à la dimension affective qui influe sur le montant de la facture finale. Tout
dépend du goût de l’acheteur, du talent du galeriste qui saura justifier la valeur de tels artistes
selon les critères esthétiques qui sont propres à chacun. La théorie du « coup de coeur » peut
aussi justifier une dépense au-delà de la valeur du marché.

1-L’aléa des ventes aux enchères :

L’achat en maison de ventes aux enchères entraîne régulièrement des comportements
irrationnels de la part des acheteurs. Avant la vente, la société de vente réalise une campagne
de publicité afin de mettre en valeur les lots qui seront dispersés quelques jours après. L’écho
de cette campagne aura une influence majeure sur les chances d’obtenir un bon prix. Une toile
n’aura pas le même « potentiel » de vente, si elle est vendue à Paris, New-York ou Londres.

Car même si le marché de l’art s’est internationalisé ces dernières années, chaque place
revendique sa spécialité. Ainsi l’art contemporain se vend il mieux à Londres qu’à Paris. La
valeur de l’oeuvre peut donc varier de manière significative au sien d’un même marché
référentiel. On ajoutera que le prix est fonction des enchérisseurs. Il suffit que deux
collectionneurs se battent pour la propriété d’une oeuvre, pour que celle-ci voie son prix
exploser. Ces batailles entre collectionneurs sont courantes et aboutissent à des records que
les médias relaient régulièrement. Sachant que les compagnies d’assurance se basent souvent
sur les bordereaux d’adjudication pour déterminer la valeur assurée par le contrat, de telles
variations peuvent être problématiques.

2-Le chic des collections et des musées:

En plus de l’oeuvre et de sa valeur intrinsèque, le fait d’avoir appartenu à un collectionneur en
vue ou à une collection internationalement reconnue, peut accroitre le prix de façon
substantielle. Il suffit pour cela de raconter belles histoires, un peu à la manière du « Story
Telling » qui a envahi la politique depuis quelques années. Chaque oeuvre développe ainsi un
pedigree qui dépasse sa valeur pure et encourage la concurrence entre les collectionneurs.

La dispersion de la collection d’Yves St Laurent et Pierre Bergé, par la société Christie’s
en février 2009, a montré que l’aura des propriétaires avait une répercussion directe sur la
valeur des objets qui composaient la collection. Le produit de la vente s’élevait à 373 millions
d’euros soit 73 millions de plus que l’estimation haute qui en avait été faite(39). Dans cet
exemple, tous les éléments étaient réunis pour obtenir une valeur maximale. Des oeuvres de
qualité, un lieu exceptionnel (la nef du Grand Palais), une publicité mondiale, une affluence
record (30 000 visiteurs) et plus de 600 acheteurs potentiels. Tous ces éléments, ont conféré
une sorte d’ « aura » aux objets, qui est venue s’ajouter à leur valeur individuelle.

Peu de personnalités peuvent se prévaloir d’influencer les tendances du marché. On peut citer
comme exemple, une personnalité comme Charles Saatchi, entrepreneur à succès, mécène, et
galeriste, qui est suffisamment influent pour faire et défaire les côtes de certains artistes, tout
comme Steve Cohen directeur d’un des plus importants « Hedge Funds » américain.

Les musées aussi ont une influence sur les cotations des artistes. L’exemple de Dana Schutz,
jeune artiste new yorkaise dans la lignée d’un Paul Gauguin, fut très tôt exposée dans la
Galerie Zach Feuer. Entre temps un critique américain décrivit son travail comme « James
Ensor en Vacances à Tahiti avec Gauguin ». Exposée successivement à la biennale de Venise,
puis dans les collections du MOMA (Museum of Modern Art) de New York, elle vit le prix
de ses oeuvres s’envoler rapidement. En 2003 certaines toiles se vendaient près de 200 000
euros aux enchères, tandis que son galeriste attitré vendait ses nouvelles toiles pour environ
35 000 euros, moyennant une liste d’attente très fournie. Pour y remédier, il proposait alors à
ses clients d’acheter deux toiles contre leur engagement de faire don d’une d’entre elle à un
musée ou à une institution, afin de renforcer la réputation de son artiste sur le marché. Jean
Hubert Martin, conservateur général du patrimoine, confirme : « Tout artiste a intérêt à
figurer dans les musées, pour assurer sa place dans l’histoire de l’art. Il s’inscrit ainsi dans
une sélection effectuée en théorie selon des critères historiques et esthétiques reposant
essentiellement sur la notion de création en tant qu’invention. Cette valeur proprement
artistique rejaillit sur sa valeur marchande, selon des modalités et des taux très variables.(40) »

39 www.grandpalais.fr
40 Beaux-arts Magasine, N°319, janvier 2011, P.91

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