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3 .1 Lors de la soirée : les paroles et le message

Non classé

Des quatre groupes qui ont joué ce soir là, aucun ne chante des chansons d’amour ou des poèmes
pour enfants ! Comme on le voit dans les interviews, les paroles ont une importances capitale dans
la démarche artistique de ces gens, démarche qui s’inscrit tout d’abord dans un investissement sociopolitique.

Les paroles ne sont donc pas là uniquement dans le but d’ apporter de la mélodie aux
morceaux mais bel et bien pour exprimer quelque chose d’important aux yeux des différentes et de
leur public. De ce fait on ne peut pas dire que les paroles de mes invités respirent la joie de vivre…

cependant, on peut voir qu’au delà d’une vision très noire de la société, un aspect de la vie des
musiciens leur apporte de la satisfaction et du plaisir : la musique. Voici quelques extraits des textes
des principaux thèmes abordés :

• Les violences policières et la répression sécuritaire : « Débarque alors la cavalerie/A
coups de matraque ils m’ont pris/Ils m’ont foutu dans le panier/et ont continué à
frapper/C’était une pluie de matraques/Qui vous détruit qui vous détraque » (Solidagité,
« Mort aux vaches ») ; « Sous surveillance, on avance/Soit disant libres et en confiance/Nos
droits reculent ça sent le rance/Vos caméras ne tueront pas nos sens » (White Card, « Sous
surveillance) ; « Le soir d’un concert pour rien tu te fais embarquer/dans la jolie bétaillère de
ces gens de la maréchaussée/Une fois passé à tabac, on remplit ta déposition/On te remet
dans le trou à rat en attendant ta libération » (Les Crades Marmots, « Le pouvoir des uns…
fait la douleur des autres »)

• Le capitalisme et l’économie de marché : « De Paname à Wall Street/C’est la même odeur
de fric » (Les Crades marmots) ; « Des centaines de milliards pour sauver un
navire/Capitaine en fuite s’attendant au pire » (White Card, « Dessine moi un Espoir ») ;
« Bonne nuit patron/Dors comme un con/Protège ton système/On ne sera jamais les
mêmes » (Solidagité, « Salut Patron »)

• La musique et la fête : « On fait de la musique/A l’opposé du fric/Juste pour s’éclater/Et
pouvoir s’exprimer » (Les Crades Marmots « Combat antifestif ») ; « Quand arrive le week
end/On se retrouve dans les concerts/En marge de la société » (Tados, « Sacré Week end ») ;
« La soirée passe à toute vitesse/Les groupes s’enchaînent et se déchaînent/Après la
quatorzième rappel/La salle ressemble à une poubelle » (Solidagité, « Une dose de rock’n
roll!! »)

• Antiracisme et antifascisme : « Ca fait mal de se rendre compte/qu’il n’y a pas que de vieux
fascistes/Il y a de quoi avoir honte/Car la France a mal vieilli » (Les Crades marmots,
« Croix de bois, Croix de fer ») ; « Penser est dangereux/Dans ton système fasciste/La peur
et l’ignorance/Feront de toi un Dieu » (White Card, « Condamnés ») ; « Ne pas laisser
venir/Ne pas se faire envahir/Il faut être présent, toujours devant/Des soirées avortées/Pour
deux ou trois pelés/Au crâne rasé, ça plus jamais » (Solidagité, « L’ennemi »)
Le message social est donc capital dans la raison d’être de ces formations musicales, composées de
gens faisant face à ces réalités au quotidien, mais tous se considèrent comme des musiciens bien
plus que des militants.

Aussi, on pourrait croire qu’ils « prêchent des convertis » dans ce genre de soirée, mais d’une part il
n’est jamais inutile de répéter certaines valeurs essentielles au punk/hardcore et constituant l’essence
même de ce mouvement (l’anticapitalisme, l’amateurisme en matière de musique, théories
directement appliquées par les groupes en pratiquant des prix bas pour les concerts et les albums) ;
et d’autre part la lutte contre le racisme est encore loin d’être gagnée dans notre pays, ni même au
sein de ce mouvement. En effet la mouvance apolitique dans celui-ci fait beaucoup d’adeptes, et
d’aucuns considèrent que « qui ne dit rien acquiesce » en matière de racisme.

Confrontons maintenant cette brève analyse à une autre plus poussée d’un second corpus de textes.
Les quatre formations présentes à la soirée ska/punk/hardcore en français ne sont ni très connues ni
très anciennes. S’inscrivent-elles dans la continuité ou au contraire dans la rupture de ce qui a été
fait jusqu’à aujourd’hui par les références du punk français ?

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