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SECTION 2 : Caractéristiques socio-économiques,démographiques et systèmes de production et de commercialisation

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Cette section est consacrée à la vie socio-économique et démographique des enquêtés. Elle aborde également les caractéristiques des systèmes de production et de commercialisation.

Paragraphe1 : Caractéristiques socio-économiques, démographiques

Pour cette étude, il est important de connaître l’environnement de vie des enquêtés. A cet, ce paragraphe est destiné aux caractéristiques socio-économiques et démographiques des enquêtés.

A. Caractéristiques socio-économiques :

L’une des questions posées lors de cette enquête permet d’identifier l’activité principale de l’enquêté (activité à laquelle est affectée plus de temps et générant plus de revenu) et une autre question est posée sur les activités secondaires du chef de ménage. Dans l’interprétation de ces résultats, il doit être gardé à l’esprit que le revenu des ménages est principalement généré par le chef de ménage (père ou mère) qui supporte généralement les autres membres du ménage (élèves, apprentis, etc.) qui à leur tour aident à la constitution du revenu à travers la main d’œuvre familiale.

Ainsi donc, les ménages enquêtés ont pour activités principales l’agriculture, le commerce, l’artisanat. En effet, parmi les acteurs de la filière anacarde enquêtés dans la commune de Savalou, 88,12% d’enquêtés dont 92,22% d’hommes et 54,55% de femmes ont pour activité principale génératrice de revenu l’Agriculture. Ce résultat est supérieur à 70,35% : proportion de la population vivant grâce aux revenus issus de l’agriculture dans la commune de Savalou (INSAE, 2004). En ce qui concerne le commerce, il est la principale source de revenu de 4,95% des enquêtés dont 2,22% d’hommes et 27,27% de femmes. A ce niveau, il s’agit essentiellement de la commercialisation des noix d’anacarde et de produits vivriers. L’artisanat quant à lui, occupe 2,97% des ménages avec 2,22% de ménages ayant à leur tête des hommes et 9,09% de ménages chez les femmes. Aussi, 3,96% des enquêtés dont 3,34% chez les hommes et 9,09% d’enquêtés chez les femmes sont fonctionnaires, élèves, etc.

Notons que ces derniers sont aussi des acteurs de la commercialisation des noix d’anacarde. En outre, certains enquêtés notamment parmi les producteurs d’anacarde ont des activités secondaires qui leur procurent des ressources financières complémentaires à l’exception de 85,15% des chefs de ménage dont 87,78% chez les hommes et 54,55% chez les femmes qui tirent leur revenu exclusivement de la seule activité principale qu’ils pratiquent.

Ainsi, 5,94% des ménages enquêtés, en plus de leurs activités principales, sont des commerçants. Parmi ceux- ci 4,44% sont des ménages tenus par des hommes et 27,27% par des femmes. L’artisanat est la seconde activité de 6,93% des chefs de ménages avec 5,56% chez les hommes et 18,18% chez les femmes 1,98% d’entre eux sont aussi des chanteurs traditionnels, des secouristes etc.

Enfin, tous les chefs de ménages particulièrement ceux qui ont pour activités principales : l’agriculture et l’artisanat possèdent des plantations d’anacardiers qu’ils considèrent d’ailleurs comme “un grand bonus salvateur” sur leurs revenus dans la mesure où elles nécessitent peu de temps et de capitaux tout en permettant de résoudre les besoins urgents qui surviennent avant la vente des récoltes des cultures vivrières et du coton.

Tableau No6 : Répartition des enquêtés selon leur sexe et leurs activités économiques.

Répartition des enquêtés selon leur sexe et leurs activités économiques

Source : Enquête de terrain, Avril 2012

B. Caractéristiques démographiques :

Cette partie est destinée à la présentation de quelques caractéristiques démographiques des responsables de plantations d’anacardiers.

1. Taille du ménage et statut matrimonial :

La caractéristique la plus remarquable des exploitations agricoles et notamment d’anacardiers au Bénin est la taille des ménages qui s’y consacrent.

En effet, la taille moyenne des ménages des exploitations d’anacardiers est de 12,5 (+/- 11,07) membres et de 8 membres pour la plus grande partie des ménages. Les ménages gardés par des femmes ont moins de membres avec 10,2 (+/- 2,40) membres et un maximum de 13 membres que ceux tenus par des hommes avec 12,67 (+/- 11,338) membres et un maximum de 70 membres. Ce résultat est largement supérieur à la taille moyenne des ménages ruraux estimée par l’enquête sur les conditions de vie des ménages de 1994-1995 (7 membres), de même qu’aux moyennes de la commune de Savalou et du département des collines qui sont respectivement de 4,9 membres et de 5,7 membres (INSAE,2004). Cet écart s’explique par deux raisons.

La première raison est que les moyennes communales et départementales prennent en compte les ménages urbains. Ces derniers utilisent plus de techniques contraceptives pour la limitation des naissances et leurs membres sont constitués généralement du père, de la mère et des enfants contrairement aux ménages ruraux, constitués des membres de la famille au sens large et traditionnel du thème. Il se justifie aussi par le fait que les ménages enquêtés sont des ménages agricoles. Ceux-ci, à l’image de tous les ménages agricoles du Bénin, utilisent majoritairement la main d’œuvre familiale d’où la nécessité et la fierté pour les chefs de ménages d’avoir beaucoup de membres dans leur ménage.

Par ailleurs, les plantations d’anacardiers de la zone étudiée sont généralement dirigées par les hommes. A cet effet, 94,05% d’hommes gèrent ces plantations contre 5,95% de femmes. Ce résultat est sensiblement semblable à la répartition nationale des exploitants selon leur sexe. Cette répartition est de 95% d’hommes et 5% de femmes (MAEP, 2008 ; Tandjiekpon et al, 2008). Les exploitations d’anacardiers étant pour la majorité, des héritages alors cette disparité entre les sexes est due au fait que dans les milieux ruraux béninois, l’homme est prédestiné à hériter des terres et des cultures pérennes de ses parents contrairement à la femme qui ne peut hériter souvent que de son mari défunt.

L’analyse du tableau n°7 montre que l’âge moyen des chefs de ménages enquêtés est estimé à 43,40(+/- 11,79) ans. Cette moyenne voile de grandes disparités d’âge entre les enquêtés. En effet, le plus jeune des enquêtés n’a que 28 ans tandis que le plus âgé a 95 ans avec un grand nombre d’enquêtés ayant 35 ans. L’âge des autres enquêtés occupe une situation intermédiaire. Toutefois, il faut noter que l’âge moyen des femmes (50,60+/-11,02ans) est supérieur à celui des hommes (42,95+/-11,69 ans).

Tableau n°7 : Répartition des chefs de ménages selon le sexe, l’âge et la taille du ménage.

Répartition des chefs de ménages selon le sexe, l’âge et la taille du ménage

Source : enquête de terrain, Avril 2012

Parmi les chefs de ménages de la zone d’étude, chez les hommes 100% sont mariés tandis que chez les femmes 60% sont mariées et 40% sont veuves comme l’indique la figure n°2.

2. Niveau d’instruction et statut matrimonial :

Le niveau d’instruction est un facteur affectant l’adoption et l’application des innovations technologiques en milieu rural (Azontondé, 2004). Il est aussi un facteur déterminant dans la commercialisation du surplus de la production (IFPRI/LARES, 2011).

A cet effet, le tableau n°8 décrit la répartition des exploitants de plantations d’anacardiers de l’échantillon étudié selon leur niveau d’instruction. Après analyse de ce tableau, 41,67% des enquêtés n’ont jamais mis pieds à l’école donc ne savent ni lire, ni écrire. Ce taux est plus élevé chez les femmes enquêtées (80%) que chez les hommes (39,24%). Aussi, 2,38% des chefs de plantations d’anacardiers ont suivi des cours d’alphabétisation en langues nationales et ont eu leur diplôme d’alphabétisation.

Parmi les chefs d’exploitants, (39,28%) ont un niveau du cours primaire. De cet effectif, (13,10%) se sont arrêtés au 1er cycle du collège contre (3,57%) qui ont fait le 2nd cycle du collège. A ce niveau, le pourcentage de femmes exploitantes ayant fait le 1er cycle du collège (20%) est largement supérieur à celui des hommes (12,66%) quand bien même aucune femme n’a dépassé le 1er cycle contre 3,80% d’hommes ayant fait le 2nd cycle. Seulement (19,05% et 3,57%) des chefs exploitants de plantations d’anacardiers ont respectivement leur diplôme de fin d’étude primaire (CEFEB ou CEP) et leur diplôme d’étude du 1er cycle de l’enseignement secondaire (BEPC). Même si 20% des femmes ont leur CEP contre 16,46% chez les hommes, aucune femme n’a obtenu le BEPC contrairement aux hommes (3,80% ont leur BEPC).

Au total, le taux d’instruction dans la zone d’étude est fort (58,33%) mais reste décroissant chez les hommes du cours primaire au 2nd cycle du cours secondaire et chez les femmes, continu du cours primaire au 1er cycle du cours secondaire. De plus chez les hommes enquêtés, personne n’a le BAC et chez les femmes personne n’a le BEPC.

Par ailleurs, (97,62%) des chefs exploitants d’anacardiers étudiés sont mariés tandis que (2,38%) sont des veufs.

Tableau n°8 : Répartition des enquêtés selon leur niveau d’instruction et leur sexe

Répartition des enquêtés selon leur niveau d’instruction et leur sexe

Source : Enquête de terrain, Avril 2012

Paragraphe 2 : systèmes de production et de commercialisation

Ce paragraphe informe sur les caractéristiques du système de production et celui de la commercialisation de l’anacarde.

1. Système de production :

Cette partie présente les opérations et le calendrier de la production, les caractéristiques des exploitations d’anacardiers, les aspects écologiques et genres de la production de même que l’organisation des producteurs d’anacarde.

1. Opérations de production et calendrier de production

Au Bénin et particulièrement dans la zone d’étude, aucun itinéraire agronomique de production n’est recommandé aux producteurs d’anacarde, ni vulgarisé par les agents des centres communales de promotion agricole (CeCPA). Ainsi, les semences utilisées pour la plantation d’anacardier proviennent des anciennes plantations. Selon le projet STDF 48 (2011), 95% des paysans utilisent des semences « locales » provenant de leur champ ou de celui des voisins. Le choix des semences se fait à partir des critères comme : la grosseur des noix, des noix ne flottant pas sur l’eau, des noix provenant des arbres à forte productivité etc.

Le semi direct est la méthode culturale dominante pour l’installation des plantations. Les opérations d’installation qui se déroulent de Juin à Août comprennent le défrichement, le semi direct des noix d’anacarde, le piquetage pour l’anacarde. Dans les premières années des plantations, les exploitants y associent des cultures vivrières telles que le Niébé, le Soja, le Piment, etc. Aussi, les autres opérations de productions après l’installation des plantations sont : l’entretien ou/ et alternativement le labour (pour une minorité d’exploitants) et la récolte qui intervient 2 à 3ans plus tard.

En effet, les opérations d’entretien qui se déroulent de septembre à Décembre, sont : le fauchage, le sarclage, le regarnissage, l’élagage, la coupe d’éclaircie, le nettoyage, la fumure et le traitement phytosanitaire. Quant à la récolte, elle se déroule de janvier à Mai en même temps que la campagne de commercialisation qui se passe de Mars à Juin.

Tableau n°9 : Calendrier de l’organisation des activités pour la production d’anacarde.

Calendrier de l’organisation des activités pour la production d’anacarde

Source : Adapté de JITAP (2003)

2. Caractéristiques des exploitations d’anacardiers

La commune de Savalou se situe dans la zone favorable à la production des noix de cajou avec une pluviométrie variant suivant les années entre 864 et 1637,3 mm (ASSOGBA, 2011).

A cet effet, la superficie couverte par les plantations d’anacardiers est estimée à 25.000 hectares (UCPA, 2011) soit 16,56% de la superficie cultivable de la commune : qui est de 151.00ha (PDC, 2005). Si 60% des anacardiers possèdent entre 5ans et 20ans, il n’en demeure pas moins que 40% des plantations ont atteint 30 ans et sont donc moins productives car la durée moyenne du cycle végétal de l’anacardier est de 30 ans. La taille moyenne des exploitations est de 5,23 (+/-4,95) ha avec des exploitations dont les tailles varient de 1 ha à 40 ha.

Par ailleurs, les densités des plantations tendent vers 400 plants /ha au lieu de 100 plants/ ha recommandée. De même, seuls 80,95% des producteurs entretiennent leurs plantations avec seulement le fauchage et rarement l’élagage comme opérations d’entretien.

Aussi, les producteurs enquêtés n’utilisent ni intrants agricoles, ni produits phytosanitaires contre les maladies des plantes, les fourmis rouges et les coléoptères foreurs de tiges (Mécocorynus Loripes), qu’ils reconnaissent comme des menaces.

Ils ne disposent non plus de crédits agricoles formels. Tous ces facteurs justifient la faible productivité des plantations d’anacardiers dans la commune de Savalou, dont le rendement moyen est 357,43kg/ha. Ce rendement est compris entre 300 et 500kg/ha, intervalle des rendements constatés au Bénin (ACI Bénin, 2010) quand bien même, qu’il soit nettement inférieur au rendement de la Côte d’Ivoire (1.000kg/ha) ou des pays asiatiques qui est de 1.500kg/ha.

Dans la zone d’étude, les outils utilisés pour la production de l’anacarde sont : la houe, le coupe-coupe, les bassines et des sacs. Les types de mains d’œuvre sont : la main d’œuvre familiale (19,05% pour l’entretien et 60,71% pour la récolte), la main d’œuvre occasionnelle (78,57% pour l’entretien et 39,29% pour la récolte) et la main d’œuvre d’entraide (2,38%pour l’entretien et 0% pour la récolte).

3. Aspects écologiques et genres de la production

Au Benin, la culture de l’anacarde se fait en grande partie dans les zones agro-écologiques favorables à la culture du coton et de l’igname .Ces dernières sont les deux principales spéculations agricoles dévastatrices des sols du fait des défrichements forestiers qu’elles nécessitent et de l’utilisation massive de pesticides pour le cas de la culture du coton. L’anacardier reste une plante idéale pour la reconstruction des terres dégradées et pour la séquestration du carbone. En outre, il existe un engagement très poussé des femmes pour certaines opérations de la filière anacarde telles que: la récolte, le transport, les activités post-récolte, la collecte primaire et la transformation des noix en amandes contrairement aux hommes dont les activités de prédilection sont l’installation des plantations d’anacardiers, la gestion de l’entretien et de la commercialisation en gros des noix brutes.

Tableau n°10 : Degré d’engagement aux activités de la filière anacarde et genre.

Degré d’engagement aux activités de la filière anacarde et genre

Source : Enquête de terrain, Avril 2012

4. Organisation des producteurs

Dans les années 2000, les CARDER (actuels Centres Régionaux de la Promotion Agricole) avec l’appui de l’ONS avaient commencé par mettre en place des organisations de producteurs au niveau des villages (CVPA) et des communes (UCPA). En 2009, 695 Comités Villageois des Producteurs d’Anacarde(CVPA) et 39 Unions Communales des Producteurs d’Anacarde (UCPA) sont crées. Mais en 2001 déjà, avec l’appui du PADFA, l’organisation pyramidale a été complétée par le regroupement des UCPA, avec la création de trois Unions Régionales couvrant les trois (3) principales régions de production de l’anacarde à savoir : URPA-Zou/Collines, URPA-Borgou/Alibori et l’URPA-Atacora/Donga. Il faudra attendre janvier 2006 pour la création de la faitière nationale des URPA: la Fédération Nationale des Producteurs d’Anacarde du Bénin (FeNaPAB) dotée d’un bureau de 13 membres.

Cependant, dans la commune, seulement 24,10% des enquêtés appartiennent à l’UCPA ou à un CVPA. Les producteurs justifient cette non appartenance massive à un CVPA par le manque de confiance, le manque de crédibilité, le manque d’informations concernant les CVPA et l’UCPA, la non représentativité de l’UCPA, la gestion en vase clos de l’UCPA et des CVPA surtout, par une minorité privilégiant leur propre intérêt.

B- Système de commercialisation

La commercialisation étant un ensemble d’activités qui permettent à un produit de passer du stade de la production à celui de la consommation, elle fait alors appelle à une chaîne d’acheminement. Ainsi, dans cette partie, nous mettrons l’accent sur les circuits de commercialisation, et l’organisation de la commercialisation de l’anacarde dans la commune de Savalou.

1- Circuits de commercialisation :

Circuit

Source : Enquête de terrain, Avril 2012.

Figure n°3 : Circuits de commercialisation des noix de cajou à Savalou

De l’analyse de la figure n°3, il ressort que la commercialisation des noix d’anacarde se fait à travers trois (3) circuits à savoir :

1. Un circuit de vente court où les producteurs vendent leur production aux groupements de producteurs (UCPA et URPA) qui le revendent aux exportateurs.

2. Un circuit moyen dans lequel la vente est fait successivement aux courtiers et aux grossistes. Les grossistes à leur tour revendent la production aux exportateurs.

3. Un circuit long qui relie tous les acteurs de la commercialisation. Dans ce circuit, les producteurs vendent leur production aux collecteurs qui la revendent aux courtiers employés par les grossistes. Les grossistes la revendent ou font le point des achats (selon que le mode de financement soit sur fonds propres du grossiste ou sur préfinancement de l’exportateur) aux exportateurs qui en générale sont des étrangers pour l’exportation.
Par ailleurs, depuis la rénovation des deux (2) anciennes unités de transformations de la commune en usines de transformation d’envergure, deux nouveaux circuits ont vu le jour à savoir :

4. Un 1er circuit où les noix brutes passent des producteurs aux usines de transformation par le biais du groupement des producteurs (UCPA) sur la base d’un contrat préétabli. Après la transformation des noix brutes en amandes, les usines commercialisent les amandes sur le marché international, une petite proportion sera néanmoins vendue sur le marché local.

5. Un second circuit dans lequel les intermédiaires entre les producteurs et les usines de transformation sont les coutiers qui généralement travaillent pour les usines comme agents d’approvisionnement. Les amandes suivent le même chemin qu’au niveau du premier circuit.

2- Acteurs de la commercialisation :

Dans la commune de Savalou, le commerce des noix de cajou est largement dominé par les hommes. En effet, 66,67% des enquêtés sont des hommes contre 33,33% de femmes. De même, d’après le Tableau n°11 portant sur la répartition des enquêtés selon la catégorie (voir annexe 5), les hommes s’engagent plus comme courtiers (27,78%) que les femmes avec 11,11% de courtières. Ce pendant, les femmes s’adonnent plus à la collecte primaire avec 22,22% de collectrices contre 16,67% de collecteurs. Mais elles sont absentes de la vente en gros aux exportateurs. Selon elles, les grossistes prennent plus de risques lors de la constitution du stock, du transport vers le port de Cotonou. Aussi, elles trouvent difficiles : la recherche de contrats auprès des exportateurs, la recherche et la gestion des fonds de préfinancement confiés aux grossistes par les exportateurs.

Après analyse du tableau n°12, il ressort que les acteurs de la commercialisation sont plus instruits que ceux de la production.

En effet, seulement 11,11% des acteurs de la fonction de commercialisation de la filière anacarde sont analphabètes contre 41,67% chez les producteurs. Aussi, 22,22% des commerçants n’ont jamais dépassés l’école primaire et plus de la moitié d’entre eux ont le niveau de l’enseignement secondaire. Ce pendant, parmi ces acteurs, il y a plus de femmes analphabètes (16,67%) ou ayant le niveau de l’enseignement primaire (33,33%) que d’hommes analphabètes (8,33%) ou ayant un niveau primaire (16,67%). Par ailleurs, seuls 11,11% d’entre eux, uniquement des hommes ont un niveau universitaire.

Au total, les acteurs de la commercialisation ont un niveau d’instruction très relevé dans l’ensemble malgré la divergence de niveau entre les femmes et les hommes. Les résultats, selon les différentes catégories de commerçants doivent être nuancés. Ainsi, les grossistes ont un niveau de formation académique plus élevé que les collecteurs et les courtiers ce qui est normal au vu de leur niveau d’engagement en amont de la filière anacarde.

Tableau n°12 : Répartition des commerçants de noix de cajou selon leur niveau d’instruction

Répartition des commerçants de noix de cajou selon leur niveau

Source : Enquête de terrain, Avril 2012

3- Savoir faire des commerçants

S’il est vrai que le savoir faire des acteurs de la commercialisation soit lié à leur expérience, il n’en demeure pas moins que la maturité de ceux-ci soit un facteur important dans leur responsabilisation et dans la confiance mutuelle entre acteurs d’une part et entre acteurs et exportateurs d’autre part.

A cet effet, la moyenne d’âge des commerçants enquêtés est de 42,33(+/-6,60) ans, compris entre 31 et 53 ans chez les hommes contre 35(+/-8,87) ans, compris entre 20 et 45 ans chez les femmes. L’âge des acteurs influence leur catégorie. Ainsi, les grossistes sont plus âgés que les collecteurs et les courtiers.

Tableau n°13 : Classification des commerçants enquêtés par âge, et par année d’expérience selon le sexe

Classification des commerçants enquêtés par âge, et par année d’expérience selon le sexe

Source : Enquête de terrain, Avril 2012

L’expérience est fondamentale dans la pérennité des activités de commercialisation. La plus expérimentée des commerçantes à 26 ans d’expérience et le plus expérimenté chez les hommes en a 25ans. La moyenne d’années d’expérience est de 8,17 ans chez les hommes et de 11ans chez les femmes. Les collecteurs et les courtiers sont les moins expérimentés contrairement aux grossistes.

4- Organisation de la commercialisation :

Au Bénin, la campagne de commercialisation de l’anacarde s’ouvre officiellement au cours du mois de mars et la période officielle de l’exportation est fixée chaque année par le gouvernement et généralement comprise entre le 15 mars et le 15 Octobre (JITAP, 2003).

Pour ce fait, la Direction Générale du Commerce Intérieur (DGCI) du Ministère en charge du Commerce préside une commission secteur public et secteur privé de fixation du prix plancher de l’achat des noix aux producteurs au début de chaque campagne. Depuis quelques années, ce prix plancher est fixé à 200FCFA/kg de noix de cajou chaque année. La DGCI règlemente également l’intervention des acteurs privés (exportateurs) dans la commercialisation primaire des noix de cajou. Ainsi, elle accorde les agréments aux grossistes pour commercer auprès des producteurs. Le Bénin semble être le seul pays Ouest-africain à pratiquer encore le système de prix plancher administré (ASSOGBA et SOGLO, 2009).

Cependant, dans la commune de Savalou, la commercialisation des noix de cajou débute dans le mois de Janvier qui coïncide avec le début de la récolte. Le prix à cette date, dépend de la capacité financière lors des activités d’entretien et des besoins urgents des producteurs avant et pendant la période de commercialisation. Les producteurs pour le remboursement des avances sur achat prises lors de l’entretien ou pour régler leurs besoins urgents vendent leur production à des prix allant de 100F à 150F le kilogramme en début de campagne.

Par ailleurs, l’accès à l’information sur les prix reste difficile aux producteurs ce qui permet aux grossistes de manipuler les prix de vente bord champs pendant la campagne de commercialisation à travers une concurrence déloyale entre acheteurs ou une manipulation de l’information sur les prix de vente selon leur intérêt et créant des distorsions sur les prix de vente bord champs. Face à la concurrence déloyale entre acheteurs, à la mauvaise organisation de la commercialisation, à l’entrée d’individus sans agrément dans le secteur, etc, certains acheteurs ont décidé de faire confiance à l’Association Nationale des Acheteurs de Produits Agricoles Tropicaux (ANAPAT) en y intégrant.

En outre, depuis quelques années, l’URPA-Z/C de même que l’UCPA forte de la confiance que leur accordent 24,10% des producteurs en acceptant la vente groupée des noix de cajou se sont lancés dans la commercialisation des noix d’anacarde. Cette commercialisation se fait à travers des contrats avec les usines de transformation et les exportateurs.

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