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5.4.4 L’Afrique centrale, un cas d’école de résistance à l’alternance

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C‘est ainsi le cas en Afrique centrale, où sous les régimes dictatoriaux respectifs, la sortie de pauvreté apparaît particulièrement lente et s‘inverse même dans les zones rurales selon la Banque Mondiale, pendant que le développement politique ronge ses freins. Les pays d‘Afrique Centrale sont de ce fait, malgré la diversité de leurs parcours historiques et de leurs évolutions économiques récentes, des cas d‘école illustrant parfaitement cette résistance presque maladive à l‘alternance démocratique pacifique. Les dirigeants continueraient bien à tolérer quelques audaces passagères de leurs sujets, et s‘accommoderaient bien de quelques contraintes internationales sur la gestion des finances publiques.

Au titre de la décentralisation, ils conviendraient même, au pire, d‘un certain partage du pouvoir avec quelques potentats locaux parfois ouvertement irrévérencieux. Mais est absolument exclu du casting des possibilités ce véritable crime de lèse-majesté qu‘est une défaite à l‘élection présidentielle. Lequel de leurs sujets oserait-il se prévaloir d‘un tel affront ? L‘alternance à la tête de l‘Etat, c‘est à la mort d‘en décider, les coups d‘Etat et autres révolutions populaires étant à mettre sur le compte de simples accidents de parcours. Ainsi va le crédo de cette tribu qui colonise les arènes politiques depuis le lendemain des indépendances. La démocratie les habite tel un virus informatique qui génère régulièrement des incompatibilités avec le système de valeurs qui fondent leurs croyances et leurs identités. Sont-ils nostalgiques des régimes originels de chefferies et royaumes traditionnels, ou otages de réseaux élitaires et visqueux aux relents mafieux qu‘ils ont implantés et entretenus depuis leur accession au pouvoir ?

Au lendemain des indépendances, les premiers pas des dirigeants sont hésitants et particulièrement délicats. Ils doivent « coopérer » avec l‘ancienne puissance coloniale en manifestant de la fermeté face aux mouvements internes contestataires ou rebelles dans un contexte international de guerre froide. Pour organiser les administrations locales et les structurer, les nominations et promotions sont des faveurs accordées à ceux qu‘on prend le soin de passer au moule de l‘école coloniale. Et les nouveaux dirigeants se présentent en véritables guides pour le reste du peuple, tant qu‘ils bénéficient de la confiance de la tutelle coloniale de laquelle ils tiennent réellement leur légitimité. Au fil des années, ils sont, avec leurs successeurs, crédités d‘une sagesse et d‘une magnanimité proportionnelles à la terreur qu‘ils manifestent à l‘égard de leurs téméraires d‘opposants. Ils doivent tout construire, ils créent des appareils politiques dont la plupart se transforment rapidement en outils de propagande à leur gloire, en l‘absence d‘initiation au débat politique.

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