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5. Traitements

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5.1. Avant-propos

Voici le chapitre principal de ce travail. Ce sera sans aucun doute le plus important, le plus long mais aussi le plus difficile. Puisque le travail concerne justement l’éreutophobie et ses traitements, seulement cette partie aurait pu être développée, mais pour connaître une solution à un problème, il semble judicieux de comprendre tout le problème en entier. Il faut savoir que certaines méthodes peuvent être inadaptées pour certains éreutophobes et dans les deux sens : une opération alors que l’éreutophobe n’est pas handicapé extrêmement ou des médicaments alors que la personne est une éreutophobe extrême. Tout ce qui va suivre ne sera qu’un inventaire de tous les traitements possibles avec dans la mesure du possible une critique. Mais avant, il est utile de préciser qu’il n’y a que très rarement des guérisons totales. On accepte de rougir mais on rougit toujours !

5.2 Méthodes réalisées par l’éreutophobe lui-même

Ces méthodes sont réalisées par l’éreutophobe lui-même sans qu’il soit aidé par une quelconque personne. Bien souvent, ces méthodes ne sont pas très améliorantes. Cela représente tout ce que l’éreutophobe essaye avant de se rendre compte qu’il a besoin d’un psychologue, psychiatre,… ou pas. Ces méthodes ne sont pas réellement des solutions sauf si cela améliore amplement la situation de l’érythrophobe.

5.2.1. Le camouflage (33)

Effectivement, le réflexe totalement naturel est le camouflage. C’est souvent la première réaction de l’éreutophobe : cacher son rougissement. Tous les subterfuges sont les bienvenus pour l’éreutophobe. À table, si un rougissement est craint, l’éreutophobe va se lever et va se servir un verre, chercher quelque chose dans le frigo, se moucher en plaçant bien le mouchoir sur l’entièreté du visage pour cacher la rougeur,… Pendant ce temps, il va « souffler » deux minutes. Une éreutophobe révèle : « J’ai toujours avec moi un mouchoir ou des kleenex. Dès que le rougissement apparaît, je prétexte une crise d’éternuements et je me mouche avec vigueur. Les gens ne sont donc pas étonnés de voir mon visage tout rouge après ça… Mieux vaut passer pour une enrhumée chronique ! » En ville, mettre un écharpe, un grand chapeau, cache aussi bien le rougissement. Mais les femmes possèdent de grands avantages : non seulement, un rougissement chez elles peut paraître « mignon », mais la femme a plus facile pour dissimuler les blushs grâce aux produits cosmétiques. Un bon fond de teint et le tour est joué. La réaction de camouflage est pour l’éreutophobe une solution mais en réalité comme le schéma de la page 16 le montre, l’évitement/camouflage va nourrir son éreutophobie en le plongeant encore plus fort dans le cercle vicieux.

5.2.2 « Méthode Pelissolo » (34)

Il a aussi moyen d’améliorer son éreutophobie en faisant certaines choses qui sont un peu plus pensées. Si l’on connait bien son schéma montrant que les ingrédients de l’éreutophobie sont les évitements, les croyances, l’obsession, le rougissement et l’anxiété sociale, le Docteur Pelissolo affirme qu’il est possible de se guérir seul en suivant une méthode qui donc ici appelée « méthode Pelissolo ». Il prône, en effet, le fait que l’on puisse agir sur les différentes composantes de l’éreutophobie. À noter que les éreutophobes légers auront un peu plus facile à réaliser les exercices que propose le Docteur Antoine Pelissolo par rapport à d’autres qui sont plus gravement touchés par l’éreutophobie.

1. Gérer l’attention ! En effet, le Dr Pelissolo commence dans son livre à enseigner de placer son attention : le diriger vers le DECOR, l’AUTRE et puis SOI-MÊME. Dans ses exercices sur l’attention, il faut d’abord commencer par repérer où l’attention est dirigée, puis s’entrainer à contrôler l’attention seule, puis petit à petit arriver à le faire pendant une conversation. Le Dr Pelissolo insiste : cela prend du temps !

2. Apprendre à se relaxer ! Ensuite, il explique qu’il faut savoir respirer calmement, relâcher les muscles, et aussi s’exercer à visualiser une scène paisible. En effet, lorsqu’une crise de rougissement vient, le fait de penser à relaxer ses muscles et puis l’effet relaxant calme le système sympathique.

3. Affronter ses peurs ! Antoine Pelissolo explique que l’étape suivante est de dresser une liste de toutes les situations que l’éreutophobe craint.

Ensuite, il faut s’exposer à ces situations : « La peur se réduit progressivement si l’on reste longtemps face à une situation redoutée, sans se protéger et sans fuir ». En cas de trop grosses difficultés, il propose de d’abord imaginer la situation. Il faut se sentir déterminé : regarder les autres dans les yeux, rougissement ou pas ! « Être démasqué » pour un éreutophobe, càd que les autres connaissent sa phobie, est une crainte obsessionnelle, c’est pour cela que le psychothérapeute insiste sur le fait qu’il faut parler de ses émotions. Cela parait horrible mais une fois avouée, l’éreutophobie sera forcément comprise et acceptée par l’entourage. Montrer les rougissements !

4. Nuancer les pensées ! Il n’y a pas « les ereuthos et les autres ». Il est impossible d’analyser la pensée d’une autre personne. La sensation de chaleur dans les joues n’est pas un reflet direct du degré de rougissement : on peut avoir chaud sans rougir (et inversement). Une situation d’angoisse et de crainte ne fait naturellement pas de bruit pour alerter les interlocuteurs. Ce n’est pas le rougissement en lui-même qui perturbe, c’est l’importance qui lui est accordée.

5. S’affirmer ! « Je fais un compliment » « Je reçois un compliment » « Je fais une demande » « J’ose dire non » « Je fais une critique » « Je réponds à une critique ».

6. Cultiver la confiance en soi ! Antoine Pelissolo explique qu’il faut être positif avec soi-même mais aussi vis-à-vis de la réaction des autres. Mais il crie qu’il faut rester soi-même ! Antoine Pelissolo encadre : « Fixez-vous des objectifs de vie positifs, concrets et réalistes, à atteindre progressivement. Ce peut être des choses que vous ne faites pas, ou plus, à cause de votre peur des autres et du rougissement : partir en vacances avec des amis, organiser un dîner ou une soirée, faire du shopping en essayant des vêtements pour le plaisir, aller chez le coiffeur, etc. »

Cette méthode est, pour un éreutophobe, à essayer. Rien n’est perdu en essayant car qui n’essaye rien n’a rien, c’est connu. Pour certaines personnes, cela semblera insurmontable ! Il faut alors suivre les traitements qui seront proposés ci-après.

5.2.3 Trucs et astuces (35)

Comme l’éreutophobie est très handicapante, certains éreutophobes trouvent des trucs et astuces à faire lorsqu’un flush est craint. Ces méthodes sont souvent retrouvées dans divers forums sur internet.

L’astuce assez populaire est celle qui explique qu’il suffit de se pincer le lobe de l’oreille pour faire rougir l’oreille à la place des joues. La méthode est souvent expliquée par la simple idée que le sang est appelé vers l’oreille et donc il ne se produit pas de rougeur au niveau des joues. Mais est-ce réellement ce principe qui se produit ?

En réalité, comme le dit un dermatologue dans l’émission de « Sans Chichis » : « Il y a une idée la dedans : dès qu’on concentre l’esprit sur autre chose, on ne pense plus, vous n’avez plus cette phobie qui se fait. Mais ce n’est pas une mauvaise idée, puisque l’on se concentre sur l’oreille. Mais de là à dire que c’est un appel de sang, c’est ridicule puisque si l’on presse le lobe de l’oreille, vous allez justement faire fuir le sang de l’oreille… »(36)

5.3 Traitements psychologiques

5.3.1 La relaxation, l’hypnose, le yoga,… (37)

Ces types de traitements pourraient être qualifiés de « basiques ». En effet, les éreutophobes plus graves ne seront pas soulagés par ces méthodes. Mais le côté positif de ces traitements est bien sûr leur innocuité. Pourquoi ne pas essayer ? Lorsque qu’on est éreutophobe, il faut partir du principe : « Qui n’essaye rien, n’a rien ». Rien n’est donc contre la pratique de ces méthodes même si aucun travail n’a été effectué concernant les résultats de ces procédés. Ces pratiques ont un effet relaxant, c’est cela qui est recherché car l’éreutophobie est un état de stress continu. Mais « cela ne fait que de relaxer ». C’est donc pour cela que certains éreutophobes ne seront pas du tout aidés par ces thérapeutiques.

Il y a également la méditation en pleine conscience mais ceci n’est nullement à confondre avec toutes les méthodes de relaxation et ce n’est certainement pas comparable aux médiations que font les moines dans un but spirituel ! « Méditer veut dire devenir témoin, pour simplement observer les pensées, les émotions et les sensations physiques qui sont en nous. C’est un processus pour ne plus s’identifier avec la personnalité extérieure, permettant d’accéder à plus d’acceptation de nous-même et sans jugement. » (38). Mais cette méthode est pratiquée bien souvent dans le cadre de TCC (un traitement qui sera détaillé plus tard) et par des spécialistes.

5.3.2 L’EMDR (39)

L’EMDR (sigle de Eye movement desensitization and reprocessing qui signifie « retraitement et désensibilisation par les mouvements oculaires ») est une méthode qui s’adresse aux personnes ayant subi des événements marquants, choquants comme des tremblements de terre, meurtres,… Mais cela peut être aussi utilisé dans le cas d’éreutophobie. En effet, l’éreutophobie peut être causée par le souvenir d’une scène d’humiliation et de moquerie. La personne alors souffre continuellement de ce souvenir et peut être littéralement paralysée lorsque la situation se représente. L’EMDR est donc une méthode consistant à la remémoration et à la visualisation de cet événement couplée à des mouvements réguliers des yeux, afin d’en faire disparaître l’impact émotionnel douloureux.

5.3.3 La Thérapie Comportementale et cognitive (TCC) (40)

Tout d’abord, il faut savoir que dans certains cas, les TCC sont complétées de prise de médicaments. Les méthodes de l’EMDR, d’hypnose,… peuvent également compléter la thérapie comportementale et cognitive. Mais que signifie ce terme ?

Le terme « cognitif » signifie que la thérapie va aborder les fonctionnements de la pensée du patient. Tout ce qui concerne l’intelligence, le raisonnement, le langage, la mémoire,… Mais dans le cas de l’éreutophobie, il s’agit bien de la pensée du patient. En effet, comme déjà développé plus tôt, l’éreutophobe a une certaine façon pessimiste de penser sur les effets de son rougissement, le regard des autres,… Le terme « comportementale » signifie bien évidemment tout ce qui concerne le comportement que possède l’éreutophobe : la fuite, situations d’évitements,… La TCC va donc travailler sur ces deux points qui représentent les symptômes de l’éreutophobie.

Il s’agit des thérapies pragmatiques : un traitement adapté à la demande du patient, à son état et à la réalité du moment. C’est bien ce qu’il faut comme traitement pour un érythrophobe car les phobiques du rougissement ne sont pas tous pareils : ils rougissent tous à des degrés différents et sont atteints psychologiquement à des degrés différents également. Ces types de thérapies peuvent donc être très efficaces, d’autant plus que les TCC pourraient avoir l’avantage de confirmer l’éreutophobie par un regard extérieur et d’effectuer un bilan complet de la psychologie du patient. Mais aussi, puisque ces thérapies sont effectuées par des médecins compétents, psychothérapeutes,…, la motivation est gardée grâce au praticien qui est là en cas de difficultés et de découragement. Le but réel de la TCC est d’accepter de vivre avec son rougissement excessif. Mais comme le dit très bien le psychologue Ducarme, interviewé durant un entretien datant du vingt-six octobre deux milles onze : « On ne guérit pas comme s’il s’agissait d’une maladie. On apprend à accepter de vivre avec. Cela s’appelle « faire son deuil ». C’est comme lors d’un décès d’un proche, on accepte mais on arrivera jamais à ramener la personne en vie » (41).

Lorsqu’on pose la question « Quelle est votre méthode de travail lorsque vous suivez un éreutophobe ? » au Docteur Antoine Pelissolo, voilà ce qu’il nous répond : « surtout établir une relation de confiance pour faciliter le travail en commun, et être disponible sur une longue durée car les choses ne changent pas du jour au lendemain ; s’adapter à la psychologie de chacun, car les positions sont très différentes d’une personne à l’autre (confiance en soi, envie de contacts, facilités de communication, etc.) » (42). La relation psychothérapeute et patient est donc bien renforcée. Les thérapeutes proposent un projet de travail tout en donnant une série de conseils qui ressemble fortement aux recommandations développées aux pages 25 et 26 dans la « méthode Pelissolo ». Presqu’à chaque entrevue, une évaluation de l’état du patient est réalisée ce qui permet sans cesse de bien adapter le traitement. Différentes techniques peuvent être utilisées pour la TCC. La technique par exposition progressive consiste à, comme son nom l’indique, d’habituer progressivement le phobique aux situations redoutée. Pour cela, le thérapeute va commencer par plonger son patient dans l’imagination de la situation, puis petit à petit, en arriver à la réalité « in vivo ». Grâce à l’évolution du monde en matière de technologie, les thérapies comportementales et cognitives sont aidées par l’imagerie virtuelle.

Thérapie virtuelle pour les phobies

Thérapie virtuelle pour les phobies

http://www.rts.ch/video/emissions/36-9/51483-therapie-virtuelle-contre-les-phobies-et-la-douleur.html

En effet, le patient peut désormais, en portant un casque programmé, se retrouver dans la situation qu’il redoute (exposé devant plusieurs centaines de personnes,…). Cette technologie s’est avérée très efficace ! Ce traitement est toujours réalisé progressivement. Une autre technique très répandue est celle du groupe thérapeutique. Accepter une thérapie de groupe pour un éreutophobe est une chose très difficile car ils craignent toujours le regard de l’autre.

Mais les thérapeutes sont là pour les aider et c’est une très bonne manière de « guérison ». Au début, l’appréhension est évidemment là mais elle est très vite dissipée puisque tous les autres sont dans le même cas et le thérapeute ne représente pas une personne indésirable. L’effet de groupe facilite l’apprentissage et permet des jeux de rôle. Le thérapeute pousse alors les patients à créer des situations délicates et donc finalement réaliser la thérapie « in vivo ».

Mais comme tout traitement, la thérapie comportementale et cognitive est soumise à une critique. Pour les personnes à éreutophobie modérée, les résultats sont souvent satisfaisants mais pour les troubles éreutophobiques plus importants qui entrainent par exemple des désocialisations totales, ruptures familiales et professionnelles,…, alors la TCC peut dans le meilleur des cas améliorer la situation mais une fois terminée, l’éreutophobe pourrait rechuter rapidement. Pour les opposants aux TCC, ce traitement est superficiel car elle n’aborde pas l’origine psychologique du trouble. Paradoxalement, cet argument peut aussi être un argument positif : il faut savoir faire son deuil et s’accepter tel que l’on est avec notre passé. La TCC est également critiquée sur le fait qu’elle ne s’occupe que du symptôme du rougissement. Mais si la méthode des thérapies comportementales-cognitives est bien étudiée comme dans ce point, il parait donc que cette critique n’a aucune raison d’être.

5.3.4 Les médicaments (43)

Bien souvent les TCC sont accompagnées de prises de médicaments. Certains refusent d’en avoir recours alors que d’autres cherchent désespérément la « pilule miracle ». Ils sont obligatoirement prescrits par un médecin car des effets secondaires sont possibles. Les médicaments sont principalement utilisés pour soutenir un éreutophobe lors des situations de stress,… Mais lequel choisir ? En effet, il existe plusieurs médicaments.

Les bêtabloquants : Ces médicaments sont pris pour une aide ponctuelle. Lorsqu’un éreutophobe sait qu’il va passer un examen oral ou autre chose, il peut alors prendre des bêtabloquants pour surmonter la situation attendue. Ces médicaments agissent en réduisant le fonctionnement des récepteurs « bêta » de l’adrénaline*. Ils sont habituellement utilisés en cardiologie pour des cas d’hypertension artérielle ou d’autres maladies. Dans le cas de l’éreutophobie, ils sont surtout prisés pour leurs effets atténuants du stress, de trac et d’anxiété, du moins indirectement. Certaines personnes n’en ressentiront aucun effet positif par rapport à leur rougissement mais d’autres réactions physiques désagréables comme des tremblements, tensions nerveuses, palpitations,… peuvent être diminuées, ce qui permet de moins se focaliser sur la peur. C’est une aide ponctuelle car les bêtabloquants n’ont pas d’effet thérapeutique en cas de prise prolongée. Le médicament le plus souvent prescrit dans la famille des bêtabloquants est le propranolol (ou Avlocardyl). Les anxiolytiques peuvent eux aussi être utilisés de manière ponctuelle. C’est la famille des benzodiazépines (Xanax, Témesta, Lexomil, Lysanxia,…) qui est fréquemment administrée dans ce groupe de médicaments. Les antidépresseurs forment eux aussi un grand groupe de médicaments traitant l’éreutophobie. Contrairement aux bêtabloquants et aux anxiolytiques, les antidépresseurs sont caractérisés de traitement de fond. Les médicaments de cette famille sont assez récurrents dans les forums médicaux : Déxorat (paroxétine), Séroplex, Séropram et l’Effexor. Le préfixe « séro » revient souvent dans les noms de ces médicaments : coïncidence ? La sérotonine est un neurotransmetteur qui serait à l’origine, selon quelques travaux sur les causes de l’éreutophobie, du dysfonctionnement du nerf sympathique. Cette hypothèse a été développée à la page 14. En résumé, il suffit de placer un tableau récapitulatif des médicaments avec les avantages et inconvénients, réalisé à la page 183, une fois de plus par le Professeur Antoine Pelissolo, un véritable spécialiste de l’éreutophobie.

Groupes de médicaments

En conclusion, il n’existe pas encore de médicaments supprimant totalement et à coup sûr le rougissement. Mais quel que soit le médicament, il faut obligatoirement le conseil et un suivi médical d’un spécialiste (pharmacien, médecin généraliste, psychiatre ou psychothérapeute).

5.3.5 Les psychothérapies classiques (44) (45)

À côté des thérapies comportementales-cognitives, il existe d’autres psychothérapies utilisées pour l’éreutophobie. En France, ce sont les thérapies inspirées de la psychanalyse qui sont les plus répandues. C’est évidemment le grand psychanalyste Sigmund Freud qui en est le fondateur vers les années 1900. Freud plaide alors pour un traitement par la parole. Jean Valla, chirurgien spécialisé pour traiter l’éreutophobie, explique le principe de la psychanalyse dans son livre : « L’origine de nos comportements est, en partie, inconsciente mais quand même très active dans notre vie d’adulte. Nous ne sommes pas maîtres dans notre demeure : c’est l’inconscient qui dirige une grande partie de nos comportements à notre insu. La psychanalyse permet de découvrir ces éléments inconscients qui viennent de l’enfance ou de notre famille, d’en prendre conscience progressivement et de se libérer en profondeur de ces “valises encombrantes”. » Freud a très bien étudié les mécanismes phobiques pour en arriver à créer la psychanalyse. Ses constatations lui font remarquer que la phobie est due au passé de la personne qui a subi un conflit durant son enfance. Cette personne a alors, selon Freud, oublié ce conflit en l’ayant refoulé au fond de sa mémoire. Le docteur Valla résume ensuite en six points les principes des thérapies psycho-dynamiques psychanalytiques :

• Intérêt pour la personnalité actuelle et passée mais pas du tout pour le symptôme : le rougissement.
• Questionnement du passé, de l’histoire, de la famille, des événements de la personne en étudiant son éreutophobie (évolution, améliorations, circonstances,…).
• Création d’une confiance entre le thérapeute et son patient : relation importante.
• Prise de conscience progressive des conflits par le dialogue avec très peu de conseils et aucune évaluation pour ensuite reconstruire son histoire avec d’autres repères et un meilleur point de vue.
• Evaluation par la parole du patient : aucune grille,…
• Longueur importante de cette thérapie (1 ou 2ans) car profondeur du travail sur le patient.

Ce traitement est aussi critiqué : il est ainsi mis en avant la durée de la thérapie, les résultats qui peuvent s’avérer très décevants, l’importance donnée au passé à la place du présent et aussi l’absence d’évaluation scientifique.

Mais ce n’est pas la seule psychothérapie, il en existe plein d’autres. Le traitement dépendra toujours du spécialiste consulté, chacun a sa méthode de travail. Ainsi il peut être expliqué ici une méthode d’un psychologue de Dinant rencontré lors d’une interview : « J’utilise le traitement paradoxal qui consiste par exemple à dire que l’éreutophobie n’est pas un défaut, cela ne doit pas nous gêner. Il s’agit de tirer des avantages de la souffrance du patient.

Par exemple, j’ai reçu une patiente qui travaillait derrière un comptoir et qui avait beaucoup de contact avec les clients. Elle m’a dit que cela la gênait énormément de rougir devant le client. Mais moi, je lui ai répondu qu’elle avait de la chance de rougir ! C’est ce qui va justement renforcer le contact avec le client. Un autre exemple avec une personne qui bégaie. Cette personne faisait de la publicité pour des aspirateurs en sonnant aux portes. Mais il a de la chance de bégayer ! Cela va justement pousser le client à l’écouter et à faire attention à ce qu’il dit. Et il va d’autant plus être aidé car le client, qui aura envie de l’écouter, le poussera à faire attention à son articulation. (46)»

5.4 Traitement physique (47)

Dans cette partie, il y aurait pu avoir le traitement par la médication puisque les médicaments agissent de manière physique sur le corps. Mais la partie des médicaments est mieux placée à la suite des TCC,… car, comme déjà dit, les médicaments sont complémentaires aux psychothérapies. Mais en ce qui concerne le traitement physique, il n’y a qu’un seul traitement proposé : l’opération chirurgicale.

La procédure de l’opération chirurgicale est connue depuis 1899 mais elle a été très peu de fois effectuée puisque les méthodes d’antan sont loin d’être sans risque. En effet, il fallait ouvrir le thorax et intervenir sans grande précision. Cette opération est principalement réalisée pour traiter l’hyperhidrose palmaire (transpiration excessive des mains). Cette « solution » est très méconnue du grand public et même de la plupart des psychologues. Mais pour les éreutophobes, c’est quasiment ce traitement qui est le plus populaire dans les forums de discussion sur Internet,… L’opération est le dernier traitement possible : l’éreutophobe va d’abord être reçu par un psychologue, psychiatre,… qui va proposer les thérapies de type psychologique puis seulement, en cas d’extrême nécessité, sur le conseil des médecins, l’éreutophobe extrême pourra opter pour l’opération.

Une opération pour traiter l’éreutophobie ? Comment ça marche ?

Le principe est clair et logique si les causes physiques de l’éreutophobie sont bien connues. Puisqu’il y a une hyperactivité du système sympathique, il suffit « simplement » de sectionner les branches sympathiques contrôlant les territoires de la face. Il n’y aura donc plus le phénomène de rougissement.

L’opération est appelée sympathectomie thoracique haute. Bien que le nom soit le même pour le traitement de l’hyperhidrose et de l’éreutophobie, il y a tout de même quelques petites différences. Il s’agit en fait de sectionner la chaine sympathique et ôter une partie de la chaine contenant des ganglions attenants.

Il peut alors être enlevé de 1 à 3 ganglions. Mais attention, le rougissement se produit des deux côtés du visage, il faut donc que l’intervention soit bilatérale, c’est-à-dire qu’elle soit reproduite des deux côtés. Comme le même nerf responsable du rougissement est aussi celui qui s’occupe de la sudation (transpiration), certains patients craignent qu’ils développent un des effets secondaires redoutés : la sudation compensatoire. On peut dès proposer à ces patients de ne pas sectionner le nerf directement, ce qui serait irréversible, et de poser simplement des « clips » sur la chaine sympathique. Cette dernière méthode est peut être corrigeable mais il y a plus de risque d’échec. Rien n’est donc garanti.

La chaine sympathique au niveau du thorax (en jaune)

La chaine sympathique au niveau du thorax (en jaune)

Valla J., La peur de rougir et ses traitements, p 42.

La sympathectomie thoracique n’est donc pas sans risques :

Les chirurgiens se vantent du peu d’existence de risques liés à l’intervention. Cette intervention doit tout de même être réalisée par un chirurgien compétent et familier à la chirurgie vidéo-assistée. Mais les risques existent et ne sont pas à négliger. En effet, le principal et le plus redoutable risque qui pourrait survenir est la blessure d’un gros vaisseau intra-thoracique. L’opération se déroule, comme son nom l’indique, dans le thorax. Le cœur se trouve donc à proximité avec toutes les grandes veines et artères,…Si cet incident survient, il faut rapidement placer le patient en position d’ouverture du thorax pour arrêter au plus vite l’hémorragie. Il s’agit donc ici d’un grand risque vital. Deuxièmement, il y a le risque anesthésique lié à toute opération se réalisant sous anesthésie générale. En outre, d’autres risques peuvent se produire. La blessure du poumon engendrant une fuite aérienne (pneumothorax) et nécessitant la pose d’un drain*, mais aussi le saignement d’un petit vaisseau nécessitant lui aussi la pose d’un drain et dans certains cas plus rares, il peut se produire une petite hémorragie. Il ne faut également pas oublier le risque de chaque intervention chirurgicale : l’infection su site opératoire, ce qui est assez rarissime.

À côté des risques qui peuvent survenir durant l’intervention, il y a malheureusement des effets secondaires à craindre :

– Le syndrome de Claude Bernard Hörner

Il s’agit de la chute de la paupière du côté opéré. Et comme l’éreutophobie se traite des deux côtés, les deux paupières peuvent alors se relâcher. Mais ce problème ne surviendrait que dans 0.5 à 1% des cas et serait la plupart du temps transitoire (1 à 3 mois)

Syndrome de Claude B Hörner

Syndrome de Claude B Hörner

Bechara Y., http://www.ghorayeb.com/HornersSyndrome.html

– Sudation compensatrice

Dans environ 70% des cas, la sudation compensatrice est ressentie par les patients. En fait, la suppression du tonus sympathique va parfois s’accompagner d’un arrêt ou d’une diminution importante de la transpiration dans les mains, la face, les bras, les aisselles et même jusqu’à l’hémithorax supérieur. Cela peut sembler être un avantage de l’opération, mais comme son nom l’indique, c’est compensatoire : il n’y a alors plus de rétrocontrôle de la production de sueur sur le reste du corps. Ainsi, une sudation réflexe s’installe sur le bas du torse, l’abdomen, les jambes, pieds,… L’intensité peut varier. La situation peut être jugée invalidante dans 2 à 7% des cas. Les études révelent cependant que l’hypersudation est variable en fonction du temps et que bien souvent elle a tendance à s’atténuer en quelques mois ou en quelques années.

– Le ralentissement du rythme cardiaque

Souvent, le rythme cardiaque du patient après l’opération s’accélère moins qu’auparavant à l’effort : il s’agit de 5 à 10 battements/minute de moins. En effet, le cœur s’adapte à la situation en éjectant un plus gros volume de sang à chaque fois. Cet effet secondaire n’est pas très dérangeant car il n’influence pas la tension artérielle et est bien souvent peu perceptible. Mais pour les sportifs de haut niveau, l’intervention est déconseillée pendant leur carrière.

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Résultats de l’opération :

Résultats de l’opération

Source : Valla J., La peur de rougir et ses traitements, p 48.

Pour traiter l’hyperhidrose, la sympathectomie thoracique a une efficacité de 97%. Pour l’éreutophobie, le graphique montre bien que dans 80% des cas, l’opération est une réussite : plus aucune rougeur et que dans 15% des cas, les rougeurs sont atténuées alors que dans 5% des cas, l’opération est malheureusement un échec. Même dans les cas de réussite, les sensations de chaleur persistent dans environ 50% des cas. Cela peut apporter à l’éreutophobe une certaine confusion car il croit alors que l’opération est un échec puisqu’il sent ses joues chauffer mais en réalité, il n’en est rien. Pour ce qui est du résultat à long terme, dans 2.5% des cas, des échappements de rougeur surviendraient, ce serait alors la cause d’une technique d’opération inadéquate et mal réalisée avec un simple écrasement de la chaine sympathique. Mais même après une section du nerf, le rougissement peut réapparaître, certes nettement moins prononcé qu’initialement.

Déroulement de l’opération

L’hospitalisation dure de 2 à 4 jours. La sympathectomie thoracique haute se déroule sous anesthésie générale bien entendu. L’opération n’est jamais effectuée sans études et entrevues entre le patient et le chirurgien. Pour ce qui est des méthodes d’intervention, il est plus facile de laisser parler le chirurgien Valla : « Le chirurgien réalise de 2 à 4 petits trous de 5 mm à 1 cm sous l’aisselle et introduit les instruments entre les côtes. Sur l’écran de télévision, il inspecte en premier la totalité des zones accessibles pour détecter d’autres anomalies méconnues éventuellement curables dans le même temps (petites brides, accolement anormaux, bulles d’emphysème*). Arrivé sur le site, il réalise l’ablation d’un fragment de plèvre (pleurectomie) pour découvrir le nerf, sectionne (ou clippe) le nerf sympathique au bon niveau, puis ôte la chaîne et les ganglions sur une hauteur variable dépendante du cas du patient.

L’intervention qui dure selon les difficultés anatomiques de 15 minutes à 1 heure 30 est alors terminée. Le chirurgien vérifie ensuite que rien d’anormal n’est survenu en dehors du champ de vision limité qu’il a lors de l’intervention. Il retire ensuite un à un les instruments et laisse en place dans la cavité pleurale un drain qui aura un rôle diagnostic (vérifie qu’il n’y a pas de saignement anormal) et thérapeutique (évacue l’air, le sang et remet ainsi le poumon à sa place contre la paroi). Ce drain est ôté en salle de réveil (1 à 2 heures après la fin de l’intervention) si tous les tests d’ablation sont normaux. Après un séjour en salle de réveil (environ 2 heures), si tout est normal, le patient remonte dans sa chambre. La sortie est en général autorisée le lendemain de l’intervention si la radiographie thoracique de contrôle est normale. Les suites opératoires sont dans la quasi-totalité des cas très simples. Une sensation d’oppression thoracique est souvent ressentie au réveil. La main du côté opéré est chaude et sèche, signe de réussite de l’intervention sur la sudation (en général lorsque l’action sur la sudation est acquise et si le nerf a été sectionné au bon niveau, l’action sur le rougissement est aussi acquise).

Quelques douleurs dorsales, entre les omoplates, parfois assez vives peuvent justifier la prise d’antalgiques ou d’antiinflammatoires. Elles durent environ 1 à 2 mois, le temps de la cicatrisation. Parfois des douleurs dans le bras, les épaules ou sur le thorax peuvent être constatées. Elles durent exceptionnellement plus de deux mois. Les cicatrices sous les aisselles sont de petite taille, elles nécessitent des soins de propreté tous les deux jours. Les fils sont à retirer au bout de 12 à 15 jours. (48)»

La sympathectomie thoracique haute a un coût, malheureusement, assez élevé… Il est de l’ordre de 7000 euros pour des patients étrangers et sans remboursements prévus par les organismes sociaux. Mais dans le cas de l’éreutophobie, les mutuelles,… ne rembourse pas l’opération.

– Mais si je comprends bien, la sympathectomie thoracique ne fait que d’ôter un seul symptôme…Comment cela se passe-t-il niveau psychologique ?

Le psychologue Ducarme de Dinant rencontré lors d’une interview datant du 26 octobre 2011 exprime son opinion après avoir appris l’existence de la sympathectomie thoracique pour traiter l’éreutophobie : « Je suis méfiant. Pour moi, l’opération comme vous la décrivez ne s’occupe que d’un symptôme. Je m’explique : par exemple, lorsque vous allez chez le médecin pour une grippe, vous allez lui décrire vos symptômes, c’est à dire la fièvre, mal de ventre,… Le médecin ne va pas soigner que votre fièvre, il va établir une liste de vos symptômes et va donc en conclure que c’est une grippe. Ici, l’opération ne s’occupe que du symptôme, à savoir le rougissement. Mais il y a toute une souffrance qui se cache derrière et qui n’est pas à négliger. Maintenant, je n’empêcherai jamais un patient d’opter pour l’opération ! C’est son choix. » (49) En effet, certains patients opérés ressentiraient toujours une difficulté dans la vie sociale malgré la disparition totale de leur rougeur. Mais bon, le rougissement est tout de même la cause principale de l’éreutophobie… Si elle n’est plus là, alors comment l’éreutophobie pourrait-elle subsister ? Cela parait improbable.

5.5 Tableau récapitulatif : qualités/défauts

Traitements

33 André C., op. cit., p 55.
34 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, pp 47-159.
35 « Cecile31 », http://forum.doctissimo.fr/psychologie/emotions/aide-rougissement-sujet_143464_1.htm.
36 « Sans Chichis », http://www.rtbf.be/sanschichis/bien-etre/psycho_je-rougis-et-ca-m-ennuie?id=7641793.
37 Valla J., La peur de rougir et ses traitements, p 27.
38 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, p 175.
39 Ibidem, pp 171-172.
40 Valla J., La peur de rougir et ses traitements, pp 27-32.
41 Ducarme T., Interview, 26/10/2011.
42 Pelissolo A., Interview par mail, 28/10/2011.
43 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, pp 178-183.
44 Valla J., La peur de rougir et ses traitements, pp 32-37.
45 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, pp 172-174.
46 Ducarme T., Interview, 26/10/2011.
47 Valla J., La peur de rougir et ses traitements, pp 40-53.
48 Valla J., La peur de rougir et ses traitements, pp 51-53.
49 Ducarme T., Interview, 26/10/2011.

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