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1.1. Gestion de déchets ménagers dans les pays en développement

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1.1.1. Définition d’un déchet

Un déchet est tout résidu du processus de la production, de la transformation ou de l’utilisation, abandonné par le détenteur et qui, par sa nature, produit des effets nocifs sur les écosystèmes naturelles (Aloueimine, 2006; Albrecht, 2007; Citeretse, 2008 ; Awomeso et al., 2010).

Sané (2002) définit le déchet du point de vue économique et juridique. En effet, du point de vue économique un déchet est tout objet dont la valeur économique est nulle ou négative pour son détenteur. Pour s’en débarrasser, il paye un service ou s’en charge lui-même. Du point de vue juridique, la définition du déchet permet de distinguer une conception subjective et une conception objective. Selon la conception subjective, une propriété devient un déchet lorsque le détenteur a la volonté de s’en débarrasser. Elle demeure lui appartenir aussi longtemps qu’elle demeure dans son espace privé. Cette propriété appartient à la municipalité lorsqu’elle est déposée sur la voie publique car, en effet, par cet acte, le détenteur manifeste clairement sa volonté de l’abandonner. Selon la conception objective, un déchet est tout objet dont la gestion doit être contrôlée au profit de la protection de la santé publique et de l’environnement, indépendamment de la volonté du propriétaire et de sa valeur économique.

D’après Citeretse (2005), les déchets ménagers sont les déchets produits par l’activité quotidienne des ménages: les ordures ménagères collectées à domicile, les encombrants collectés en déchèteries (gros électroménager, mobilier, matelas, bicyclettes…), les déchets de l’assainissement individuel (matières de vidange par exemple), les déchets d’entretien des jardins collectés en déchèteries (tontes de pelouse, résidus d’élagage, tailles de haies…), les déchets ménagers spéciaux collectés en déchèteries (résidus de peinture et solvant, piles, produits de nettoyage…), etc.

Les DM présents dans la ville de Bukavu répondent clairement à ces définitions car ils proviennent des activités quotidiennes des ménages, ils sont abandonnés par leurs détenteurs, ils ont la valeur nulle pour le détenteur et présenteraient les risques sur la santé publique et l’environnement.

La caractérisation des DM dans les PED sera décrite dans le point suivant.

1.1.2. Production et composition des déchets dans les pays en développement

1.1.2.1. Quantité des déchets produits dans les pays en développement

Les déchets sont générés de façon continue, en quantité croissante avec le développement de mode de vie des sociétés (Aina, 2006; Aloueimine, 2006). Ils sont hétérogènes et leur composition quantitative varie en fonction de l’espace (d’une société à une autre, d’un pays à un autre, d’une ville à une autre, d’un ménage à un autre, etc.) et du temps (jours de la semaine, saison, année, etc.) (Buenrostro et Bocco, 2003). Les facteurs géographiques, climatiques, économiques et démographiques sont déterminants dans la quantification de déchets générés par une communauté (Buenrostro et Bocco, 2003; Dong et al., 2003; Warith et al., 2005). La connaissance de la quantité de déchets produits dans un milieu donné est essentielle pour la planification d’un système de gestion afin de prévoir à mieux la dimension de la collecte et des installations de traitement et le centre de stockage de déchets (Charnay, 2005; Aina, 2006).

Les quantités des déchets produits par habitant dans certaines villes des PED sont reprises dans le tableau ci-dessous :

Tableau 2 : Quantités des déchets produits par habitant dans les villes des quelques pays en développement (Charnay, 2005 p.12; Aina, 2006 p.13).

Quantités des déchets produits par habitant dans les villes des quelques pays en développement

De ce tableau, on constate que dans les PED, on observe une différence entre les villes et les campagnes dans la production des déchets. En effet, dans les milieux ruraux, l’utilisation des DM dans l’agriculture, l’alimentation des animaux domestiques et l’habitude alimentaire diminuent sensiblement la quantité des DM disponibles comparativement aux villes. Ceci entraîne des écarts entre les résultats des études cibles sur les villes précises et la moyenne nationale du pays. Par exemple, en Malaisie, la moyenne nationale se situe entre 0,5 et 0,8 kg/habitant/jour, alors que dans les villes à forte densité la production de déchets peut atteindre 1.7 kg/habitant/jour (Charnay, 2005). La production des déchets varie également d’un quartier à l’autre et d’un ménage à l’autre dans une même ville, souvent en fonction du niveau de vie de la population. Dans une étude d’Ojeda-Benitz et al., (2003), citée par Charnay (2005), portant sur la caractérisation des DM au Mexique, il avait été démontré que les quartiers à haut niveau de vie produisent vingt six pourcent des déchets supplémentaires par rapport aux quartiers habités par les pauvres.

Cette étude pourrait permettre de penser que les milieux urbains, habités par les familles riches dans la ville de Bukavu, produiraient énormément de déchets par rapport aux bidonvilles construites autour de la ville.

Le climat influence le mode d’alimentation de la population et, par conséquent, influe sur la production de déchets dans l’environnement. Par exemple, à Yaoundé au Cameroun, la production moyenne des DM est de 0,6 kg/hab./jour en saison sèche alors qu’elle est de 0,98 kg/hab./jour en saison de pluie (Charnay, 2005; Aina, 2006).

La détermination de la quantité des déchets produits par jour et par habitant est difficile à réaliser dans la ville de Bukavu où les déchets ne sont pas stockés à domicile dans la plupart de ménages (Ntabugi, 2006). Par contre, les déchets produits dans les ménages sont aussitôt rejetés dans l’environnement sans aucune pensée ultérieure. Les migrations de la population sont aussi un facteur déterminant de la production de déchets dans les milieux urbains. En effet, une étude menée par De Vries (2001) au Brésil à démontré que la production des DM était multipliée par trois, passant de 40 à 150 tonnes par jour, pendant la période touristique.

La migration de la population des villages environnant la ville de Bukavu vers le centre urbain dans la commune d’Ibanda, à cause de l’insécurité et des guerres à répétition, pourrait avoir un impact sur la quantité des déchets produits dans la ville de Bukavu. Les déchets de la ville de Bukavu, et particulièrement de la commune d’Ibanda, sont jetés dans les rues, les canalisations, etc. (Photos en annexe 3, séries 1, 2, 3, 4, 5 et 6) aussitôt produits. Le manque de données sur le niveau de connaissance de la population de la ville de Bukavu en rapport avec les déchets et la gestion de l’environnement rend la campagne de sensibilisation très difficile. De telles données pourraient permettre d’envisager l’éducation de la population sur la gestion de déchets afin d’avoir une idée sur la quantité et la qualité des déchets produits dans la ville. La connaissance de la quantité des déchets produits pourrait permettre d’envisager les stratégies adéquates pour une gestion durable de déchets et la protection de l’environnement dans notre ville.

La population qui vit dans l’insalubrité et la pollution de son environnement serait alors protégée contre les polluants provenant des DM auxquels elle est exposée si les autorités faisaient de la gestion des déchets la priorité de leurs activités.

1.1.2.2. Composition de déchets ménagers dans les pays en développement

Les DM constituent un mélange hétérogène de matériaux ayant des propriétés chimiques et physiques très différentes (Charnay, 2005).

i. Composition physique

La composition physique des DM est largement déterminée par la nature des produits, des emballages et la pratique de consommation de la population. La connaissance de la composition des DM est essentielle car elle permet de déterminer les modes de gestion des déchets et de promouvoir éventuellement la création des filières de traitement et de valorisation (Aloueimine, 2006). Le traitement et la valorisation des D.M. joue un rôle capital dans la lutte contre la pollution de l’environnement, la conservation de ressources naturelles et l’économie d’énergie (EPA, 2000 cité par Aloueimine, 2006). Ils peuvent aussi ralentir le changement global du climat, causé par les émissions des GES, qui est responsable du réchauffement progressif de la terre et qui entraîne un déséquilibre global des écosystèmes naturelles (Dotrepp, 1975; Aelterman et Embrechts, 1989; Desachy, 2001; Cunningham et al., 2003; Meena et al., 2010).

La composition des DM dans quelques PED est reprise dans le tableau ci-dessous.

Tableau 3 : Composition des DM dans les PED (en % massique sur sec) (Charnay, 2005 p.15)

Composition des DM dans les PED

Au vu de ce tableau, nous remarquons que les DM sont hétérogènes. Cependant, la fraction fermentescible des déchets est prédominante dans les PED, car elle dépasse cinquante cinq pourcent en moyenne. Ce pourcentage serait indicateur du mode de consommation de la population dans les PED. La composition des DM dans les PED étant hétérogène, il est important de regrouper les constituants en catégories homogènes afin de procéder à leurs analyses chimique et biologique (Charnay, 2005). La procédure qui pourrait permettre d’arriver à cet objectif est la suivante: le prélèvement des échantillons qui pourrait se réaliser à différents endroits: i) chez les habitants afin de connaitre la composition des ordures ménagères (OM) réellement produites, ii) sur le site de transit pour déterminer la composition des DM; iii) a l’entrée du centre de traitement (Charnay, 2005). Le tri peut s’effectuer soit sur les déchets humides soit sur les déchets secs. Ces déchets pourraient être séparés par taille, généralement en quatre fractions (> 100 mm, 20-100 mm, 8-20 mm, < 8 mm) (Charnay, 2005). La caractérisation des déchets permet d’établir la composition chimique et la composition biologique des DM. La méthode de caractérisation la plus répandue dans les pays développés (PD) est celle qui détaille les catégories des constituants suivants: fermentescibles, papiers, cartons, textiles, plastiques, métaux, inertes, complexes, etc. (Ademe, 1993).

ii. Composition chimique

Plusieurs études se sont intéressées sur les caractéristiques chimiques des DM. Elles avaient pour objectif principal d’évaluer les polluants potentiels de ces déchets et la mise en évidence de l’existence des effets néfastes des polluants enregistrés sur la santé humaine et l’environnement (Aloueimine, 2006).

Les polluants présents dans les DM sont fonction de la composition des déchets. En effet, la matière organique provient essentiellement des déchets fermentescibles, des textiles, du papier, du carton, du plastique, etc. et la matière organique azotée est apportée par les fractions des fermentescibles, des textiles et des combustibles non classés (Charnay, 2005; Aina, 2006). Les éléments minéraux et métalliques, cependant, sont générés par la manipulation des plastiques, métaux, batteries, verres, colorants, etc. (Charnay, 2005; Aina, 2006; Aloueimine, 2006).

Les caractéristiques élémentaires des DM sont reprises dans le tableau ci-dessous :

Tableau 4 : caractéristiques des DM dans quelques pays du monde (Aloueimine, 2006 p.40)

Caractéristiques des DM dans quelques pays du monde

Les données présentées dans le tableau ci-haut, montrent que la composition chimique de DM présente un risque à la santé et à l’environnement récepteur des déchets non traités. Par exemple, le cadmium et le plomb sont des substances cancérigènes (Mwashole, 2003 ; WHO, 2007), l’excès de manganèse cause la cirrhose du foie, le zinc est phytotoxique et est soupçonné être cancérigène chez l’homme, etc. (Salvarredy, 2008, Rajaganapathy et al., 2011).

Une autre catégorie des polluants disponibles dans les DM est celle constituée des antibiotiques. En effet, ces antimicrobiens sont des substances chimiques qui sont utilisées dans les ménages pour combattre les maladies bactériennes (Thi Thu Hao Van, 2007; Kümmerer, 2009; Nageswaran et al., 2012). L’introduction des antibiotiques dans la médecine a sauvé la vie des nombreux organismes contre les infections bactériennes. En plus, les pratiques de la médecine moderne telle que la transplantation des organes, la chimiothérapie pour le cancer et la chirurgie pourraient présenter des hauts risques à l’absence de l’application des antibiotiques (Alanis, 2005; Abu and Egenonu, 2008). Ces substances chimiques, bien que très appréciées dans la médecine, ne sont pas absorbées dans l’organisme hôte. La plupart d’elles retournent dans l’environnement à travers les urines et la matière fécale (Gliger et al., 2003 ; Abu et Egenonu, 2008; Blair, 2010 ; Czekalski et al., 2012 ; Samanta et al., 2012). La présence de ces antimicrobiens dans l’environnement pourrait conduire à la dissémination des microbes résistants dans les écosystèmes et poseraient des problèmes énormes sur l’homme et la biodiversité (Yoneyama and Katsumata, 2006; Ran et al., 2010). Les DM de la ville de Bukavu seraient associés aux ML, antibiotiques et nombreuses autres substances chimiques qui seraient à la base de la pollution de l’environnement dans notre ville.

iii. Composition microbiologique

Un des risques majeurs sur la santé des êtres vivants liés aux DM est sans doute la contamination microbienne (Mashhood, 2011). L’exposition aux microbes peut se réaliser par ingestion des aliments contaminés, inhalation de l’air ou par absorption directe à travers les tissus épithéliaux et peut conduire aux infections mortelles chez l’homme et à la biodiversité (Katarina and Payment, 2005) Les microorganismes, les infections et les symptômes associés sont repris dans le tableau suivant :

Tableau 5 : Composition microbiologique des DM, les maladies et les symptômes associés (Katarina and payment, 2005)

Composition microbiologique des DM, les maladies et les symptômes associés

Le manque de données sur la composition microbiologique et chimique des DM dans la ville de Bukavu pourrait exposer la population et l’environnement à la contamination par les pathogènes et des substances chimiques. Les risques liés aux DM pourraient bien être évités si les données concernant le niveau de connaissance de la population sur la gestion des DM seraient disponibles. Ces données pourraient constituer un soubassement à partir duquel l’éducation de la population à la gestion des déchets et la protection de l’environnement serait fondée. La détermination de la composition de déchets restera un problème dans notre ville aussi longtemps que la population sera écartée de la gestion des DM et de l’environnement. Cette population continuera à jeter les déchets hétérogènes dans les rues, les canalisations, les rivières, etc. et les risques liés à ces déchets pourraient entraîner un retard sur le plan économique à travers les taux de mortalité et de morbidité élevés qui s’en suivraient dans notre ville.

1.1.3. Cadre institutionnel de la gestion des déchets dans les PED

1.1.3.1. Introduction

La gestion des déchets représente un défi important dans les PED. En effet, le stockage, le traitement et la valorisation des déchets sont des pratiques courantes dans les PD, mais il n’est pas le cas dans les PED (Charnay, 2005; Aina, 2006). Ceci serait lié au quasi absence de conventions internationales dans le domaine de la gestion des DM (Aina, 2006). En effet, la législation internationale en matière de gestion des déchets s’intéresse aux déchets dangereux (Convention de Bale sur les déchets dangereux, ratifiée le 5 décembre 2011) et à leur transport (Convention de Bamako sur l’interdiction de transfert de déchets dangereux en Afrique, signé en 1999) ou aux polluants organiques persistants (Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants signé le 23 Mai 2001) (Charnay, 2005, Aina; 2006; Citeretse, 2008).

Dans les PED, la responsabilité sur la gestion des DM revient à chaque pays. Depuis une dizaine d’années des initiatives se sont multipliées dans les PED face à la dégradation de l’environnement et de la santé. Les secteurs informels et des structures associatives se sont multipliés dans nombreuses villes africaines avec pour objectif «la gestion des DM». Malheureusement, ces organisations se sont heurtées aux nombreux problèmes: le niveau de vie de la population très bas (qui fait qu’elle ne sait pas honorer ses engagements vis-à-vis de la collecte des déchets), l’urbanisation (qui ne permet pas l’accès à tous les ménages), la croissance démographique (qui évolue à une vitesse imprévisible), le niveau d’instruction bas de la population et le manque de soutien des gouvernants des Etats concernés (Charnay, 2005). Ceci fait que les DM continuent à augmenter chaque jour dans l’environnement avec des risques sur l’environnement et la santé de la population. Ces risques pourraient être évités si la population était éduquée sur la gestion des DM.

1.1.3.2. Acteurs de la gestion des déchets dans les pays en développement

Nombreux acteurs interviennent dans la gestion des DM des PED à différents niveaux quand bien même les responsabilités en matière de gestion quotidienne des DM reviennent aux autorités étatiques (Poormina et Manjula, 2001; Charnay, 2005; Aina, 2006). Les cinq acteurs qui se répartissent les lourdes tâches de gestion des DM dans les PED sont: i) le secteur publique représenté par la mairie urbaine; ii) le secteur privé formé des petites et grandes entreprises; iii) le secteur informel composé soit des particuliers rassemblés en associations dans des quartiers soit des petites entreprises non officielles qui s’occupent de la pré-collecte porte à porte; iv) la population, premier producteur des DM, qui contribue par les impôts et les taxes locales; v) les ONGs et les associations, très nombreuses dans les PED, qui contribuent à la collecte des déchets, au transport et stockage à l’extérieur de la ville (Poormina et Manjula, 2001). Par exemple la collecte des DM au Burkina Faso est assurée par le secteur public, les services techniques municipaux (SETEMU) attachés aux ministères de l’administration, des travaux publics, de l’habitat et de l’environnement et du cadre de vie.

En Algérie, la gestion des déchets est assurée par un service public, le programme national pour la gestion intégrée des déchets ménagers (PROGDEM) et par l’agence nationale des déchets (AND) créée par le décret exécutif n°02-175 du 20 Mai 2002 (Aina, 2006). Les ONGs qui travaillent en Algérie sur la gestion des DM sont regroupés dans une association appelée coordination des entreprises de gestion des déchets (CEGED) dont les actions sont soutenues par l’administration publique qui exige aux habitants d’adhérer pour se débarrasser des DM (Aina, 2006).

Les acteurs et leurs rôles dans la gestion de DM dans les PED sont repris dans le tableau ci-dessous :

Tableau 6 : Rôle des acteurs de la gestion des déchets (Charnay, 2005 p.19)

Rôle des acteurs de la gestion des déchets

En RDC, et particulièrement dans la ville de Bukavu, la gestion des DM est assurée par les ONGs locales qui bénéficient d’aucun soutien du gouvernement. Elles collectent les déchets uniquement dans les ménages aisés, minoritaires, capables d’honorer la lourde facture exigée pour cette facilitation. L’adhésion d’un petit nombre de ménages serait due à l’absence de l’implication de l’Etat, à la pauvreté et au coût élevé loué à la collecte. La population est alors obligée de se débarrasser des DM dans les rue, les rivières, les terrains (Photos en annexe 3, séries 1, 2, 3, 4, 5 et 6) et d’autres procèdent tout simplement à l’incinération des déchets (Photos en annexe 3, séries 7). Ce comportement de la population de la ville de Bukavu pourrait contribuer à la dissémination des microbes résistants, des ML et d’autres polluants dans l’environnement dont les conséquences sont néfastes sur l’homme et la biodiversité dans les écosystèmes (Nageswaran et al., 2012). Les conséquences de la gestion des DM pourraient être évitées si la population était sensibilisée pour se révolter contre l’absence de l’implication de l’Etat dans la gestion des DM comme se fût le cas en Angleterre au 19ème siècle. En effet, à cette période, la population britannique, soutenue par les médias et les ONGs de la protection de l’environnement, a forcé les autorités de l’époque à la démission et l’élection des autorités qui étaient pleinement impliquées dans la gestion des déchets (Meena et al., 2008). La venue de la démocratie au Congo pourrait permettre à la population de se choisir les autorités qui militent pour la protection de l’environnement si et seulement si elle était sensibilisée sur les dangers que présenteraient les déchets sur sa santé et sur l’environnement.

1.1.3.3. Contexte démographique de la gestion des déchets

Les recherches récentes ont montré que la population augmente chaque année de plus de trente pour cent dans les PED. Cette croissance se manifeste plus dans les milieux urbains où elle s’accompagne de l’augmentation de la production des déchets dans l’environnement (Kuitcha et al., 2010; Meena et al., 2010). La faiblesse des systèmes adéquats de salubrité, d’hygiène et d’assainissement dans nombreux PED à la lumière de l’augmentation des déchets, entraine la prolifération des plusieurs maladies mortelles (Corcoran et al., 2010). Les recherches récentes ont aussi montré que la ville de Bukavu a connu une croissance démographique après le génocide Rwandais de mille neuf cent quatre vingt quatorze. Cette augmentation de la population, qui se manifeste surtout dans les milieux urbains s’explique par l’insécurité dans les villages environnants, les guerres à répétitions et le rêve de trouver une vie facile dans la ville (Abedi, 2012). Ceci a accentué les morcellements des parcelles et les constructions anarchiques dans la ville qui rendent la gestion des DM impossible. Il est donc urgent que les autorités locales fassent un effort pour réduire la croissance démographique dans la ville de Bukavu afin de maitriser la gestion de déchets, sans laquelle il y aura beaucoup de perte en vie humaines, le déséquilibre dans l’économie et les écosystèmes, la pauvreté et le retard dans le développement provincial comparativement à d’autres provinces de la RDC. La gestion des DM dans la ville de Bukavu pourrait être contrôlée, malgré la croissance démographique, si la population était sensibilisée sur la gestion des déchets. En effet, cette sensibilisation doit passer obligatoirement par la disponibilité des données sur la connaissance antérieure (background) de la population de la ville de Bukavu sur la gestion de DM qui constitue le passage obligé pour la gestion durable des DM dans notre ville.

1.1.3.4. Contexte juridique

La croissance démographique et le développement économique sont les principales sources de production des DM dans les PED. Ces déchets produits sont déchargés sur les bords des routes, les canalisations, et les rivières (Charnay, 2005; Aina, 2006). Ceci serait due à la législation laxiste et le manque de moyen pour faire respecter les quelques textes de lois qui existent en matière de DM (Aina, 2006). En effet, plusieurs lois ont été mises en place pour réglementer la gestion des DM dans les PED. C’est par exemple, le code de l’environnement (Loi n° 005/97/ADP) et le décret (décret n° 98-323/PRE/MEE/MAT/MIHU/MS) portant réglementation de la collecte, du stockage, du transport, du traitement et de l’élimination des DM au Burkina Faso (Aina, 2006). En Algérie, le décret 84-378 du 15 décembre 1984 fixant les conditions de nettoiement, d’enlèvement et de traitement des DM stipule que l’assemblée populaire organise, sur son territoire, soit directement, soit en association avec d’intermédiaires d’organismes intercommunaux, un service de collecte et d’élimination des DM (Aina, 2006).

Conformément aux dispositions de la loi n° 90-08 et à la loi n° 19-01, la gestion des DM est à la charge de l’assemblée populaire communale qui organise sur son territoire un service publique en vue d’assurer la collecte, le tri, le transport, la valorisation et l’élimination des DM (Aina, 2006).

En RDC, il existe plusieurs décrets et codes signés en matière de gestion de l’environnement. Malgré l’existence de ces textes juridiques, ils ne sont pas suivis par une application sur le terrain, ce qui expliquerait la décharge des DM, par la population de la ville de Bukavu, dans les rivières, les canalisations etc. comme montré sur les photos en annexe 3. La mauvaise gestion des déchets et l’absence de l’application de loi en matière de la gestion des DM pourraient présenter d’énormes conséquences sur l’environnement et la santé des êtres vivants de la ville de Bukavu, concernée par notre étude.

1.1.4. Urbanisation dans les pays en développement

L’urbanisation exerce une forte pression sur les villes des PED qui absorbent les deux tiers de l’accroissement total de la population du tiers monde (Aina, 2006; Meena et al., 2010). A ce rythme, l’occupation des zones urbaines des PED évolue de façon linéaire et, malheureusement, inversement proportionnelle aux ressources disponibles (Carr and Nearly, 2006; Meena et al, 2010). Il est évident que les villes des PED se développent à la destruction des écosystèmes naturelles notamment le déboisement, la pollution du sol, de l’eau et de l’air, etc. qui portent préjudice sur la qualité de la vie.

D’après Charnay (2005), Aina (2006) et Aloueimine (2006), les problèmes liés à l’urbanisation dans les PED se présentent comme suit: i) la non maîtrise de l’ensemble du processus d’urbanisation face à la transformation rapide des structures spatiales et urbaines due à la faiblesse d’une politique d’aménagement et l’absence de planification et d’une réglementation convenable; ii) la tolérance accordée à l’expansion urbaine qui prend souvent la forme des bidonvilles dans lesquelles les conditions de vie sont inférieures au minimum possible; iii) le déficit d’équipement collectifs et d’infrastructures basales telles que l’alimentation en eau potable, l’assainissement, la collecte des DM, etc. et iv) les phénomènes d’exode rural qui rendent pratiquement impossible la planification et la gestion des DM.

L’insécurité permanente, l’exode rural, l’absence de l’application des textes juridiques relatifs à l’urbanisation sont à la base du surpeuplement dans la ville de Bukavu, qui prend progressivement la forme d’un bidonville. L’afflue de la population dans la ville s’accompagne de la production excessive de DM qui imposent une lourde tâche aux habitants à travers le coût de traitement des maladies qui en résultent et le taux de mortalité croissant. La surpopulation de la ville de Bukavu et l’urbanisation sauvage qui s’ensuit ont des conséquences sur l’environnement. Elles entraînent, en effet, la déforestation, la pollution des eaux, du sol et de l’air, les éboulements et les érosions, etc. qui pourraient conduire à la disparition de certaines espèces biologiques et le déséquilibre des écosystèmes naturels (Aelterman et Embrechts, 1989).

1.1.5. Systèmes de gestion des déchets dans les pays en développement

1.1.5.1. Introduction

La gestion des DM dans les PED est une propriété privée de chaque pays d’autant plus qu’il n’existe aucune loi internationale qui régit la gestion des DM dans les PED (Aina, 2006; Aloueimine, 2006). Chaque pays fixe les textes des lois en matière de la gestion des déchets selon que ces derniers sont pris pour une priorité ou non (cfr. Contexte juridique, p.21). Malgré la divergence qui existe en matière des DM, les PED en général respectent les principes de gestion des déchets appliquées par les PD (collecte, transport, stockage, traitement et valorisation) (Charnay, 2005; Aina, 2006).

La nécessité de la gestion des déchets est dictée par les impératifs sanitaires et environnementaux. Ceci est d’autant plus important que la quantité des déchets produits ne cesse d’augmenter et de se diversifier avec l’industrialisation, le développement économique et la croissance démographique dans les PED (Charnay, 2005; Aloueimine, 2006). L’objectif ultime de la gestion des déchets est de réduire le volume de matériaux destinés à la décharge finale pour minimiser le risque de pollution qu’ils peuvent causer sur la santé et l’environnement (potentiel polluant, émission du biogaz, lixiviat, pathogènes, etc.) (MBT, 2003). Les stratégies de la gestion des DM devraient passer par l’application des principes qui permettent d’atteindre les objectifs spécifiques suivants (Wincker, 2000; FCQ, 1999): i) le recours aux technologies propres qui permet l’optimisation du procédé de fabrication d’un produit, la réduction de sa quantité ou la production du moins polluant (on pourrait ensuite travailler sur la dépollution puis sur la non pollution), ii) la mise en oeuvre des filières de réutilisation, de recyclage et de compostage des déchets qui est l’aspect le plus important dans la gestion des déchets. Ainsi, les composantes valorisables des déchets pourrait être réintroduites dans un nouveau cycle de production économique; iii) le rejet «écocompatible» des déchets, notion fondamentale lorsqu’aucune autre stratégie ne pourrait être appliquée; il faut définir un retour «acceptable» des déchets dans le milieu naturel; iv) l’enfouissement ultime, c’est-à-dire, l’enfouissement des déchets qui n’ont pas pu être réduits, réutilisés, recyclés ou compostés.

En plus de ces principes, qui sont considérés comme des stratégies de base de la gestion des déchets, Navarro et al., (1988) avaient proposé l’arrêt de la production des déchets difficilement éliminables pour une protection durable de l’environnement. C’est le cas des chlorofluorocarbones (CFC), dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) etc. (ADEME, 1999). Les DM dans la ville de Bukavu présentent un caractère hétérogène. L’Etat congolais devrait interdire l’entrée dans le pays, des déchets dont l’élimination poserait un problème pour faciliter une gestion efficiente dont les principes sont décrits dans les points suivants.

1.1.5.2. Collecte des déchets

Les grands principes de la collecte de DM sont indissociables des filières de traitement et de valorisation (Aina, 2006; Citeretse, 2008). La collecte traditionnelle des DM est le système de gestion le plus fréquent dans les PED. En effet, dans certains quartiers, elle fluctue en fonction des dispositions mises en place par le service technique de la ville, du niveau d’organisation (ONGs) et de l’état de structures urbanistiques (Aina, 2006; Albrecht, 2007; Citeretse, 2008). Le tri sélectif n’est pas envisagé dans les PED à cause du nombre réduit des poubelles dans les ménages, de la fréquence de ramassage de DM trop faible et du manque de formation et d’information de la part de la population (Charnay, 2005; Aina, 2006; Aloueimine, 2006; Citeretse, 2008).

i. Taux de collecte des déchets ménagers

Le taux de collecte trouve l’intérêt dans l’évaluation des performances techniques du service de collecte. Dans les PED, le taux de collecte est insuffisant alors qu’il avoisine 100 % dans les pays industrialisés. Il existe une grande disparité du taux de couverture en fonction des villes et des quartiers desservis. En effet, dans les PED, la priorité de collecte est accordée aux quartiers de haut et moyen standing qui ont les facilités de rémunérer les services de collecte de déchets. Les moyens (financiers, techniques, humains, etc.) alloués pour ces zones sont généralement suffisants; ils permettent la collecte des déchets produits dans sa totalité. Cependant, les zones démunis, habitées par les pauvres, sont abandonnées ou ne bénéficient que d’actions ponctuelles (Aina, 2006; Citeretse, 2008). Par exemple, au Maroc, le taux de collecte est voisin de 70 à 80 % dans les zones urbaines où le niveau de vie est élevé alors qu’elle est de 2 % dans les bidonvilles et les milieux ruraux où la population est très pauvre (ONEM, 2011).

Dans la ville de Bukavu, les riches et les pauvres habitent les mêmes quartiers. La collecte des déchets, réalisée par les ONGs, est faite de façon sélective. Elle concerne les familles aisées qui donnent l’assurance d’honorer leurs engagements financiers. Les pauvres, qui ne bénéficient d’aucune facilitation, jettent les déchets dans les rues, les canalisations et les rivières généralement pendant la nuit (Ntabugi, 2006). Ce comportement rend difficile la détermination exacte du taux de collecte dans la ville de Bukavu et particulièrement dans la commune d’Ibanda concernée par cette étude.

ii. Mode de collecte des déchets dans les PED

La collecte des DM dans les villes des PED peut prendre trois formes qui varient selon les pays, la taille de la ville, les moyens financiers et les techniques en cours (Charnay, 2005). En effet, ces trois formes sont: la pré-collecte, l’apport volontaire centralisée via les containers et enfin la collecte de porte à porte par les moyens lourds.

La pré-collecte est une forme de collecte qui consiste à recueillir les déchets déposés dans des containers de petite taille (bassin, seau, poubelle, etc.) à domicile. Dans ce cadre précis, la collecte se fait par des moyens légers: charrette, brouette, bac métallique, etc. Lorsque la charrette est pleine, elle est conduite à un point de transit dont le nombre varie avec la taille et la densité de la ville. Les sites de transit peuvent être construits en dure ou alors, il peut s’agir d’une benne parfois avec des aménagements spécifiques tels que la clôture, le grillage, etc. Les véhicules motorisés, les camions, les tracteurs etc. peuvent assurer le transport de ces déchets vers la décharge de la ville à partir d’un programme préalablement établie (Charnay, 2005).

La disponibilité de moyens de collecte varie d’un pays à un autre car tous n’ont pas la même législation, les mêmes moyens financiers et les mêmes priorités en matière de DM (Aina, 2006; Aloueimine, 2006; Citeretse, 2008). Par exemple, au Vietnam, la collecte est réalisée par deux cents milles employés qui collectent les déchets dans les ménages de la ville de Hanoi. Ils les déposent dans des charrettes qui les transportent vers quatre-vingt douze points de transit de cette ville. A partir de ces points de transit, les déchets sont transférés par quarante camions munis de monte-charge vers l’usine de compostage pour y être traités (Palier, 2000). Au Rwanda voisin, dans la ville de Kigali, les déchets sont collectés dans des sacs, des bassins, selon leur état, par trois cents personnes appartenant à des ONGs locales, vers quarante containers installés dans la ville. Ces déchets sont ensuite transportés vers l’extérieur de la ville où ils sont stockés et attendent l’incinération lorsque le volume est important. Les déchets liquides, par conséquent, sont collectés par des véhicules citernes qui les déversent dans des fosses préalablement préparées. D’autre part, chaque habitant de cette ville dispose d’une fosse dans laquelle se déverse les eaux usées pour éviter la pollution des eaux naturelles (Rwinikiza, 1998).

Dans la ville de Bukavu, le stockage des déchets solides dans des poubelles à domicile dépend du niveau de vie d’un ménage à un autre. En effet, les familles qui sont connectées aux réseaux des ONGs, chargées de ramassage de déchets dans la ville de Bukavu, stockent les déchets dans les sacs, les fûts, etc. (Photos de l’annexe 3, série 8) qui facilitent la décharge dans le camion à son passage. Les ménages qui disposent des containers à domicile, et qui ne sont pas abonnées des services de collecte des DM, jettent ces déchets dans les rue, les rivières, etc. (Photos de l’annexe 3, série 5 et 6) lorsque les récipients sont pleins. La troisième catégorie des ménages, constitués généralement des ménages pauvres, jettent les déchets ménagers solides (DMS) dans l’environnement aussitôt produits (Photos de l’annexe 3, série 1, 2, 3 et 4).

Les centres de transit n’existent pas partout dans la ville. Ceci serait due au fait que la gestion de DM ne serait pas une priorité du gouvernement local.

Les déchets liquides, constitués des eaux usées de cuisine; eaux de toilettes; etc., ne sont pas collectés dans la ville de Bukavu. Tous les ménages (riches, moyens et pauvres) déversent ces déchets dans les canalisations et les rivières qui les conduisent dans le lac Kivu et la rivière Ruzizi.

Les déchets non traités, jetés dans l’environnement, pourraient exacerber la pollution de l’eau dans les rivières, les nappes aquifères, et dans le lac Kivu caractérisé par une masse importante de planctons (Muvundja et al., 2009) indicateurs de la pollution hydrique (Obasohan et al., 2009). Les conséquences d’une telle pollution pourrait conduire à la prolifération des microbes résistants, des métaux lourds, pesticides, etc., qui pourraient déséquilibrer les écosystèmes naturelles (destruction de la biodiversité) et imposer la pauvreté (à travers le coût de traitement de maladies, le taux de morbidité et de mortalité) dans les habitants de la ville de Bukavu.

L’apport volontaire (AV) est le dépôt des déchets par les habitants dans un endroit fixe proposé par l’autorité locale. Les services de collecte constitués d’ONGs pour la plupart de fois assurent le ramassage et le transport à partir des sites vers les centres de transit (Charnay, 2005; Aina, 2006). Dans nombreux PED, les containers placés dans les différents coins de la ville sont chargés de recevoir les DMS. L’approvisionnement de ces containers est fait par les enfants et les ménagères, généralement non protégés, qui transportent les déchets dans les sacs.

Dans la ville de Bukavu, les containers de transit n’existent pas et par conséquent l’AV de déchets.

La collecte en porte à porte (PAP) avec moyens lourds est le mode de collecte des déchets courant dans les quartiers résidentiels ayant un standing de vie élevé. La collecte s’effectue par des camions spécialisés, des tracteurs dans chaque ménage (Charnay, 2005). Par exemple, dans la ville de Yaoundé, au Cameroun, la ville n’est pas dotée de station de transit des déchets. En effet, des camions destinés à collecter les déchets porte à porte (PAP) transportent directement les déchets vers l’usine de compostage de la ville aussitôt qu’ils sont remplis (Ngnikam, 2000).

Dans la ville de Bukavu, la collecte des déchets en PAP est le mode de collecte courant des DMS. Malheureusement, elle ne concerne que des familles aisées, minoritaires, dans la ville de Bukavu. Les camions chargés de la collecte transportent les DMS dans les champs des villageois à l’extérieur de la ville moyennant payement d’une somme d’argent convenue entre les propriétaires et les ONGs chargées de collecte. Lorsque la convention a expiré, les propriétaires des champs peuvent décider de renouveler le contrat ou non. Dans ce cas, les ONGs peuvent continuer ou changer les sites de décharge. Ce type de décharge présenterait des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé, car en effet, ces déchets sont hétérogènes par leurs natures. Ils pourraient contenir les métaux lourds, les antimicrobiens et les microbes pathogènes. Les plantes qui poussent sur une terre contaminée par ces polluants pourraient les transmettre à l’homme et à d’autres êtres vivants à travers la chaine alimentaire (Salvarredy, 2008; Rajaganapathy et al., 2011).

Ces méthodes de collecte des déchets présentent des avantages et des inconvénients. Il appartient aux autorités locales et aux responsables des ONGs impliqués dans la collecte de choisir la méthode la moins dangereuse à la santé des écosystèmes et qui serait adaptée à leur villes.

Les avantages et les inconvénients des méthodes de collecte de déchets sont repris dans le tableau suivant.

Tableau 7 : Inconvénients et avantages des modes de collecte des déchets dans les PED (Charnay, 2005 p.25).

Inconvénients et avantages des modes de collecte des déchets dans les PED

1.1.5.3. Décharge des déchets ménagers dans les pays en développement

La croissance démographique, le niveau de vie de la population et l’urbanisation non réglementée dans les villes et les agglomérations des PED rendent la gestion des DM très difficile. La seule solution que possède la majorité de la population est de déposer les déchets aux bords des routes et des rivières, l’essentiel étant de se débarrasser des déchets de la parcelle (Charnay, 2005; Aina, 2006; Aloueimine, 2006). Thonard et al., (2002) ont identifié quatre-vingt cinq dépotoirs et décharges sauvages dans treize PED qui ne bénéficient d’aucune mesure de protection de l’environnement. Une étude menée par United Nations Environnement Program (UNEP) (2003) rapporte que la mise en décharge est en pleine croissance ces dix dernières années en Amérique latine, et dans les Caraïbes. 60% de ces décharges sont sauvages et ne respectent aucune norme environnementale. L’audit de la banque mondiale réalisé par Johannessen et al., (1999) sur quatre-vingt dix sept décharges en Afrique, Asie, et Amérique latine, montre que onze seulement respectent les normes de l’environnement. La plupart des décharges sauvages sont situés en Afrique. Le choix de décharges en Afrique est dicté par la facilité d’accès. Il échappe à toute étude scientifique avant son installation. Par exemple, la décharge d’Akouédo, en Côte d’Ivoire, est située dans une zone périurbaine à quarante sept kilomètres de la ville d’Abidjan. Elle occupe un thalweg dont le drainage naturel se fait vers la lagune Ebrié à moins de 2,1 km. Le choix de ce site a été dicté par les considérations économiques et non scientifiques.

En Afrique, la grande majorité des décharges sont sauvages. Leur choix est orienté par des considérations politiques et la facilité d’accès. Ce choix, qui échappe aux normes scientifiques, peut conduire à la pollution de l’eau naturelle par les ML, les microorganismes, etc. (Albrecht, 2007).

Les caractéristiques de quelques décharges en Tunisie et en Haïti sont reprises dans le tableau suivant.

Tableau 8 : Caractéristiques des décharges en Haïti et en Tunisie (Hillingsmann et al., 2001 cité par Aina, 2006 p.21).

Caractéristiques des décharges en Haïti et en Tunisie

Dans la ville de Bukavu, les décharges sont quasi absentes de même que les centres de transit des déchets. En effet, les déchets stockés à domicile sont déchargés aux bords des routes, dans les terrains non construits et dans les canalisations. Ils finissent progressivement dans les rivières à travers l’eau de ruissellement.

Pour les ménages dont les déchets sont collectés PAP par les camions des ONGs, la décharge se fait à l’extérieur de la ville dans différents endroits. Malgré que ces déchets soient déchargés à l’extérieur de la ville, ils ne subissent aucun contrôle avant la décharge et non plus ils ne sont pas valorisés.

La gestion des DM à Bukavu reste à désirer, ils poseraient un problème sur l’environnement et la santé publique. La mise en décharge devrait être effectuée suivant certaines règles et dispositions qui permettraient d’éviter l’impact sur l’environnement. Ceci reviendrait à maitriser les phénomènes de fermentation, les liquides, les gaz et les microorganismes qui poseraient un impact sur l’environnement.

1.1.5.4. Traitement des déchets dans les pays en développement

Dans les PED, la majorité des DM est mise en décharge, le plus souvent, non contrôlées ou sont dispersés dans les rues, les terrains non exploités, etc. (Charnay, 2005). Etant donné la quantité et la nature complexe des déchets, l’absence de la caractérisation, etc., le traitement devrait prendre une dimension industrielle. Cela pourrait permettre de suivre une voie vers un traitement durable des DM avec une approche technologique respectueuse de l’environnement et de la santé.

Le coût d’investissement dans le traitement durable des déchets reste un problème dans les PED. Malgré cette contrainte, les pays doivent répondre aux exigences de la population mais aussi à d’autres exigences plus strictes et plus contraignantes auxquelles ils ont souscrit. Il s’agit notamment des protocoles et conventions internationaux (Protocole de Kyoto, convention de Bâle, convention de Stockholm, de Montréal, etc.) qui visent à préserver la santé et l’environnement (Aina, 2006).

Pour réduire les impacts environnementaux et sanitaires des DM, il existe différentes techniques qui sont utilisées dans les PED telles que l’enfouissement qui est supposé la meilleure, le compostage, l’incinération, etc. (Charnay, 2005; Aloueimine, 2006).

Les avantages et les inconvénients des différents modes de traitement des DM dans les PED sont repris dans le tableau suivant.

Tableau 9 : Avantages et désavantages des différents modes de traitement des déchets (Charnay, 2005 p.29; Aloueimine, 2006 p.75)

Avantages et désavantages des différents modes de traitement des déchets

Dans la ville de Bukavu et particulièrement dans la commune d’Ibanda, il n’existe pas de mode de traitement des déchets bien défini. Après décharge aux bords des routes, les déchets sont brulés (Photo en annexe 3, série 7) et d’autres finissent dans les rivières. Les déchets déchargés dans les villages par les ONGs se décomposent sur l’endroit de décharge ou soit sont brulés. Ce type de traitement sauvage des déchets présenterait un impact négatif sur la santé et l’environnement à travers les gaz émis qui contaminent l’air et les lixiviats qui contamineraient les écosystèmes aquatiques et le sol. Tout ceci pourrait provoquer les pluies acides, la destruction de la biodiversité, les changements climatiques dont les conséquences pourraient se manifester sur les êtres vivants et les habitants de Bukavu.

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