Nombre de facteurs, à l’instar d’un climat économique défavorable, d’un marché en
profonde et rapide mutation, d’une concurrence accrue, d’une accélération des avancées
technologiques générant de nouveaux défis, mettent en péril la situation financière d’une
société et témoignent ainsi de la nécessité d’adaptation aux changements, phénomènes
inévitables et permanents de la vie des entreprises et des salariés.
Si en corroborant ce postulat, la Direction Générale Emploi de la Commission Européenne souligne que la
restructuration «fait partie intégrante de la stratégie des firmes, nationale ou internationale,
et de leur intégration sur le segment de marché qui les concerne», le caractère polysémique
du terme « restructuration » lui a cependant imputé une abondance de définitions désignant
des réalités bien différentes.
En effet, et bien que simplement définie par le MIRE(3) comme «une opération de
réorganisation de l’entreprise ayant des implications importantes en termes d’emploi», les
restructurations recouvrent un «large éventail de changements affectant, a minima, l’ensemble
d’un secteur d’activité ou une entreprise dans sa globalité, sous la forme de fermetures de
sites, réductions des effectifs, licenciements, externalisations, fusions, délocalisations,
mobilité interne ou autres réorganisations internes complexes (4) » (Triomphe, 2009).
Si d’autres auteurs définissent la restructuration comme «l’ensemble des transactions conduisant
à vendre ou à acquérir des actifs, à modifier la structure du capital et à transformer
l’organisation interne de la firme» (Bowman & Singh, 1993), ils recensent néanmoins
nombre de mutations industrielles, telles que les «restructurations internes, fermetures,
faillites, délocalisations extérieures, fusions, acquisitions, délocalisations intérieures,
outsourcing, expansion commerciale» (Freiche in Allouche & Freiche, 2007), portant soit sur
l’ensemble de l’organisation, soit sur un secteur particulier de l’entreprise.
Ces inventaires, témoins du caractère pléonastique du concept de restructuration, font
état de deux principales réalités en matière d’ajustement des entreprises. La première,
qualifiée de restructuration interne, où ni la personnalité juridique de l’entreprise ni ses
relations avec les entreprises concurrentes ne sont modifiées, correspond à un ajustement
interne sur la combinaison des facteurs de production, à savoir le travail, le capital et les
matières premières.
La seconde notion fait référence aux restructurations externes qui se
traduisent notamment par un rapprochement interentreprises, pouvant s’exprimer sous des
formes très variées à l’instar des fusions, absorptions, sous-traitances, externalisations et
franchises. (Blanchard, Bresson, Corbel, Kramarz & Sevestre, 1993). Par ailleurs, et au regard
de cette différenciation, les stratégies de restructuration interne, permettant une
création/destruction d’actifs supplémentaires, sont souvent opposées à celles de
restructuration externe qui se manifestent par le rapprochement volontaire ou contraint de
deux ou plusieurs firmes et par une union, partielle ou totale, des moyens mis en oeuvre par
chacune des entreprises concernées.
Aussi, conventionnellement dépeinte comme un «processus complexe, protéiforme et
multidimensionnel»(5), le caractère polymorphe de la notion de restructuration s’appréhende
notamment au travers de sa typologie.
3 Monitoring Innovative Restructuring in Europe
4 Note de synthèse du réseau européen d’experts sur le thème de la gestion innovante des
restructurations (projet IRENE), 2009, Claude-Emmanuel TRIOMPHE.
5 Rapport final du Projet AgirE (Anticiper pour une gestion innovante des restructurations en Europe),
Mai 2008.
