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2) Le cas du Brésil

Non classé

Le documentaire « Botinada : a origem do punk no Brasil » s’ouvre sur ces mots de Chico Buarque
(un des plus grands artistes de musique brésilien) : « Se o punk é o lixo, a miséria e a violência,
entâo nâo precisamos importa-lo da Europa, pois jà somos a vanguarda do punk em todo o
mundo. »

En effet, la naissance du punk/hardcore au Brésil est bien différente de ce que l’on a connu en
Europe puisqu’elle est arrivée sous un gouvernement autoritaire et dans des conditions de misère et
de violence autrement plus graves que ce pour quoi les jeunes anglais s’étaient révoltés… Les
brésiliens n’avaient donc un accès que très limité à l’actualité du mouvement dans les pays du Nord
(« Para você conseguir um vinil era o pagamento do mês », Mineirinho, du groupe Punk-SP) et se
sont donc créé une identité propre.

Dès le début du mouvement, aucun groupe ne chante en anglais. Voici la liste des formations punks
brésiliennes que dresse Antonio Bivar dans « O qué é Punk » en 1982 : « As primeiras bandas
datam de 1978 e tinham nomes como AI-5, Condutores de Cadàver, Restos de Nada. Hoje elas nâo
mais existem, mas muitos de seus membros formaram outras bandas como a Inocentes,
Desequilibrio, Estado de Coma e a Hino Mortal. […] Além das citadas, os grupos Olho Seco,
Colera, Fogo Cruzado, Lixomania, Mack, Suburbanos, Ratos de Porâo, Desertores, Passeatas, […]
e as bandas femininas Skizitas, Zona X e A Banda sem Nome – para citar apenas metade delas. »

Cette longue énumération ne contient pas de nom anglosaxon, et le chant en portugais apparaît
aujourd’hui encore comme l’évidence au Brésil. En effet la grande majorité des groupes brésiliens
(et même les formations de hardcore, genre dans lequel, on l’a vu, l’anglais est encore plus répandu
que dans le punk) chantent en portugais, y compris celles qui s’exportent le plus à l’international !

Voici ce qu’on peut lire sur le site officiel du groupe Agrotoxico (http://www.agrotoxicohc.com.br) :
« While they were trying to promote the CD, three Agrotóxico members got an offer to join Fabio
Sampaio to reform the legendary Olho Seco.

Naturally they took the offer and Marcos, Jeferson and André began to jump from one band to the
other between shows, a marathon that very few could take… The first Olho Seco gig was at a sold
out Hangar 110, with support bands Phobia and Discarga. After that there were several local gigs
until they got their first European tour in their 20-year history! It was a tour that covered 9
countries, among them some dodgy places like Amsterdam, Utrecht and The Hague (Holland),
Bilbao and Burgos (Spain), Lisbon and Loule (Portugal) Lubjiana (Slovenia), Berlin, Leipzig,
Hannover and Hamburg (Germany) Stockholm (Sweden) etc. »

De même pour le groupe Ratos de Porâo : pour commémorer le trentième anniversaire du groupe,
ils ont tourné dans de nombreux pays d’Europe dont la France (entre autre le 13/07/2007 pour un
festival à Callac (22), avec notamment Heyoka) mais aussi la Pologne, la République Tchèque,
l’Allemagne, l’Espagne…

Autre exemple significatif de la vitalité de la langue portugaise dans le punk/hardcore brésilien, le
groupe Porcos Cegos. Cette formation de l’état de Sao Paulo s’est effectuée en 1993 sous le nom
anglais de Blind Pigs, puis a décidé en 2006 de traduire son nom en portugais et de ne plus chanter
que dans cette langue. Il m’a été impossible de trouver la raison de ce choix.

Malgré le peu de ressources disponibles sur la question, il est très simple de constater que l’immense
majorité des groupes brésiliens chantent en portugais (une brève recherche sur internet confirme ce
sentiment). Est-ce dû à l’éloignement géographique du Brésil avec les pays anglophones ? A l’envie
de diffuser le portugais ? A un certainement ressentiment vis à vis des Etats-Unis ?

Difficile de répondre à cette question, mais cela nous permet au moins de dire qu’il est possible de
chanter dans une autre langue que l’anglais, de faire de la musique de qualité et de tourner au niveau
international.

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