Effectivement, dans l’ultime étape de l’avènement de cette société nouvelle, l’Homme, « parvenu à un très haut degré de vertu », selon les termes de notre second témoin, Albert GRANGER, trotskiste né en décembre 1933 à Toulouse, directeur d’une Maison des Jeunes et de la Culture à Sète, durant les évènements de Mai 68, sera totalement et définitivement libre. Cette « fin de l’Histoire », admet un affranchissement de l’Homme vis-à-vis des machines : « Si nous voulons un jour vivre mieux, il faudra nous battre pour un monde où les hommes ne seront plus esclaves des machines, mais où les machines serviront les hommes »99. Mais, « affranchi des machines » ne signifie pas que ces dernières disparaîtront, mais qu’elles serviront l’Homme en lui étant totalement dévouées et en le déchargeant de toutes ses pénibilités matérielles. Pour cela, les capitalistes doivent avoir été expropriés : « L’ère nouvelle où les machines débarrasseront l’homme de ses servitudes en augmentant à l’infini ses richesses ne sera possible que le jour où la classe ouvrière aura exproprié les capitalistes »100. Enfin, cet affranchissement de l’Homme vis-à-vis des machines, n’est pas sans admettre un progrès technique, utilisé de façon optimale dans la société désormais 41
devenue socialiste : « Nous ne sommes pas, nous ne pouvons pas être contre le progrès technique. En régime socialiste, celui vers lequel tendent tous nos efforts, le progrès technique serait utilisé au maximum »101.
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Conclusion :
Dans cette première partie, ont donc été abordées les causes de la « Guerre révolutionnaire » dans la pensée trotskiste. Ces causes, nous l’avons vu, tiennent à une opposition idéologique entre deux classes inconciliables que sont le prolétariat et la bourgeoisie, et de la volonté des trotskistes d’en changer, l’institution d’une nouvelle société, socialiste, c’est-à-dire juste, égalitaire et fraternelle, constituant le but ultime du trotskisme. Cette première grande partie, aborde ainsi des concepts-clé marxistes, ici la Lutte des classes et la Dictature du prolétariat, que Trotski reprend à son compte et développe. Constituée de deux chapitres, respectivement intitulés « Une opposition sociale et idéologique » et « La Dictature du prolétariat », cette première partie étudie surtout le trotskisme d’un point de vue théorique, avec deux idées : la militarisation du travail et l’autogestion.
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