Ces armées du travail, effectivement, sont des contingents de l’Armée rouge mobilisés à la reconstruction civile, pour des tâches telles que la coupe de bois, le ravitaillement en eau et en nourriture de la population civile, ou la réparation des voies ferrées endommagées : « Les objectifs fixés à l’armée du travail sont la collecte de produits alimentaires, la coupe du bois et son transport, la construction de baraquements pour les forestiers, la mise à la disposition des paysans de ses mécaniciens et de ses ateliers ». Par conséquent, le travail s’en trouve « militarisé » : « Au lieu de démobiliser, il fallait obliger les soldats de l’Armée rouge à rester attachés à leurs unités, et à accomplir des tâches en rapport avec la reprise industrielle. Oubliées les anciennes idées sur les droits syndicaux : l’adoption d’une discipline militaire sur les lieux de travail devenait essentielle »83. Plus que l’optimisation de la reprise industrielle, c’est le passage d’une armée à la milice, qui se joue ici. Les soldats, en effet, sont responsabilisés à des tâches qui font d’eux des citoyens armés, capables d’accomplir des tâches diverses et variées, telles que la levée d’un impôt en nature, ou l’application du service du travail, obligatoire pour tous les éléments de la société, c’est entendu : « La transition de l’armée à la milice devait se faire graduellement et en tenant compte des exigences de la production : des unités seraient maintenues pour assumer la levée de l’impôt en nature et l’application du service du travail. La main d’œuvre libérée par la fin des combats, en fonction d’un « petit plan » à court terme, servirait à la reconstruction des secteurs vitaux de l’économie »84. Ainsi, cette « militarisation du travail », qui trouve son application avec la constitution d’une armée du travail, porte en elle les germes d’une réelle éducation populaire, au centre de laquelle la didactique occupe une place prépondérante. 37
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