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2)b. Le partage des sphères

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Mon Voisin Totoro est le seul film de Miyazaki où le rôle des femmes est clairement opposé à celui des hommes, mais aussi, dans lequel un homme prend la place d’une femme pour les tâches féminines.

Miyazaki décrit donc un monde traditionnel, celui des années cinquante, dans lequel les femmes ont un rôle précis : celui de s’occuper des enfants, de faire la cuisine. La grand-mère, voisine, garde les petites quand elles sont seules ; on la voit s’occuper des récoltes de légumes, préparer à manger. Satsuki, l’aînée des deux enfants, a le rôle de « petite maman », comme nous l’avons vu précédemment. Elle s’occupe de sa petite sœur comme le faisait sa mère : la coiffant, l’habillant. Elle prépare également les repas pour sa sœur mais aussi pour son père.

Ce dernier est par ailleurs le seul personnage masculin, comme nous l’avons dit, à avoir un rôle non pas subalterne comme les autres personnages, mais dans la sphère féminine. Il s’occupe du ménage, de la lessive. Ce genre de tâches est habituellement le travail des femmes au sein de la famille : s’occuper des enfants, leur faire prendre le bain, s’occuper des tâches ménagères, de l’intérieur, pendant que le père travaille. Travaillant comme professeur d’université, il passe beaucoup de temps chez lui, ce qui lui permet de surveiller ses enfants -en principe, car il oublie de surveiller sa fille cadette dans l’une des scènes du film. Contrairement aux hommes japonais dans les années cinquante, Mr Kutanabe passe beaucoup de temps avec ses enfants. Alors que la majorité des hommes à l’époque étaient exclus du cercle familial, passant le plus clair de leur temps à travailler, ce personnage se différencie par sa présence et son affection pour ses filles.

Dès les années cinquante au Japon, la famille nucléaire sans père fait son apparition, et les hommes passent moins de temps avec leur famille, et bien plus au bureau. Nous l’avons vu, les employés japonais passent énormément de temps au bureau, en voyage d’affaires, ou en réunions avec les collègues, bien plus que dans les pays occidentaux. La relation avec les femmes n’arrange pas cette séparation : tandis que l’homme peine à se trouver une place dans le cocon familial, la femme cherche à tout prix à en sortir, en partant, elle aussi, au travail. Mon Voisin Totoro représente un monde idyllique. Basé sur la propre enfance du réalisateur, nous pouvons penser que ce monde est pour lui une forme d’idéal simple. Ce film nous permet donc de voir une famille où les rôles sont inversés, dans un monde traditionnel ; cette image est ainsi bien loin de la réalité, générale bien sûr, du Japon à l’époque. Miyazaki inverse donc les rôles que tenaient les hommes à cette époque, et préconise une relation plus proche entre les pères et leurs enfants, se rapprochant ainsi du rôle traditionnel de la mère.

Nous pouvons conclure cette troisième et dernière partie sur ce point : Miyazaki représente un monde ressemblant à son idéal dans ses films. Les rapports entre hommes et femmes y sont caricaturés, mais c’est afin de montrer que la société pourrait fonctionner différemment qu’elle ne le fait. Nous trouvons dans ses films des sociétés matriarcales, des femmes puissantes, des hommes dans la sphère féminine. Miyazaki semble ainsi, en inversant les rôles traditionnels, prendre parti pour un véritable partage des sphères entre les hommes et les femmes. Mais il nous montre également un monde dans lequel les femmes ont le premier rôle. Ces dernières sont les messagères, les guides, les mères des hommes, qui face à elles, n’en sont que les subalternes, les assistants, les disciples fascinés. A travers cette analyse, nous avons constaté que le réalisateur cherchait à montrer que le monde ne peut fonctionner sans la participation active des femmes, et cela dans toutes les sphères de la société.

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