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Annexe n°5 : Entretien avec Franck Caudrelier

Non classé

Durée de l’entretien : 25 minutes
Lieu de l’entretien : par téléphone

Léo Grimaldi (LG) : Dans un premier temps pourrais-tu te présenter brièvement et expliquer ton rapport avec les médias sociaux et les stades 2.0 ?

Franck Caudrelier (FC) : Franck Caudrelier, actuellement je suis consultant en freelance dans tout ce qui est digital et sport, le rôle que joue les réseaux sociaux dans le sport, que ce soit côté sponsoring ou côté athlète, etc. À côté je suis blogueur chez sportbuziness, où je blog sur ce que je vois passer sur l’actualité réseaux sociaux et sport, et notamment sur le stade 2.0 qui m’intéresse vraiment, car on a pas mal de retard en France et pourquoi il y a ce retard
comparé à d’autres pays. Avant j’étais chez Havas Entertainment en tant que chef de projet média.

LG : Parlons un peu des stades 2.0 en France, peux tu m’expliquer pourquoi selon toi la France a pris du retard par rapport à des pays comme les USA ou UK.

FC : Déjà je pense que la première question à se poser, c’est qu’il y a beaucoup plus d’argent dans le sport aux US, les infrastructures de WiFi dans un stade coûtent très cher et cela a un peu ralenti le développement en France parce que les acteurs aujourd’hui qui peuvent mettre de telles sommes dans le développement des stades cela ne court pas les rues. Il y a aussi ce fait que justement on ne sait pas en France entre le consortium du stade ou les sponsors qui doit mettre l’argent. Chacun se renvoie la balle, le Stade de France qui est géré par le consortium SDF et de l’autre côté Orange qui est partenaire du stade. Mais Orange n’a pas envie d’investir des sommes conséquentes dans le développement d’un réseau WiFi et le stade de France dit : vous êtes le sponsor technologique c’est à vous de mettre cela en place. Donc il y a un peu ce phénomène-là.

Et il y a aussi ce préjugé en France comme quoi on ne consomme pas de la même manière le sport que de l’autre côté de l’atlantique ou aux UK, soit disant il y aurait une population qui aime plus aller au stade, qui est plus fanatique qu’en France, et donc qui est prête à mettre plus d’argent quand elle va au stade. Il y a une étude qui était sorti qui montrait que la conso moyenne par spectateur aux USA était de 90$, et en France elle est à 2€50 3€ environ. Les gens partent du principe qu’un réseau WiFi ça nous coûte hyper cher juste pour apporter du réseau au spectateur alors qu’il ne dépense que 3€, quel est le retour sur investissement ? cette idée est à prendre dans un autre sens, c’est en apportant des services supplémentaires que cela va inciter le spectateur à consommer davantage et donc augmenter son panier moyen.

LG : En gros le spectateur français ne consomme pas, car il n’est pas amené à consommer, à part consommer à la buvette et encore il y a beaucoup d’attente…

FC : Oui voilà c’est ça ! En France le passage à la buvette tu as le droit à un hotdog ou un jambon beurre qui coûte super cher, et de la bière sans alcool qui coûte 6€, etc. Tu attends très longtemps, forcément cela va te réfracter à consommer. Aujourd’hui les familles qui vont au stade préparent leurs sandwichs avant de venir, ils ont leur bouteille en cachant les bouchons dans les chaussettes, le service est tellement nul à l’intérieur du stade que les gens ne consomment pas. Alors qu’aux US, par exemple le Staples Center tu commandes à la buvette depuis ton siège, tu réserves ton billet pour les prochains matchs depuis l’appli, des choses toutes bêtes qui incitent le spectateur à consommer davantage.

LG : Tu me parlais justement du coût important de connecter un stade, est-ce que tu as une idée du coût ? Par exemple pour le stade de France ?

FC : Ça se chiffrerait en quelques millions d’euros si ce n’est plus, après tout dépend de la technologie utilisée, les arénas aux US c’est des centaines de connexions WiFi donc cela coûte très cher.

LG : Selon toi quels sont les exemples à l’étranger qui seraient applicables sur des stades en France ?

FC : La plupart des technologies sont applicables, mais c’est le coût qui est réfractaire. Mais quelle est ta problématique ?

LG : Je voudrais plus accès sur le spectateur et ses attentes, essayer de comprendre quelles sont les attentes des spectateurs français vis-à-vis de ces stades connectés.

FC : En fait ce que tu vas démontrer c’est de savoir si on met les mêmes services en place en France comme ils existent aux US, est-ce que les fans répondraient présents…

LG : Oui c’est un peu cela l’idée.

FC : Moi mon avis personnel là-dessus je dirai oui, on ne peut pas dire « oui, mais le spectateur français ne consomme pas, il n’est pas aussi fan, etc. », quand il y a des grands événements en France il y a un fanatisme qui s’est soulevé, après il y a eu la victoire de l’équipe de France. Mais dès que l’événement se passe dans ton pays, cela n’a pas la même résonnance que si il est à l’étranger. Aux US c’est tellement devenu un sport spectacle que dès qu’il y a un match… chaque match de NBA aux US pourrait être comparé à un euro de foot en Europe. Les mecs sont tellement fans… Après l’idée étant que les Américains n’ont pas le même pouvoir d’achat que nous. 90$ dépensés aux US, déjà faut le convertir en euro, et ensuite faut le ramener au pouvoir d’achat des Français, donc on peut diviser la somme dépensée par 2, donc dépenser 20€ sur un spectacle de 2h c’est largement faisable. Cela fait un menu à 10€ complet un extra à côté.

Donc les mecs qui gèrent les consortiums qui disent que cela va être impossible d’avoir des retours sur investissement, c’est sûr qu’à court terme cela va être compliqué, mais sur le long terme, avec le progrès des réseaux sociaux cela sera rentable. Moi concrètement je ne vais plus au stade parce que je suis mieux devant ma télé en fait. C’est là où la France, les télés françaises sont en train de récupérer plein d’audiences, il y a plein de gens dans le même cas que moi qui se disent : « je vais payer 20€ pour aller au stade, j’ai quoi en plus ? à part être au stade et pouvoir dire j’y étais », parce qu’aujourd’hui en France on ne peut pas parler d’ambiance au stade, il y n’y a plus la plusvalu d’aller su stade. Avec les différents abonnements, on peut suivre les événements sportifs toute l’année depuis son canapé. C’est vraiment les gros défis des stades s’ils veulent reconquérir des spectateurs.

Pour revenir à ta question, toutes les technologies sont applicables, il y a juste un frein financier. En France aussi il n’y a pas une folie des grands stades, on n’étudie pas la zone de chalandise, l’engouement qu’il y a pour tel ou tel club, on fait des stades de plus en plus grand, c’est le cas actuellement pour l’euro 2016, mais on n’arrive pas à les remplir en dehors de la compétition. Il y a des stades qui me paraissent intelligents c’est le Lou Rugby, leur stade est démontable et réutilisable, ces stades ne peuvent pas accueillir de grands événements, mais pour des clubs de moindres importances c’est idéal, ils vont coûter moins cher à la construction, il va être moins grand et donc pour connecter le stade cela coûtera aussi moins cher. La philosophie en France c’est « plus c’est grand mieux c’est », mais c’est mauvais. Aujourd’hui le stade de France 80 000 places pour des events en dehors du foot il n’arrive pas à le remplir, excepté de grandes stars de la chanson.

LG : Quel est selon toi l’avenir des stades connectés en France ? D’ici combien de temps ça va arriver à peu près ? Et de quelle façon ?

FC : J’ose espérer que certains stades seront connectés pour l’Euro 2016 ! Le programme OL Land pourrait être le fer de lance en France, surtout quand on connait le personnage qu’est JM Aulas et son envie de révolutionner le football français. Quant aux autres stades comme le Vélodrome (en rénovation) et le Grand Stade à Lille (terminé), il n’ont même pas pris en compte ce point, désolant… Pourquoi pas, non plus, un Parc des Princes rénové qui devient connecté. On se doute bien que le PSG et les Qataris ont pris en compte les avantages que peuvent leur apporter le numérique. (cf premier stade en France à être équipé de LED 100% pour un “clean stadium” https://twitter.com/LudoDUMAS/status/369368998464348160) L’Euro 2016 serait l’occasion de redonner un élan d’attractivité pour le foot avec par conséquent une hausse de la fréquentation des stades. Cela donnerait peut-être envie aux clubs et consortiums de stades de franchir le pas du stade connecté.

Concernant la mise en place, elle sera progressive comme c’est le cas dans de nombreux stades aux US. Le WiFi accessible pour une seule tribune du stade afin d’évaluer et d’analyser les résultats. En fonction de ceux-ci, déployer de nouveaux services à toujours plus de spectateurs. Tu as ici :

http://www.athleticbusiness.com/articles/article.aspx?articleid=4035 zoneid=40 un très bon article que j’ai vu passer la semaine dernière qui aborde ce sujet d’étapes à franchir pas à pas.

LG : Et bien merci pour ton aide

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