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1) Le cas de l’Allemagne

Non classé

En Allemagne le punk/hardcore est beaucoup plus populaire qu’en France. Il suffit pour s’en rendre
compte de regarder la liste impressionnante de festivals de ce style pendant tout l’été, outre-rhin,
avec des têtes d’affiches de grande renommée :

– « Force attack festival » à Rostock, trois jours, environ cinquante groupes, la majorité
allemands.
– « Punk & Disorderly » à Berlin, trois jours et une cinquantaine de groupes également.
– « Spirit from the street », Magdeburg, trois jours, trente groupes, la majorité allemands
– « With full force », près de Leipzig, trois jours, environ soixante groupes (dont beaucoup de
métal), majorité de groupes non allemands.

Sans compter certains festivals où le punk/hardcore est mélangé avec d’autres styles comme le ska
ou le psychobilly. En France, le seul festival digne de ce nom est le Hellfest mais c’est avant tout le
métal qui est à l’honneur là bas. En festivals punk à proprement parler, on peut citer « les 24 heures
du punk » dans le Sud Ouest (la location change d’une année sur l’autre) ou le « Kanivo Chaos » à
Montréal dans l’Yonne, mais ils sont beaucoup plus confidentiels : les festivals allemands attirent
chacun entre 7000 et 15000 spectateurs chaque année…

Maintenant, qu’en est-il de la langue utilisée par les formations ? Comme partout ailleurs, l’anglais
s’est imposé chez certains groupes parmi lesquels Mad Sin, Bonehouse, Stage Bottles ou Cut my
skin, mais il existe également un nombre important de groupes qui ont choisi l’allemand : Die Toten
Hosen, Dritte Wahl, Normahl, Die Schnitter…

La particularité du punk/hardcore en Allemagne réside surtout dans un phénomène que l’on ne
retrouve que très rarement ailleurs : un très grand nombre de formations qui chantent tantôt en
anglais, tantôt en allemand : Terrorgruppe, Slime, Eight Balls, Wizo, Commandantes (qui chante
aussi quelques morceaux en espagnol et en français). Nina Hagen, LA figure internationale du punk
allemand pour plusieurs raisons (notamment parce qu’elle est là depuis 1977 et originaire de Berlin-
Est), fait partie de cette catégorie.

Certains d’entre eux mélangent parfois les deux langues dans le même morceau, voire dans le même
vers comme Mad Minority ou Bubonix !

En voici d’ailleurs un exemple frappant, refrain du morceau « Irrational Autoscooter » de Mad
Minority :

« Kein Plan – feel my feelings! – weiss nur nicht wohin damit!
My hear is an emotional Achterbahn
Verhaltensweisen – irrational, aber doch konsequent!
My heart is an emotional Achterbahn. »
Le groupe Dritte Wahl, qui chante exclusivement en allemand, a entièrement réenregistré son album
« Auge um Auge » (« OEil pour oeil ») en anglais et l’a appelé «Tooth for tooth » (« Dent pour
dent »).

Ainsi, dans une approche « écologique » (cf Calvet) des langues, on a là un contact bénéfique de
deux langues pour la création artistique avec un plurilinguisme assumé, et duquel on s’amuse.

L’échange entre l’anglais et l’allemand, le mélange même qui en est fait par les groupes permet une
« mutualisation » des mots et donc du message, avec une portée plus grande en terme d’audience.

Phénomène particulièrement intéressant « sociolinguistiquement », car l’alternance de code
linguistique (ou « code switching ») effectué ici par les locuteurs n’est pas dû à un contact de
langues en présence dans la même aire géographique ou à une diglossie. L’allemand est la langue du
pays et l’anglais la langue du style musical, un code vient de la culture nationale et l’autre de la
culture musicale adoptée par les artistes (d’où l’idée du punk/hardcore comme « supraculture »).

Bien sûr, cette situation a lieu en Allemagne mais pas en Angleterre (où les groupes chantent
uniquement en anglais), mais aux Etats-Unis par exemple, l’espagnol fait de plus en plus son
apparition dans les paroles des formations américaines, de la même manière que l’anglais
« pénètre » l’allemand dans les compositions punk/hardcore. Le groupe The Casualties a eu la même
démarche que Dritte Wahl en réenregistrant son album « On the front line » en espagnol pour
donner « En la linea del frente ». Toujours le même but : rendre facilement accessible le message
au plus grand nombre.

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