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2) La force du nombre

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En effet, c’est bien le nombre que redoute la bourgeoisie capitaliste. Si cette dernière a pour elle la « légalité bourgeoise », qui lui assure une domination sur le prolétariat et les autres opprimés, cette « légalité bourgeoise » est impuissante, sitôt qu’une grande majorité de travailleurs ne la reconnaît plus et, qui plus est, se retourne contre elle : « Des millions de salariés restant chez eux une journée n’influenceraient guère le gouvernement mais ces mêmes millions de grévistes actifs, mélangés dans la rue, quel que soit leur secteur de travail, cela représenterait une force avec laquelle il faudrait compter »138. De plus, un autre point, non moins important, qui fait la force de ce nombre, est le fait qu’une lutte de toutes et tous prend le pas sur les intérêts particuliers. Par conséquent, cela accroît la légitimité du mouvement, et ses chances de succès n’en sont que plus grandes : « Que pourraient gouvernement et patronat si le même jour, les travailleurs de tous les secteurs étaient en grève. En luttant tous ensemble, nous ne nous gênerions pas mutuellement, et nos chances de succès seraient incomparablement plus grandes »139. 58

Pour que la force du nombre l’emporte, il y a néanmoins une condition obligatoire, c’est l’organisation du mouvement de grève générale. Si les travailleurs des secteurs public et privé entrent en grève ensemble, et d’une façon préparée, organisée, alors la « légalité bourgeoise » s’en trouve ébranlée, et l’Etat, garant des intérêts patronaux, se trouve pantois et affaibli devant une brusque cessation générale de la production : « En fait, se mettre en grève le même jour que les travailleurs du secteur public c’est souder la lutte du secteur privé à celle de la fonction publique. Cela représente un poids politique incomparablement plus lourd, pas seulement auprès des patrons mais également auprès du gouvernement qui a charge de garder les intérêts patronaux. Pour cela il faudrait évidemment que ces actions soient organisées »140. Nécessité faisant loi, il faut donc abandonner les mouvements partiels, et unifier les luttes, même pour une seule journée. C’est la condition préalable du succès, ainsi que veut le croire Voie Ouvrière : « La mobilisation est simple, il suffit d’unifier tous les mouvements partiels en une grève générale de 24h qui montrerait à tous, aussi bien au patronat et au gouvernement qu’aux travailleurs eux-mêmes, quelle est la détermination du monde du travail »141. Ceci est néanmoins en contradiction directe avec le passage suivant, qui nourrit l’espoir que, loin de ne s’arrêter qu’à une journée, la grève générale soit également illimitée : « Chacun de nous se doit d’y réfléchir, c’est le moment de choisir, si nous ne voulons pas continuer à perdre tout ce qui a été acquis depuis des générations. C’est à nous de faire pression sur nos syndicats pour qu’une action vraiment efficace soit engagée. Ce n’est pas des grévettes d’une heure qu’il nous faut, c’est la grève générale et illimitée que nous devons organiser »142. Pour avoir un bon aperçu d’un commencement de révolution et de la force du nombre, arrêtons-nous un moment sur le cas de la grève générale de Mai 68. 59

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