Gagne de la cryptomonnaie GRATUITE en 5 clics et aide institut numérique à propager la connaissance universitaire >> CLIQUEZ ICI <<

Annexe 14 : Entretien avec Mme S.

Non classé

De manière générale, quelle est ton opinion sur l’éducation argentine actuelle ?

Ecoute, moi je crois qu’en général l’éducation à Cordoba- on peut parler beaucoup de l’Argentine- mais à Cordoba oui il y a eu de grands changements. Il y a cinq-six ans, elle a connu beaucoup de changements dans la modalité et la forme de l’éducation. Ils ont enlevé une année au niveau du primaire parque que c’était sept ans, donc ils ont enlevé une année…Ce sont six ans et ils ont ajouté une année au niveau du secondaire, ce sont aussi six années maintenant au niveau du secondaire, où avant il y en avait cinq.

Ce changement…après, l’année passée, d’autres changements par rapport à la quantité de matière dans le secondaire, parce qu’ils ont vu qu’en enlevant une année au primaire, arrivèrent des enfants de 12 ans en secondaire et ils n’étaient pas préparés pour le secondaire.

Tu sais pourquoi ils ont changé ça, quels étaient les motifs ?

Le thème était comme pour leur donner plus de sécurité et conforter davantage les enfants dans plus de contenus au niveau du secondaire, mais ça n’a pas réussi…le niveau d’exigence, d’intention qu’ils ont en secondaire n’est pas le même qu’en primaire…la quantité de matières, la quantité d’enseignants, la manière de donner cours, c’est totalement différent…et les enfants de 12 ans, psychologiquement, ne sont pas préparés, ils ne sont pas matures pour entrer en secondaire. Alors, par ici beaucoup sortent…en première année pas tellement parce que toujours, généralement, on les attend un peu mais…la deuxième année du secondaire, c’est comme une année charnière, à ce moment-là beaucoup redoublent. On a remarqué cela et on a envisagé de faire comme un tutorat à l’école, veiller à ce qu’il y ait des professeurs tuteurs qui nous suivent, qui voient quels sont les enfants qui ont des problèmes, essayer de les aider, de les accompagner…mais ça non plus ça n’a pas eu de continuité ni de résultats.

(petite interruption par une dame qui la salue)

Mmm…oui on a envisagé ça comme une stratégie pour régler ce problème…de l’échec en deuxième année du secondaire.

Moi je crois que l’éducation à Cordoba, et surtout au niveau du secondaire euh…on reconnaît la problématique…après l’année passée on a envisagé qu’au lieu de pouvoir passer avec deux cours, on pouvait passer avec trois cours de l’année précédente, alors…et bon, maintenant ils se sont rendus compte que ça n’est pas bon, et c’est possible qu’ils changent ça et retournent à deux…donc il y a eu tellement de changements d’éducation en peu d’années, en essayant de voir…on reconnaît la problématique, les enfants sortent avec un faible niveau académique du secondaire, ceux qui sont dans des écoles publiques, parce que moi je travaille dans une école publique.

Parce que les écoles privées, c’est un autre système ?

C’est un autre système, il a un peu plus d’exigences, un niveau académique un peu plus élevé, plus de contenus…mais ce n’est pas non plus l’école privée qui existait il y a dix ans…tout le niveau éducatif en Argentine, à Cordoba principalement, a beaucoup baissé.

Mais maintenant ce sont surtout les écoles publiques qui ont des problèmes d’échec scolaire et d’abandons scolaires ?

Et d’abandons et…moi je travaille dans un quartier de marginaux, alors on voit aussi beaucoup de cas de…

Pas ici ?

Non non, cette zone non, je travaille dans la zone nord-ouest, ici c’est la zone sud, je vis aussi dans l’autre zone mmm…beaucoup de problèmes de violence aussi, donc il y a beaucoup de problématiques, auxquelles toi, par-ci par -là dans la classe, tu dois essayer de voir tout ça et puis donner cours… donc ça te prend plus de temps appeler et voir quelle est toute la problématique avec les enfants : la problématique juridique, familiale, financière…avant de commencer la classe avec des contenus, alors c’est comme si les contenus académiques et l’étude, tout ça, comme si tu dois le mettre au second plan.

Mais comment fais-tu ? Tu fais des débats par exemple avant de commencer le cours ?

Oui oui, parce que tu entres dans la classe et tu vois déjà que par-ci par-là ils sont en train de déranger, de crier… ou bien en fin de semaine, alors tu vois déjà qu’ils sont en train de parler entre eux, donc si tu vois un climat dans lequel ils ne sont pas disposés à travailler, tu dois voir ce qui se passe d’abord pour calmer un peu, pour pouvoir entrer dans le climat purement scolaire…alors là oui il faut faire des débats, discuter avec eux.

Et tu vois une différence après ?

Oui oui, parce que moi dans la mesure où les adolescents…eux ce qu’ils recherchent c’est qu’on les écoute, balayer leur inquiétude, ses raisons…c’est certain qu’il faut aussi mettre des limites parce qu’eux tu vois, je veux qu’ils m’écoutent et qu’ils fassent ce que je veux mais dans la mesure où ils ne vont pas écouter, ils ne vont pas comprendre…ça fait comme un motif de relation plus cordiale entre l’enseignant et l’élève…parce que ce n’est pas seulement aller avec tes livres et donner cours.

Quels cours donnes-tu ?

Psychologie et formation étique…formation éthique et citoyenne. Donc bon, avec mes cours je dois essayer de…de former des citoyens et en éthique, je dois travailler beaucoup plus avec le dialogue que les professeurs par exemple qui donnent cours de mathématique.

Donc oui ça…on travaille beaucoup sur la problématique de Cordoba aussi, par exemple nous commençons à voir ce qui s’est passé politiquement, socialement, ce qui s’est passé le week-end ou la semaine…et bon nous aussi on fait des débats et des discussions pour qu’eux aussi voient que tout est en relation…

Avec le cours aussi on peut faire une relation avec ce qu’ils vivent ?

C’est ça que j’essaye, c’est-à-dire, essayer de mettre en relation, non seulement ce qu’eux vivent mais aussi ce que vit la ville, pour qu’ils clarifient leurs idées…parce que sinon c’est comme si tout est très théorique et ça non plus…

Et que penses-tu par rapport aux abandons scolaires ? Quels sont les facteurs qui pourraient expliquer cela ?

Moi je crois que…des facteurs familiaux, je crois que ce sont des problématiques familiales qui les influencent beaucoup eux…dans l’abandon. Il n’y a pas tellement d’abandon…moi ce que je vois, je n’ai pas de statistiques de cette ville, de façon sûre, mais bien la connaissance de travailler comme psychopédagogue au niveau du primaire et comme enseignante au niveau du secondaire…il n’y a pas beaucoup d’abandons au niveau du primaire, mais en revanche beaucoup en secondaire…par exemple dans l’école où je travaille, j’en ai quatre de première année et seulement un a terminé la sixième, tu vois que…s’il y a 100 enfants qui entrent en première année, en sixième année n’arrivèrent que 30. Donc, pendant tout ce laps de temps, il y en a beaucoup qui quittent l’école ou…pour travailler…

Il y a aussi le travail infantile ?

Oui, oui. Ils commencent à travailler, et d’autres pour des motifs familiaux aussi…

Ce sont des points négatifs en éducation mais il y a aussi des aspects positifs, que ce soit à Cordoba ou en général ? Y-a-t- il eu des améliorations ?
(me fait signe que non)

Ca empire ?

Oui, moi je crois que ça empire, malheureusement ça empire…

Par exemple il y a une nouvelle loi maintenant en matière d’éducation secondaire ?

Oui mais bon, c’est pour ça que je te dis c’est une autre mauvaise passe, parce qu’avec cette loi ils veulent enlever des cours en première année du secondaire parce, comme je te disais, ils se rendent compte que les enfants en entrant en première année ne sont pas préparés, alors ils enlèvent des matières, ils ont moins de matières avec plus de charge horaire par jour pour chaque matière…pour essayer qu’ils apprennent plus de chaque matière, ça serait une idée. Ajouter une matière comme éducation sexuelles et remettre d’application les écoles techniques, qu’on avait aussi délaissé à Cordoba…ça par exemple ça pourrait être le positif.

Maintenant il y a de nouveau… ?

Il y a de nouveau des écoles techniques.

Elles servent à former pour un travail ?

Oui, parce qu’on les prépare à un travail depuis la première année jusqu’à la sixième année de secondaire. Ils ont toute la partie académique de la matière traditionnelle et en plus ils ont la spécialisation dans une certaine technique disons. Moi par exemple je travaille dans une école agro-technique, donc les jeunes apprennent beaucoup sur le secteur agricole. Il y a d’autres écoles qui sont techniques par rapport à l’électricité, d’autres en menuiserie, des spécialités.

Donc, par exemple, en parlant du positif, tu l’as ici, l’aspect positif.

Et selon toi que devrait-être le rôle de l’Etat par rapport à l’éducation ?

Euh…le rôle de l’Etat…c’est l’Etat principalement qui doit donner des instructions sur les aspects éducatifs, c’est-à-dire c’est une des tâches de l’Etat, l’éducation, la santé, s’occuper des gens…c’est un rôle fondamental…réfléchir au thème de l’éducation…et actuellement ils ne le font pas, ils ne le font pas…

Et pourquoi penses-tu qu’ils ne s’en préoccupent pas beaucoup ?

Parce que c’est plus facile pour le gouvernement avoir des gens qui…les contenir avec des subsides, ce sont beaucoup de subsides en quantité…alors c’est plus facile d’avoir des gens avec des subsides qui ne pensent pas, qui ne s’éduquent pas, qui ne se préparent pas…que des gens qui pensent.
Et tu penses qu’il y a beaucoup d’inégalité en fonction des régions, des quartiers…par exemple il y a des quartiers plus problématiques ? Ici à Cordoba ou en

Argentine en général ?

Oui oui, tu as beaucoup de différences mais tu n’as pas des classes très marquées, il y a trois types de classes : classe inférieure, classe moyenne et classe supérieure ici à Cordoba, mais tu n’as pas un pôle opposé, tu as de tout.

Mais l’Argentine dans le passé, elle était beaucoup mieux en Amérique latine, et au jour d’aujourd’hui non…il y a une crise des professionnels, de la préparation qu’ils ont, comme aussi en secondaire…combien entrent à l’université…très peu.

Et avant c’était mieux ?

Oui oui, avant la classe moyenne et la classe inférieure entraient à l’université, au jour d’aujourd’hui non.

Pourquoi penses-tu que ça a tant changé ? En combien d’années ça a changé ?

Je crois qu’en 15 ans cette partie a changé, par exemple moi je suis de classe moyenne-basse et bon j’allais à une école privée mais à l’époque où j’étudiais c’était une autre forme d’éducation c’est-à-dire….les parents, mes parents m’obligèrent à étudier, ils se préoccupaient…moi je crois qu’aujourd’hui les parents avec ce thème des subsides, ils attendent que l’Etat leur donne parce tu sais que l’Etat d’une manière ou l’autre va te…va te contenir. Alors bon, si tu n’étudies pas, tu auras quelques subsides…alors l’éducation a beaucoup décliné mais avant il n’y avait pas de subsides, tu devais étudier et te préparer pour pouvoir travailler.

Et maintenant le problème ce sont les subsides ?

Je crois que oui, dans la classe moyenne et la classe moyenne-basse, oui.

Que penses-tu qu’on pourrait faire pour améliorer cela ?

Trouver des sources de travail…je crois que le thème de considérer la dignité au travail, savoir que l’effort est ton bénéfice, et non qu’ils te donnent. Je pense que ça on l’a beaucoup perdu.

Mais ce subside, ils donnent beaucoup ?

Non non mais c’est plus facile, c’est pour le niveau minimum de subsistance, donc les gens se fixent dessus et ne font pas d’efforts.

Et, bon nous avons déjà parlé un peu des écoles publiques et privées, alors il y a moins de problèmes tu penses dans les écoles privées ?

Moins de problèmes mais aussi ce que tu vois dans les écoles privées, c’est qu’il y a beaucoup de parents, par-ci par-là aussi, qui se préoccupent de ce que certains de leurs enfants soient dans une école privée, pour recevoir une meilleure éducation…et les écoles privées sont surpeuplées aussi.

Et il faut payer pour… ?

Il faut payer.

C’est assez cher ?

Tu as de tout : de 200 pesos je crois, qui est le minimum, jusque 1000 pesos par mois ou plus.

Mais ce que recherchent certains parents, c’est que les enfants reçoivent une meilleur qualité éducative qu’à l’école publique…alors elles sont surpeuplées, tu as une école publique avec une classe de 25 enfants et dans l’école privée, 45 ! Donc tu vois aussi, comment donner classe avec 45 enfants, c’est difficile…
(Interruption d’une minute par une dame qui doit s’en aller et signer un papier)

Mmh…pour terminer, y-a-t-il quelque chose que tu souhaiterais ajouter sur l’éducation, que tu voudrais dire… ?

Non non…nous avons seulement besoin de plus d’engagement des enseignants pour que ça soit mieux, que ça change aussi…que nous restions, nous envisagions la problématique et que fait-on…

Un engagement comment par exemple ?

Euh…dans le fait d’encourager les enfants à l’effort, au travail…à valoriser leur travail, c’est-à-dire leur travail scolaire, pas un travail rémunéré. Leur donner des devoirs et qu’ils les fassent…qu’ils s’engagent dans l’éducation par leur effort…je crois qu’il faut arrêter de faire des dégâts en éducation et faire une réforme et…évidemment ça va apporter de grands remous et il faut y mettre du sien mais il me semble que c’est ça qui manque.

Page suivante : Annexe 15 : Entretien avec Mme D.

Retour au menu : L’EDUCATION PRIMAIRE ET SECONDAIRE EN ARGENTINE : APERÇU DE LA SITUATION ACTUELLE EN MATIERE D’ACCES ET D’INSERTION SCOLAIRE