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6.1 Conclusion générale

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Au terme de ces développements, peut-on conclure que la privatisation a permis d’améliorer la performance des entreprises camerounaises ? En première analyse, l’examen sommaire des principaux indicateurs, effectué à partir des moyennes et des médianes, révèle des évolutions substantielles. Les sociétés privatisées ont vu, en moyenne, leur rentabilité commerciale, financière et globale, leur productivité commerciale et leur bénéfice par employé augmenter.

En effet, l’analyse statique effectuée dans le but de comparer les moyennes et les médianes des ratios de rentabilité et de productivité des entreprises trois années avant et cinq années après la privatisation montre que cent pour cent (100%) des entreprises privatisées de notre échantillon ont amélioré leurs ratios de rentabilité et de productivité. Un examen plus approfondi et plus critique de ces résultats montre, cependant, que la plupart de ces évolutions sont statistiquement significatives, notamment en terme de performance et qu’en outre la majorité d’entre elles se sont produites après la privatisation.

L’évidence de ces résultats a été renforcée par les conclusions issues de l’étude des effets statiques et dynamiques de la privatisation pour chaque firme. La privatisation a eu un effet favorable sur la performance pour une large majorité des firmes privatisées de notre échantillon. En effet, l’analyse dynamique a montré que 5/8 soit 62,5% des entreprises privatisées ont amélioré significativement en moyenne leur rentabilité commerciale, financière et globale ; 3/8 soit 37,5 % leur productivité commerciale et 6/8 soit 75% leur bénéfice par employé.

Les résultats obtenus pour les différents modèles explicatifs de l’efficacité dynamique confirment, au moins en partie, les hypothèses avancées pour tenter de comprendre le processus de privatisation. Il semble notamment que le temps ait une incidence sur l’évolution de la rentabilité et de la productivité.

Au regard des résultats obtenus par ces mesures de performance à savoir Return on Equity (ROS), Return On Equity (ROE), Return On Assets, Income Per Employee (IPE) et même malgré la non amélioration de Sales Per Employee pour une grande partie des firmes dans l’étude de l’effet dynamique, nous pouvons affirmer qu’en termes de rentabilité et de productivité les privatisations camerounaises sont dans l’ensemble satisfaisantes. Ces résultats sont cependant à prendre avec prudence en raison de la faible taille de l’échantillon et des phénomènes de multi colinéarité résiduels pouvant les affecter. On peut aussi reprocher à cette recherche d’avoir abandonnée involontairement un nombre non négligeable d’informations.

En effet, la population d’entreprises privatisées au Cameroun est de vingt-quatre (24), mais la présente recherche ne concerne que huit (8) d’entre elles, soit seize (16) entreprises absentes. Ce qui pourrait être à l’origine d’un biais non négligeable ; quoique le caractère non aléatoire de cet échantillon vienne le réduire.

Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir si ces limites devraient conduire à la contestation des résultats de cette étude et la rendre par conséquent sans intérêt. Nous ne le pensons pas. D’abord parce que les résultats obtenus viennent confirmer considérablement l’hypothèse d’accroissement de performance consécutive à une privatisation comme le prévoit les théories des droits de propriété, de l’agence, des choix publics et de l’efficience -X. L’ambiguïté des résultats empiriques observés dans les recherches antérieures (celles-ci étant faites pour la plupart dans les pays développés), s’en trouve ainsi atténuée. Cette amélioration pourrait trouver une explication dans le fait que la gestion publique est plus lourde et génératrice de coûts de transaction énormes dans les pays sous développés. La privatisation a donc des effets escomptés plus nets dans les économies en voie de développement comme celle du Cameroun parce qu’elle libère les entreprises de cette lourdeur et de ces coûts. Enfin parce que ces résultats confirment le bien fondé du programme de privatisation en cours au Cameroun, ils devraient donc encourager les initiateurs et les maîtres d’œuvres de ce programme à le poursuivre.

Privatiser n’est donc pas neutre et le mode de propriété à son importance. Mais au-delà de cette observation, beaucoup d’autres variables restent à explorer pour comprendre comment ce changement opère sur le management de ces entreprises. Ainsi, cette étude mériterait d’être approfondie en intégrant des variables de nature organisationnelle et des variables de gouvernance. Autrement dit, il faudrait recourir au moins de façon complémentaire, à des études cliniques qualitatives qui semblent mieux adaptées pour apprécier les changements portant sur les processus à l’origine de la formation de la performance. De telles études, d’utilisation courante dans certains champs de la théorie des organisations, peuvent vraisemblablement permettre de mieux cerner l’incidence des effets contextuels et de mieux comprendre comment les modifications des systèmes de gouvernance et les adaptations de l’architecture organisationnelle associées à la privatisation permettent d’améliorer la performance.

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