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3) L’abandon du communisme de guerre

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Pour vaincre et sauver la révolution, les bolcheviks, au cours de la guerre civile russe, n’hésitent pas à avoir recours à des méthodes rigoureuses, approchant les limites extrêmes de la sévérité et du supportable. Parmi elles, le communisme de guerre, qui se traduit par l’application de réquisitions forcées dans les campagnes pour nourrir les villes et les contingents armés de la révolution, dès l’année 1918 : « Les trois premières années après la révolution furent celles d’une guerre civile avouée et acharnée. La vie économique y fut entièrement subordonnée aux besoins des fronts. En présence d’une extrême modicité des ressources, la vie culturelle passait au second plan, caractérisée par l’audacieuse ampleur de la pensée créatrice, et en tout premier lieu de celle de Lénine. C’est ce qu’on appelle la période du « communisme de guerre » (1918-1921), parallèle héroïque du « socialisme de guerre » des pays capitalistes. Les objectifs économiques du pouvoir des Soviets se réduisirent principalement à soutenir les industries de guerre et à tirer parti des maigres réserves existantes pour combattre et sauver de la famine la population des villes. Le communisme de guerre était au fond une réglementation de la consommation dans une forteresse assiégée »152. C’est ainsi que toutes les ressources, quelles qu’elles soient, doivent être utilisées à la seule fin de la victoire totale, ce qui entraîne par conséquent une militarisation générale de la société : « Le « communisme de guerre », marqué par la militarisation générale de la société, impose sa marque à ses institutions : tout y est conditionné par l’effort de guerre et l’entretien en armes, en vêtements, en bottes et en alimentation d’une armée qui rassemble -déserteurs compris- près de cinq millions d’hommes ; toute la vie économique et sociale du pays lui est subordonnée. L’activité productive non directement liée à ses besoins s’effondre »153. Pour dire les choses, les paysans se voient dépouillés de leurs propres récoltes : « Le communisme de guerre, partant de la nécessité de nourrir et d’équiper en priorité 64

l’armée et, si possible, les villes ensuite, aboutissait à dépouiller de force les paysans et leurs récoltes »154. Ce communisme de guerre, connaît une impopularité croissante, qui ne cesse de s’accroître jusqu’à la fin de la guerre civile russe, et que les prolétaires, au premier rang desquels les paysans, rejettent en masse : « La fin de la guerre civile rend ce communisme de guerre aussi insupportable aux paysans à qui l’on confisque presque toute leur récolte qu’aux ouvriers décharnés »155. Jugé ainsi inadéquat et excessif, ce communisme de guerre, d’après les termes de Trotski lui-même, doit être purement et simplement abandonné, admettant un retour de l’intérêt individuel qui préfigure la future politique de la N.E.P, la Nouvelle Politique Economique : « De l’Oural, je revins avec une provision considérable d’observations économiques qui, toutes, pouvaient se résumer dans une seule conclusion générale : il fallait renoncer au communisme de guerre. Par la pratique, j’avais vu clairement que les méthodes du communisme de guerre, qui nous avaient été imposées par toutes les circonstances de la guerre civile, s’étaient épuisées d’elles-mêmes et que, pour le relèvement de l’économie, il était indispensable de réintroduire, à tout prix, l’élément de l’intérêt individuel, c’est-à-dire de rétablir à tel ou tel degré le marché intérieur »156. 65

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