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Annexe 2 : Textes médiévaux

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L’ensemble des traductions présentées ci-dessous sont celles proposées par Jacques Berlioz dans son article de 1998 (Berlioz J. , 1998 a), pour le corpus des neuf textes traitant de l’effondrement du Granier et contemporains de la catastrophe.

1. Etienne de Bourbon, Traité des diverses matières à prêcher.

La chute d’une montagne, et ensuite son déplacement, en Savoie.

Item, en l’an du Seigneur 1249, il arriva dans le comté de Savoie, qu’un clerc de l’entourage du comte, appelé Jacques Benevais, remarqua sur la pente d’une montagne un très riche prieuré, situé près de sa ville, qui est appelée Chambéry, une des plus nobles places fortes dudit comte. Le prieur en était un homme plein de mérites qui, avec quelques compagnons se mit à chercher le moyen d’en expulser lesdits chanoines et le prieur, et d’obtenir ledit prieuré. Il était l’avocat et le conseiller dudit comte, sui avait pris parti pour Frédéric contre le pape et l’Eglise. Ledit prieur s’en était remis à sa fidélité, alors qu’il se rendait aux écoles à Paris, en lui confiant la garde du prieuré, moyennant un cens annuel, pour le temps qu’il serait à Paris. Benevais se rendit à Lyon où se tenait alors la cour pontificale, et manoeuvra si bien auprès du pape, promettait de détacher son maître de Frédéric pour le ramener sous les ordres du pape, qu’il en obtînt le prieuré. Après l’expulsion dudit prieur et de ses chanoines, il s’en vint pour prendre possession dudit prieuré en compagnie de nombreux amis, et donna à cette occasion une grande fête. La nuit même, – et autour de la première partie de celle-ci -, avant qu’il fût minuit, alors que Dieu écoutait les voix et les gémissements de ceux qui avaient été injustement expulsés et opprimés, une montagne, d’une lieue de long et de large, se déplaça et tomba sur ledit prieuré, ensevelissant et écrasant environ seize villages et un grand nombre de paroisses avec leurs habitants, sur un espace d’environ une lieue de long et de large. Ledit Clerc fut à l’instant écrasé ainsi que les siens et le prieuré, et ne posséda l’endroit que fort brièvement.

2. Fra Salimbene, Chronique.

Les montagnes qui s’écroulèrent dans la terre du comte de Savoie et recouvrirent sept paroisses et tuèrent quatre mille hommes, l’an du Seigneur MCCXLVIII
Item, l’année déjà citée (1248), dans la vallée de la Maurienne, qui va de Suse en Lombardie jusqu’à Lyon, entre la ville de Grenoble et la cité de Chambéry, à une lieue de Chambéry, se trouve une plaine qui est appelée exactement vallée de Savoie ; elle est dominée par une montagne très élevée qui, tombant une nuit, remplit toute cette vallée. L’éboulement s’étend sur une lieue de long et une demi de large ; Il y avait là sept paroisses qui furent toutes recouvertes. Y sont morts quatre mille hommes. Ainsi s’accomplit ce qui est dit dans Job XIII : « Une montagne finit par s’écrouler, un rocher par changer de place, l’eau par user les pierres, l’averse par emporter les terres. Ainsi donc tu anéantis de faon semblable les hommes ». Et de même : « Il élève une nation puis la ruine ; il fait s’étendre un peuple, puis le supprime ». De même, Job IX : « Il déplace les Montagnes à leur insu et les renverses dans sa colère ». L’année où ces choses se sont passées, j’habitais dans le couvent de Gênes où j’entendis des rumeurs de ce genre. L’année suivante je passais par cette contrée, c’est à dire par Grenoble, et je me fis de l’évènement une idée plus claire. Le temps passant, de nombreuses années plus tard alors que j’habitais dans le couvent de Ravennes et se rendait à un chapitre général, sur la chute de cette montagne ; et c’est exactement ce que je recueilli de sa bouche et que j’ai écrit fidèlement en toute vérité.

3. Matthieu Paris, La Grande chronique.

Une chute horrible dans la terre de Savoie

A la même époque, dans les pays de Savoie, précisément dans les vallées de Maurienne, des villages au nombre de cinq, avec leurs étables, les bergeries, et les moulins qui étaient aux alentours furent écrasés et ensevelis : se séparant du lieu de leur création, les montagnes et les rochers voisins s’étaient écroulés, un horrible tremblement de terre s’étant produit dans certaines de leurs profondeurs souterraines. Beaucoup disent que trois maisons de religieux furent écrasées, lais qu’un prêtre échappa à la mort.

On ne sait toutefois su ce fut de manière naturelle ou miraculeuse que se produisit l’effondrement de ces montagnes sur les villages susdits et qui causa de si horribles ravages. Mais parce qu’elle écrasa environ neuf mille hommes ainsi que des animaux dont on ne peut estimer le nombre, il semble bien que la chose advint plutôt miraculeusement que par hasard. On disait en effet à juste titre que c’était sur les maisons de ces mêmes habitants que la sévérité de la vengeance divine avait sévi, parce qu’ils exerçaient alors avec indifférence et impudence les activités honteuses de l’usure, tout souillé de l’ignominie de cette soif, et pour que l’apparence de la vertu cachât le vice, ils ne rougissaient pas de s’appeler insidieusement marchands de deniers ; ils s’inquiétaient peu de commettre des actes de simonie, ne craignaient pas de se livrer sans pitié aux vols et aux rapines ; les voyageurs qui étaient de passage et qui logeaient chez eux, comme ceux qui «étaient obligés de se rendre à la cour romaine, les étudiants, les marchands, ils n’oubliaient pas de les étrangler ou de les empoisonner, ignorant que plus la vengeance divine se fait attendre, plus elle s’exerce – comme on le lit – avec rigueur ; ainsi l’atteste saint Grégoire qui dit « La colère divine marche à pas lents vers la vengeance, mais elle compense ce retard par sa lourdeur ».

4. Matthieu Paris, Histoire des Anglais.

Une horrible chute dans la contrée de Savoie

A la même époque, dans les pays de Savoie, et précisément dans les vallées de Maurienne, des villages, au nombre de cinq, avec leurs habitants, furent écrasés, car des montagnes tombèrent sur eux du fait d’un tremblement de terre local. C’est ainsi qu’environ sept mille hommes et trois maisons de religieux périrent misérablement.

5. Matthieu Paris, Abrégé des chroniques.

A la même époque, dans les pays […] avec leurs habitants et leur églises, à savoir cinq, furent écrasés et ensevelis ; c’est ainsi qu’environ sept mille hommes avec trois maisons de religieux périrent misérablement.

6. Matthieu Paris, Les Fleurs des histoires.

Un tremblement de terre local dans les pays de Savoie

Or, comme la roue de la fortune avait accompli en ce monde de telles révolutions, d’effrayantes rumeurs et qui n’avaient jamais couru auparavant volèrent jusque dans les contrées de l’Angleterre, et ce assurément pour justifier les menaces de l’Evangile [Mat. 24, 7] « qu’il y aura ça et là des tremblements de terre ». Des villages dans les pays de Savoie, non loin de la route commune qui parcourt les vallées de Maurienne, soit environ douze villages avec deux maisons de religieux, périrent ravagés sous les montagnes voisines qui s’étaient renversées et effondrées de manière horrible, avec leurs habitants dont le nombre atteignait bien dix mille.

7. Anonyme, Les Annales d’Erfurt des Frères Prêcheurs.

Cette année-là (1248), dans les pays de Bourgogne, dans le comté de Savoie une montagne toute de pierres et élevée vit même ses rochers se séparer et, s’effondrant, se répandit sur un espace de près d’une lieue ; elle écrasa deux monastères, l’un de moines noirs et l’autre de Prémontrés, ainsi que dix villages ; près de mille hommes, dit-on, y trouvèrent la mort. Le comte de cette terre échappant lui-même de justesse à l’effondrement perdit ici même chevaliers et serfs.

8. Gérard de Frachet, Chronique universelle.

L’année du seigneur 1244, fut pris dans le diocèse de Toulouse le château inexpugnable de Montségur ; deux cent vingt-quatre hérétiques y furent saisi, anéantis et brulés. A cette même époque, en Savoie, une montagne tomba et détruisit un grand nombre de villages, sur un mille et plus, écrasant plus de cinq mille hommes. De même, la mer entre le Normandie et la Bretagne déborda, faisant de nombreuses victimes et occupant sept lieues et plus de terre.

9. Martin le Polonais, Chronique des souverains pontifes et des empereurs.

C’est également à son époque (sous le règne de Frédéric II) qu’en Bourgogne impériale environ cinq mille hommes furent étouffés par de la terre qui s’était détachée des montagnes. En effet, une montagne des plus élevées se sépara d’autres montagnes, traversa une vallée sur plusieurs milles pour rejoindre d’autres montagnes, recouvrant tous les villages de la vallée de terre et de pierres.

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