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3.6. Les conflits transfrontaliers

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Les conflits armés qui partent de l’intérieur, prennent une dimension régionale voire internationale car les soutiens des pays étrangers ou des clubs financiers, contribuent à l’enlisement de la crise, par la prolifération et la circulation illicite d’armes légères et de petit calibre, lesquelles constituent le principal matériel des combats(112).

Prenant source dans les divisions ethniques et politiques(113), les rébellions armées internes, fort de leur succès à s’opposer militairement aux forces gouvernementales mais sans atteindre leur objectif, celui de la prise du pouvoir, vont ainsi élargir leur champ d’action. Pendant cette phase d’évolution, ces groupes armés se font entendre par une brutalité, plus particulièrement sur des populations civiles qu’ils veulent neutraliser et les avoir à leur compte.

Ainsi des enlèvements, des recrutements forcés, des enrôlements d’enfants constituent leurs moyens d’actions. De la période de l’insurrection interne à l’expatriation de leur mouvement, ces groupes armés adoptent la stratégie de guérilla, traduites par des attaques spontanées contre les villages et objectifs civiles. Pour vaincre l’action rebelle, le gouvernement initie des groupes d’auto-défense c’est-à-dire des organisations villageoises de sécurité qui souvent, ne répondent pas face à la tactique adoptée par la rébellion.

Comme il est prouvé, derrière un conflit armé interne se trouve toujours une main extérieure(114), laquelle veut se venger des rapports qu’un régime entretient avec les opposants d’un État voisin; ce pays voisin soutient la rébellion en lui accordant l’occupation d’une partie de son territoire qui sert de base arrière. Cette étape va entretenir une guerre dite « par procuration » que se livrent les pays par groupes armés interposés. Non seulement que le groupe bénéficie d’une base à partir de laquelle des attaques sont lancées contre son gouvernement, mais l’appui du pays d’accueil donne également accès aux équipements et moyens logistiques conséquents.

L’endurcissement des affrontements sans vainqueurs, donne lieu à des séries de négociation souvent avec des issues incertaines; d’où l’implication de la communauté internationale qui pourrait obtenir un cessez le feu mais précaire, tant que les belligérants désapprouvent l’accord. Un mouvement interne qui reçoit un soutien extérieur au départ, se radicalise ensuite et n’est pas prêt à déposer les armes même à la demande de son principal soutien. Le moyen pour le contraindre reste une coalition inter-état voire internationale pour le débarrasser de la partie du territoire qu’il occupe. Cette option oblige la rébellion à mettre le cap sur d’autres sites, ouvrant de nouveaux fronts sur un territoire dont la capacité des forces armées nationales ne permet pas de protéger les frontières.

3.6.1. L’armée de résistance du seigneur (LRA)

Née au lendemain des élections présidentielles de 1986, sous l’appellation de « La Force mobile de l’Esprit Saint » (FMES) (115). Mouvement idéologique pour la libération d’une ethnie, a pour but de délivrer le peuple acholi de son mauvais passé et de renverser le président Museveni. Sa promotrice, Alice Lakwena qui se dit possédée par l’Esprit saint, ne résiste pas à l’assaut des forces gouvernementales lancé contre son mouvement devenu populaire après sa sortie officielle ; elle s’enfuit pour le Kenya. La FMES se dote d’un nouveau leader, Joseph Kony, cousin de la promotrice qui rebaptisera le mouvement du nom de la LRA(116).

Les opérations militaires d’une rare violence menée par le gouvernement ougandais de 1988 à 1996 ont affaibli la LRA qui se reconstitue à chaque fois. La multiplication des offensives militaires gouvernementales entre 2003 et 2006, oblige la LRA à redimensionner sa troupe, d’où nécessité de recruter des combattants en masse, par la force, parmi les jeunes mais surtout des enfants. Des enlèvements dans les plantations, les villages, les attaques des camps de réfugiés vont se succéder. Futurs combattants pour les garçons, esclaves sexuelles pour les filles, les otages sont endoctrinés suivant l’idéologie des dix commandements, parallèlement à la formation militaire. Des assassinats, des tortures et mutilations constituent le mode d’action de la LRA.

A partir de 2006, le mouvement va progressivement s’introduire dans les pays voisins tels que le Soudan, la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine. Avec ses bases supplémentaires, la LRA pratique meurtres, enlèvements, viols et attaques contre les populations civiles et leurs biens. Ces manœuvres d’une extrême violence, s’éloignent de l’objectif initial, celui de déstabiliser le pouvoir central ougandais. De manière générale, en Afrique subsaharienne dans un conflit armé structuré, y participent des réseaux criminels et de trafics illicites d’armes, lesquels favorisent la diffusion régionale de ces conflits qu’ils entretiennent en retour.

3.6.2. La guerre de la République Démocratique du Congo

Les conflits de sécession de Katanga et du Sud Kasaï, les révoltes des partisans de Mulélé des années 60, ont ébranlé le Congo Belge au deux tiers. Les rébellions armées qui vont suivre jusqu’à la fin des années 90, transforment un conflit interne en conflit transfrontalier.

Considéré comme l’une des guerres meurtrières que la région des Grands Lacs ait connue à la fin du XXème siècle, le conflit congolais est le cumul d’un ensemble associant faillite de la gestion politique de l’ère Mobutu à la dérive des révolutionnaires post mobutistes. Les crises socio-économiques des années succédant l’avènement de la démocratie, la caducité des recommandations de la conférence nationale souveraine de 1990-1991, l’intransigeance de Mobutu à associer toutes les forces vives de la nation à la gestion du pays, ont fait perdre chez les Congolais, l’espoir d’user des moyens démocratiques pour gérer la crise ; alors, ils décident de recourir au moyen armé, comme solution pour restaurer la justice sociale et l’Etat de droit.

Pouvoir agonisant dans le collimateur de la communauté internationale, laquelle dénonce un manque de gestion orthodoxe du pays, le pouvoir de Mobutu est soumis à des pressions tant politique, diplomatique, sociale que militaire. C’est dans ce contexte que l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), présidée par Laurent Désiré Kabila va mener un combat sanglant contre ce régime. Parti de l’intérieur, un conflit fratricide va conduire à la destitution de Mobutu. Animée par les congolais au départ, la guerre qui a pris sa source dans l’est, reçoit l’appui des pays voisins du Congo.

La guerre civile au Burundi déclenchée par l’assassinat de Melchior Ndandaye et le génocide rwandais de 1994 provoqué par la mort tragique du Président Juvénal Habyarimana, sont autant de facteurs externes qui vont exacerber le conflit congolais(117).

112- Mussu P. FARAJA MWILHARE Z., l’ONU et le démantèlement des groupes armés dans la sous région de grands lacs, mémoire de licence en relations internationales, Université officielle de Bukavu (RD Congo), 2009
113- Hamadine FALL, contrôle des frontières et criminalité transfrontalière en Afrique de l’Ouest p.89-95. www.unidir.org
114- Collette BRAECKMAN, guerre sans vainqueur en République démocratique du Congo, le Monde, avril 2001, p.16-17
115- Réseau francophone sur les opérations de recherche de paix-Initiative de Coopération régionale contre la LRA – www.opérationspaix.net
Ritimo, l’Ouganda de Museveni un régime militarisé, acteur sur la scène régionale. L’Armée de Résistance du Seigneur est elle encore un facteur de déstabilisation du gouvernement ougandais? www.ritimo.org.
116- LRA= Lord’s Resistance Army, armée de la résistance du seigneur est le fruit des divisions ethniques et politiques ougandaises, encouragées à l’époque coloniale, entre les populations du Nord (Acholi et Lang) qui constituaient le corps militaire et celles du Sud (région du Buganda) terre fertile où étaient recrutés les fonctionnaires et intellectuels.
117-Modeste MUTINGA, chronique d’une paix négociée en RDC : un devoir de mémoire (1998-2003) source : www.lepotentielonline.com/227-chronique_d_une_paix_négociée , août 2012

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