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5.4.3 L’Afrique ne fera plus exception aux principes démocratiques

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Pendant longtemps, il s‘était comme établi dans les esprits que les peuples africains ne seraient jamais en mesure de démontrer plus que ces expériences frelatées de démocraties tropicalisées des années postindépendances. Les transformations aujourd‘hui observées dans un certain nombre de pays démentent vigoureusement cette thèse qui leur reconnaîtrait définitivement une simple continuité des régimes de chefferies et royaumes traditionnels où le monarque, maître de l‘exécutif, du judiciaire et du législatif, règnerait à vie, puis lèguerait le pouvoir à sa descendance.

D‘abord c‘était mal connaître le subtil équilibre des pouvoirs qui avait cours dans les cours royales africaines avec une distribution originale des pouvoirs politiques, religieux et économiques. En plus, tant que le rayon des nations et Etats africains était celui de ces petites entités traditionnelles héritées des ancêtres constituées de quelques centaines ou milliers d‘individus, le mode héréditaire de gouvernance semblait familier, car reconnu par l‘ensemble des membres du groupe comme héritage ancestral constitutif de l‘identité collective.

Mais avec la création des Etats postcoloniaux, les pays africains ont été confrontés à la gestion de masses plus importantes en nombre et hétérogènes en composition ethnique, ainsi qu‘à une ouverture de fait sur le monde occidental, et sont par conséquent amenés à opérer une migration vers le nouveau référentiel en s‘initiant à d‘autres techniques de gouvernance plus compatibles avec les nouvelles entités sociopolitiques. Non pas qu‘on ait à se désarmer de vertueuses coutumes et croyances ancestrales, mais simplement qu‘on se doive, par évidente nécessité, de faire dans nos cultures le tri en évaluant la compatibilité avec les aspirations des peuples d‘aujourd‘hui en matière de bien-être collectif et individuel. Il s‘agit là du reste de la même démarche dont les cultures africaines auraient de toute façon fait l‘objet même si elles n‘avaient eu par miracle aucun contact avec l‘occident, toutes les cultures possédant bien cette faculté adaptative.

On peut volontiers accorder du crédit à la thèse selon laquelle promouvoir prématurément un développement politique (défense des libertés tous azimuts) dans un contexte de misère économique reviendrait à ouvrir la voie à l‘anarchie, mais un développement économique imposé d‘une manière dite éclairée ou visionnaire ne serait en soi concevable que si les trois conditions suivantes sont remplies : i) il produit rapidement -en deux à trois ans- les résultats économiques et sociaux attendus ii) il s‘établit dans un registre éthique humainement et socialement acceptable et iii) il s‘inscrit politiquement dans un espace temporel limité. Autrement, à force d‘être craint trop longtemps, le dictateur vire à la tyrannie et plonge le pays dans une tragique léthargie sociale, institutionnelle, politique et économique.

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