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1- INTRODUCTION

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Un bassin versant (BV) de part ses caractéristiques est un espace géographique qui intéresse désormais toutes les populations qu’il s’agisse des pays développés ou ceux en voie de développement. Cet intérêt est légitime. Ce concept illustre remarquablement les relations d’interdépendance qui existent entre l’amont et l’aval. Comme unité universelle de l’étude pour la compréhension de la réponse hydrologique, cet espace géographique mérite une attention particulière (Musy et Higy, 2011). Il est un cadre qui permet de mieux supputer les actions de l’homme sur les ressources naturelles. Il va sans dire que la manifestation de ces actions varie en fonction du lieu et de l’époque. Les soucis environnementaux des pays industrialisés par rapport au bassin versant diffèrent largement de ceux des pays qui ne le sont pas.

Parmi ce dernier groupe de pays, Haïti est un exemple irréfutable de pays ayant connu et qui continue à connaitre une dégradation galopante de son environnement. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (2008) reconnait qu’à l’instar de nombreux pays en développement, Haiti est soumis à un ensemble de pressions anthropiques dont les plus importantes sont le déboisement des forêts naturelles, l’urbanisation incontrôlée sauvage et anarchique des zones écologiquement sensibles. Cette dégradation qui s’accélère avec l’augmentation de la population se complique avec la caractéristique orographique dominante de ce pays de la Caraïbes. En effet, c’est un pays tropical formé de montagnes couvrant les ¾ de son territoire. Le relief est très accidenté et plus de 50% du territoire abritent des mornes de pentes supérieures à 40 %. Les plaines et les plateaux avec des pentes de 0 à 10 % ne représentent que 29,5 % de la superficie totale du pays (Ministère de l’Environnement (MDE), 2003).

Le taux de croissance annuel de 2.3% de la population (Ministère de la Planification de la Coopération Externe (MPCE), 2004), la forte demande en énergie que cela induit, la pratique de cultures sarclées dans de fortes pentes, le peu d’alternative au charbon de bois conduisent à de fortes pressions sur les ressources naturelles en particulier sur le bois de feu. Quelques 72 % des besoins en énergie, d’Haïti sont satisfaits par des ressources ligneuses (MDE et al, 2003). Cette extraction non contrôlée fait qu’on assiste à une réduction considérable de la couverture végétale de la partie occidentale de l’ile qui est actuellement estimée à moins de 2 % de sa superficie (MDE et al, 2010).

Cette attitude irresponsable n’est pas sans conséquence sur les ressources naturelles du plus pauvre pays du continent américain. Les conséquences sont une récurrence plus marquée des crues éclair, des inondations plus fréquentes des plaines, l’érosion des berges qui provoque l’élargissement du lit des rivières et par ricochet une réduction substantielle de la surface cultivable déjà limitée. La perte annuelle en terre pour l’ensemble du pays est évaluée à environ 37 millions de tonnes métriques (TM). Ceci correspond à une perte moyenne avoisinant 15 TM/ha/an à l’échelle du pays (MDE,1998).

Cette situation de dégradation grandissante prédomine sur presque tous les BV du territoire haïtien. Le BV de la Grande Rivière du Nord n’échappe pas à cette règle. Les inondations enregistrées à chaque période cyclonique dans les zones proches de l’exutoire, la hauteur des sédiments au niveau du lit de la rivière principale, l’élargissement du lit en certains points du cours d’eau sont autant d’éléments qui témoignent de la progression de la dégradation en amont.

Cette situation, si elle perdure, va enfermer la population dans le cercle vicieux de la pauvreté, d’où la nécessité de mettre en place des plans d’aménagement des bassins versants susceptibles d’apporter une réponse à la dégradation de l’espace ou de conserver les ressources qui existent les tentatives d’exploitation abusive. En ce sens, le pays a connu deux logiques dans sa quête à l’aménagement des bassins versants (Ministère de l’Economie et de finances (MEF), 2006). La première a prévalu de 1940 à 1970 et était caractérisée par l’exclusion des paysans dans les choix des structures d’aménagement. Face à l’échec de cette approche, on a commencé à impliquer les paysans dans l’adoption des structures à implanter au niveau des parcelles.

Le territoire haïtien compte environ 30 bassins versants ou zones hydrographiques (Corps des Ingénieurs des Etats Unis, 1999). Le BV de la Grande Rivière du nord est un bassin relativement dégradé (Damais, 2007) et présente certaines caractéristiques qui peuvent contribuer, s’il est aménagé, au développement économique du nord du pays.

Des mesures claires pour l’aménagement de ce bassin sont une nécessité. Ce bassin versant inclut un des barrages hydro électriques du pays. Ce barrage alimente deux communes du département du Nord. Actuellement, certaines ressources en eau sont inexploitées. Le BV compte un seul barrage de dérivation qui assurait dans le temps l’irrigation de 2000 ha de plaine. Ce BV compris entre les parallèles 19o23 et 19o46 de latitude Nord et les méridiens 71o53 et 72o13 de longitude Ouest du méridien de Greenwich se trouve donc presque dans les limites de la frontière haïtiano-dominicaine, le développement des différentes filières de fruits et d’essences forestières produites peut contribuer à mettre à profit la potentialité commerciale inhérente à sa position géographique.

Les bassins versants du pays n’ont pas tous des plans d’aménagement. Le seul bassin versant qui a fait l’objet d’un plan d’aménagement officiel est le bassin versant de la Quinte dont la rivière avait causé deux grandes inondations en moins de cinq ans. Ce travail s’inscrit dans le cadre du Programme National de Gestion de Bassin Versant.

L’approche étant de réduire la superficie pour mieux évaluer l’impact des actions, dans la logique d’un bassin versant, l’unité d’intervention la mieux adaptée serait le sous bassin versant. Dans un premier temps, on procédera à la délimitation du BV en sous BV. On s’attardera par la suite sur les contraintes et atouts de chacun des sous bassins versants. On mettra en exergue la disponibilité des ressources hydriques et potentialités agricoles caractérisant chacun des sous BV. Les risques d’inondation, d’affouillement de berges et d’enravinement des sous BV seront également identifiés. Dans un troisième temps, sur la base des atouts et des différents risques potentiels présents sur le BV, on procédera au choix d’un sous BV. La priorisation d’un sous bassin est axée sur plusieurs critères. Une analyse multicritère composée des considérations techniques, économiques, physiques et environnementales peut permettre de faire une classification des sous BV par ordre de priorité pour les interventions futures à faire.

Le plan d’aménagement sera élaboré par sous bassin versant. La contribution de ce travail s’inscrit dans le cadre des travaux de diagnostic préalables à l’élaboration de plan d’aménagement d’un bassin versant. Ce travail présente notamment les caractéristiques globales du BV de la Grande Rivière du Nord (GRN) et certaines caractéristiques propres à certains sous BV. Ces derniers sont également présentés par ordre de priorité pour les interventions futures.

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