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3.10 Les investissements étrangers (162)

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Le Ministère français des Affaires étrangères avait de nouveau recommandé vendredi 31 décembre 2010 à «tous les français qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d‟Ivoire» dans l‘attente d‘une normalisation de la situation. Mais un éventuel départ, pour la centaine de dirigeants de PME- PMI, était plus que problématique.

Les Français qui ne pouvaient pas quitter la Côte d‘Ivoire, c‘étaient les responsables de petites ou moyennes entreprises implantées pour la plupart depuis des années dans le pays. Hôtellerie, restauration, entreprises de mécanique ou bien de services, l‘idée de partir même provisoirement de Côte d‘Ivoire leur paraissait difficile.

« Sur le plan technique bien entendu, tout est possible. Pour les entreprises en revanche, la chose est un petit peu plus difficile dans la mesure où il y a des entreprises à faire vivre », avait témoigne Franck Levesque, administrateur de la Chambre de commerce et d‘industrie française en Côte d‘Ivoire. « Les entreprises représentent non seulement une petite production mais elles sont également des soutiens économiques pour les familles de nos salariés. Donc là, il y a une continuité à garantir en termes de revenus et de distribution qui font qu‟un départ, même court, est tout de même difficilement envisageable dans la mesure où les difficultés économiques qu‟on connaît aujourd‟hui durent déjà depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois »,avait ajouté Franck Levesque.
L‘hypothèse d‘un départ ? Cet entrepreneur français en Côte d‘Ivoire qui avait préféré conserver l’anonymat ne l‘envisageait pas non plus s‘il voulait maintenir en vie sa PME :

« Je ne vois pas très bien comment j‟aurai pu fermer du jour au lendemain la porte. Qu‟aurait fait mon personnel ? Comment on aurait fait les chiffres d‟affaires de novembre, celui de décembre ? Ce n‟était pas possible.

Conseiller aux Français de quitter la Côte d‟Ivoire… C‟est vrai qu‟on ne leur a pas demandé de partir. On leur a dit “si vous n‟avez rien à y faire”. Mais je ne vois pas comment on peut faire pour quitter son entreprise ».

Ce dirigeant imaginait d‘autant moins quitter la Côte d‘Ivoire que déjà en novembre 2004, il avait dû laisser son entreprise aux mains des pillards. Accueilli comme beaucoup d‘autres patrons de PME-PMI à l‘aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle par une antenne du tribunal de Bobigny pour enregistrer sa plainte, il avait dû vite déchanter quand il s‘était agi de toucher une indemnisation :

« J‟avais même fait faire un constat d‟expertise ici par un cabinet d‟experts français. Je veux dire, tout était en règle. C‟est ce qui a permis à notre gouvernement de dire ensuite que les rapatriés de Côte d‟Ivoire sont indemnisés comme l‟ont été les rapatriés d‟Algérie. Et ça a plu à tout le monde jusqu‟au moment où nous avons reçu tous un courrier nous disant que nos agresseurs n‟ayant pas été identifiés, notre plainte n‟était pas recevable. Voilà. Et nous n‟avons pas été indemnisés. Je veux dire qu‟il y avait le discours que l‟on a passé à travers les médias et il y a la réalité. Et là, le gouvernement français n‟a pas joué son rôle, ça c‟est clair ».

Quant aux fameux six milliards de francs CFA qui avaient été provisionnés sur un compte par le gouvernement ivoirien, il en attendait toujours sa part: « On n‟en a pas vu la couleur et je pense qu‟on n‟en verra jamais la couleur !».

Regroupés au sein de l‘Association de défense des entreprises sinistrées de Côte d‘Ivoire(ADESCI), la quarantaine d‘entreprises qui avaient dû fuir Abidjan en novembre 2004 avaient touché chacune 750 euros. Le préjudice subi à l‘époque était estimé par l‘ADESCI à douze millions d‘euros.

162 Rfi – 03/01/11

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