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1.5. Facteurs cognitifs de maintien des stéréotypes

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1.5.1. Catégoriser la cible

Les personnes et les objets sont classifiés en catégories. L’appartenance à une catégorie répond de divers facteurs tels que les catégories qui sont souvent activées, la catégorie qui exprime au mieux le comportement de la cible ou encore les buts du moment.

La catégorisation va permettre de simplifier, de mobiliser les acquisitions passées, d’agencer l’environnement et de guider les comportements.

La catégorisation va orienter l’attention et résulter en une accentuation de la similarité des membres d’une catégorie et l’exagération des différences entre catégories (Waroquier & Klein, 2007).

1.5.2. Assimiler les attributs de la cible

Lorsque nous catégorisons un individu comme appartenant à une catégorie sociale particulière (ex : Alexandre est paresseux), pour que le stéréotype que nous portons sur cet individu soit modifié il est nécessaire que de l’information contre-stéréotypique (ex : ma voisine m’a dit qu’il travaille 8 heures par jour dans une association) soit traitée. Néanmoins, cette information est généralement ignorée lors de la formation d’impression et ce pour deux raisons.

Comme vu ci-dessus, les stéréotypes orientent le processus attentionnel (Fiske, 1998 ; in Waroquier & Klein, 2006). Nous recherchons en l’autre ce que nous prévoyons de visualiser. Par exemple, convié chez un ami d’origine maghrébine, notre choix de cadeau se fera peut-être davantage dans une confiserie de loukoum que dans une fromagerie.

Mais encore, l’information qui est cohérente avec le stéréotype serait plus facilement intégrée (ex: Bodenhausen & Macrae, 1998 ; in Waroquier & Klein, 2006). Il semble plus simple d’assimiler l’information suivant laquelle une femme au foyer fait régulièrement le ménage (comportement stéréotypique) plutôt que d’assimiler qu’elle lit des livres scientifiques (comportement neutre) ou qu’elle consacre ses week-end à la mécanique automobile (comportement contre-stéréotypique).

En mémoire, le groupe social et l’attribut seraient unis par des liens de causalité (une femme au foyer doit s’occuper de sa maison et doit donc faire le ménage, etc.), permettant l’assimilation de l’information concordante avec le stéréotype.

1.5.3. Interpréter le comportement de la cible

Les comportements de la cible, neutres ou mêmes contre-stéréotypiques font fréquemment l’objet d’une interprétation biaisée qui renforce le stéréotype. En 2007, Correll, Park, Judd et Wittenbrink utilisent un jeu vidéo pour simuler des rencontres avec des cibles potentiellement hostiles. Leur étude s’intéresse au biais racial dans une décision tirer/ne pas tirer.

L’expérience révèle notamment que la tendance des participants à commettre une erreur (tirer sur un noir non armé ou ne pas tirer sur un blanc armé) est fortement augmentée lorsque ceux-ci ont précédemment lu l’histoire d’un criminel noir.

1.5.4. Expliquer les causes du comportement de la cible

En 1977, Ross (in Riggio & Garcia, 2009) définissait l’erreur d’attribution fondamentale comme étant la tendance à surestimer les facteurs situationnels pour les comportements des autres.

Cette erreur d’attribution fondamentale trouve une place de choix dans les stéréotypes. En effet, l’erreur d’attribution fondamentale est une double tendance, celle d’octroyer les comportements concordants avec un stéréotype à des facteurs internes et la tendance à interpréter les comportements contre-stéréotypiques comme relevant de l’environnement.

Ainsi, Jacques apprend l’histoire d’un jeune, Brahim, qui a aidé une femme blessée dans le métro. Jacques explique ce comportement par une attribution extérieure à Brahim (Brahim est étudiant infirmier et ses amis l’ont incité à aider la femme) plutôt qu’à une disposition interne (Brahim est altruiste).

1.5.5. Se souvenir de la cible

Doosje, Spears, De Redelijkheid et Van Onna, 2007 ont étudié le rôle de la consistance sur la mémoire des groupes de hauts et bas statuts. Leurs résultats indiquent une mémoire supérieure pour l’information consistante avec le stéréotype en comparaison avec une information inconsistante. Cependant, leur seconde étude indique que certains sujets (« high-identifiers ») mobilisent davantage de ressources cognitives pour retenir l’information inconsistante et s’en souviennent par conséquent mieux que les autres sujets (« low identifiers »).

Cette étude va contre l’idée que l’identification intra-groupe est reliée à l’information favorable à propos de ce groupe. Apparemment, la motivation à résoudre des inconsistances cognitives amènerait à une mémoire supérieure pour les informations non-favorables comparativement à la motivation à défendre une image positive en retenant uniquement les informations favorables.

1.5.6. Généraliser la perception de la cible à sa catégorie sociale

Même lorsque les gens sont confrontés à des personnes qui remettent en question leur stéréotype sur l’exogroupe, ils admettent des exceptions individuelles en re-cloisonnant le stéréotype (Allport, 1954 & 1979 ; in Dovidio, Glick & Rudman, 2005). Les personnes créent de petits sous-types qui contiennent les exceptions, protégeant ainsi leur catégorie globale.

Les sous-types sont pratiques parce qu’ils permettent aux gens de retenir leurs catégories qui sont confortables. Les gens trouvent pratique de retenir des catégories générales parce qu’elles nécessitent plus d’effort et l’effort est désagréable (Allport, 1954 &1979 ; in Dovidio et al., 2005). Mais cet aspect pratique a ses limites et le sous-type peut alors devenir sous-groupe.

Alors que les sous-types maintiennent le stéréotype, les sous-groupes augmentent la perception de variabilité au sein de la catégorie et limitent la perception rigide d’une catégorie (Dovidio et al., 2005).

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