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1.1. Définition

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Dans son contexte macro sociologique, le conflit est l’apanage de toutes les sciences qui l’ont placé au centre comme facteur de remise en cause et de changement. De la sociologie à la biologie en passant par la psychologie, la psychanalyse, le droit et l’économie, le conflit touche à tous les domaines de la vie humaine qu’il est appelé à révolutionner.

Vécu à tous les niveaux des sociétés organisées (familles, associations, entreprises……), le conflit apparaît comme un choc qui se produit lorsque des éléments, des forces antagonistes entrent en contact et cherchent à s’évincer réciproquement.

Pour étayer cette assertion, les spécialistes sur les questions de conflits, qualifient le conflit comme étant la confrontation d’au moins deux protagonistes. De manière pragmatique, le conflit se déroule à différents niveaux.(18)

Il est intra personnel, lorsque l’individu subit en lui-même une lutte pour avoir un changement en vue de satisfaire son désir; en cas d’échec, il se confronte à une révolte qui s’exprime par le remord, la dépression voire le suicide.

Le conflit peut – être inter personnel, en ce sens que deux personnes qui vivent dans un même cadre se livrent à un duel, dû à une incompréhension, à une divergence de point de vue. C’est un désaccord qui s’installe dans les relations interhumaines et face à cela, chacun peut afficher une attitude de fuite, de révolte, ou de soumission(19).

Dans une communauté, le conflit peut prendre la forme d’un conflit intra groupe ou inter groupe. Le premier se caractérise par des désaccords qui surgissent par exemple en un lieu de travail où les méthodes sont variées, les cultures sont divergentes, les moyens sont limités; tandis que dans le second cas, il s’agit de deux groupes qui s’opposent pour des raisons idéologiques, racistes, ethniques, religieuses….

Décrit par Valéry comme «duels circonscrits», le conflit est un fait normal qui permet à une société de s’exprimer et de renforcer son identité, il s’agit du «conflit d’intégration». Pour sa part, Hugo exprime le conflit comme un «concile tumultueux de toutes les idées, de toutes les croyances, de toutes les erreurs…..» ; c’est le reflet de l’opposition entre forces intellectuelles, affectives, morales et sociales. Il part du domaine psychanalytique qui le considère comme un «violent dualisme intrapsychique, mettant en jeu les trois instances constitutives de la personnalité: le ça, le moi et le surmoi», se croise avec le droit, pour se qualifier opposition, contestation, différend, désaccord, lutte, avant de se fondre dans l’action de venir aux mains, c’est à dire le combat.

Vers le XIIème siècle, le conflit opposa les papes à des empereurs : «La querelle des investitures».(20) Déclenché pendant la période d’Henri IV avec Grégoire VII, il s’est poursuivi sous le règne d’Henri V pour prendre fin en 1122.

Karl Marx, Ralf Dahrendorf, Alain Touraine créditent le conflit comme étant le « résultat d’un manque ». Par les conflits affirment-ils, les changements sociaux ont intervenu au cours de l’histoire de l’humanité vers le XIXème siècle. Cette expression de sentiment a apporté un bouleversement dans l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et de l’ensemble de la population. Partant de ce fait, on peut dire que les conflits sociaux ont des enjeux politiques, économiques et sociaux. Sur le plan de travail, il a un caractère légal, c’est à dire le droit de manifester, la grève, qui peut se dérouler à l’intérieur de l’entreprise ou à l’extérieur, au sein de la collectivité pour avoir une réaction à la chaîne.

Cette dynamique finit par influer sur les acteurs de la société qui vont se concerter en vue de trouver une voie de sortie à la crise, donc de faire avancer la machine sociale. Cette caractéristique du conflit est abordée par Georg Simmel et Bernard Weber, qui le décrivent comme un caractère antagoniste, participant à la reconstruction de l’unité de la société par la transformation. Ce n’est pas une maladie de la société mais une action socialisante qui permet aux différentes structures de la société de rétablir l’unité, la cohésion sociale après le passage de l’orage de la haine, de la division et des désirs.

N’étant pas en marge de la question des conflits, les organismes humanitaires associent leur voix à cette étude étymologique pour donner une qualification aux conflits armés. C’est ainsi qu’en vertu du mandat que lui confèrent les Etats parties aux Conventions de Genève de 1949, le Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (CICR) distingue deux types de conflits : le conflit armé international (CAI) et le conflit armé non international(CANI).
Pour le CICR, un CAI oppose «un ou plusieurs Etats qui ont recours à la force armée contre un autre Etat, quelques soient les raisons sur l’intensité de cet affrontement…. »(21)

Cet affrontement qui se déroule au-delà des frontières prend en compte les combats que mènent les peuples qui se battent contre des dominations extérieures, l’occupation étrangère ou les régimes racistes, afin d’obtenir une autodétermination.

Un conflit est dit non international lorsqu’il «… ne présente pas un caractère international et surgissant sur le territoire de l’une des Hautes Parties contractantes….Les hostilités opposent les forces armées gouvernementales et des groupes armés non gouvernementaux, ou des groupes armés entre eux. ……..sous la conduite d’un commandement responsable, exerçant sur une partie de son territoire un contrôle tel qu’il leur permet de mener des opérations continues et concertées…. »(22)

Qu’il soit social ou armé, le conflit a toujours marqué la vie de l’humanité à en croire de nombreux ouvrages et livres saints qui en témoignent. Cependant, le CA est celui qui domine le plus, le quotidien de la société contemporaine ; il constitue une préoccupation pour les institutions et organismes qui ne cessent d’y porter une attention particulière.

18- Les différents niveaux des conflits, renforcer la paix dans nos communautés, ressources roots de Tearfund, 2003 – http://www. tearfund.org
19- Henri LABORIT, Eloge de la fuite, Gallimard, Paris, 1985, 186 p.
20- La Querelles des investitures, Ch.2….l’Eglise et l’Empire IXe – XIIe siècle, www.cliohist.net; – L’empire germanique et l’église. http://www.histoire-fr.com/germanie_et_eglise_querelle des investitures.htm
21- Protocole I du 08 juin 1977 aux Conventions de Genève du 08 août 1949, art.1er – Statut du Mouvement international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, art.5, par.2.g
22– Protocole Additionnel II du 08 juin 1977 aux Conventions de Genève de 1949, art. 1er par. 1.

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