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Annexe 6 C : Entretien E3

Non classé

Mercredi 27 Mars 2013 1 11h
École Willingdon

A : Enquêteur
B : Madame B

1 A : Merci beaucoup d’avoir accepté cet entretien. La première question que j’aimerais vous poser concerne votre vie à Montréal. Est-ce que ça fait longtemps que vous habitez ici ?

2 B : Oui. Je suis né à Notre Dame de Grâce. Même, j’ai toujours vécu à Montréal.

3 A : Et vos parents sont de Montréal aussi ?

4 B : Non. Ma mère est de l’Angleterre, mon père des Pays-Bas. Je suis la première génération ici, au Canada, ici à Montréal.

5 A : Et donc vos parents sont arrivés à peu près en quelle année ici ?

6 B : Mon père est arrivé après la guerre… en 49, à peu près en 1949, ma mère en 1960.

7 A : D’accord. Donc, un père d’Angleterre, c’est ça ?

8 B : Non, ma mère de l’Angleterre. Ma mère est anglaise et mon père, hollandais.

9 A : D’accord. Alors, la langue française, est-ce que c’est la langue que vous parlez à la maison, que vous parliez à la maison ?

10 B : Non, ma mère était anglaise de l’Angleterre, mais parlait pas un mot de français. Alors, on parlait l’anglais à la maison. On a toujours parlé l’anglais à la maison.

11 A : D’accord. Donc justement, là, on parle français, donc c’est votre langue seconde.

12 B : C’est ma langue seconde. Mes parents m’ont envoyé à l’école en français. Alors c’est là que j’ai appris le français. Maintenant, mon mari est francophone alors, à la maison on parle… plus anglais, mais français aussi.

13 A : D’accord. Et donc cet apprentissage du français que vous avez eu à l’école, est-ce que c’est un choix des parents de vous avoir mise en école ?

14 B : C’est un choix des parents, oui.

15 A : Ils avaient une possibilité de faire autre chose ?

16 B : Certainement. A cette époque, c’était quand même assez rare que les anglophones allaient à l’école en français. Normalement, ils allaient à l’école en anglais du quartier. Alors, c’était un choix que mes parents ont fait. J’avais pas bien beaucoup de choix. Ça commençait à la maternelle et la prématernelle, alors j’ai pas… j’ai pas pensé… j’ai pas réfléchi ou j’avais pas vraiment de contrôle. Et j’ai allé en français de la maternelle à la 6ème année. Et pour le secondaire, j’ai fait le… j’ai changé, je suis allée… en anglais. Secondaire en anglais.

17 A : Et pourquoi Pensez-vous que vos parents ont choisi pour vous de vous mettre en français ?

18 B : Parce que ma mère trouvait la langue française, quelque chose de beau et important, alors c’est vraiment… Elle pensait déjà, elle était peut-être un peu prévoyante, elle voyait déjà à ce temps-là que ça serait important que ces enfants soient capables de parler le français.

19 A : Donc, vous me dites beau et puis important parce que utile…

20 B : Utile, oui.

21 A : Pour l’avenir.

22 B : Oui, oui, pour l’avenir.

23 A : Et quel souvenir si vous en avez, au sujet de cet apprentissage du français ? Est-ce que vous gardez… quel type de souvenir vous gardez ?

24 B : … Les souvenirs, c’est difficile de dire si c’est mes souvenirs ou ce que mes parents m’ont raconté. Je sais, à la maternelle, supposément j’ai pas parlé un mot dans la classe pendant 6 mois. J’ai pas dit un mot. Et… après une période de 6 mois, là j’ai commencé à parler. Il y avait une longue période de temps où je ne parlais absolument pas en français, mais après ça, ça… ça commençait à venir. Au primaire, peut-être c’est une époque aussi assez difficile ici au Québec. Je suis allée dans les années 1970. Les anglophones étaient un peu… cette époque, mais aujourd’hui où… où les écoles francophones, c’est vraiment des mélanges des anglophones, des allophones. Dans ce temps-là, il y avait les francophones. On est un petit groupe d’anglophone.

On était deux groupes séparés. C’était pas… On était à part. On se sentait un peu à part. On était un peu à part. On se sentait un peu part. Alors je pense que pour moi, c’était…. pour cette raison-là que… rendu au secondaire, c’était un peu moi qui a pris la décision de changer et d’aller en anglais.

25 A : D’accord, est-ce , que, pour revenir en primaire, est-ce que vous gardez peut-être des souvenirs difficiles de l’apprentissage du français ? Ou plutôt agréables ?

26 B : Oui (fort). C’était difficile. Pour moi, une dictée, si je réussis avec un 6046, c’était bien réussi. Alors non, c’était bien difficile d’apprendre le français. Surtout que j’avais pas quelqu’un à la maison qui pouvait m’aider. Ma mère, elle pouvait pas m’aider avec mes devoirs. Mon père, il était souvent pas là. Alors… non, c’était un apprentissage difficile, je dirais difficile.

27 A : Est-ce que c’est pour ça qu’après vous avez vous choisi d’aller en secondaire en anglais ?

28 B : … Social et… peut-être les deux. Oui, il y avait les deux raisons. Social, parce que je voulais être plus avec un groupe qui était… plus semblable… qui parlait en anglais. Et aussi c’était difficile. Pour moi, c’était plus difficile toutes les compositions écrites, tout ce qui était les rapports, c’était… c’était plus difficile. Alors, je pense que c’est un peu des deux. Un peu des deux.

29 A : D’accord. Et est-ce que aujourd’hui, parce que vous parlez français, je dirais couramment, avec fluidité, est-ce que vous êtes satisfaite aujourd’hui de pouvoir le faire de cette manière ?

30 B : Oui, oui oui. Si je… si j’avais à le refaire, je prendrais la même décision que mes parents. Il y a rien je pense que je ferais différemment. Non, il faut absolument ici parler en français. Je ne suis pas aussi bilingue quand ça vient à la production écrite. Je trouve la production écrite quand ça vient écrire des courriels ou écrire des rapports pour le travail. C’est plus difficile. C’est plus…

31 A : qu’est-ce qui est plus difficile ?

32 B : Écrire. De bien écrire en français. Tout le monde peut écrire, mais de bien écrire en français… c’est beaucoup plus difficile.

33 A : Plus difficile qu’en anglais ?

34 B : Ho oui

35 A : Parce que vous pensez que la langue est plus difficile ou est-ce que c’est parce que vos compétences en écriture… ?

36 B : Non, je pense que la grammaire française est beaucoup plus difficile que la grammaire anglaise. En anglais, il y a pas beaucoup de règles. J’en connais pas de règles. On écrit comme on parle, tandis qu’en français, c’est pas du tout la même chose.

37 A : Alors justement, si vous deviez définir l’anglais, est-ce que vous pourriez me donner 2 mots… adjectifs… qui représentent pour vous la langue anglaise ?

38 B : Oh … Universal47, ça serait 1. Universelle. Je veux dire, c’est reconnu partout. Et… uncomplicated48,
non compliquée. Non compliquée.

39 A : Donc là vous faites la comparaison avec le français peut-être ?

40 B : Oui. Oui.

41 A : Alors justement, avec le français, qu’est-ce que…

42 B : Seulement après ça aussi, quand je travaillais, j’ai vu des francophones qui sont rentrés dans les milieux anglophones et qui, dans une période de six mois à un an, ils étaient capables de parler en anglais, écrire en anglais. C’est rare que j’aie vu le contraire, qu’un anglophone puisse rentrer dans un environnement plus français et être capable de bien parler et de bien écrire dans la même période de six mois à un an. Alors, l’anglais c’est appris beaucoup plus… l’anglais est appris beaucoup plus facilement… que le français.

43 A : Est-ce que vous avez des exemples dans votre tête qui vous viennent par rapport à ces expériences-là ?

44 B : Des exemples de quoi, de grammaire spécifique ?

45 A : Non, par exemple de personnes qui auraient eu plus de difficultés ?

46 B : Oui, j’ai travaillé avec quelqu’un qui venait de la Beauce49, vraiment quelque part… tu sais dans une région du Québec où on parlait seulement français. Il rentrait. Il parlait pas un mot d’anglais, et au bout de 6 mois, il parlait en anglais, puis il écrivait. Alors ça c’est quelque chose que j’ai vécu. Et en même temps on engageait du monde pour faire technique au télécom. Souvent, on engageait quelqu’un qui était plus confortable en anglais. Puis on voyait pas la même progression. En 6 mois, il n’était pas très confortable en français, puis… c’est ça.

47 A : Alors justement le français, on vient de le faire en anglais. Est-ce que vous auriez deux adjectifs qui représentent, qui définiraient pour vous la langue française.

48 B : Alors, si l’anglais est non compliqué, on va me dire… Parce qu’à la maison, on parle souvent… les adjectifs m’échappent….

49 A : Ou un mot.

47 Universel

48 facile

49 Région du Québec au Sud de la ville de Québec.

50 B : Un mot… On va dire “compliqué”. Il y a un autre mot qui va venir, mais pour l’instant, on va dire “compliqué”.

51 A : Vous en auriez peut-être un deuxième.

52 B : Je vais avoir un deuxième. Ça va venir. On va en parler là, ça va venir (rire)… En anglais, il y a un mot, ça dit “picky”50. Ça veut dire, faut toujours faire attention aux détails. Alors c’est… En tout cas…

53 A : quand vous êtes arrivée ici, bon, vous êtes née ici. Vous parliez en anglais à la maison, vous étiez dans une école française. Comment ça se passait en dehors de l’école ? Donc à la maison, on parlait en anglais. Est-ce que vous aviez à cette époque-là une vie sociale en français ?

54 B : Non, c’était vraiment une vie sociale en anglais. Oui.

55 A : Est-ce que vous aviez quelquefois l’occasion de parler en français, en dehors de l’école ?

56 B : Oui. Je veux dire la majorité de mes amis était… anglophones. Mais j’en avais quelques-uns qui étaient francophones alors, oui j’avais l’occasion de parler français à l’extérieur de la maison, mais beaucoup beaucoup moins que l’anglais.

57 A : Et quand vous aviez cette occasion de parler français, comment vous vous sentiez, est-ce que vous étiez à l’aise avec vos camarades francophones ?

58 B : Oui.

59 A : Est-ce que vous vous sentiez en tant qu’anglophone intégré dans une société qui devenait à cette époque-là, je pense de plus en plus francophone avec les lois… ?

60 B : Non, je ne me sentais pas intégrée. Non.

61 A : Pourquoi ?

62 B : Bah c’était vraiment… Moi j’étais avant les lois et tout ça, j’étais peut-être la période juste avant, alors il y avait vraiment… il y avait une division, il y avait vraiment une division physique. Au temps, tu sais, les anglophones, ils habitaient dans certains quartiers. Les francophones dans d’autres quartiers. Alors, il y avait vraiment une division. Alors, est-ce qu’on sentait intégrer ? Non. Non.

63 A : Et comment en tant qu’anglophone de votre communauté, la famille, puis les amis anglophones, comment vous voyiez justement cette division ? Comment vous la viviez ? qu’est-ce que ça représentiez pour vous les francophones et puis cette autre communauté ?

64 B : qu’est-ce que vous voulez dire ?

65 A : Comment vous voyiez cette communauté francophone ? Vous me disiez que vous vous sentiez pas intégrer, mais est-ce que… comment ça se manifestait au niveau de cette non-intégration ? Est-ce que vous aviez envie de vous intégrer par exemple ? Est-ce que ça vous posait un problème ?

66 B : Je pense qu’à cet âge-là, quand on a 10 ans, puis 11 ans et on se sent pas partie d’un groupe, on se sent un peu mal. Je me souviens, dans les classes, il y avait toujours les élections de classe. Alors, à chaque deux semaines, il y avait président, vice-président, secrétaire qui étaient élus. Les anglophones étaient toujours choisis… en dernier. Tu sais, alors il y avait toutes les autres personnes, pis là, quand il restait… parce que tout le monde pouvait seulement être élu une fois. Alors après, quand tout le monde était élu, bah là,

67 A : Est-ce qu’en grandissant, je dirais jusqu’à aujourd’hui, est-ce que vos impressions ont évolué ?

68 B : Là je pense que je suis capable de regarder ça et aussi de regarder aussi en même temps… les changements politiques qui se passaient, qui se déroulaient en même temps. Là, je me sens intégrer, il n’y a pas de problème. Je me sens intégrer et accepter. Mon mari est francophone. On a des amis vraiment 50% anglophones, 50% francophone. Alors oui, ça a évolué. Je pense que… peut-être ma vie a évolué… aussi un peu comme le système politique au Québec. Et comme les changements ont déroulé au Québec, je pense que ma vie a peut-être suivi un peu le même… le même déroulement.

69 A : Avec facilité ?

70 B : Oui, oui.

71 A : Alors là on va parler de l’école Willingdon. Lorsque vous avez… parce que votre garçon qui est en 7ème année51, est-ce qu’il a fait sa scolarité à Willingdon ?

72 B : Oui.

73 A : Depuis la maternelle.

74 B : Depuis la maternelle.

75 A : Alors vous avez inscrit votre enfant ici. Est-ce que c’était un choix pour vous ? Est-ce que vous aviez pensé à d’autres possibilités pour lui ?

76 B : Oui, mon premier choix, ça aurait été une école francophone. Mais j’aimais pas l’école francophone du quartier. Je sais pas, il n’y avait pas une très bonne réputation. Et aussi, mon fils était jeune, il était…. il est né au mois de septembre, alors… il avait vraiment un des plus jeunes qui rentre à la maternelle. Il avait peur de rentrer à la maternelle. Alors pour plusieurs raisons, ses amis, les personnes qu’il connaissait, venaient à Willingdon. L’école francophone du quartier, je me sentais pas à l’aise avec. Alors, pour ces raisonsAlà, je voulais au moins que ça soit une école d’immersion. Alors, pour cette raison-là, on a choisi Willingdon. C’est aussi très proche de chez nous, et…. c’est pour cette raison-là.

77 A : Et l’idée d’inscrire votre enfant en école française, vous me dites que c’était… ça avait pas bonne réputation, est-ce que c’est…

78 B : C’est vraiment la raison que… Si j’aurais été, mettons… Si mon quartier, si ma rue, si je pouvais l’envoyer à l’école Notre Dame de Grasse, je l’aurais envoyé probablement à une école française, mais vu l’école pour lequel ma rue est désignée, c’était pas une école que je m’en sentais à l’aise avec. C’est pas une école que je connaissais, j’avais pas entendu des bonnes choses. Alors, surtout quand notre enfant a 5 ans, 4 ans en commençant la maternelle… Il y a d’autres choses qui rentrent dans la décision.

79 A : Est-ce que je peux vous demander qu’est-ce que vous entendiez sur cette école-là par exemple qui vous dérangeait un peu ?

80 B : C’est ça, il n’y avait pas une très bonne réputation. C’est dans un quartier peut-être un peu… éco… economically. desfavored52. Alors, il y a pas toujours des enfants qui ont les moyens tu sais de… de bien apprendre, de… c’est ça.

81 A : Donc vous avez décidé de le mettre en immersion, vous saviez que Willington était une école en immersion ?

82 B : Oui. Oui… ça fait longtemps que c’est en immersion.

83 A : Oui, est-ce que vous aviez pensé peut-être le mettre dans une école bilingue ?

84 B : … Bilingue, non. Idéalement, je l’aurais envoyé en français. Bilingue, il y a encore moins de français que immersion. Alors, non, bilingue, c’était pas vraiment une possibilité.

85 A : L’avantage de l’immersion, c’était finalement plus de français.

86 B : Plus de français.

87 A : Est-ce qu’il y avait d’autres avantages que vous voyiez aussi dans l’école ?

88 B : Pour immersion à la place de bilingue ?

89 A : De bilingue oui.

90 B : Non, le seul, le gros avantage, ça était plus de français… Et aussi l’école d’immersion était plus proche que l’école bilingue.

91 A : Comment ça s’est passé alors pour votre garçon, l’intégration à l’école, le français, est-ce que c’était difficile pour lui en maternelle, et puis son début de 1ère année ?

92 B : Il y avait déjà… On a fait l’effort de parler en français à la maison même si on parle généralement… la langue maternelle de mon fils, c’est l’anglais, mais on a toujours fait un effort de parler en français. Alors Alexis était très… il était confortable en français. Surtout vis-à-vis des autres enfants qui peut-être avaient jamais entendu le français, pis en avait jamais parlé à la maison. Alexi était confortable, il comprenait, il s’exprimait en français déjà en maternelle.

93 A : Et j’imagine, c’est la même chose pour votre fille ?

94 B : Oui, oui, la même chose. Alors, lui, il était confortable… de venir… de rentrer à la maternelle puis d’entendre le français. Il y avait pas de problème.

95 A : Est-ce que vous voyez des difficultés particulières qu’un enfant peut rencontrer dans le cadre d’un programme en immersion ?… Est-ce que vous voyez des difficultés ?… Parce que vos enfants n’ont pas eu ces difficultés-là, mais est-ce que vous pensez qu’un programme en immersion serait par exemple plus difficile qu’un autre ?

96 B : Plus difficile que quoi ? qu’un programme bilingue ? qu’un programme anglophone complètement ?

97 A : D’être en langue seconde.

98 B : C’est-certain que c’est plus difficile d’être en langue seconde. Pour un enfant, d’apprendre dans la langue qu’il entend à la maison, ça va être plus facile. C’est-certain qu’un enfant a jamais entendu la langue française… Au début, ils comprennent pas le professeur du tout du tout, c’est-certain que ça va être plus difficile. Mais je pense qu’ils se rattrapent assez vite. Je pense peut-être la seule… un des problèmes avec les écoles d’immersion c’est que le français se parle seulement dans la classe. Dès qu’il sort pour la récréation, pour l’heure du midi, dès qu’il vont à la direction53, tout est en anglais. Alors… je pense que ça serait plus facile pour les enfants s’ils étaient vraiment encadrés, entourés en français, partout. Ça serait… La période d’ajustement serait moins, tu sais… Ça irait plus vite. Ils apprendraient le français plus vite si y aurait même plus de français alentour, et pas seulement dans la classe, mais dans le terrain quand ils jouent dehors. Mais ils sont avec des enfants anglophones comme eux alors, c’est-certain, ils vont parler en anglais avec eux, entre eux quand ils jouent…

99 A : Mais, pour son niveau d’anglais, est-ce que vous voyez un problème ?… Pour son niveau d’apprentissage de l’anglais ?

100 B : Non, non. Non, est-ce que j’ai sacrifié, est-ce qu’il est moins… avancé en anglais parce qu’il est en immersion ?… Non, non. Ça m’inquiète pas du tout. Et j’ai fait le même trajet. J’ai… j’ai passé de 6ème année en français à secondaire 1 en anglais. Je pense que la période de 3 mois était difficile jusqu’à temps que… puis après ça… il y avait aucunes . Et comme j’ai dit, je trouve que l’anglais est très facile à apprendre, ça m’inquiète pas. Mon fils maintenant est à l’école Notre Dame, c’est une école privée en français. Alors moi j’ai décidé de le continuer pas en anglais, rendu au secondaire 1. Maintenant, il est en français. Pas français immersion, français 100%.

101 A : Français 100%.

102 B : Français 100%, secondaire 1.

103 A : D’accord, est-ce que c’est un choix de sa part, ou du vôtre…

104 B : C’était discuté. Mais il était… il a bien aimé l’école. Alors, quand on a visité l’école… On voulait vraiment que ça soit une école… en français. On réalise que le progamme en immersion, les enfants n’apprennent pas assez de français. Ils sont pas bilingues.

105 A : Pour vous c’est important qu’il soit bilingue.

106 B : Absolument. Son dernier nom, c’est Lapointe54. Il n’a pas le choix…(rire)… C’était très important qu’il soit bilingue. Et pas seulement bilingue à parler, mais aussi… écrit… culture… tout. Tout tout tout. qu’il se sente vraiment faire partie… de la communauté, de la culture… Et ma fille, j’espère pouvoir faire la même transition. Passer de Willingdon à une école française, pour le secondaire.

107 A : D’accord, alors on va revenir sur le bilinguisme, mais juste avant, je voudrais vous montrer une petite courbe qui représente les inscriptions en programme d’immersion pour les élèves admissibles à l’inscription depuis cette année (en désignant du doigt l’année 1978 sur le graphique) jusque ici (en désignant l’année 2002 sur le graphique). qu’est-ce que vous pouvez me dire sur ce que vous voyez ?

108 B : Ça c’est partout au Canada ou au Québec ?

109 A : Alors c’est tout au Canada oui.

110 B : OK, parce qu’au Québec, au Québec, ça serait… bon OK.

111 A : Oui, puis on est plus haut hein, oui oui, on est plus haut.

112 B : Oui, au Québec, ça serait presque tout le monde envoi leurs enfants… Alors ça, c’est pour le Canada. Ça veut dire que… dans le reste du Canada, il trouve pas… il trouve pas ça très important que leurs enfants soient éduqués dans un système d’immersion, soit éduqués dans un système d’immersion française… Et c’est drôle que ce soit tellement stable à 7%.

113 A : Oui alors ça monte un petit peu là (en désignant l’année 2002). Mais c’est vrai que… qu’est-ce que ça vous fait vous me dites oui, les… finalement les parents, en dehors du Québec sont pas très favorable…”

114 B : C’est pas aussi important. Si tu restes en Saskatchewan55, peut-être ils voient pas la même… c’est pas la même… ils vivent pas la même chose, ils voient peut être pas une raison pour laquelle leurs enfants devraient être bilingue. Mais tandis… C’est ça, alors ça, c’est vraiment peut-être , ça montre que dans le reste du Canada, c’est moins important qu’ici au Québec. C’est évident qu’ils soient bilingues.

115 A : Et justement à propos du bilinguisme là au New Brunswick, il y a quelques semaines, ils ont fêté les 20 ans de l’adoption du bilinguisme dans la Charte canadienne. qu’est-ce que vous pensez de ce genre de… d’anniversaire ou de célébration, de fêter le bilinguisme… comme ça. Est-ce que vous pensez que c’est important ?

116 B : Il n’y a pas de désavantages à connaitre 2 langues. Je pense que… c’est ça non, il n’y a pas de désavantage. Je trouve c’est bien. C’est dommage que… c’est dommage que tout le monde ne soit pas capable d’apprendre le français, de parler le français.

117 A : Au Canada.

118 B : Au Canada. Ou même partout au monde. C’est vraiment seulement en Amérique du Nord qu’on est limité à un langage. Dès qu’on voyage en Europe ou n’importe… C’est vraiment ici qu’on parle seulement en anglais ou seulement en français. Normalement, en Europe, tout le monde parle 2 ou 3 langues. Mon père, il parlait trois langues. Mon grand-père, il en parlait 5. Alors… tout le monde devrait être capable de parler 2 langues, que ce soit l’anglais, l’espagnol… mandarin56. Le bilinguisme c’est… c’est très important. Je pense même au… niveau apprentissage, c’est… c’est quelque chose de formidable d’apprendre un deuxième langage.

119 A : Est-ce que ça permet de développer…

120 B : Je crois que oui. Je crois que oui. Développement du cerveau, de l’in…oui.

121 A : Est-ce que vous voyez d’autres avantages en plus de développer comme ça ses capacités intellectuelles ?

122 B : Bin quand ça vient le temps d’avoir un emploi, je pense qu’il y a des avantages des bilingues. Que ça soit ici au Québec ou dans d’autres parties du Canada. C’est-certaiment pas un désavantage.

123 A : Alors, pour terminer… On a parlé de vos deux enfants, et puis on disait que votre garçon en première année de secondaire, il est content de… de sa scolarité en français ?

124 B : Oui Oui. Oui. Il est plus… il est plus heureux là-bas qu’il l’était ici.

125 A : D’accord.

126 B : Pourquoi ? Je sais pas. L’école, l’environnement, des amis, je sais pas, mais il est plus content.

127 A : D’accord.

128 B : Là-bas, alors il a vécu… peut-être le contraire de ce que moi j’ai vécu. Moi j’étais moins heureuse dans un environnement… mais lui, ça va super bien.

129 A : D’accord, et en dehors de l’école, est-ce qu’il socialise en français, on avait dit déjà ?

130 B : Heu… Mon fils… plus en anglais. Plus en anglais. Mais je pense avec le temps, il va commencer à faire des amis à l’école où est qu’il est présentement. Ça fait pas longtemps qu’il est là. Alors déjà, il commence à avoir des amis… Pour l’instant, il se tenait toujours avec ses amis de l’année dernière, alors surtout des anglophones. Mais peu à peu, il commence à faire des projets, travailler avec des… des élèves de Notre Dame. Alors il commence de plus en plus de parler et de socialiser en français.

131 A : Donc vous vous êtes plutôt satisfaite de son parcours scolaire en français. Vous êtes contente.

132 B : … J’étais déçu avec le niveau de français ici à Willingdon… avec le niveau avec… C’est ça. Alors, est-ce que c’était l’année, son année en particulier ou en général ? Je trouve qu’ils ont pas assez de français. Le niveau avec lequel il sort en sixième année ici dans un système d’immersion… est pas assez élevé. Il devrait être…

133 A : Et c’est ça, votre fille vous l’avez quand même mise ici, mais… vous auriez aimé la mettre dans une…

134 B : Oui. Oui, mon premier choix, ça aurait été… une école française.

135 A : Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter sur ce qu’on vient de dire ? Le programme en immersion, le bilinguisme…

136 B : … Peut être seulement ça, que je suis déçu un peu avec ce qui est offert par la commission scolaire de Montréal, d’English.Montréal.School.Board57. Il y avait un temps qui avait envoyé une lettre.. tu sais, on dirait que… les parents demandent pour plus de français, mais ils sont pas capable de… de le fournir. Et c’est ça, alors ça serait peut-être seulement ça. Je sais pas si vous voulez plus de… d’une autre idée, mais d’après moi, c’est la seule chose que j’aurais aimé… que le programme soit plus fort

137 A : Est-ce que vous voyez des changements à l’avenir peut-être … à ce niveauAlà ?

138 B : … C’est-ce rtain qu’on voit que rendu… Au début les élèves sont tout au même niveau en maternelle, 1ère, 2ème. Mais là on voit vraiment qu’il commence a y avoir un grand écart. Rendu en 3ème année, il y a des élèves qui sont presque bilingues, et il y en a qui ne sont même pas capables de dire un mot de français… C’est très difficile en tant que professeur d’essayer d’enseigner à un groupe, qui a des niveaux tellement… écartés. C’est à leur professeur, je ne sais pas comment qui font pour… essayer d’apprendre à un élève qui parle pas le français, puis il y en a d’autres qui sont bilingues. Alors… séparer les élèves Reconnaitre qu’il y en a qui ont des habilités, qu’il y en a qui en ont pas, je sais pas. Mais pour les professeurs et pour les élèves, je pense que ça serait mieux s’il pourrait être…

139 A : Oui, vous avez une idée de ce qui se passe dans la classe, vous savez qu’il y a des différences de niveau importantes, est-ce que vous avez eu des… des problèmes par rapport à ça, avec votre garçon ou… ?

140 B : Oui, oui. Parce que le professeur me disait qu’il s’ennuyait en classe. Il trouvait ça plate, puis il lisait son livre lui. quand il était quelque chose… parce que le professeur répétait souvent, souvent, souvent… Puis après, quand les élèves ils l’ont, ça devient ennuyant pour eux. Alors il lisait, il amenait un livre toujours, puis quand le professeur commençait à répéter quelque chose pour la vingtième fois ou la dixième fois, il sortait son livre, puis elle savait. Mais il restait là, puis il lisait son livre. Puis elle était d’accord avec, parce qu’elle savait, elle savait qu’il comprenait ce qu’elle enseignait et que… qu’il s’ennuyait. Alors… oui puis on a… j’ai accroché le professeur, on a demandé pour plus de français, plus de grammaire… mais on en a pas eu. Je reconnais que c’est pas la faute du professeur. Je reconnais que c’était difficile. C’est très difficile pour elle d’enseigner à tous les élèves de sa classe.

141 A : Bon, et bien, merci beaucoup.

142 B : Bienvenue Bienvenue.

50 rigide c’était à notre tour d’être élu. Alors je pense que de ce côté-là, quand on a 10 ans, 11 ans, on se sent mal qu’on est pas vraiment accepté par… par nos amis, par les personnes de notre classe, mais… je pense que je mettais pas plus d’importance que ça, je pensais pas…
51 1ère année en secondaire, équivalent à la 6ème en France.
52 défavorisé
53 secrétariat
54 Par soucis de confidentialité, le nom a été changé tout en gardant son caractère québécois francophone.
55 Province de l’Ouest du Canada.
56 mandarin
57 la Commission scolaire English-Montreal

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