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3) Les proudhoniens

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Les derniers rivaux, dont nous souhaitons étudier le cas dans ce travail, sont les proudhoniens, baptisés ainsi en l’honneur de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), théoricien de la « démocratie ouvrière ». Ceux-ci condamnent au même titre que Karl Kautsky les actes de violence révolutionnaire, et ont pour ambition politique une mutualisation des moyens de production, désireux en fait de substituer au politique l’économique, et d’établir un système décentralisé, qui tirerait son pouvoir de la localité et de la ruralité ; finalement, c’est d’un pouvoir antiétatique, du fédéralisme dont il est question. Nous sommes donc bien loin des idées trotskistes, dont le rôle de l’Etat est mis à l’honneur durant la période plus ou moins longue de la dictature du prolétariat. Dans Terrorisme et communisme (l’anti-Kautsky), Trotski dresse un portrait au vitriol de ces proudhoniens, assurant que ceux-ci n’ont rien à voir ni avec le marxisme ni avec les bolcheviks, dont les trotskistes, eux, se réclament : « Les proudhoniens répudiaient la démocratie pour la raison même qui les faisait répudier la politique. Ils étaient partisans de l’organisation économique des travailleurs sans intervention du pouvoir de l’État, sans bouleversements révolutionnaires ; ils étaient partisans de la mutualité ouvrière sur les bases de l’économie commerciale. Dans la mesure où la force des choses les poussait à la lutte politique, ils préféraient-en tant qu’idéologues bourgeois-la démocratie à la ploutocratie et même à la dictature révolutionnaire. Qu’y-a-t-il là de commun avec nous ? Alors que nous rejetons la démocratie au nom d’un pouvoir prolétarien concentré, les proudhoniens étaient au contraire tout disposés à s’accorder avec une démocratie, quelque peu diluée de fédéralisme, afin d’éviter le pouvoir ouvrier révolutionnaire exclusif »216. Il nous reste une dernière catégorie de rivaux « directs » à étudier. Il s’agit de ce que Trotski nomme, dans Terrorisme et communisme (l’anti-Kautsky), « l’aristocratie 88

ouvrière », et qui désigne, dans le jargon trotskiste, les mouvements ouvriers ayant pris faits et causes contre la théorie marxiste de la lutte des classes. Nous verrons ici le cas des dirigeants syndicaux, du Parti Communiste Français, que les trotskistes n’hésitent pas à qualifier de « stalinien », puis le cas, enfin, du Parti Socialiste, victime du jeu parlementaire bourgeois. 89

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