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2.5.9 Le bicéphalisme au sommet de l`état

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D`un côté, Laurent Gbagbo, président sortant, candidat de La Majorité Présidentielle (LMP), qui s`était déclaré candidat à 100%, président à 100%, et qui restait encore assis au palais présidentiel. De l`autre côté, Alassane Ouattara, ancien Premier ministre de feu le président Houphouët, candidat du Rassemblement des Républicains (RDR). Il avait été déclaré vainqueur de l`élection présidentielle ivoirienne avec 54,1% des voix, jeudi 2 décembre 2010, au cours d`une déclaration lue par le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, dans une salle de l`hôtel Golf, devenu depuis quelques jours le QG de la coalition de l`opposition en Côte d`Ivoire(104).

Un bicéphalisme naissant donc au sommet de l`Etat après cette élection, et qui était déjà perceptible vu les querelles au sein de la Commission électorale indépendante (CEI). Les commissaires de l`institution chargée d`organiser le scrutin présidentiel, notamment les commissaires proches du RHDP et ceux proches de LMP, avaient clairement affiché leurs divergences, là où les Ivoiriens attendaient d`eux qu`ils proclament les résultats provisoires de l`élection présidentielle. Chaque camp, ayant sous le manteau des résultats qui donnent son candidat vainqueur, et affichant sa détermination à les faire passer.

Une atmosphère électrique qui avait même donné lieu à des échanges musclés entre ces commissaires devant des caméras de télévision, avec à la clé des procès-verbaux déchirés par le représentant de LMP. Une situation d`impasse totale, qui avait donné naissance à l`imbroglio d`hier et qui plongeait par conséquent le pays dans l`incertitude totale. La Côte d`Ivoire qui sortait donc d`une situation de crise militaro-politique, et qui espérait entrer dans une nouvelle ère de paix à l`issue de ces élections, semblait davantage s`enfoncer dans la crise. L`annonce de la victoire d`Alassane Ouattara par Youssouf Bakayoko, qui avait été cassée quelques instants plus tard par le président du Conseil constitutionnel. Paul Yao N`Dré, plantait en effet le décor d`un prochain bras de fer entre les deux candidats Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.

Le professeur Yao N`Dré, avait fait une déclaration à la télévision nationale, indiquant que la CEI était désormais incompétente à proclamer les résultats des élections, pour avoir épuisé son délai de trois jours en la matière. Il avait précisé qu`il revenait désormais à l`institution qu`il dirigeait de proclamer les résultats définitifs de cette élection, remettant ainsi en cause ceux annoncés par le président de la CEI. Ce qui maintenait encore Gbagbo au pouvoir jusqu`à la proclamation des résultats définitifs. De leur côté, les dirigeants et les militants du RHDP croyaient détenir le bon bout. Ainsi que l`avait déclaré Albert Mabri Toikeusse, le porte-parole du candidat Alassane Ouattara, « cette victoire ne nous échappera pas ».

Selon des sources proches du RHDP, il n`était donc pas question de céder, même si le Conseil constitutionnel invalidait l`annonce faite par le président de la CEI en dernier ressort, et proclamait Laurent Gbagbo président. Les mêmes sources informaient que le RHDP se préparait à fêter cette victoire provisoire le même jour à l`hôtel Golf. Une façon de dire à l`adversaire que c`était acquis. Côté LMP, d`autres sources notaient que Laurent Gbagbo, affichait une grande sérénité face à tout ce qui se passait, confiant qu`il était à la barre, et comptait bien y rester.

« Il faut que les Ivoiriens restent sereins. Ce qui s`est passé n`a rien à voir avec la réglementation en vigueur en Côte d`Ivoire. Nous, nous suivons la loi, et elle dit que c`est le Conseil constitutionnel qui donne les résultats définitifs des élections. Nous attendons donc et nous sommes sereins », avait déclaré un proche du chef de l`Etat.

La situation paraissait explosive et le moins que l`on pouvait dire, c`est que la Côte d`Ivoire présentait déjà l`image d`un pays avec deux présidents, l`un encore au pouvoir et l`autre déclaré vainqueur des élections par les résultats provisoires.
La partie suivante sera focalisée sur les différentes causes, les conséquences et les stratégies et les mécanismes adoptés dans la gestion de la crise ivoirienne.

104 L’Inter – 03/12/10 : « Un fauteuil présidentiel, deux prétendants, et peut être finalement deux vainqueurs. La Côte d`Ivoire court en effet tout droit vers la situation d`un pays avec deux présidents ».

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