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B-Le rôle des maisons de ventes aux enchères

ADIAL

Les Maisons de ventes aux enchères jouent un rôle prépondérant dans la fixation des prix et
de la valeur des oeuvres d’art contemporain sur le marché. Elles sont en charge de la
présentation des oeuvres aux acheteurs, de leurs estimations, du travail d’expertise et de la
promotion (catalogue). Des attributions, qui les font parfois sortir de leur rôle d’intermédiaire,
puisqu’elles se retrouvent à la fois vendeur et acheteur. Comme en témoigne Marc Blondeau,
courtier installé à Genève et ancien directeur de Sotheby’s France, la gestion des maisons de
ventes s’apparente de plus en plus à celle des sociétés financières : « Chez Sotheby’s et
Christie’s, la notion d’expertise artistique se perd au profit de la prise de pouvoir de
l’administration dirigée par la comptabilité et le business development. Du coup, le marché
est entraîné dans la voie de la spéculation financière. Le but étant de faire monter les prix
sans rapport avec la valeur intrinsèque de l’oeuvre, on vend l’image de l’oeuvre et non son
contenu réel(45) ». Il n’est d’ailleurs pas rare que des transactions s’effectuent pour des sommes
très importantes, alors que l’acheteur n’a jamais vu l’oeuvre !

Exemple en 2007, avec Christie’s qui passe en vente une toile de Rothko appartenant à David
Rockfeller, célèbre trustee du Moma (Museum Of Modern Art) de New York. La toile est
alors estimée à 40 millions de dollars. Un prix qui dépasse largement tous les records pour cet
artiste. Une politique de fuite en avant qui porte ses fruits. Le précèdent record pour une
oeuvre de Rothko avait été fixé en 2005 à 22,4 millions de dollars pour une toile « hommage à
Matisse » de 1954. Résultat de l’enchère, 72,8 millions de dollars !

En juin 2007, Franck Giraud, un marchand New Yorkais spécialiste de l’art du XIXe et XXe
siècle, déclarait « aujourd’hui, les gens ont confiance dans le marché. Ils investissent
beaucoup dans l’art. En poussant les estimations si fortement, on risque de déstabiliser les
valeurs et le diagnostic des professionnels. Les maisons de ventes sont en train d’imaginer- et
non pas d’anticiper- des prix qui pourraient exister demain. En outre, elles donnent des
garanties, une pratique qui dérègle le jeu habituel de l’offre et de la demande, le prix
réellement payé n’étant pas toujours celui obtenu au marteau(46). »

A cela il faut ajouter des frais de communication et de publicité qui augmentent, afin de
s’adresser à une population d’acheteurs qui ne cesse de s’étoffer, et qui dorénavant se situe
aux quatre coins de la planète. L’organisation d’évènements mondains pour promouvoir les
ventes suscitent des frais que les maisons de ventes doivent bien récupérer à la fin des
transactions.

Malgré les solutions élaborées pas les compagnies d’assurance, et les courtiers spécialisés, il
restera toujours de nombreux possesseurs d’oeuvres d’art qui ne s’assureront pas. Certains par
peur de l’administration fiscale, bien que depuis 2004 l’obligation de déclaration pesant sur
les assureurs soit abrogée, soit par peur de payer une prime importante. Or il apparaît que les
taux de souscription ne sont pas si élevés. Pour une collection d’une valeur estimée de 1
million d’euros, la prime ne s’élève qu’à environ 2000 euros selon les garanties souscrites. Un
montant relativement faible au regard du coût d’un sinistre. On pourra ajouter que l’on estime
à 11 milliards d’euros la valeur estimée des biens culturels dérobés annuellement dans le
monde sans tenir compte des pillages perpétrés sur les sites archéologiques. En Europe se
seraient près de 60 000 oeuvres d’art qui seraient ainsi subtilisées.

45 ART BUSINESS, Judith Benhamou Huet, éd. Assouline, 2007
46 Judith Benhamou Huet, “Art Business”, éd. Assouline, 2007

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