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8-3 Des visites à domicile plus rares

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Depuis 1999, un certain nombre de mesures ou d’actes professionnels ont progressivement été confiés au secteur associatif (contrôle judiciaire et permanences d’orientation pénale).

Les visites au domicile des futurs placés sous surveillance électronique, de systématiques, sont devenues marginales, tout comme les accompagnements de personnes placées sous main de justice dans leurs démarches de réinsertion. Ces actes professionnels sont au coeur de l’identité professionnelle historique des assistant(e)s de service social qui ont construit leur identité autour de la visite sociale.

C’est autour de cette pratique que se sont créés, en 1923, les bureaux d’hygiène sociale et l’utilisation par des pionnières des ressources sociales et financières des différents réseaux de notables, confessionnels ou militants.

Les assistant(e)s de service social ont donc été historiquement « en position favorable pour peser assez directement dans la définition pratique, autant que théorique des objets de leur intervention, et partant, de leur métier » [CHAUVIERE, 2004, p91]. Nous avons ici concentré notre analyse sur les propos de CPIP pratiquant le PSE.

De systématiques, les visites à domicile sont devenues marginales, avec la simplification des conditions techniques, éloignant encore plus les CPIP de pratiques relevant du social historique appuyé sur la visite à domicile :

F, 29 ans, CPIP, 3 ans d’ancienneté

: « Il y a un gros travail avec la famille qui passe par une enquête à domicile, pour respecter aussi ces particularités-là, pour s’assurer que la personne qui héberge est au courant de la demande, sait dans quelle condition elle accueille la personne, notamment si c’est une jeune mère de famille… ».

H, 31 ans, CPIP, UGSP-CGT, 4 ans d’ancienneté

: « Il faut reconnaître qu’il y a un certain nombre de pratiques qui ont aussi disparu, il faut citer le cas des contrôles judiciaires, des permanences d’orientation pénales qui sont beaucoup plus du ressort du privé que du SPIP ; et les visites à domicile par exemple, comme la permission de sortie accompagnée qui elles aussi, ont disparu ; et depuis 1999, il y a eu quand même je dirai, et à la fois, du fait de l’évolution des politiques pénales et du fait de la juridictionnalisation de l’application des peines, et à la fois quand même du fait de la volonté assez affirmée de l’administration pénitentiaire de bureaucratiser notre métier ».

H, 51 ans, CPIP, 25 ans d’ancienneté

: « Il y avait un peu plus de visites à domicile, un peu plus oui, d’accompagnement dans les structures pour des personnes qui se déplacent difficilement, ou il y a des crises de panique ; il y avait plus de démarches éducatives et sociales ».

Le recentrage vers le champ judiciaire des missions des CPIP est rendu nécessaire par la complexité des évolutions juridiques concernant l’application des peines depuis 1999, selon l’Administration Pénitentiaire. La succession de textes juridiques et de réformes semble, en effet, nécessiter l’appui de personnels ayant une bonne culture juridique.

H, 30 ans, CPIP, 3 ans d’ancienneté

: « Le CIP doit en (champ judiciaire) avoir une compréhension efficace, comme on est une force de proposition, il faut en comprendre les rouages, les différentes personnes compétentes, parce que du coup, on se fait conseiller juridique pour les mesures qu’on couvre ».

Cependant, cette technicité juridique ne peut être dissociée d’une connaissance de la personne et de son inscription dans des politiques de droit commun :

F, 29 ans, CPIP, 3 ans d’ancienneté

: « Pour moi, c’est le côté bonne connaissance de l’articulation avec le droit commun, c’est travailler le lien social sous ses différents aspects, puisque notre mission, c’est prévenir la récidive, et je trouve que ça prend de moins en moins de place, et c’est dommage, compte tenu de notre organisation ; il y a un moment où tu as la personne et des situations beaucoup trop compliquées et je veux dire, il manque du temps et plusieurs regards pour vraiment travailler le lien social ».

C’est cette collégialité dans l’analyse des pratiques qui constituerait une amorce de contrôle entre pairs, indice de professionnalisation que nous n’avons partiellement observé sur notre terrain.

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