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3.9 La décision du conseil de sécurité de l’ONU face à l’opposition de la Russie(160)

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Depuis le vendredi 3 décembre 2010, les Nations Unies s‘affairaient. Après plusieurs jours de tergiversations, le Conseil de sécurité avait arraché à la Russie, dans une déclaration commune, la reconnaissance de la victoire d‘Alassane Ouattara. Mais seulement « au vu de la reconnaissance de la CEDEAO », avait précisé la déclaration. « Le consensus a été de reconnaître Ouattara sans adopter de sanctions » et en se « calant sur la position des institutions africaines notamment de la CEDEAO », avait confirmé Gilles Yali de International crisis group. Pour lui, la Russie, qui avait toujours eu une position tranchée sur la question de la souveraineté, estimait que « ce n‟était pas dans le mandat de l‟ONU de décider du vainqueur de l‟élection ».

Si l‘ex-URSS avait fait de l‘opposition au droit d‘ingérence, ses vues sur les nouvelles ressources gazières et pétrolières de la Côte d‘Ivoire pourraient être à l‘origine de ce positionnement. Le président du groupe pétrolier russe Loukoï aurait ainsi rencontré Laurent Gbagbo, avait affirmé Rinaldo Depagne de International crisis group. Les Nations unies avaient, par la voix de leur représentant en Côte d‘Ivoire, Young-Jin Choi, très tôt pris position sans réserve contre Laurent Gbagbo. « L‟ONU ne se serait pas autant engagé pour d‟autres pays de la région. La Côte d‟Ivoire a une importance énorme au sein de la sous-région », avait expliqué Rinaldo Depagne.

Mais surtout, les Nations Unies avaient énormément investi dans ce processus électoral. Selon des estimations du Financial Times, il leur aurait coûté 400 millions de dollars. M. Choi avait ouvertement mentionné cet aspect financier dans sa première déclaration validant l‘élection d‘Alassane Ouattara. « L‟ONU a investi beaucoup de moyens, de temps et de personnels dans cette élection. Après tout ce travail, après avoir soutenu cette élection, l‟ONU ne pouvait pas moins s‟impliquer », avait poursuit Rinaldo Depagne.

A la suite des accords de Pretoria (2005), que Laurent Gbagbo avait signés, les Nations Unies avaient été dotées d‘ « un mandat d‟opération de maintien de la paix et de certification des élections », avait rappelle Gilles Yabi. « Tout le processus, les conditions d‟organisation du scrutin, avaient été intégrés dans la dernière version du code électorale », et avaient été remis en cause par Laurent Gbagbo.

160 Afrik.com – 11/12/10 : « Depuis une semaine, les acteurs diplomatiques internationaux s‘activent pour trouver une issue à l‘épreuve de force qui oppose Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara. C‘est à une montée en puissance des pressions diplomatiques que doit faire face Laurent Gbagbo. Rinaldo Depagne, analyste à l‘International Crisis Group, et Gilles Yabi Olakounlé, chercheur et analyste politique indépendant, analysent pour Afrik.com le volet diplomatique de la crise ivoirienne ». C‘est une levée de bouclier d‘une intensité rarement observée en Afrique. Après la CEDEAO, l‘Union africaine (UA) a suspendu jeudi de la Côte d‘Ivoire jusqu‘à ce que Laurent Gbagbo reconnaisse les résultats du second tour proclamés par la Commission électorale qui donnent Alassane Ouattara, son adversaire, gagnant. Une décision qui confirme son isolement non seulement sur la scène internationale, mais aussi sur le continent africain.

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