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3. Causes

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3.1 Causes physiologiques (21)

Comme dit dans le chapitre précédent, il semblerait que le rougissement soit causé par le système sympathique. Une déficience de ce système est donc l’une des causes de l’éreutophobie. Mais il n’est pas la cause directe de la phobie ! Comme dit dans le chapitre des caractéristiques, il existe de nombreuses personnes qui rougissent très facilement mais qui ne s’en tourmentent pas pour autant !

L’emballement du nerf sympathique est responsable seulement du rougissement excessif et non pas des conséquences psychologiques. Mais qu’est-ce qui cause l’hyperactivité du nerf sympathique ? Telle est la question. Certains travaux effectués sur le sujet démontrent un problème au niveau des neurotransmetteurs* mais pas n’importe quel type de neurotransmetteurs : la sérotonine. Mais ce n’est qu’une hypothèse, rien est clair dans le fonctionnement de ce système car d’autres travaux parlent quant à eux d’un problème de régulation des systèmes sympathiques et parasympathiques (voir schéma page 12). Dans cette théorie, le système parasympathique ne compenserait pas l’activité sympathique. Comme dit plus haut, le système sympathique s’occupe de l’éveil. Le système parasympathique ne « calmerait » donc pas l’éveil exagéré du nerf sympathique. De plus, il pourrait se former un certain réflexe. En effet, le nerf sympathique, trop souvent sollicité et devenant trop sensible à la moindre émotion, réagirait de manière explosive, d’où les flushs de rougeur.

Comme le nerf responsable s’occupe des réflexes, activités inconscientes donc, il règle la température, le rythme cardiaque. Il gère donc les flux sanguins dans les organes vitaux comme le cœur, les reins, le cerveau. Il est toujours prêt à réagir à des situations d’agression, pour fuir ou se camoufler. Est-ce qu’alors, l’idée d’une mauvaise réaction du système sympathique peut être admise ? Que l’organisme éprouverait une difficulté à évaluer la situation ? Ce qui pourrait sembler très cohérent si la caractéristique suivante est connue : les signes d’alerte, généralement, retombent après que le corps se soit rendu compte qu’il n’y avait aucun danger et aucun problème réel. Ce qui se produit, seulement, chez les éreutophobes, c’est une réaction psychologique au rougissement qui a pour conséquence le maintien du rougissement. Le système sympathique s’emballerait complétement ce qui pourrait démontrer pourquoi dans des cas extrêmes d’éreutophobie pourrait démontrer pourquoi dans des cas extrêmes d’éreutophobie, le patient se met à trembler, transpirer abondamment, s’énerver et stresser.

Selon Antoine Pelissolo, un psychologue : « Le rougissement se trouve au carrefour de trois systèmes : le système nerveux autonome, les émotions et l’attention. […] Mais le rougissement peut être également déclenché par les deux autres systèmes, les émotions et l’attention. Les liens sont naturellement évidents entre le rougissement et des émotions comme la honte, la colère, la peur, le plaisir, etc. Les rapports entre le rougissement et attention sont moins évidents et pourtant essentiels. La plupart des éreutophobes disent qu’une des circonstances dans lesquelles ils rougissent le plus souvent est l’effet de surprise. […]Il s’agit alors d’une réaction d’hyperattention brutale, qui met en action tous les éléments du système nerveux autonome car notre cerveau a détecté, en un éclair sans que nous ayons eu le temps d’analyser la situation, une menace potentielle » (22). Les trois systèmes dont parle le docteur Pelissolo serait situés dans la même région du cerveau, à une très moindre distance et partageant les mêmes neurotransmetteurs. Il pourrait alors se produire comme il le décrit, un court-circuit.

Il y a donc plusieurs hypothèses totalement plausibles. Malgré les nombreux travaux dont l’éreutophobie fait l’objet, il est très difficile de décrire le mécanisme d’une façon claire et précise. De plus, il se peut que la cause physiologique de l’excès de rougissement diffère d’une personne à l’autre.

3.2 Causes psychologiques (23)

Il est donc bien expliqué qu’il faut effectuer une différence entre les causes du rougissement excessif (causes physiologiques) et les causes de la phobie (causes psychologiques). Bien entendu, on peut se demander si les causes physiologiques sont elles-mêmes les causes des causes psychologiques car en effet : comment pourrait-on avoir peur de rougir si nous ne rougissons pas de manière exagérée ? Et comment se fait-il que certaines personnes rougissent très facilement mais qu’ils n’en ressentent aucun tourment ? Sont-ils plus fort psychologiquement ? Il peut donc s’enchainer une série de question sur les causes des causes…Mais comme disait Aristote* : « Anagkè stènai » (=il faut s’arrêter un moment dans la régression des causes).

Les causes physiologiques pourraient donc être les causes des causes psychologiques qui seraient donc des conséquences ayant elles-mêmes d’autres conséquences. Tout ceci est bien complexe. Si cette hypothèse, qui parait très probable, est juste, alors l’éreutophobie pourrait se « construire » dans la manière suivante :

1. Déficience de système sympathique (voir 3.1)
2. Incompréhension et questionnement du futur éreutophobe (souvent vers l’adolescence)
3. Bouleversement et trouble du sujet : il n’est pas encore très affecté par son rougissement excessif, il y a encore plus d’incompréhension que de dérangements psychologiques.
4. Questionnement typique : « Et si je devais rougir à n’importe quel moment ? ». Le sujet commence à se connaitre, la phobie se forge…
5. Pensée incessante aux rougissements

Le point « causes physiologiques » peut être considéré comme la partie « ereuto » du mot « éreutophobie ». Ce point sur les causes psychologiques peut donc concerner la partie « phobie ». Avant d’expliquer cette partie, il faut, une fois de plus rappeler que sans rougissement, il n’y a pas de phobie mais que sans phobie, il peut y avoir des rougissements. C’est bien le rougissement, qui dans certains cas, impliquent la phobie. Voici le schéma des causes de l’éreutophobie proposé par le Docteur Antoine Pelissolo (24) :

Ereutophobie

Selon lui, il y a cinq ingrédients de l’érythrophobie. Le premier étant le rougissement lui-même comme expliqué en 3.1. Mais il y en a encore quatre autres qui sont de nature plus psychologique :

• L’anxiété sociale : Phénomène paraissant stupide et assez incompréhensible. Elle est nourrie par la crainte du jugement des autres. Certains éreutophobes se savent très timides alors que d’autres ne le sont pas du tout mais ils ont tous peur de ce que va penser l’autre, du moins lorsqu’ils rougissent. Quelle est la cause à cette anxiété ? Peut-être faut-il aller chercher dans l’enfance ou l’adolescence, là où un événement marquant de honte ou d’humiliation s’est passé… Enfin, le fait est là. Ils veulent souvent faire apparaître une bonne image d’eux, être à la hauteur. Souvent les éreutophobes sont des personnes soucieuses de leurs apparences, mais ils y accordent beaucoup trop d’importance. Si l’éreutophobe rougit, cela aggrave la situation car il va toute suite penser que son interlocuteur ou observateur va mal interpréter son rougissement (ce qui est souvent le cas). Savoir que d’autres peuvent les juger d’émotifs ou même d’incompétents forme l’anxiété sociale. Dans un sondage (25) d’éreutophobes, certaines phrases se montrent révélatrices : « Peur d’avoir l’air trop faible », « Le paraitre est très important : désir exacerbé de ne pas décevoir », « Grand manque de confiance en moi »,…

• Croyances : Les croyances qui se forment dans l’esprit d’un éreutophobe sont plus ou moins liées à l’anxiété sociale. Les rougissements provoquent une réaction négative sur la psychologie de la personne : il se croit incapable, faible, pas à la hauteur, pas crédible,… L’éreutophobe pense qu’il est seul, personne ne le comprend et tout le monde l’enfonce encore plus. Il se pose alors des questions comme « Pourquoi moi ? ». Il arrive quelquefois que l’éreutophobe se sente regardé, jugé d’où la peur du regard des autres. Une phrase d’Epicure* illustre très bien cela : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses » (26).

• Obsessions : Lorsque l’éreutophobe commence à se connaitre, il commence alors à craindre de plus en plus de rougir. Le risque de rougir commence alors à le hanter, il y pense sans cesse. De plus rien que le fait d’y penser fait rougir l’éreutophobe. En outre, essayer de lutter pour ne pas penser aux rougissements revient à y penser encore plus, le combat est perdu d’avance. Parfois, une simple discussion peut très bien commencer mais il suffit que l’éreutophobe se demande « Et si je rougissais maintenant ? » pour qu’il devienne « un phare ». Devant les autres, les éreutophobes sont obsédés par l’idée de rougir mais lorsque qu’ils sont seuls, la situation n’est pas toujours plus reposante : certains s’apitoient sur leur sort, se déstabilisent eux-mêmes,…

• Evitements : « J’évite ce qui me fait peur ». Comme toute personne qui est phobique, l’éreutophobe évite aussi les situations qu’il craint. Par exemple, un arachnophobe va éviter d’être en contact avec des araignées comme un ophidiophobe va éviter de rencontrer des serpents. La phobie commence alors à ronger sa vie quotidienne. L’éreutophobe ne peut craindre que certains types de situations s’il est éreutophobe plus léger mais dans le cas contraire, il peut craindre quasiment toutes les situations sociales en arrivant même à ne plus sortir de chez lui ou à demander à une autre personne de faire les commissions à sa place.

Il y a donc une forme de cercle vicieux dans lequel est enfermé l’éreutophobe. En effet, il craint de rougir mais en public. Il se fiche plutôt pas mal de rougir tout seul, d’ailleurs, il ne rougit généralement pas lorsqu’il n’est pas accompagné. Il va tellement être gêné par ses rougissements qui sont mal interprétés par les autres qu’il va éviter les situations qui le font rougir. Ce n’est pas de la timidité car souvent l’éreutophobe ne souhaite que de participer à une discussion mais seulement, son obsession de rougir le retient. Alors, soit il attend que l’idée de rougir lui passe, soit il s’abstient totalement. Dans certains cas extrêmes, l’éreutophobe reste retranché chez lui sans avoir de contact avec les autres. Même si cette réaction semble être la solution pour l’éreutophobe parce qu’il se sent mieux, cela empire sa situation et sa phobie car il va s’habituer à éviter les rapports sociaux et donc il ne va pas améliorer son anxiété sociale. Il est bien connu que pour arriver à un objectif, il faut de l’entrainement. Si l’éreutophobe évite le contact, il ne pourra pas apprendre à se maitriser et à dédramatiser les situations. Il peut alors se passer des séries de remises en questions dans l’esprit de l’éreutophobe. L’évolution de l’éreutophobie chez chacun peut être différente selon le tempérament. En effet, l’un abandonnerait peut-être plus facilement qu’un autre, se jetant plus vite dans le cercle vicieux. Alors qu’un autre pourrait se forcer à montrer son rougissement et à intervenir durant une discussion, faire comme si de rien n’était. Mais ce n’est jamais facile : d’une part parce qu’ils sont éreutophobes et d’autre part parce que les autres sont là pour les enfoncer en remarquant : « Hé, il rougit ». Cette phrase, bien souvent accompagnée de rires, rabaisse la personne et lui fait perdre confiance en elle. Encore une fois, Antoine Pelissolo propose un schéma (27) très évocateur :

Cercle vicieux de l’éreutophobie

Cercle vicieux de l’éreutophobie

 

Certains spécialistes (les chirurgiens la plupart du temps) prôneront que la cause de l’éreutophobie est physiologique. Ce sont souvent des chirurgiens ou des médecins qui eux avanceront alors que les « causes psychologiques » sont en réalité les conséquences de la déficience du système sympathique. À côté de cela, les psychologues, psychiatres ou encore les psychothérapeutes partagent plus souvent l’avis que l’éreuthophobie est causée non seulement par des facteurs physiologiques mais aussi psychologiques. Les deux explications peuvent paraître toutes les deux vraisemblables.

3.3 Causes génétiques (28)

Quelques études ont fournis des informations très intéressantes au sujet de l’origine de l’éreutophobie. En effet, comme déjà dit dans les premières pages, nos ancêtres ont du s’habituer et se défendre aux situations auxquelles ils étaient souvent opposés. Des séries de réflexes sont alors apparus comme la fuite ou le camouflage, ce qui est totalement normal. Sur la nature du réflexe du rougissement, rien n’est sûr mais peu importe, il semble que ce réflexe qui peut s’avérer très handicapant est inscrit dans notre patrimoine génétique. Soixante pourcents des éreutophobes auraient un autre membre de la famille atteint de cette phobie.

En effet, la biologie est faite de façon à ce que chaque être humain possède des caractéristiques que son ancêtre possédait. Ces « informations » sont inscrites dans nos gènes*. Souvent lorsque l’on parle de gènes, il s’agit de l’origine de la couleur des yeux, des cheveux ou encore de la peau, mais aussi la taille,…Mais en réalité, il y a environ 7000 gènes dans le corps humain. Les maladies comme l’albinisme* sont héréditaires. En effet, deux personnes « saines » peuvent avoir un enfant albinos. C’est une histoire d’allèle* : Si les deux parents, même s’ils ne sont pas eux-mêmes albinos, sont porteurs d’un génotype* hétérozygote, ils peuvent alors transmettre, avec une chance sur quatre, la maladie à leur enfant. Pour l’albinisme, l’allèle est récessif, cela signifie que, heureusement, la maladie se transmettra plus difficilement car il lui faudra être en compagnie d’un autre allèle défectueux pour qu’il y ait la maladie. Maintenant, la question est : est-ce que c’est pareil pour la déficience du système sympathique ?

La déficience du système sympathique pourrait être inscrite dans nos gènes comme l’albinisme. Mais rien n’est prouvé, ce n’est qu’une hypothèse et il n’est pas encore affirmé que l’allèle responsable de l’éreutophobie, s’il y en a un, soit dominant ou récessif. Mais une grande question peut subsister : est-ce que c’est la défaillance du SS (système sympathique) qui est inscrite dans nos gènes et qui serait héréditaire ou est-ce le trouble psychologique ?

En effet, il est possible que ce soit la déficience du SS qui soit héréditaire mais, aussi étonnant que cela puisse paraitre, il est également probable que ce soit la phobie, du moins le trouble psychologique, qui soit génétique. Dans un sondage, une personne a affirmé qu’il était lui-même éreutophobe et que sa sœur était agoraphobe. Le soupçon d’un trouble psychologique génétique est alors créé. De plus, une étude américaine révèle que la peur des serpents est un phénomène génétique. D’après les psychologues américains, les hommes auraient plus facile à repérer un serpent dans un environnement d’objets que un objet dans un environnement de serpents. « Ce qui semble montrer que la vision du serpent faisait intervenir un réflexe instinctif plutôt que le simple sens de l’observation » (29). Il est certain que cela est très différent d’une phobie sociale mais comme rien n’est sûr et que beaucoup d’hypothèses sont formées sur l’origine de l’éreutophobie, autant toutes les décrire.

21 Ibidem, pp 13-16.
22 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, pp 20-21.
23 Ibidem, pp 34-40.
24 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, p 40. Ce professeur, psychothérapeute et chercheur, dans la région de Paris, est né en 1968. Son livre est édité en 2009. Il travaille à l’hôpital de Pitié-Salpêtrière.
25 Sondage via internet auprès de 100 éreutophobes composé de 10 questions, année 2011.
26 Godin C., La philosophie pour les nuls, p 6.
27 Pelissolo A., Ne plus rougir et accepter le regard des autres, p 49.
28 Valla J., La peur de rougir et ses traitements, p 23.
29 Anonym, http://news.doctissimo.fr/Psycho/La-peur-des-serpents-c-est-genetique-16936.

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