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4.5.1 La position des églises catholiques, évangéliques, et des chefs musulmans

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A Abidjan, les faits et gestes du nonce apostolique, Mgr Ambroise Madtha, étaient soigneusement observés. Sa visite à Laurent Gbagbo en son palais, le 11 décembre 2010, et ses propos en faveur d’une résolution négociée de la crise ivoirienne avaient contraint le Vatican à publier un communiqué martelant que « le Saint-Siège et son représentant en Côte d’Ivoire sont et restent impartiaux dans la résolution de la crise postélectorale ». Le pape s’était prononcé de manière très superficielle sur la situation à Abidjan, le 31 décembre 2010. « La tradition veut qu’il s’inspire des positions des évêques du pays. Or, là, cela faisait plus d’un mois que la Conférence épiscopale n’était pas arrivée à pondre une déclaration, en raison des divergences profondes au sein du clergé », avait assuré un ecclésiastique.

C’était chose faite depuis le 5 janvier 2011. Et visiblement, c’était la position du cardinal Bernard Agré, prélat le plus gradé du pays, assez favorable à Laurent Gbagbo, qui avait prévalu lors de la rédaction de la déclaration. Ce qui ne signifiait pas que les clivages avaient disparu. Les évêques ivoiriens avaient choisi « la voie de la médiation et de la négociation », demandaient avec insistance à l’ONU de respecter la souveraineté de leur pays, et mettaient en garde contre les « conséquences incalculables » d’une intervention militaire étrangère. Les évangéliques, dont l’influence était croissante, notamment dans les grandes villes comme Abidjan, étaient plus nombreux à se ranger sous la bannière du « frère »Laurent et, surtout, de la « soeur »Simone.

Au point que Paul Ayo, président du Conseil national des Eglises protestantes et évangéliques de Côte d’Ivoire (CNEPECI), avait été vertement tancé à deux reprises par la presse pro-Ouattara. Mais l’unanimisme n’était pas de mise, et certaines congrégations implantées historiquement dans le Nord du pays éprouvaient quelques sympathies pour ” ADO “. Quant aux chefs religieux musulmans, ils se sentaient majoritairement proches d‘Ouattara-même si les démons de la division n’épargnaient pas la communauté musulmane. C’était ainsi qu’à l’occasion du dernier Hadj, une dispute homérique avait opposé des pèlerins, divisés sur le candidat pour lequel ils devraient prier.

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