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a- Les raisons de la venue des habitants dans le quartier

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Venir vivre dans un quartier n’est pas neutre, les raisons sont variées. L’une d’elles
serait le profil économique de ces espaces, quartiers anciennement ouvriers de classe
moyenne. De plus, “beaucoup d’anciens résidents ont opté pour un meilleur logement mettant
leur ancienne résidence en location” (HUETE, 2011, p.22) ce qui a libéré des logements les
rendant ainsi disponibles. Depuis plusieurs années, dans divers quartiers du district de la
Macarena, “les propriétaires essayent de louer ces logements à des étudiants, situation qui ne
les oblige pas à réaliser des rénovations trop importantes(…) au détriment de la qualité de ces
immeubles”. La dégradation des logements aurait généré une baisse “de l’offre résidentielle
étudiante (…) en favorisant l’ouverture de ce marché pour un autre secteur demandeur : les
immigrés”(HUETE, 2011, p.23). Les étudiants recherchent des appartements convenables,
c’est-à-dire conforment à leurs attentes en matière d’hygiène et de propreté. Les propriétaires
refusant de faire des travaux de rénovation dans des habitations où cela semble nécessaire, ils
doivent à présent trouver des locataires moins exigeants comme peuvent l’être certains
immigrés.

Lors d’un diagnostic sur la population immigrée résidant à Séville (HUETE, 2008), un
questionnaire a été complété par des habitants immigrés de certains quartiers dont celui d’El
Cerezo. Les résultats ont révélé que les principaux motifs de la venue des immigrés en
Espagne et à Séville plus particulièrement, sont d’ordre économique et socioculturel (retrouver
leurs famille ou amis) : 61% de ces immigrés se sont installés dans tel ou tel quartier par
rapport au coût immobilier « accessible » et 73% d’entre eux expriment que leur choix a été
motivé par la présence d’un proche dans ce quartier. “Pour établir domicile en un lieu, les
citoyens prennent en compte le réseau d’appui sur lequel ils vont pouvoir compter, qui dans le
cas des personnes immigrées pourrait être des personnes du même pays d’origine” (HUETE,
2011, p.20).

Les résultats obtenus suite au questionnaire que nous avons réalisé en mars 2011
auprès de personnes du quartier El Cerezo(27) sont similaires. Les réponses des autochtones
interrogés correspondent principalement à des choix professionnels, familiaux et économiques
(prix des logements et des loyers). Par ailleurs, en ce qui concerne les immigrés, leurs raisons
sont analogues, bien que le nombre de commerces ethniques ainsi que le phénomène de
mutation urbaine lié au développement économique(28) soient également à prendre en
considération. “La communauté étrangère montre, par l’importance de sa présence dans cette
zone, la nécessité de maintenir un contact avec d’autres membres de son groupe ethnique.

Cette situation permet l’accès à l’information, le partage de ressources et la possibilité ou la
facilité de trouver un emploi.” (HUETE, 2011, p.23) Nous pouvons alors parler d’agrégation
qui comme nous l’avons vu dans le chapitre I, peut s’avérer être un élément positif dans
l’intégration de population dans un nouvel espace urbain.

Par ailleurs, l’enquête de la chercheuse, Maria-Angeles Huete, met également en
évidence le fait que les immigrés perçoivent l’Espagne comme une société d’accueil. Malgré
cela, ils disent se sentir discriminés lorsqu’il s’agit d’obtenir un logement ou de trouver un
emploi. Ces résultats correspondent aux réponses obtenues lors de notre enquête. De plus, la
présence de nombreux commerces spécialisés dans le quartier El Cerezo mais également dans
le district de la Macarena est également un argument pour venir vivre dans cette zone, bien
qu’il soit d’ordre secondaire. “J’aime le fait de vivre ici car je peux manger de la nourriture
de différents pays” (Angelines, espagnole). “Si je n’ai pas le temps de manger je peux
m’acheter un kebab, en centre ville il y en a quasiment pas” (Zico, marocain). L’accès à
certains types de nourriture constitue ainsi un avantage pour les habitants leur permettant en
partis de s’approprier le quartier.

27 Question 11 du questionnaire disponible en annexe p. 114 : Pour quelles raisons avez-vous décidé de
vivre dans ce quartier?
28 Cf: chapitre I, partie A/ 3/ b/

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