Gagne de la cryptomonnaie GRATUITE en 5 clics et aide institut numérique à propager la connaissance universitaire >> CLIQUEZ ICI <<

1.1.2-Le web-documentaire, nouveau paradis de la création médiatique ?

Non classé

Nous venons d’employer le terme instabilité pour caractériser la situation sémantique du webdocumentaire historique. Or nous pensons que, dans certains cas, instabilité rime avec liberté. En l’occurrence, c’est cette liberté qui attire les journalistiques et les professionnels de l’audiovisuel dans le champ du web-documentaire. Boris Razon, chargé du pôle numérique de France Télévision, expliquait dans un entretien publié sur le blog documentaire, expliqu’« il n’existe pas encore de formes établies mais uniquement des formes en construction»(28) pour le web-documentaire. Chacun veut apporter sa pierre à l’édifice. Tout un imaginaire de la nouveauté, de l’innovation et par conséquent de la création pure se forge autour du web-documentaire. A titre d’exemple, nous pouvons citer un commentaire de Gerald Holubowicz à la suite d’un article de Pierre-Emmanuel Weck(29). En parlant du web-documentaire, il s’exprime en ces termes : « C’est une passion dévorante qui depuis m’entraine sur des chemins que je n’aurai imaginé explorer. J’ai réellement le sentiment d’étendre ma palette d’outils. » Cette double métaphore de l’exploration et du peintre ou de l’ouvrier symbolise l’imaginaire de la création que le web-documentaire véhicule. La liberté est au cœur de cet imaginaire. A la lecture de certaines interviews, l’on pourrait presque penser que le webdocumentaire est une sorte de parangon du grand reportage du temps d’Eugène Mannoni ou de Robert Guillain. Olivier Lambert, dans un entretien(30) avec Nicolas Bole, tient des propos qui étayent notre impression : « J’ai toujours été traumatisé, ou en tout cas déçu, de voir que les journalistes s’ennuyaient dans les rédactions, qu’ils devenaient rapidement aigris par rapport à leur profession et à leurs propres objectifs. Je ne voulais pas devenir comme eux. Je voulais monter des projets personnels pour m’épanouir. » Au-delà de la simple liberté, Olivier Lambert parle d’épanouissement personnel. C’est en cela que l’on peut parler de paradis de la création. Dès lors, on ne peut nier la puissance de cet imaginaire qui suscite tant de convoitise et qui revalorise la profession journalistique. Comme toute terre promise, le web-documentaire souffre aujourd’hui d’un attrait tel que certains professionnels se plaignent de la profusion de productions médiocres voire indigestes.

Interrogé sur les évolutions récentes qu’a connues le web-documentaire, François Le Gall nous a signifié que concernant l’offre, il y a « plus d’acteurs mais moins de web natifs (journalistes et photographes notamment) ; ce qui génère plus d’histoires mais paradoxalement, moins d’originalité et de créativité dans la narration interactive. En se ”démocratisant”(on en est encore loin), le genre s’est appauvri, l’aspect documentaire a été phagocyté par le genre journalistique. »(31) Tel est donc le risque qu’encourt le genre. Toutefois nous pouvons nous demander si ce phénomène n’est pas justement propre à l’innovation et à la nouveauté. Cette profusion serait ainsi le témoin de l’émergence d’un genre médiatique inédit. Par ailleurs, une telle « démocratisation » – tel que le dit F. Le Gall – inscrit le web-documentaire ( et notamment le webdoc historique) dans une certaine légitimité qui se traduit à travers la création de certains prix(32) distinctifs voire de festivals consacrés aux web-documentaires. L’imaginaire de la création pure contribue ainsi à l’institutionnalisation du web-documentaire. Mais cette dernière est-elle vraiment possible ou nécessaire ? Une analyse des différents formes de web-documentaires historiques nous permettra de présenter un élément de réponse.

28 Entretien réalisé par BOLE, Nicolas publié le 16 juillet 2012 [Disponible en ligne : http://cinemadocumentaire.wordpress.com/2012/07/16/boris-razon-la-production-web-chez-france-tv-3/]
29 http://www.weck.info/2012/04/12/web-doc-web-toc/
30 BOLE, Nicolas, Entretien avec T. Salva et O. Lambert publié le 06 février 2012 sur le blog documentaire [http://cinemadocumentaire.wordpress.com/2012/02/06/webdocu-entretien-avec-o-lambert-et-t-salva/]Visionné le mardi 14 février 2012.
31 Annexe 14

Page suivante : 1.1.3-Y a-t-il une forme canonique du web-documentaire historique ?

Retour au menu : L’HISTOIRE Á L’HEURE DU MULTIMEDIA : LES ENJEUX DU WEB-DOCUMENTAIRE HISTORIQUE