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a. Valeur épistémique de MAY

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Lorsque l’on étudie la grammaire anglaise, l’on entend fréquemment que l’auxiliaire
modal may épistémique correspond à 50% de chance que l’évènement se réalise, et 50% de
chance qu’il ne se réalise pas. Par conséquent, le modal se situerait au milieu de l’échelle des
degrés de probabilité d’un évènement. Étymologiquement, may provient de la base indoeuropéenne
mogh-, megh-, signifiant le pouvoir, la capacité. Cette base a également donné en
anglais: machine, main (John Ayto, 1990). Si le modal may fait référence au pouvoir, cela
indique une possibilité qui est au centre de sa valeur fondamentale. Dans le cas de la modalité
épistémique, il s’agit d’une possibilité logique, qui permet d’exprimer la position contrastée de
l’énonciateur ; l’évènement a autant de chance d’être actualisé que de ne pas l’être. Ainsi, l’on
parle d’équiprobabilité, équipossibilité, ou encore de bilarité. La racine equi- indique une
quantité égale, d’où la valeur d’incertitude de may. L’exemple suivant est extrait d’un roman du
XIXème siècle :

I have my own reasons for thinking her a curious study, – reasons that I may impart to
you some day.

Ici, may illustre parfaitement l’équiprobabilité de la relation prédicative . Il
est possible que l’évènement (à venir) soit actualisé, mais également qu’il ne le soit pas. Le
repère some day montre cependant un optimisme quant à la réalisation du fait, c’est pourquoi,
en terme de pourcentage, il devient légitime d’affirmer qu’il s’agit non plus de 50% de chance
de probabilité, mais plutôt de 52%. De la même façon, la phrase suivante permet d’observer
que des éléments du contexte jouent souvent en faveur soit de la possibilité « positive », soit
de la possibilité « négative » :

It is very likely that he may fall in love with one of them (c’est l’auteur qui souligne).
Si l’on fait d’abord abstraction de la formule it is very likely that, may souligne le caractère
équipossible de la relation prédicative . Le fait que le
personnage en question puisse rencontrer une femme est possible, mais le contraire l’est tout
autant. Toutefois, l’utilisation de very likely, ainsi que l’accentuation du modal représentée par
les italiques dans le texte d’origine, semblent le faire tendre vers une probabilité qui vise
d’avantage le positif. Les chances de validation et de non-validation de la relation prédicative
ne sont plus strictement égales ; il apparaît un peu plus probable aux yeux de l’énonciateur que
l’évènement sera actualisé.

Grâce à ces deux premiers exemples, il est possible de constater que may, à la différence
d’autres modaux, peut servir à émettre une hypothèse sur un fait à venir (cf. premier exemple :
some day, faisant référence à l’avenir). En outre, ils mettent en avant le fait que le contexte fait
souvent basculer légèrement la valeur d’équiprobabilité stricte d’un évènement. En effet, la
probabilité ne peut correspondre à une parfaite égalité (« 50/50 »), dans la mesure où le fait
même d’exprimer un énoncé assertif a un rôle ; la forme affirmative semble adoucir, bien que
très légèrement, les 50% de chance de non-validation de l’évènement, et à l’inverse, la forme
négative diminue les 50% de chance de sa validation :

Search, but you may not find.

Le simple ajout de l’adverbe not ici crée un effet quasi « pessimiste », tout comme la
conjonction de coordination but ; bien que l’équiprobabilité de may ne soit pas affectée outre
mesure, c’est le négatif qui semble l’emporter sur le positif, indiquant la prise de position de
l’énonciateur. En outre, se pose ici la question de la portée de la négation ; dès lors que la
modalité épistémique est exprimée avec may, la négation portera sur l’évènement
(contrairement à can). Afin d’expliquer ce phénomène, une traduction en français peut s’avérer
éclairante : si you may find signifie il est possible que tu trouves, you may not find signifiera il
est possible que tu ne trouves pas. En français, la négation sera placée sur la deuxième partie
de la phrase, et non sur il est possible que : [you may] [not find]. Le français il n’est pas
possible que tu trouves serait la traduction de you can’t find.

Il convient également de s’intéresser aux énoncés interrogatifs vis-à-vis de l’emploi de may
épistémique. L’équiprobabilité du modal symbolise l’hypothèse et l’incertitude totale, puisque
l’énonciateur ne sait pas si la relation prédicative sera validée. En ce sens, le rôle de may est
similaire à celui d’une question, plus particulièrement une question « fermée » (yes/no
question). C’est pourquoi il est très peu probable que le modal soit utilisé avec une forme
interrogative. Si l’on envisage l’énoncé suivant :

(?) May she be sleeping?

L’on se rend compte que la phrase est redondante ; le fait de poser une question correspond
déjà à une incertitude sur l’évènement, tout comme may épistémique. Ainsi, si l’on veut insérer
la valeur du modal dans un énoncé interrogatif, il est nécessaire que l’expression de la
modalité ne soit pas normalement équivalente à une chance de validation du fait de 50%. Il
faudra avoir recours à d’autres moyens, tels que le modal can, ou la périphrase be likely to, qui
seront étudiés par la suite.

Dans la langue courante, may est de moins en moins employé. Parmi le corpus étudié,
les romans datant du XIXème ou du début du XXème siècles sont ceux qui comportent le plus
d’occurrences du modal, alors que dans des romans plus contemporains, celui-ci est très rare
et de plus en plus difficile à rencontrer. Son emploi de moins en moins fréquent peut
s’expliquer de la façon suivante : si l’équiprobabilité contenue dans le modal indique
l’incertitude sur les chances mêmes de validation de la relation S – P, il apparaît donc
« inutile » de formuler de tels énoncés. Il va sans dire qu’un évènement est soit actualisé, soit
non-actualisé. Ainsi, il n’y a plus d’intérêt à employer une modalité ne faisant que dire ce qui
va de soi. Une question fermée semble plus utilisée. Ceci permet également de comprendre
pourquoi might tend à remplacer may ; comme il sera étudié, le -ED contenu dans might
affaiblit l’équiprobabilité de may, et par conséquent, son usage apparaît moins « inutile ».

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