Gagne de la cryptomonnaie GRATUITE en 5 clics et aide institut numérique à propager la connaissance universitaire >> CLIQUEZ ICI <<

4.6.3 La Côte d’Ivoire à l’épreuve de la justice transitionnelle

Non classé

Parvenu au pouvoir à la suite d‘une crise aiguë, qui a fragilisé, voire mis en lambeaux les fondements sociologiques et économiques de l‘Etat, le Président de la République Alassane Ouattara ambitionne de faire de la Côte d‘Ivoire à l‘horizon 2015, un pays émergent. Mais, pour y arriver, le nouveau pouvoir doit gérer au mieux le lourd héritage de la crise postélectorale en termes de violations des droits humains et de déchirure du tissu social national(217).

Aussi, fait-il appel à la justice transitionnelle, un concept novateur ayant déjà fait ses preuves ailleurs avec des résultats mitigés ; et nouveau dans le lexique des Ivoiriens dont divers mécanismes ont déjà vu le jour. Quels sont ces mécanismes ? Sont-ils appropriés pour le cas ivoirien ? Pourront-ils amener à terme la Côte d‘Ivoire à relancer son développement, à renouer avec la croissance et son statut de havre de paix au niveau sous régional et continental ? Autopsie de la mise en route d‘un ensemble d‘outils, au service de la réconciliation nationale et de la reconstruction post-crise…

Abidjan le 04 mai 2011, le Président élu Alassane Ouattara, après cinq mois de crise postélectorale qui s‘est muée en belligérance militaire, a prêté serment devant le Conseil constitutionnel(218). Et ce, 72 heures après avoir été proclamé vainqueur par cette institution, dirigée par le Pr Yao Paul N‘Dré, qui avait investi en décembre 2010 son adversaire du second tour du scrutin présidentiel, en l‘occurrence, Laurent Gbagbo.

Photo III : Le 04 mai 2011, Alassane Ouattara prête serment comme président de la Côte d`Ivoire

Photo Les enjeux de la transition politique et humanitaire le cas de la crise politico-militaire et postélectorale en Côte d’Ivoire 3

Source : http://news.abidjan.net/p/61981.html

Ce jour (le 04 mai 2011), marque le départ d‘une Côte d‘Ivoire qui entame sa marche vers la reconstruction et la réconciliation nationale. Une Côte d‘Ivoire qui veut tourner le dos définitivement à la crise postélectorale qui, selon diverses sources, aurait fait près de 3000 morts, des milliers de déplacés tant internes qu‘externes, notamment au Libéria et au Ghana.

La présidente de la Commission Nationale des Droits de l‘Homme (CNDHCI), Mme Victorine Wodié peint en ces termes le sombre tableau du bilan de la belligérance armée : « La crise postélectorale qui s‟est accompagnée d‟une violence inouïe, qui a fait descendre les Ivoiriens dans la bestialité et la perfidie, a rendu impossible la protection des droits humains. Les morts, nous les avons dénombrés à travers tout le pays. Soit par balles lors des combats, soit par des mesures d‟embargo, de coercition, soit par les conséquences liées aux coupures à relent punitif de l‟électricité et de l‟eau en zone CNO ou encore les couvre-feux violant les droits économiques et sociaux des populations d‟Abobo et d‟Anyama. Les morts, nous les avons malheureusement comptés partout. Le chiffre de 3000 morts risque ainsi d‟être en deçà de la réalité car pour Abidjan seulement, le décompte dépasse la barre des 1000 morts ».

La Côte d‘Ivoire a indéniablement connu des jours sombres. Et le pari sur l‘avenir, c‘est de ne plus compter sur le sol ivoirien des morts, autant de morts résultant de la haine collective, de l‘adversité qui a pris le pas sur la fraternité et l‘humanité. «Nous nous sommes détruits par la haine. Nous nous sommes faits du mal par la violence», enfonce le maire d‘Abobo M. Adama Toungara, l‘une des communes d‘Abidjan ayant compté le plus de victimes pour avoir été pendant près de trois mois, l‘épicentre de violents affrontements entre le ‗‘Commando invisible‘‘ et les éléments FDS pro-Gbagbo appuyés par des miliciens et mercenaires. «Satan nous a tous possédés», renchérissait de son côté le Pr Yao Paul N‘Dré dans son discours à la cérémonie de la prestation de serment du Président Ouattara. Des propos diversement appréciés.

Soit ! Mais, l‘essentiel aujourd‘hui, c‘est d‘éviter que Satan entraîne encore la Cote d‘Ivoire dans de nouvelles tensions. La guerre est finie. La belligérance militaire est terminée. Le pays entame donc sa reconstruction et cela reste tributaire de la stabilité, qui a pour socle la réconciliation nationale. Pour tout pays qui sort d‘une crise, la réconciliation est un processus indispensable et même nécessaire pour remettre le pays sur les rails. La Côte d‘Ivoire n‘échappe pas à cette exigence sociale de remettre les populations ensemble. Le souci aujourd‘hui est que Satan ne pousse plus les Ivoiriens à s‘embourber dans des aventures violentes et ensanglantées. Comment y parvenir ? Ainsi se présente la problématique. Pour leur part, les nouvelles autorités font appel à la justice transitionnelle dont des mécanismes ont déjà vu le jour.

217 L’intelligent d’Abidjan – 23/06/11 par M Tié Traoré
218 http://news.abidjan.net/p/61981.html/

Page suivante : 4.6.4 La justice transitionnelle, un concept nouveau dans le lexique des ivoiriens

Retour au menu : Les enjeux de la transition politique et humanitaire : le cas de la crise politico-militaire et postélectorale en Côte d’Ivoire