Si certaines échelles évènementielles estiment le degré de stress subi par l’individu en
considérant strictement les caractéristiques de la situation (« Social Readjustment Rating
Scale » de Holmes et Rahe, 1976 ; « Life Events Inventory » de Perris, 1984) et essuient à cet
effet quelques critiques quant à l’absence de subjectivité inter et intra-individuelle dans
l’évaluation du stress, nombre d’études et d’auteurs optent pour des échelles dites de « stress
perçu » intégrant l’impact subjectif des évènements, à l’instar du « Job Stress Survey » de
Spielberger (1994) ou de la « Perceveid Stress Scale » de Cohen, Kamarck et Mermelstein
(1983).
Dans le cadre de la présente étude, impliquant les salariés de Visteon Carvin
directement affectés par les évènements récents et potentiellement stressants, le degré de
stress perçu sera supputé au moyen de l’échelle PSS (Perceveid Stress Scale), élaborée par
Cohen, Kamarck et Mermelstein (1983), traduite et validée dans sa version française par
Rolland en 1991.
Opérationnalisant la conception transactionnelle de Lazarus et Folkman
(1984) selon laquelle le stress s’apparente à « une relation particulière entre la personne et
l’environnement qui est évaluée par la personne comme éprouvant ou excédant ses
ressources et mettant en danger son bien-être » (Lazarus & Folkman, 1984, p.19), cette
échelle apprécie, sur une période d’un mois, la fréquence des situations perçues comme
stressantes par les individus, et ce, fonction de leurs caractères incontrôlables, imprévisibles
et/ou menaçants.
D’administration rapide et pouvant être manipulée dans de multiples
contextes, la PSS se décline en trois versions différentes comptant respectivement 4, 10 et 14
items (PSS4, PSS10, PSS14) peu marqués culturellement, facilement accessibles et
compréhensibles pour des sujets de tout milieu social confondu. Aussi, et pour chaque item,
construit dans une configuration de type « Avez-vous eu le sentiment de pouvoir surmonter
efficacement les changements importants qui peuvent survenir dans votre vie
professionnelle? », le sujet est invité à coter, selon une échelle de Likert s’échelonnant de 1
(jamais) à 5 (très souvent), la fréquence de divers sentiments, impressions et ressentis
inhérents à une ou des situations perçues comme stressantes au cours du mois précèdent.
Par ailleurs, et s’appliquant volontiers au contexte professionnel et au climat social
intrinsèques à la restructuration récemment engagée par Visteon, la Percevied Stress Scale en
14 items, validée sur un échantillon d’environ 2400 adultes représentatifs de la population
américaine, apparaît comme étant la version présentant les qualités psychométriques les plus
satisfaisantes. En effet, avec une fidélité alpha = 0.86, témoin d’une forte cohérence entre les
items, une fidélité de test / re-test r = 0.85 pour deux jours, l’échelle de stress perçu « PSS
14 » admet de bonnes sensibilité discriminative et validité théorique, et révèle également une
corrélation négative de -0.47 avec des mesures de satisfaction de vie et des corrélations
positives significatives avec différentes mesures de stress objectif ou perçu (Cohen &
Williamson, 1988).
Ainsi, ce premier outil de mesure, élaboré par Cohen Kamarck et Mermelstein (1983),
permettra de déterminer scientifiquement le degré de stress perçu engendré par les
caractéristiques objectives et subjectives de l’environnement et d’appréhender simultanément
certaines conséquences dysfonctionnelles susceptibles d’y être associées.
