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SECTION 1 : Contexte de la production de l’anacarde.

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Ici, il sera question d’expliciter la situation mondiale et nationale de la production.

Paragraphe 1 : Situation mondiale de la production

Découvert par les colons portugais dans la région de Ceara au Nord-est du Brésil, où il est présent en vaste peuplements naturels, l’anacardier de son nom scientifique anacardium occidentale L a été introduit en 1578 par les colons portugais au Mozambique puis dans le Kerala en Inde. De cette époque jusqu’à ce jour la valeur de l’anacarde et sa production n’ont cessé de croître au fur et à mesure que des usages variés sont découverts pour son fruit: la noix de cajou et son faux fruit la pomme de cajou.

anacarde

Cliché : ZINMONSE R., avril 2012.

En effet, la noix de cajou est un fruit akène (fruit sec au péricarpe non soudé à la graine) qui contient un liquide visqueux brun foncé, toxique et hautement caustique. Ce liquide visqueux est utilisé dans l’industrie pour la fabrication d’éléments de friction de freins, d’embrayages, comme matériau isolant et imperméable dans l’aviation ou comme input dans des peintures, des vernis et même dans l’industrie plastique. En Asie, il est utilisé pour la fabrication d’encre indélébile. La noix de cajou renferme environ 47% d’huile qui après traitement est utilisée dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques. Quant à l’amande de la noix de cajou de couleur blanche, elle est utilisée, grillée et salée, en cuisine ou en confiserie dans l’industrie chocolatière.

En ce qui concerne la pomme de cajou (faux fruit de l’anacardier), « ce fruit est également comestible, sa chair est acidulée et sa saveur aigre-douce. Il possède de grandes qualités antiscorbutiques en raison de sa teneur en vitamine C qui est environ cinq fois plus élevée que celle d’une orange. On peut aussi le transformer pour obtenir des confitures, des gelées ou des compotes, le presser pour donner un jus sucré, parfumé dont la macération ou la distillation permettra de tirer du vinaigre, du vin ou de l’alcool alimentaire » (Davis, 1999 cité par Tuo, 2007) (voir annexe 3 pour d’autres usages de l’anacardier).

Les différents usages qui sont faits de l’anacardier et surtout des noix d’anacarde ont stimulé l’offre et la demande mondiales de noix d’anacarde durant ces deux dernières décennies. Ainsi, selon JITAP (2003) la demande internationale de noix d’anacarde a connu une croissance annuelle de 5% en valeur et 8% en volume entre 1997 et 2001. En tête des pays importateurs se retrouvaient en 2001, les Etats-Unis d’Amérique avec 47% des importations mondiales suivis par les Pays-Bas 9%, le Royaume-Uni et l’Allemagne 5%.

Pendant cette même période, certains pays ont connu une forte croissance en valeur de leur demande nationale de noix de cajou. Ainsi, à titre d’exemple, l’augmentation en valeur de la demande de noix de cajou est de 69% par an pour le Viêtnam, 62% pour la Belgique, 25% pour la Norvège (JITAP, 2003). Malgré l’augmentation sans cesse croissante de la demande internationale de la noix d’anacarde, l’offre sur le plan mondial reste assez restreinte. En effet, l’offre mondiale d’anacarde est assurée par cinq pays principaux (Inde, Mozambique, Tanzanie, Vietnam, Nigéria) qui fournissent à eux seuls environ 70% de la production mondiale jusqu’en 1999. De 1995 à 1999, la production de l’Afrique subsaharienne est passée de 291.880.000 tonnes à 531.731.000 tonnes (FAO, 2003). Mais depuis 2001, les tendances ont changé au niveau des pays producteurs. A cet effet, le Bénin est devenu le sixième (6ème) producteur sur le plan mondial en matière de volume de noix exporté et le deuxième (2ème) en Afrique de l’Ouest (après la Guinée Bissau) en matière de qualité de la production (MAEP, 2003 et LARES, 2004).En 2007, la production de noix brutes en Afrique de l’Ouest résultait des quatre (4) principaux producteurs que sont : la Côte d’Ivoire avec 200.000 tonnes, la Guinée Bissau 100.000 tonnes, le Nigéria avec 70.000 tonnes et le Bénin 45.000 tonnes.

Par ailleurs, s’il est vrai que la demande mondiale en noix brutes et surtout d’amandes de cajou n’a cessé de croître, il n’en demeure pas moins que les principaux producteurs accroissent aussi leur production quand bien même, certains pays ont cédé leur place. Ainsi, en 2011, l’Inde est resté premier producteur mondial d’anacarde avec une production supérieure à 600.000 tonnes de noix de cajou brutes. Elle est suivie par la Côte d’Ivoire et le Viêtnam dont les productions dépassent les 350.000 tonnes. Le Brésil, l’Indonésie, la Tanzanie, le Mozambique, la Guinée Bissau et le Bénin sont les autres principaux pays producteurs. Et c’est au vu de l’envergure que prend la filière anacarde sur le plan mondial que l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) dans sa politique agricole, a identifié celle-ci parmi les dix sept (17) filières agroindustrielles prioritaires de l’espace UEMOA (PRMN, 2008). Aussi, les différentes crises de la filière coton sur le marché international font de la production de l’anacarde l’autre alternative des économies africaines et particulièrement celle béninoise.

Paragraphe 2 : Situation de la filière anacarde au Bénin de 1960 à 2011

Au Bénin, l’anacardier s’est retrouvé à l’état spontané dans la région soudanienne du Littoral. Son extension au Centre et au Nord du pays a véritablement débuté dans les années 1960 sous forme de champs collectifs grâce au concours du budget national appuyé dans son action par l’aide Américaine (Aïna, 1996). Selon Gagnon (1998) cité par Singbo et al (2003), les premières plantations d’anacardiers à grande échelle ont été réalisées entre 1962 et 1965.
La Commission des Communautés Européennes a aussi appuyé un vaste programme de développement de l’anacardier. Ce programme, réalisé en deux phases, a permis l’installation de 5322,95 ha de plantations domaniales et 4503 ha de plantations privées (Gagnon, 1998).Il a également favorisé l’implantation de l’usine de traitement de la noix d’anacarde à Parakou en 1974. Mais déjà en 1987, ces plantations domaniales ont régressé jusqu’à 2752 ha (MDR, 1994). A cette époque, l’anacardier était planté dans un but écologique par le gouvernement. Pour le paysan, il servait à l’affirmation du statut foncier et de mode de transferts du capital à la descendance.

D’une part, la filière anacarde a pris de l’importance ces dernières années, principalement à la fin des années 1990 avec une superficie estimée à cette date à 10.000 ha. En 2008, les plantations d’anacardiers ont couvert plus de 190.000 ha occupant environ 200.000 producteurs dont 95% d’hommes et 5% de femmes (MAEP, 2008 ; Tandjiékpon et al, 2008). La production d’anacardes occupe 2,5 à 3% de la population béninoise (INSAE, 2002, 2008) et 78% des anacardiers ont moins de 10 ans en 2008 (Tandjiékpon et al, 2008). En 2009, la SONAPRA a appuyé la filière anacarde dans le Nord-est en produisant environ 70 ha de pépinières dans la commune de Tchaourou. De plus, même si la zone de prédilection de la culture d’anacardiers s’étend de la ville d’Abomey comme limite Sud à celle de Gamia dans le Borgou comme limite Nord, il n’en demeure pas moins que les plus grandes zones de production sont les départements de l’Atacora, du Borgou, des Collines de la Donga et du Zou avec 97% des superficies nationales. Cependant, la région Zou/Collines constitue la principale zone de production avec plus de 50% des surfaces (PPAB, 2003) et deux autres départements que sont : les Plateaux et le Couffo se sont impliqués dans la production de noix de cajou au Bénin.

D’autre part, l’anacarde a pris une importance économique en devenant, depuis deux (2) décennies, la deuxième culture d’exportation du Bénin après le coton. A cet effet, le Bénin a connu au cours du quinquennat 1997-2001 un taux de croissance annuelle des exportations de noix de cajou de 33% en valeur et de 40% en volume (Trad. Map CCI Genève, 2002). De 36.487 tonnes en 2001, l’exportation de noix de cajou est passée à 44.800 tonnes en 2002, 48.400 tonnes en 2003, 65.800 tonnes en 2004, 66.200 tonnes en 2005, 101.700 tonnes en 2006, 88.200 tonnes en 2007 et a atteint 116.398 tonnes (avec influence de 15% des pays voisins) en 2008 (PAC/DECM/SESP, 2009). Elle occupe en volume 13,5% de la part des exportations du Bénin en 2008 et 1,7% du trafic global observé au port de Cotonou.

Quant au système de commercialisation béninois d’anacarde, il est très complexe et mal organisé avec un nombre important d’intermédiaires entre les producteurs et les exportateurs. Malgré les difficultés que connait la filière, les exportations béninoises sont positivement corrélées à l’offre mondiale à cause de la qualité organoleptique (arôme) des amandes de cajou et du taux de transformation en amandes (KOR) des noix béninoises qui est légèrement au dessus de la moyenne Ouest- africaine. Le Bénin a donc sa part de marché à satisfaire (Adégbola et al, 2006).

En effet, le Bénin exporte 70% de sa production de noix d’anacarde à destination de l’Inde, 25% vers le Viêtnam, le Pakistan et le Singapour et 5% seulement sont transformées en amandes pour l’exportation vers l’occident (Adex, 2007). De 1% de la production mondiale de noix d’anacarde (Grimaud, 1998), le Bénin est passé en 2011 entre 2 et 3% de cette production mondiale et espère accroître sa production en quantité et en qualité pour améliorer ses capacités exportatrices de noix brutes et particulièrement de noix transformées en amandes. Ce qui se traduit par l’agrandissement en 2011 des unités de transformation Kakè5 et la lumière qui sont devenues les deux plus grandes usines de transformation de noix de cajou en amandes dans les collines et précisément dans la commune de Savalou.

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