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1. L’importance du territoire auvergnat

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Ce que nous entendons par territoire auvergnat et sa population désigne la région Auvergne telle qu’elle est dessinée administrativement, c’est-à-dire composée de quatre départements que sont le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Haute-Loire et l’Allier et dont la ville principale et capitale culturelle et historique est Clermont-Ferrand.

Cela ne désigne donc ni l’entité politique et administrative que constitue le Conseil Régional de l’Auvergne –aussi appelé « Région Auvergne »- ni l’entité uniquement culturelle, historique et traditionnelle correspondant à l’ancienne province de l’Auvergne. En effet, celles-ci différaient de l’actuelle région par le fait qu’une part importante de l’Allier n’en faisait pas partie (il s’agissait alors de la province du Bourbonnais) de même que le sud de la Haute-Loire (province du Velay), alors que le canton de Bort-les-Orgues dans l’actuel département de la Corrèze (région Limousin) y était autrefois intégré. Notre démarche consiste donc à prendre ce qui est aujourd’hui désigné comme « Auvergne » par les Auvergnats et plus généralement les Français, c’est-à-dire ce qui constitue la région administrative dénommée Auvergne.

L’Auvergne, joue un rôle-clé pour les deux protagonistes du sujet, Michelin et l’ASM. En 2004, l’AS Montferrandaise, devient l’ASM Clermont Auvergne : une manière d’ancrer le club dans une territorialité – presque un terroir, comme pour rappeler le mythe du « rugby village » – et d’acter définitivement le constat que le club de rugby est un des porte-étendards majeur de la région et de sa population.

Au-delà, l’engouement de la population auvergnate pour son équipe de rugby est indéniable, parfois même qualifié d’exceptionnel par les spécialistes. Une démonstration tangible de cet engouement se trouve par exemple dans le nombre de supporters qui a accompagné l’équipe lors de son déplacement le 9 avril 2010 à Dublin, en Irlande, pour disputer son quart-de-finale de Coupe d’Europe de rugby contre la province du Leinster : 3 000. C’est un record absolu pour une équipe française, y compris dans le football puisque le précédent record était détenu par les supporters de l’équipe de football de l’Olympique Lyonnais lors d’un déplacement à Barcelone (2 600 personnes). Un engouement qui lui confère un capital sympathie conséquent qui peut servir à ses sponsors comme à l’image de la ville et de la région. Ce capital sympathie est également procuré de manière plus intrinsèque par les valeurs classiques du rugby – plaisir, respect de l’autre, partage, solidarité, responsabilité, sécurité, camaraderie, convivialité et coopération(5)- et celles que le club plus particulièrement véhicule : rigueur, envie, fierté. De plus, l’histoire du club y est pour beaucoup puisque, longtemps qualifié d’« éternel Poulidor du rugby français » en raison de ses dix finales du championnat de France perdues, dont trois consécutivement en 2007, 2008 et 2009, les « Jaunes et Bleus » ont acquis au fil des années un capital sympathie hors du commun.

Mais cela n’a jamais été aussi important que depuis que l’ASM a enfin conquis le titre de Champion de France. Cela lui confère une image plus dynamique et conquérante, ce que souligne d’ailleurs Serge Godard, maire de Clermont-Ferrand dans des propos relayés par le site de la radio France Bleue Pays d’Auvergne : « On était considéré comme une ville qui ne bougeait pas. On vient de prouver que Clermont et sa région gagnent »(6). Logica, acteur majeur du conseil en management des systèmes d’information l’a par exemple très bien compris : lors de la signature de son partenariat avec le club, le Directeur Général de l’entreprise, Jean-Luc Mermoz, souligne : « l’équipe de Clermont Auvergne, au-delà de ses performances, bénéficie d’un capital sympathie hors du commun »(7).

Parallèlement, Michelin entretient une histoire particulière avec le territoire auvergnat et sa population. En 1889, deux frères, André et Edouard Michelin, créent Michelin et Cie sur la place des Carmes à Clermont-Ferrand. Depuis, Michelin est devenue une multinationale établie dans 19 pays à travers le monde mais son siège est toujours situé au même endroit. Les raisons de ce choix (rester dans la capitale auvergnate) fait de Michelin la seule entreprise cotée au CAC 40 dont le siège n’est pas en région parisienne, sont éminemment stratégiques et constituent pour l’entreprise comme pour la population un enjeu majeur. En effet, Michelin emploie près 13 000 personnes dans la région aujourd’hui (contre plus de 30 000 dans les années 1970), ce qui représente, comme le souligne Pierre-Antoine Donnet dans son ouvrage La Saga Michelin(8), « 20% de la population active de la région ». Mais la manufacture spécialisée dans les pneumatiques est à l’origine de plusieurs autres dizaines de milliers d’emplois dans la région si l’on prend en compte les nombreux prestataires et fournisseurs. Mais Michelin a toujours vécu comme un paradoxe le fait de résider à Clermont-Ferrand : d’un côté l’entreprise semble y puiser certaines valeurs fortes, d’un autre l’éloignement de Paris lui confère, de tout temps, des problématiques particulières. En particulier, à l’ère où communication de recrutement rime avec séduction, Michelin éprouverait le plus grand mal, nous l’avons déjà mentionné, à convaincre jeunes talents et cadres expérimentés de rejoindre la capitale auvergnate.

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