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a- Le \”vivre ensemble\” dans le discours des habitants

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“Le “vivre ensemble” n’a pas une définition figée et unidirectionnelle. Il s’enrichit de
la diversité, ce qui l’élève au rang de valeur universelle”.(32)

Dans le quartier d’El Cerezo les avis et les perceptions sur le “vivre ensemble”
divergent, certains sont satisfaits de l’aspect multiculturel du quartier, d’autres en parlent
comme d’un problème.

“J’ai été habitué dans mon pays à vivre avec d’autres nationalités, ça me plaît, ça
permet d’avoir l’esprit plus ouvert. J’ai eu aucun problème d’intégration à Séville mais ici
l’ambiance n’est pas très familiale avec les espagnols”(Alain, camerounais). L’avis qu’il émet
quant à une entente difficile entre autochtones et immigrés est renforcé par celui de Carlos
(vénézuélien) “les équatoriens et les noirs sont ceux qui souffrent le plus du racisme des
espagnols”.

Par ailleurs, pour certains espagnols interrogés les immigrés intégrés sont ceux qui se sont
assimilés(33) : “La cohabitation, si les gens savent bien se comporter avec nous ça me va. Il y a
des gens bien et d’autres qui sont tout le contraire. Je ne suis ni raciste ni rien. Un noir qui
vient me parler, ça me pose pas de problème mais il doit savoir bien se comporter”(Antonio,
espagnol).

“Cohabiter avec certains étrangers c’est possible mais avec d’autres non car ils ne
s’adaptent pas à nous” (Christina, espagnole), cette dernière faisait ici référence aux
équatoriens qu’elle n’apprécie guère depuis une querelle qu’elle a vécue, son discours est donc
subjectif. « Clairement, les immigrés doivent s’accommoder aux règles urbaines et respecter
les espaces publics dans nos villes. Mais nous devons également nous accommoder aux
nouveaux voisins » (TORRES, 2006 p.128). Cet auteur montre ici l’importance d’un effort
partagé entre autochtones et immigrés dans le souci du vivre ensemble. Ces préoccupations
concernent notre quartier où des changements de population ont eu lieu depuis trente ans et
plus particulièrement depuis les dix dernières années. De surcroît, une étude de l’Observatoire
Permanent de l’Immigration en Andalousie (OPIA) en 2005 montre que l’adaptation des
immigrés aux valeurs et normes du pays se fait par rapport à l’ouverture des autochtones visà-
vis d’eux. C’est-à-dire lorsqu’il y a des échanges un intérêt mutuel entre autochtones et
immigrés.

Il y a cohésion sociale si la société est perméable, ouverte et intégrante sinon les
immigrés se renferment dans leur propre monde (mode de vie). La citoyenneté apparaît alors
telle une reconnaissance des immigrés comme des voisins et non pas comme des étrangers, en
leur permettant de posséder les mêmes droits que les autochtones (RINKER, 2007). “Personne
n’a vraiment de problème avec la cohabitation. Quelqu’un qui vient dans un autre pays doit
respecter les coutumes et les personnes. Pour vivre ensemble, il faut essayer de connaître
notre culture et de la respecter simplement” (Elena, espagnole). De plus, d’après Zico
(marocain) dans le quartier “les immigrés sont à part”. Il y aurait pour lui une frontière entre
les immigrés et les autochtones, séparant ainsi les habitants en deux groupes distincts.

En conséquence, nous pouvons remarquer un manque de cohésion sociale ainsi qu’une
différence entre autochtones et immigrés. Nous pouvons également constater que les
habitants, selon des critères personnels, font une différence entre les immigrés qui se seraient
adaptés aux us et coutumes des autochtones et ceux qui rejetteraient la culture espagnole.

Pour mieux comprendre ces sentiments opposés, nous allons essayer d’examiner
concrètement l’organisation spatiale des lieux d’interactions entre individus.

32 Citation extraite de la lettre de la campagne nationale d’éducation au développement et à la solidarité
internationale mis enplace par le ministère de l’éducation française et ayant pour titre “Demain Le
Monde…Les migrations pour vivre ensemble”, PDF : http://migration.demain-le-monde.org/rubrique115.html
33 L’assimilation est le fait de devenir ou rendre semblable. C’est le processus par lequel un nouveau venu, un
immigré, adopte les usages et coutumes du milieu d’accueil; résultat du processus. (Lévy et Lussault, 2003)

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