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2.4.4 Ouattara vainqueur du second tour contesté par le conseil constitutionnel

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Jeudi le 2 Décembre 2010, peu après 16h (heure locale), le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssef Bakayoko, avait rompu l‘attente de plus en plus insupportable pour les Ivoiriens en donnant le nom du vainqueur de la présidentielle: Alassane Ouattara l‘avait donc emporté avec plus de 54,1% des suffrages exprimés contre 45,9% pour le chef de l‘Etat sortant, Laurent Gbagbo(97).

Mais ces résultats avaient aussitôt été contestés par le Conseil constitutionnel, seule institution habilitée à valider les résultats – provisoires – donnés par la CEI. Le président de la plus haute instance judiciaire du pays, Paul Yao N‘Dré, avait ainsi qualifié ces résultats de «nuls et non avenus», promettant de donner les «résultats définitifs dans quelques heures». Autant dire que la Côte d‘Ivoire, coupée en deux jusque dans ses institutions, n‘en avait pas fini avec la tension. Le pays étant toujours officiellement sous couvre-feu décrété par le Président sortant Laurent Gbagbo et l‘armée avait aussitôt annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes.

Ci-après les résultats comparés tels que publiés par la CEI et le conseil constitutionnel(98)

Diagramme II : Les résultats controversés du second tour d’élection présidentielle en Côte d’Ivoire

Diagrame Les enjeux de la transition politique et humanitaire le cas de la crise politico-militaire et postélectorale en Côte d’Ivoire 2

Soumis à d‘intenses pressions de la part de la communauté internationale, mais aussi de la part du premier ministre Guillaume Soro, issu du camp des ex-rebelles, proche d‘Alassane Ouattara, le président de la CEI avait donc fini par prendre ses responsabilités. Le lieu où Youssef Bakayoko avait divulgué les résultats provisoires n‘était pas anodin: il s‘était exprimé à l‘hôtel du Golf, un établissement placé sous la haute protection des Casques bleus, où résidait le premier ministre, Guillaume Soro et le candidat Alassane Ouattara.

Après son annonce, selon plusieurs sources, Bakayoko avait été escorté par plus d‘une centaine de Casques bleus pour être mis en lieu sûr. En toute logique, le président de la CEI aurait dû annoncer les résultats de la présidentielle depuis le siège de cette institution. Mais, au fil des jours, la tension n‘avait cessé de monter en son sein, au point qu‘on avait vu deux de ses responsables empêcher physiquement le porte-parole de la CEI de donner des résultats partiels, en déchirant la déclaration qu‘il s‘apprêtait à lire. Très vite, au soir même du scrutin, il était apparu qu‘Alassane Ouattara arrivait largement en tête. Les procès-verbaux des bureaux de vote, transportés à travers tout le pays par les équipes des Nations unies jusqu‘à la CEI, ne laissaient guère de place au doute. Le camp Gbagbo avait alors opté pour une stratégie d‘obstruction, refusant de valider les procès-verbaux issus du nord du pays. Jugeant que le vote s‘était déroulé dans cette partie du territoire sous la pression des ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), Laurent Gbagbo avait demandé l‘annulation pure et simple des résultats dans quatre régions. Ce qui, d‘un point de vue arithmétique, assurait sa réélection. Le problème était que ni les observateurs des Nations unies, ni ceux de l‘Union européenne ou de l‘Union africaine n‘avaient relevé ces «violations massives» des droits de l‘homme et du vote évoquées par les proches de Gbagbo.

L‘objectif avait été atteint: la CEI n‘était pas parvenue à proclamer les résultats provisoires de la présidentielle dans le délai prévu de trois jours. Dès lors, le Conseil constitutionnel avait décidé de prendre la main. Aux environs de 15 heures, le même jour, son président, Paul Yao N‘Gré, un proche du président Laurent Gbagbo, avait déclaré que le Conseil constitutionnel se trouvait «saisi pour vider le contentieux et proclamer les résultats définitifs». Tous les membres du Conseil constitutionnel étaient réputés acquis à la cause du président sortant.

Le président du Conseil, Paul Yao N`dré, avait rappelé que la CEI n`avait pas été capable de proclamer les résultats dans les 72 heures légales suivant le scrutin. La barre fatidique de mercredi minuit ayant été dépassée, «la CEI n`est plus à même de décider quoi que ce soit», avait tranché Paul Yao N`dré.
Il avait également affirmé qu`il venait d`envoyer une lettre au président de la CEI lui demandant de lui transmettre les documents relatifs aux contestations de vote dans le nord du pays, fief de Ouattara. Il avait précisé que les décisions sur ces litiges seraient rendues dans un délai de 7 jours. C`est à cette date que devraient être proclamés les résultats définitifs.

Le camp Gbagbo allait dans le sens du Conseil. «Les résultats provisoires n`ont pas de validité juridique» puisque la CEI avait annoncé les scores hors délai, avait martelé le directeur de campagne du président sortant. Une réaction qui suggérait que le chef de l`Etat n`entendait pas s`incliner. Après une campagne électorale agressive, le camp Gbagbo dénonçait des votes «frauduleux» dans le nord du pays, qu`il entendait bien faire annuler par le Conseil constitutionnel.

97 Le Faso.net – 03/12/10 : « Le président de la Commission électorale Indépendante (CEI) Youssouf Bagayoko a annoncé, hier 2 décembre 2010 à Abidjan, au cours d‘une conférence de presse, les résultats provisoires du second tour de la Présidentielle ivoirienne qui donnent Alassane Dramane Ouattara (ADO) vainqueur avec 54,1% des voix, contre 45,9% des suffrages pour le président sortant Laurent Gbagbo. Après cette étape de la CEI, les regards sont à présent tournés vers le Conseil constitutionnel à qui revient la charge de proclamer les résultats définitifs ».
98 France24 .com. -Images cachées.- http://www.france24.com/fr/files_fr/imagecache/aef_ct_wire_image/images/afp/photo_1291397316649-12-0.jpg

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