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4 ème PARTIE FAIRE EVOLUER NOTRE ASSOCIATION

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1) DESIR D’EVOLUTION

Du point de vue personnel :

« Mouvement Corps et Danse » a été créée en 1995. Cela fait 18 ans que j’oeuvre pour faire vivre et évoluer cette association. J’ai vécu différemment plusieurs étapes durant cette longue période que je peux comparer à un cycle de vie :

La création a été un moment de vive excitation. Le premier cycle est celui qui s’étend de la naissance au début de l’âge adulte. Ce moment où tout est possible, où l’on est invincible. C’est une période sans peurs, avec une croyance en soi et en son projet extraordinaire. On croit que « le monde nous appartient » Un non ne veut pas dire non, mais un « oui sûrement » ! Ensuite, vient les débuts de l’évolution. C’est déjà plus équilibré en termes de sensations. On entre dans le deuxième cycle. On est un peu moins « aiguisé ». On vit les choses, on en a envie, mais on sait aussi que cela peutêtre difficile à faire, ou que l’on ne pourra pas forcément les réaliser pour le moment en tous cas. Cela reste toujours une période très riche du point de vue des idées et du sentiment de pouvoir les mettre en vie. Les motivations des bénévoles étaient toujours très présentes, et c’est fondamental pour se sentir fort et faire avancer ses idées. Le rythme de croisière qui fait suite à l’évolution est plutôt agréable. Je le situerais comme étant le troisième cycle de vie. Il m’a fallu cependant aller chercher les émotions et les entretenir. Les projets existaient mais leur réalisation n’était plus forcément possible pour diverses raisons. Les difficultés étaient plus perceptibles du fait de l’évolution de l’association, mais aussi des changements. Les moments de « démotivations » devenaient plus fréquents et plus importants pour moi comme pour les bénévoles. Aujourd’hui, j’entre dans une fin de cycle.

Tout devient plus difficile. Le besoin d’évoluer est plus important, les « déceptions » sont plus présentes. La frustration qu’engendre le fait de ne pas pouvoir progresser n’aide pas à sortir du cercle infernal qui se met en place depuis un certain temps. Je pense que la fin de vie d’une association ou d’une entreprise est liée à différents facteurs dont font parties l’évolution personnelle de son dirigeant. Je veux dire par là, qu’il est possible que cette association ne soit pas à la fin de son cycle. Mais j’analyse cette période pour moi comme étant en conflit avec mes cycles de vie personnels. Est-ce que je peux encore trouver le moyen de mettre en corrélation mon cycle professionnel créatif avec le rythme de croisière de cette association ?

Au sein de cette association, j’ai exercé plusieurs activités :

– J’ai été une des fondatrices cette structure et surtout à l’origine du projet.
– J’ai bien entendu exercé mon métier d’origine. J’ai été professeur de danse au sein de cette association.
– J’ai exercé la fonction de directrice artistique durant 15 ans.
– En assurant une grande partie des cours de fitness au sein de l’association, je peux dire que j’ai été éducatrice sportive
– J’ai mis en scène des spectacles, et réalisé des Chorégraphies pour les compagnies de cette association. J’ai été chorégraphe. Il m’arrive encore de l’être pour certaines occasions.
– Depuis 2010, je suis directrice de cette association.

Accessoirement, j’ai exercé diverses activités dans le cadre de mes emplois principaux au sein de « Mouvement Corps et Danse » : Créatrice de site Web, Monteuse vidéo, photos et musiques, Reporter, Danseuse et aussi couturière et créatrice de costumes… Malgré la richesse des activités, il arrive un moment où une trop grande variété d’activités donne plus le sentiment de survoler des compétences, que d’être réellement au service d’une cause. Mettre en valeur mes compétences dans le domaine du management est devenu pour moi important. Je suis en capacité d’apporter par mon expertise, mon expérience et mes compétences, une valeur ajoutée à une fonction, un but, une action… Je me sens aujourd’hui comme un poisson dans son bocal. « Je manque d’air, et je tourne en rond… ». La métaphore est peut-être un peu excessive, mais représente au final assez bien mon état d’esprit du moment. J’ai besoin d’aller plus loin dans l’exploitation de mes capacités. J’ai besoin d’aller au delà des limites qui me sont imposées dans le cadre d’une association.

Du point de vue idéologique :

Je peux globalement dire que cette association suit son bonhomme de chemin, et remplit son rôle de structure ouverte au plus grand nombre. J’ai oeuvré avec ses bénévoles à construire un lieu qui reprend bien les éléments fondamentaux des objectifs de départ. Je travaille à faire en sorte que cette association vive bien, qu’elle évolue de manière positive, que ce soit en terme de représentativité, d’image ou même dans son coté « créatrice d’emplois ». Je ne pense pas foncièrement qu’elle est au bout de son chemin même du point de vue de son évolution. J’ai encore envie de croire que cette association peut être créatrice sur le plan « culturel », « social » et « économique ». Cependant, je sais que les contraintes liées au statut associatif et à notre ville sont des freins réels pour continuer sa progression :

– Le fait de travailler exclusivement avec des bénévoles.
– Ce statut qui nous lie aux élus de notre municipalité pour tout ce qui concerne les locaux. Cela reste très aléatoire et modulable en fonction de la personne ou de son inclinaison politique.
– Nous ne sommes pas prioritaires sur les infrastructures en journée. Elles sont réservées aux scolaires. Cela limite pour les embauches du fait de la pauvreté
des heures proposées.
– Il est difficile de prévoir les emplois, les modifications de cours parce que nous ne savons que tard les créneaux de salle qui nous seront attribués.
– Les clubs et associations n’ont pas forcément la latitude nécessaire financièrement ou matériellement pour créer de nouvelles activités. Cela doit être progressif. C’est quelquefois impossible…
– Nous sommes limités fiscalement au niveau du nombre de représentations.
– Nous sommes limités par notre municipalité pour le nombre de manifestations organisées (prêt de salle).
– Nous sommes toujours limités par les finances en ce qui concerne des projets d’envergure.

D’une manière plus personnelle, j’ai le sentiment que cela n’ira jamais plus loin que là où nous sommes aujourd’hui. C’est frustrant et crée en moi le besoin de regarder vers le large !

2) FAIRE EVOLUER CETTE ASSOCIATION

Y aurait-il une manière de faire évoluer cette association au-delà des contraintes que l’on peut rencontrer ? Est-il possible de faire évoluer l’association vers un statut d’entreprise ?

LES POSSIBILITES

Il n’y a pas de passerelle entre le droit associatif et le droit commercial juridiquement, la transformation d’une association en SARL est totalement impossible. La seule issue possible réside dans la création d’une SARL à laquelle l’association vend tout ou partie de ses biens et de son activité. L’association peut alors soit perdurer sur son seul objet associatif, soit être dissoute. L’association, en fonction de ses statuts, ne peut pas donner ses biens à une SARL. Elle doit les céder à une autre association, ou à la collectivité publique. Cependant, il existe deux types de sociétés qui peuvent permettre cette transformation. Il est possible de transformer notre association en SCOP ou en SCIC sans changer de personnalité morale : Il n’y a pas d’obligation de recréer une structure et des formalités légales réduites. La croissance de l’association, le développement d’activités économiques importantes soulignent que l’évolution du projet associatif est de plus en plus porté par les permanents salariés de l’association.

Cette évolution a été repérée par de nombreux auteurs tels Bayle 1999, Bernardeau Moreau 2004, Chantelat 2001, Mayaux 1996…. Nombreuses sont les raisons qui justifient d’abandonner le statut associatif pour un autre statut juridique plus conforme à l’évolution de l’activité. Alors que le statut de société commerciale classique impose de basculer dans une logique de renversement du pouvoir au service des associés investisseurs, le statut de coopérative permet :

– D’ancrer l’association dans l’économie de marché et d’avoir la vraie reconnaissance sociale et fiscale qui s’y rattache,
– De traduire dans les faits la participation effective des salariés au projet associatif d’origine,
– De conserver la logique de primauté au projet par les règles du fonctionnement coopératif : vote démocratique sur le base du principe “1 personne = 1 voix” et constitution d’un patrimoine collectif.

LA SCOP :

Juridiquement, une SCOP est une société coopérative de forme SA ou SARL dont les salariés sont les associés majoritaires.

– Les salariés sont associés majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Si tous les salariés ne sont pas associés, tous ont vocation à le devenir.
– Il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise. Mais celui-ci est élu par les salariés associés.
– Le partage du profit est équitable : une part pour tous les salariés, sous forme de participation et d’intéressement ; une part pour les salariés associés sous forme de dividendes ; une part pour les réserves de l’entreprise.

Dans une SCOP, les réserves, impartageables et définitives – en moyenne 40 à 45 % du résultat – vont contribuer tout au long du développement de l’entreprise à
consolider les fonds propres et à assurer sa pérennité. Les co-entrepreneurs sont rémunérés de leur travail et de leur apport en capital, mais à leur départ, celui-ci leur est remboursé sans plus-value.

LA SCIC :

La Société Coopérative d’Intérêt Collectif (Scic), est une entreprise qui :

– Permet d’associer autour du même projet des acteurs multiples (salariés, bénévoles, usagers, collectivités publiques, entreprises, associations, particuliers…). Ce type de société est ouvert à tous les bénéficiaires et personnes intéressées quelles que soient ses raisons.
– Elle produit des biens ou services qui répondent aux besoins collectifs d’un territoire par la meilleure mobilisation possible de ses ressources économiques et sociales
– Elle respecte les règles coopératives (répartition du pouvoir sur la base du principe 1 personne = 1 voix, implication de tous les associés dans la vie de l’entreprise et dans les principales décisions de gestion, maintien des résultats dans l’entreprise sous forme de réserves impartageables qui en garantissent l’autonomie et la pérennité).
– Elle a un statut de société commerciale Sa ou Sarl et, en tant que telle, elle fonctionne comme toute entreprise soumise aux impératifs de bonne gestion et
d’innovation.
– Elle s’inscrit dans une logique de développement local et durable, elle est ancrée dans un territoire, et favorise l’action de proximité et le maillage des acteurs d’un même bassin d’emploi.
– Elle présente un intérêt collectif et un caractère d’utilité sociale garanti par sa vocation intrinsèque d’organiser, entre acteurs de tous horizons, une pratique de dialogue, de débat démocratique, de formation à la citoyenneté, de prise de décision collective… et garantit aussi sa vocation d’organisme à but non lucratif.
La SCIC introduit en France la coopération, permettant d’associer et faire décider ensemble :
– Les salariés de la coopérative (comme dans une SCOP)
– Toute personne physique désirant participer bénévolement à son activité (comme dans une association)
– Les usagers habituels et les personnes qui bénéficient à titre gratuit ou onéreux des activités de la coopérative (comme dans une coopérative de consommateurs)
– Toute personne physique ou morale de droit privé qui entend contribuer directement, par son travail ou par un apport en nature, en espèce, en industrie ou par tout autre moyen, au développement de la société coopérative (comme dans les sociétés commerciales classiques)
– Toute personne morale de droit public dans la mesure où l’activité et l’intérêt de la SCIC entre dans son champ de compétences (comme dans d’autres sociétés
régulant le Partenariat Public Privé).

L’ensemble de ces personnes peuvent être associées au capital de la coopérative. En tant qu’associé, chacun participe aux prises de décisions collectives via l’Assemblée Générale de la coopérative où il s’exprime à égalité de voix avec les autres associés.

C’est l’assemblée des associés qui élit en son sein les administrateurs et les dirigeants de la coopérative. Cette Assemblée d’associés peut éventuellement définir des collèges de vote pour pondérer les voix entre sous-groupes d’associés.

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