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1 ) Genèse du Festival

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Nous allons dans un premier temps présenter la genèse du Festival ainsi que son cheminement afin de voir en quoi sa vocation originelle et son identité territoriale représente des facteurs clés de succès et en font un Festival unique et détonnant.

Le festival des Vieilles Charrues (en breton : gouel an Erer Kozh), c’est 17 années de labeur qui permettent désormais à 230 000 spectateurs de vibrer chaque été au cœur de la Bretagne et au reste du monde de situer Carhaix et ses 8 000 habitants sur une carte de France. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce qui est aujourd’hui l’un des plus gros Festivals d’Europe, n’avait à sa naissance, pas la moindre vocation musicale. L’histoire des Vieilles Charrues peut être décomposé en étapes significatives : les premiers pas (1992-1994), la délocalisation à Carhaix (1995-1997), la montée vers le statut de plus grand festival de France (1998-2000), la vitesse de croisière d’un géant (2001-2005) et enfin l’appartenance à la petite et – très – fermée famille des plus grands festivals d’Europe (2006-2009).

Tout a commencé par une kermesse au bord de l’eau, avec très peu de musique et beaucoup de bonne franquette, des grillades et des jeux incroyables, tels le lancer de botte ou l’inévitable tirer de charrues. À l’origine de l’événement, on trouve une bande de copains aux motivations purement potaches, fidèles organisateurs d’une fête de fin d’année en l’honneur des surveillants et des étudiants centre bretons. Partis étudier à Brest, et baignés cette année-là dans les préparatifs du grand rassemblement des vieux gréements (« Brest 92 »), ils conçoivent l’idée saugrenue de rivaliser d’imagination. Leur rassemblement à eux sera celui des « Vieilles Charrues ». Organisée à Landeleau, près de Carhaix, la première version réunit quelques 500 convives, des amis d’amis, une fête privée qui fait rêver. L’année d’après il est donc décidé d’ouvrir au public, d’inviter des fanfares et d’enfoncer le clou côté parallèle brestois : un port est reconstitué en eau douce, avec son phare et son café : 2000 personnes y accosteront. Le premier pari est gagné haut la main, l’engrenage est lancé et on continue avec l’aide des copains et des mamans pour la logistique. En 1994, le thème choisi, en clin d’œil à la situation économique préoccupante du Centre Bretagne, est le « désert ». En plus des animations, pour la première fois, un concert « digne de ce nom » (avec une scène et une sonorisation) est organisé : 5000 personnes se pressent dans l’oasis pour profiter d’une journée dépaysante (avec entre autres des courses de chameaux) et pour applaudir, entre autres, Dolly & Co ou les Satellites. Le succès est énorme et l’association, un peu dépassée par les événements, songe qu’il faudrait peut-être, pour l’année suivante, penser à prendre une équipe de sécurité car pour anecdote, faute d’avoir eu l’idée plus tôt, le programmateur était obligé de dormir toute la nuit sur la scène pour surveiller le matériel.

Néanmoins, il devient risqué d’avoir autant de monde au bord de l’eau, le site semble soudain exigu donc il faut déménager et la municipalité de Carhaix, toute proche, propose alors son champ de foire en plein centre-ville. Force est de proposer de nouvelles attractions, la musique, jusque-là simple ingrédient de la fête, débarque en force : 3 jours de concerts sont programmés et pas des moindres. D’ores et déjà l’éclectisme prévaut car, fidèle à ses valeurs originelles, le Festival programme pour tous les goûts, toutes les générations et toutes les bourses : en 1995, pour 30 francs la soirée (5 euros) les Blues Brothers, les Silencers, Ar Re Yaouank et une douzaine d’artistes font leur show pour la première édition urbaine devant 10 000 spectateurs enflammés. Le succès est de nouveau au rendez-vous et l’affiche grossit encore l’année suivante avec Lavilliers, Le Forestier, Franck Black, Zebda ou encore Miossec. En 1997 avec 11 groupes ou chanteurs annoncés tels que Nougaro, Birkin, LKJ, Simple Minds et James Brown en tête d’affiche, cette programmation annoncée en laisse plus d’un incrédule. Et pourtant si, il viendra. Cette édition explosive aura un tel retentissement que le festival devra de nouveau déménager pour investir le site de Kerampuilh, devenu depuis le décor officiel de l’évènement : un amphithéâtre naturel en périphérie de Carhaix, plusieurs hectares de champs dans lesquels passent des kilomètres de câbles et de tuyaux, pour la bière notamment (un étonnant système de pipe-line qui permet de ravitailler les différents bars répartis sur le site).

En un mois c’est une véritable ville qui voit le jour, avec ses quartiers et ses règles de vie. De 1998 à aujourd’hui, d’édition en édition, plusieurs formules seront testées jusqu’à trouver l’équilibre actuel. Le bouche-à-oreille fera rapidement de la capitale du « no man’s land breton » l’un des plus imposants lieux de rendez-vous des musiques populaires : 3 000 festivaliers en 1994, 20 000 en 1996, 100 000 en 1998, plus de 150 000 à partir des années 2000, 230 000 en 2009… qui en fait l’un des plus grands Festivals d’Europe.

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