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6. Conclusion

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Quoique les auteurs des deux manuels analysés déclarent dans l’avant propos du livre du professeur qu’ils se situent dans une perspective de type actionnelle, une analyse plus minutieuse des argumentations montre qu’il n’y a pas une vraie intégration de celle-ci. Ils ne font référence aux recommandations du CECR que pour parler d’évaluation ou de descripteurs de niveaux, ou dans le cas de Latitudes pour nommer quelques activités en utilisant l’étiquette « tâche ». Dans les deux manuels on continue à demander aux étudiants d’imaginer qu’ils sont…, ou qu’ils se trouvent à… . On continue également de faire « comme s’ils étaient ». Les activités proposées continuent à ne pas être authentiques aux yeux des étudiants. Les consignes n’ont pas été soigneusement élaborées pour mettre en oeuvre les démarches prétendues dans les avant propos de ces méthodes, et le livre du professeur n’étaye/ complète pas les consignes. En ce qui concerne les compétences à être développées chez les apprenants, dans ces deux méthodes il continue à s’agir de donner des réponses langagières à des besoins identifiables et évaluables. Elles ne réussissent pas toujours à faire du développement des compétences le fil conducteur de la progression.

Le fait de comprendre l’approche actionnelle et la notion de tâche, d’y adhérer, d’être capable de l’identifier dans un manuel ou dans une activité quiconque, ne confère pas directement aux enseignants/ concepteurs la capacité de créer/ concevoir des consignes constituant de vraies tâches, ni des manuels, ni des démarches en salle de classe étant vraiment actionnelles. Il faudra tout d’abord ne pas idéaliser cette approche et accepter que la perspective actionnelle ne remplace pas les approches communicatives (ou précédentes), elle les enrichies, les complète en s’y ajoutant. Les exercices et les activités les plus classiques peuvent donc accompagner les tâches. « (…) Il s’agit d’intégrer cette tâche dans la progression imposée par le système éducatif, elle doit faire partie intégrante de l’apprentissage et non pas être la cerise sur le gâteau, (…) »(28). D’autre part, la classe reste un lieu artificiel, mais on doit travailler les consignes pour que cette micro-société soit le moins artificiel possible, il va aussi falloir détourner les circonstances, le contexte de manière à faire oublier le cadre de la salle de classe/ du cours au profit de la notion du groupe.

Quant à l’auto-évaluation, comme nous avons vu, elle ne se limite pas à de l’autocorrection. L’autoévaluation demande un apprentissage de la part de l’apprenant, et des moyens permettant la mise en pratique de démarches autoévaluatives, au service de l’élève, ce qui constitue un défi pour les enseignants et les concepteurs de matériel pédagogique. Mais la course-poursuite aux diplômes internationaux à laquelle sont encouragés les apprenants, le référent des DELF/DALF prôné par le CECR, et l’homogénéisation des valeurs occidentales excluent les différences individuelles des apprenants et constituent, contradictoirement, une contrainte pour l’autonomie et l’authentique réalisation de l’apprenant. « Évaluer la composante linguistique et la composante pragmatique de la compétence de communication à travers la performance du candidat nécessite que l’évaluation se fasse sur le mode qualificatif à l’aide d’une grille critériée et non sur le mode quantitatif, come c’est le cas dans la plupart des certifications existantes »(29). La notion de tâche et l’évaluation de son accomplissement ou non vient ajouter une brique à ce challenge, car des paramètres d’ordre socioculturels y interviennent. La définition d’un niveau de compétence communicative en langue, incluant les composantes linguistiques et pragmatiques et la création d’un instrument pour la mesurer, l’évaluer, l’identifier reste donc aussi un défi.

28 Rodier, Christian, La Perspective actionnelle : évolution ou révolution ? L’exemple Babelweb. (2009)
29 Delahaye, P., « Perspective actionnelle et évaluation : le Diplôme de Compétences en Langue ». Conférence donnée lors de l’assemblée générale de l’APLV, le 9 décembre 2006 à Marseille.

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