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3.3 Conclusion

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Nous avons donc une bonne partie de la scène pour qui l’utilisation de la langue française dans sa
pratique artistique (et langagière évidemment) n’est absolument pas à remettre en question. Bien
qu’un nombre très important de groupes français chantent en anglais, ceux qui choisissent le
français ne le font pas par hasard et la langue est pour eux le premier vecteur de leur message. Si
certains ont peur de « l’invasion » de l’anglais dans la langue en général et dans la culture musicale
en particulier, on peut constater que malgré les apparences le punk rock est un terrain où le français
a sa place et pas seulement pour perpétuer un éventuel « folklore » de la chanson en français, mais
bien pour évoquer l’actualité, la vie en France et dénoncer des injustices. Inutile donc d’être
alarmiste par rapport à la situation du français et à l’utilisation qui en est faite dans ce mouvement
culturel, finalement il est surtout représentatif de la situation du français par rapport à l’anglais en
général. D’ailleurs, dans « Courrier International » n° 1058 du 10 février 2011, on trouvait l’extrait
d’un article d’Andrex Hussey (lui même professeur de français et doyen de l’Institut de l’université
de Londres à Paris) paru dans le journal anglais « The Observer » disant que « L’enseignement du
français dans les universités du Royaume-Uni, déjà sérieusement menacé, semble appelé à
disparaître d’ici quelques années. » et que, « en 2010, pour la première fois, le français ne figurait
plus parmi les dix matières les plus étudiées par les élèves britanniques » et enfin et surtout que
« beaucoup ont vu dans cette nouvelle le signe que le monde anglophone avait définitivement assis
sa suprématie culturelle. »

On peut être d’accord ou pas avec cette dernière affirmation, effrayé ou pas, c’est en tous cas une
situation qu’il faut considérer comme plus ou moins acquise et probablement pour encore
longtemps.

Dans ce contexte, et en refusant toujours pour ma part de considérer les langues du monde en
compétition, voire en « guerre », que peut on faire pour le français ? Je pense qu’il ne faut pas
prendre des initiatives ayant pour but de « contrer » l’anglais mais plutôt visant à maintenir l’offre de
français disponible partout, toujours et dans le respect des langues en présence,
Pour reprendre une image de Louis-Jean Calvet (« Pour une écologie des langues du monde », Plon
1999), si une langue peut se comparer à une espèce animale, avoir peur de la disparition du français
et militer pour sa survie équivaudrait à peu près à s’inquiéter et à se battre pour la survie des chats
ou des pigeons face à la prolifération des rats ou des moustiques. Il y a clairement dans ce domaine
des langues/espèces prioritaires à défendre de manière plus urgente que le français. Enfin, pour
continuer avec cette analogie, on sait qu’une espèce qui prolifère trop, court à sa perte : sans
prédateur, les herbivores mangent toute l’herbe et finissent par disparaître eux aussi. Il ne sert donc à
rien de vouloir dominer sans partage, seul l’échange est bénéfique.

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