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2.5.4 L’illégitimité de Laurent Gbagbo face aux risques d’une guerre civile

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45,9 % des votants du 28 novembre 2010 avaient voté Laurent Gbagbo. C‘était un résultat honorable mais ce n‘était pas la majorité. Il ne restait plus qu‘à accepter dignement la défaite et à se préparer pour les élections législatives, départementales et locales à venir.

La vraie guerre civile n‘avait peut-être pas encore commencé en Côte d‘Ivoire. L‘écrasante majorité des Ivoiriens n‘en voulait d‘ailleurs pas. Elle l‘avait montré en participant massivement aux deux scrutins. Elle croyait réellement en la promesse d‘une sortie de crise par l‘élection incontestable d‘un président. Certains ivoiriens souhaitaient ardemment que le pays retrouve une vie normale essentielle pour le redécollage économique.

Au terme d‘un interminable processus de paix, les Ivoiriens avaient finalement deux présidents : Alassane Ouattara reconnu par l‘organisation régionale ouest-africaine, l‘Union africaine, les États-Unis, l‘Europe communautaire, l‘ONU ; et Laurent Gbagbo qui avait prêté serment devant la plus haute juridiction du pays. Le « candidat de l‟étranger » et le « candidat 100% pour la Côte d‟Ivoire » étaient respectivement devenus le « président de l‟étranger » et le « président des Ivoiriens ». Le problème le plus grave, ce n‘était peut-être pas le fait que Gbagbo ait été davantage désigné président par le Conseil constitutionnel qu‘élu par les Ivoiriens. On pourrait cyniquement arguer qu‘après tout quelques autres présidents en Afrique et dans le monde n‘ont pas été choisis par leur peuple.

Le problème le plus grave était que la légitimité de Gbagbo ne serait jamais reconnue par une large partie de la population ivoirienne, avec une intensité décroissante du rejet du nord au sud. Gbagbo et ses cadres le savaient parfaitement avant de réaliser le passage en force par le truchement du Conseil constitutionnel. S‘ils avaient quand même mis en oeuvre le plan de confiscation du pouvoir, verrouillé militairement Abidjan et pris le contrôle de l‘information intérieure par le biais de la propagande de la RTI et de la coupure des signaux des médias étrangers, c‘est qu‘ils étaient prêts à en assumer les conséquences. Contrairement à leurs compatriotes, ils n‘étaient pas fatigués de la crise permanente. Ils étaient prêts pour une nouvelle bataille.

Le « On gagne ou on gagne » et les chants de campagne pleins d‘humour seraient beaucoup moins drôles lorsque s‘empileraient les cadavres d‘une nouvelle guerre civile. Les victimes éternelles engoncées dans leur mauvaise foi expliqueraient alors que rien, absolument rien, ne pouvait justifier la contestation violente de l‘autorité d‘un président « démocratiquement élu ». On gagne ou on met le feu au pays. C‘est ce que chacun aurait dû comprendre depuis le début.

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