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PREMIERE PARTIE

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Chapitre I : La stigmatisation envers les femmes vivant avec le virus SIDA dans la région de Niamey

Les personnes vivant avec le VIH sont marginalisées et subissent le poids de la tradition. En effet, le SIDA est considéré par les communautés comme une maladie impure et les personnes atteintes sont traitées d‟immorales. Le cas des femmes est très alarmant. Car elles sont considérées directement comme des infidèles et des prostituées. Dans le cas où l’homme serait informé de sa séropositivité, c’est toujours la femme qui est accusée d’être à l’origine de la maladie. Etant donné que les femmes constituent la couche la plus vulnérable, elles sont souvent victimes de stigmatisation. Les femmes dépistées et déclarées positives et qui tentent d’informer leur mari, font l’objet de torture et de divorce forcé. Cette situation oblige plusieurs femmes à ne pas déclarer leur sérologie.

I.1. Généralités

De nos jours, on ne peut parler de lutte contre le VIH/SIDA, sans faire allusion à la stigmatisation dont souffrent les personnes vivant avec le virus du SIDA. En effet, nous allons aborder la question de la stigmatisation ; de sa définition en passant par ses causes et conséquences ; pour atteindre ses impacts

I.1.1. Définitions de la stigmatisation

Selon l‟ONUSIDA la stigmatisation est définie comme un processus dynamique de dévaluation qui discrédite significativement un individu aux yeux des autres. C‟est également le fait de pointer du doigt un individu, de lui faire porter un stigmate. Plusieurs facteurs entourent la stigmatisation : le déni de la maladie, la honte, le blâme, la peur, le rejet et la discrimination.

Selon Goffman Erving psychosociologue canadien dans le “Stigma” Prentice Hill, 1963, la stigmatisation se définit comme étant une marque ou une tache qui fait partie en permanence de l‟apparence ou du caractère d‟une personne, ce qui la met à l‟écart de la société de ce qui est normal.

Pour Goffman, le stigmate correspond à toute caractéristique propre à l‟individu qui, si elle est connue, le discrédite aux yeux des autres ou le fait passer pour une personne d‟un statut moindre. Il distingue donc trois grandes catégories de stigmates :

– les stigmates corporels : les handicaps physiques : les troubles de la vision (myopie, cécité,…), les défauts du visage ou du corps (difformité, bec de lièvre, nanisme,…) etc..;
– les stigmates tenant à la personnalité et / ou au passé de l‟individu : Troubles du caractère, séjour passé dans un hôpital psychiatrique, alcoolisme, dans certaines situations socio-historiques c‟est peut être le discrédit attaché à la femme divorcée, au chômeur, à l‟homosexuel,
– les stigmates «tribaux» qui correspondent à la race, à la religion ou à la nationalité et peuvent être transmis de génération en génération : le cas des Noirs aux USA en est le meilleur exemple. Ces stigmates peuvent être visibles (infirmité, couleur de peau,) : l‟individu est alors dit « discrédité » et son problème sera de contrôler correctement l‟interaction troublée par l‟existence de ce stigmate.

La pandémie du VIH/SIDA a pris, aujourd‟hui, l‟ampleur d‟une crise mondiale sans précédent. C‟est l‟un des plus grands défis jamais lancés au développement et au progrès social. Dans les pays les plus atteints, l‟épidémie est entrain d‟effacer des décennies de croissance économique difficilement amorcée, menace et déstabilise les sociétés. Par delà les souffrances qu‟elle impose à certains groupes particulièrement vulnérables notamment les femmes et les enfants, la pandémie du SIDA affecte profondément le tissu social et économique.

En 2007, l‟ONUSIDA estime à 33.2 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH, soit une (1) personne sur deux cent (200) qui vit avec le VIH dans le monde. Selon la même source, toujours en 2007, le nombre de nouvelles infections est estimé à 2,5 millions de personnes, et celui des personnes décédées à 2,1 millions d‟individus dans le monde.

En Afrique subsaharienne, la population touchée est estimée à 22.5 millions de personnes soit 68% du total mondial. Ce qui place cette zone géographique parmi les régions du monde les plus sévèrement touchées par la maladie. (Rapport mondial sur la pandémie du VIH 2007).

Au Niger, le nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA en 2007 était estimé à 59 427 personnes. Ce qui montre une tendance à la stabilisation de l‟épidémie avec une séroprévalence de 0,70 % en 2006 contre 0,8 % en 2002. Toutefois, il existe toujours une disparité entre le milieu rural (0,5 %) et le milieu urbain (1,5 %). (EDSN 2006)

Du fait de leur statut socio-économique, politique, juridique, culturel et biologique, différent, les femmes sont touchées par le VIH/SIDA différemment des hommes.

Les données provenant de 35 pays d’Afrique Subsaharienne (Le point sur l‟épidémie de sida 2007, Afrique Sub-saharienne) révèlent que les jeunes hommes ont vingt fois plus de chance d’avoir des connaissances exactes sur le VIH que les jeunes femmes. Plus d’efforts devraient être fournis pour s’assurer que les jeunes hommes et femmes acquièrent des connaissances exactes concernant le genre et la transmission du VIH.

Des informations exactes sur la transmission du VIH permettent à certaines personnes de faire des choix concernant leur propre comportement sexuel, en terme d’abstinence, de fidélité ou d’utilisation des préservatifs et surtout pour ne pas stigmatiser les personnes déjà infectées par le virus du SIDA. Cependant, la sexualité et un comportement sexuel associé sont déterminés par une structure sociale, la culture, les rapports de force et les valeurs morales qui proviennent des doctrines religieuses. Certaines jeunes femmes ont l’autonomie personnelle de prendre des décisions concernant leur sexualité, mais beaucoup sont accablées par les forces sociales qui sont incontrôlables.

Partout dans la sous région, la pauvreté oblige certaines femmes à se prostituer pour survivre. En plus, dans certains pays, les hommes ciblent les jeunes femmes particulièrement vulnérables comme partenaires sexuelles, pensant que, parce qu’elles sont jeunes, elles ont moins de risques d’être séropositives.

I.1.2. principales formes de stigmatisation

Les PVAVS sont victimes d‟isolement physique et social par rapport à la famille, aux amis et à la communauté : ragots, injures et condamnations, perte de droits et de la capacité de prise de décision etc.

Autres formes de stigmatisation :

– L’auto-stigmatisation : les PVAVS se blâment et s’isolent elles-mêmes
– La stigmatisation par association (la famille entière est affectée par le stigmate), La stigmatisation sur la base du type de profession.

I.1.3. Causes et Conséquences

Selon le rapport annuel 2007 de l‟ONUSIDA, les comportements et attitudes de rejet et de culpabilisation des PVAVS, constituent un frein à l‟épanouissement des personnes exposées à l‟infection par le VIH dans le domaine de l‟accès à l‟information, aux biens et services nécessaires à leur protection.

I. 1.3.1 Principales causes:

Les principales causes de la stigmatisation sont entre autres : le manque de connaissances appropriées sur les modes de transmission et méthodes de prévention du VIH, croyances erronées et craintes de contamination. La raison primordiale est le fait de penser qu’elles ont eu une vie de débauche, la peur de la mort et de la maladie, le fait même de ne pas reconnaître la stigmatisation.

Lorsque les PVAVS risquent d‟être rejetées de quelque manière que ce soit, ceux qui pensent être séropositifs évitent le recours au test et de prendre des mesures de protection avec leurs partenaires de peur de révéler leur infection, de recourir aux services de santé, pour une prise en charge appropriée.

Les PVAVS ou supposées infectées courent le risque de se voir rejetées par les agents de santé, de se voire refuser un emploi, un logement, une assurance ou l‟entrée dans un pays étranger ou d‟être chassée par leur conjoint, leur famille voir même d‟être assassinées.

La majorité des personnes qui soupçonnent ou savent qu‟elles sont infectées, ne souhaitent pas révéler publiquement leur statut sérologique. Du fait de l‟absence d‟un soutien et pour partager sa sérologie, la plupart des PVAVS évite d‟en parler à leur (S) conjoint (s) ou partenaires.

Il existe dans ce cas un mutisme qui entrave la prévention et les soins et il en résulte une sous-notification des cas donc l‟impossibilité de développer des stratégies d‟intervention qui les ciblent. Si les personnes redoutent de reconnaître ou de découvrir leur séropositivité, ils perdent de facto les occasions précieuses qui leur sont offertes de prévenir ou de soigner les maladies qui accompagnent l‟infection.

I.1.3.2. Conséquences:

Comme conséquences de la stigmatisation, nous pouvons citer : l’éviction de la famille, de la maison, du travail, du logement loué, de l’organisation, l’abandon de l’école (résultant de la pression des pairs ou des insultes), la dépression, le suicide, l’alcoolisme, la réticence à se présenter aux services de santé (rendant ainsi moins efficace la prévention du VIH/SIDA et les régimes de soins et de traitement).

La stigmatisation des PVAVS est beaucoup plus exacerbée à la phase maladie de l‟infection (SIDA) privant le patient de ses stimulations affectives qui non seulement permettent l‟acceptation de la maladie mais également accompagne efficacement le processus thérapeutique.

La stigmatisation dissuade également les gens à se faire dépister ou même d‟utiliser des préservatifs par hantise d‟être „catalogués‟ séropositifs
Le stigma lié au statut de séropositif peut se transmettre à la génération suivante et constitue un lourd tribut supplémentaire pour les orphelins du SIDA et autres survivants.

De ce fait, dans la plupart des pays africains des pseudonymes ou anecdotes à connotations péjoratives (Vampires, la maladie des hommes maudits,) sont utilisées pour désigner le SIDA et ceux qui en sont infectés ou affectés. Ainsi dans la plupart des pays où les communautés sont durement touchées, les enfants dont les parents sont morts du SIDA ; lorsqu‟ils étaient questionnés sur la cause de leur décès, évoquent la sorcellerie ou la malédiction, bien qu‟ils soient disposés à reconnaître que c‟est le SIDA qui était la cause du décès de leurs parents. Cette attitude sur sa propre stigmatisation ou celle de sa famille, du fait d‟avoir un parent décédé du SIDA.

I.1.4. Impacts sociaux et culturels

L‟impact des mots stigmatisant est puissant, parce qu‟ils façonnent notre perception et nos façons d‟agir envers la personne. Les communautés et les professionnels de la santé doivent commencer à réfléchir aux effets de leurs actions sur le comportement des personnes vivant avec le virus du SIDA. Nous devons repenser notre vocabulaire, si nous voulons faire évoluer notre approche.

Nous pourrons alors entrer en contact avec ces personnes et nous connecter à une nouvelle dimension de la pensée, faite d‟acceptation.

Certaines PVAVS vont en exode pour s‟éloigner du regard accusateur des uns et des autres, mais malheureusement d‟autres se suicident croyant écourter leurs souffrances.

I.1.5. Actes juridiques

Le droit international prend en compte, depuis une dizaine d‟années les droits des personnes malades. Il existe au Niger une loi portant sur le droit des malades, réglementant la relation du patient avec le personnel de santé et les discriminations en raison de l‟état de santé.

La prise en compte des personnes malades du VIH est donc assez récente et est souvent le fruit d‟une évolution. Le Niger fait partie des dix (10) premiers pays sur dix huit (18) de l‟Afrique occidentale et centrale dont le parlement a voté une loi spécifique sur le VIH/SIDA, avec l‟appui financier d‟AWARE/HIV (fonds des ambassades des Etats-Unis d‟ Amérique) en 2007.

La loi 2007-08 relative à la prévention, la prise en charge et le contrôle du virus de l‟immunodéficience humaine (VIH) adoptée le 30 Avril 2007 et promulguée le 15 Juillet 2007 est une loi qui protège les personnes vivant avec le VIH de stigmatisation et de discrimination de toutes sortes. Cette loi stipule dans ses:

. article 28 que les personnes infectées par le VIH jouissent des mêmes droits que les personnes séronégatives ou supposées saines.
. article 29 que tout acte de discrimination sous quelque forme que ce soit est interdit à l‟égard d‟une personne dont la séropositivité est réelle ou supposée, ainsi qu‟à l‟égard de sa famille.
. article 30 que les employeurs des secteurs publics semi public ou privé ne doivent en aucun cas exiger d‟un ou des candidats un test de dépistage du VIH à l‟occasion de tout concours ou tout recrutement.

En réalité, il y est inscrit un chapitre intitulé « Des actes discriminatoires » qui prévoit l‟interdiction de la stigmatisation et de la discrimination sur les lieux de travail et de l‟accès aux fonctions publiques ou électives en raison de la séropositivité à VIH réelle ou supposée d‟une personne.

Ce chapitre interdit aussi la stigmatisation et la discrimination dans les écoles, au voyage et au logement, et à l‟accès au crédit et aux services d‟assurances. L‟adoption de la loi type va ainsi combler le vide juridique dans le cadre du VIH/Sida. Parallèlement, il faudra renforcer l‟accès à la justice, souvent entravé et informer les employés de leurs droits. Il sera aussi nécessaire de continuer la sensibilisation sur le VIH/Sida à l‟endroit de la communauté, afin de réduire la stigmatisation existante et permettre aux victimes de discrimination de faire valoir leur droit, sans risque d‟exclusion due à la maladie.

Et enfin, pour éviter que les dispositions adoptées restent lettre morte, il faudra aussi informer la population de ses droits et faciliter l‟accès à la justice, afin qu‟elle puisse être réellement effective.

I.1.6. Présentation de la zone d’étude

La Communauté Urbaine de Niamey (CUN), capitale du Niger, est composée de cinq communes et de 30 Villages. Sa population est de 834.987 habitants dont 422.830 hommes et 412.157 femmes (RGP/H 2001). Le nombre de femmes de 15 à 49 ans est de 188.146. La CUN voit coexister en son sein les onze groupes socioculturels du pays. Les communautés étrangères sont nombreuses et sont venues du Mali, du Tchad, du Sénégal, du Burkina Faso, Togo, du Bénin ainsi que d‟Europe.

La Communauté Urbaine de Niamey a pour caractéristiques :

– L‟attraction qu‟elle exerce sur les populations rurales paupérisées qui viennent peupler les bidonvilles et villages suburbains dans lesquels le dénuement économique favorise la prostitution et les comportements à risque, en particulier pour les jeunes filles dénuées de toute formation scolaire ou professionnelle ;
– La juxtaposition et coexistence de groupes sociaux et ethniques possédant des habitudes et normes socio- culturelles différentes et constituant ainsi une mosaïque aux styles de vie différents ;
– La présence en nombre de corps habillés vivant dans plusieurs casernes de la Corniche de Gamkalé et qui attirent les professionnelles du sexe. La séroprévalence dans cette zone est d‟ailleurs particulièrement plus élevée qu‟ailleurs dans la ville. Les corps habillés constituent à Niamey, encore plus qu‟ailleurs, un groupe cible prioritaire avec les professionnelles du sexe. Il faut noter que pour une professionnelle du sexe officielle, on peut compter dix femmes, issues de différents horizons qui exercent clandestinement la prostitution ;
– L‟existence d‟un tissu associatif très riche puisque plus de 100 ONG oeuvrent dans le domaine des IST/VIH/SIDA dont un regroupement des professionnelles du sexe : l‟Association Nigérienne des Femmes Luttant contre les IST/VIH/SIDA (ANFLIS). Toutefois, ces ONG et associations souffrent d‟un manque de coordination même si des réseaux (RAIL/SIDA/IST-Niger, ROASSN, ANALSPT, RENAJS, RENAJEN/POPDEV, RELUCOSEN, SWAA/Niger, RENIP+ etc.) existent avec la volonté de les structurer. Le taux de séroprévalence dans la région de Niamey en 2007 était de 1,4% derrière Diffa et Agadez avec respectivement 1,7 et 1,6% (EDSN MICS 2006);
– La persistance de préjugés sur le fait que promouvoir l‟utilisation du préservatif encourage la débauche sexuelle ;
– La stigmatisation et le rejet fréquent des femmes séropositives ;
– La multitude des intervenants de lutte contre les IST/VIH/SIDA dans de la région de Niamey.

Par région, les taux sont également faibles. De manière relative, les taux sont plus élevés à Diffa (1,7%), Agadez (1,6%), Niamey (1,4%) et Tahoua (1,1%).

Taux de prévalence du VIH SIDA selon les régions

Taux de prévalence du VIH/SIDA selon les régions

I.2. La télévision comme moyen de prévention et de lutte contre la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du Sida

I.2.1 Historique de la télévision

L‟avènement de la Télévision est lié à toute une série de découvertes.

La transmission de l‟image fixe par voie électrique a été possible vers 1860.

En Europe, les premiers résultats concluants datent de 1929 pour la France. En Angleterre, la BBC a diffusé ses premières émissions de télévision en 1936 au public, alors qu‟aux Etats Unis la télévision date de 1907 et 1911.(2)

A l‟heure où nombre de pays du tiers monde ont encore à choisir leur système télévisuel, d‟autres occupent des postes avancés dans le système technologique transnational.

I.2.2 L’apport de la télévision dans la communication pour le changement de comportement

Beaucoup de mass médias ont été mis à profit pour transmettre des messages concernant le VIH/SIDA, tels que la radio, la Télévision, les journaux, les revues etc. Ces medias ont joué un rôle très important en sensibilisant sur l‟éducation sanitaire à travers des projections de films, la couverture et diffusion des causeries éducatives, des théâtres forum, des ateliers et colloques portant sur la thématique. Toutes ces techniques constituent des aspects familiers de la vie quotidienne dans le continent.

Au Niger, les premières images télévisuelles ont été diffusées pour la première fois en 1964 à titre expérimentale dans une vingtaine d‟écoles. La télévision a un potentiel extraordinaire, pour appuyer et nourrir les discussions, les débats et les interventions de développement.

Comme dans le cas de la presse écrite, la Télévision est venue appuyer ce qui se fait sur le terrain. On utilise aussi ce medium pour influencer d‟autres communautés à se joindre à une même initiative de développement.

La télévision a un potentiel participatif important fondé sur le visionnement en communauté et sur les clubs de discussion. Certaines initiatives en Afrique et en Inde ont obtenu beaucoup de succès grâce à cet outil.

L‟éducation de masse en ce qui concerne la prévention du VIH peut prendre beaucoup de formes, mais est souvent vue comme une composante-clé d‟un programme de prévention du VIH/SIDA.

La télévision est orientée vers le grand public et doit avoir pour but, le plus souvent, de corriger la mauvaise interprétation concernant le SIDA, de donner des informations concernant l‟évaluation du risque personnel, d‟apprendre aux gens les faits essentiels de la prévention, de promouvoir un comportement sain, de calmer la peur concernant la transmission de la maladie et de prévenir la stigmatisation et la discrimination.

Les séances de visionnement de films ou de vidéos peuvent aussi servir à exposer un problème et à déclencher une discussion. Pour que la séance soit réellement constructive, il faut bien préparer les participants à cette activité. Avant de projeter un film ou un document vidéo, il est important d‟expliquer le sujet, les raisons du visionnement et les thèmes du débat qui suivra. Il faut souligner que plusieurs ONG, associations, services techniques, cliniques et écoles ont en leur possession des films ou des documents vidéo portant sur différents problèmes de développement. On peut souvent se servir de certains d‟entre eux pour déclencher la discussion et l‟échange de points de vue même si le document ne couvre pas toutes les facettes du problème. La télévision peut aussi être utilisée pour illustrer des pratiques appropriées ou néfastes reliées au problème de développement qu‟on veut résoudre.

I.2.3. La fiction, outil de prévention et de communication pour un changement de comportement

Un outil de communication a une fonction précise qu‟il vaut mieux avoir à l‟esprit au moment de la sélection.

En effet, les outils de communication servent à montrer, à illustrer, à soutenir, à expliquer, à faire sentir, à accomplir une action.

Ils améliorent les performances, à condition toutefois de savoir où l‟on veut aller. Les outils donnent le plus souvent à voir ou à entendre. En illustrant par l’image, ils permettent de visualiser des idées ou des situations difficiles a expliquer, par le son ils accentuent en soulignant des informations importantes. S’ils sont bien choisis, les outils peuvent creer entre les interlocuteurs, la situation, l’ambiance propice a la transmission du message. Ils aident alors a etablir une veritable communication (exemples : certains montages audiovisuels). Mais s’ils sont des auxiliaires precieux dans la transmission de la communication trop souvent ils sont consideres comme une fin en soi. Les outils de communication utilises en promotion de la sante ont tendance a ne privilegier que l’ouie et la vue. Il peut etre bon de rehabiliter une perception plus globale en redecouvrant les autres sens notamment l’odorat, le gout, le toucher.

En effet, le VIH/SIDA detruit tout sur son passage. Les statistiques de l.ONUSIDA peignent un portrait alarmant (33% de personnes vivent avec le VIH selon le rapport 2008). Les gens les plus exposes sont les jeunes surtout les filles de l.Afrique sub-saharienne qui ne semblent pas avoir recu les avertissements de changer leurs attitudes et leurs comportements.

L.usage de la fiction a titre d.outil de communication pour le changement de comportement en matiere de lutte contre le VIH/SIDA a pour fonctions soit d.enseigner, soit d.avertir le sujet des dangers du VIH et aussi, de developper des habiletes de communication mais surtout d.amener les populations a adopter un comportement responsable vis a vis des personnes vivant avec le virus du SIDA.

A ce titre, plusieurs fictions et documentaires sur la stigmatisation des PVAVS ont ete diffuses en Afrique. ¡ì Les scenarios d.Afrique ¡í est un projet de sensibilisation communautaire, d.education, et de medias mis en oeuvre pour ameliorer la vie des personnes infectees et affectees par le VIH/SIDA, reduire la vulnerabilite des populations a risque d.infection, et surtout aider les organisations locales a developper leurs capacités de sensibilisation. En vue de contribuer à la réponse collective à une épidémie en constante évolution, « les scénarios d‟Afrique » produisent quelques nouveaux films, chaque année, abordant des thèmes prioritaires du moment. Les fictions dont l‟histoire se déroule sur le continent et ailleurs sont recherchées et recommandées.

Il n‟est un secret pour personne qu‟un des problèmes les plus courants de notre ère est la pandémie du VIH/SIDA. Donc, ça devrait être un thème pour les auteurs et cinéastes de l‟heure autant que la colonisation, l‟esclavage, les Grandes Guerres, l‟Holocauste, l‟apartheid l‟on été à différent moment de l‟histoire.

I.2.4 Exemples de films de fiction portant sur la lutte contre la stigmatisation

Mon frère

Fiction réalisée par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko, basée sur une idée originale de Justin Correa jeune sénégalais de 23 ans avec la vedette du RAP Didier Awadi du groupe positive black soul.

Synopsis

Salif, se croit très branché. Ses habits sont derniers cri et son grand frère le promène sur sa moto. Mais Salif trouve que se conduire mal envers les autres faits également partie d‟une mode de vie branchée.

A l‟école, il refuse de s‟asseoir à coté de Doudou, orphelin du SIDA, prétendant que « prévenir vaut mieux que guérir ». Son professeur furieux, l‟envoie préparer une présentation sur le SIDA.

Grand Laye

Fiction réalisée par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko, basée sur une idée originale du sénégalais Cheick Birahim N„dao.

Synopsis

Grand Laye, l‟oncle préféré de Cheick vient de s‟installer chez lui avec sa femme. Laye a le SIDA et est gravement malade.

Il a été rejeté de son appartement parce que ses voisins s‟imaginent qu‟ils pouvaient contracter la maladie par leurs contacts de tous les jours avec lui. Mais Cheick apprend que sa présence, son respect et son affection peuvent aider son oncle à combattre sa maladie.

« Présence, respect et affection » remède contre la stigmatisation.

Espoir à deux

Réalisée par Cheick Oumar Sissoko et basé sur une idée originale du jeune Burkinabé Andrea Ouedraogo (5‟53‟‟).

Synopsis

Annie désespère. Elle confie son secret douloureux à son amie Myriame. Annie vient d‟apprendre qu‟elle est séropositive. Myrianne lui offre des paroles rassurantes et d‟espoir. Mais Annie toujours sur le choc, réagit avec violence. Comment Myrianne pouvait elle se faire une idée de ce qu‟elle vit.

Les raisons d‟un sourire

Réalisée par Fanta Regina Nacro, Burkina Faso et basée sur des idées originales des jeunes venant de huit (8) pays africains.
Durée (7‟25‟‟).

Ce film innovateur qui réchauffe le coeur nous emmène en voyage aux cotés d‟une personne vivant avec le virus du SIDA : Partant de la peur et le vide, passant par la décision de vivre positivement, et arrivant en fin à l‟optimisme et la joie de vivre.

Nous pouvons aussi citer :

– Pour une fois,
– Rythme d‟amitié,
– Entre nos mains,
– L‟arbre et le vent, Autour de notre fils,
– Haut et fort,
– Sans relâche,
– L‟essentiel,
– Une histoire d‟amour.
– Le toit de Moussa

I.2.5. le choix des programmes de lutte contre la stigmatisation

La Télévision nationale de par son accessibilité sur toute l‟étendue du territoire nigérien est devenue un moyen de communication et de sensibilisation incontournable des populations dans le processus de changement de comportement.

Ainsi, nous avons porté notre choix sur la télévision nationale comme cadre de notre étude, à cause de sa couverture nationale, son accessibilité et aussi du fait que toutes les langues du pays sont utilisées.

I.2.5.1 Présentation de la Télévision Nationale (Télé – Sahel)

Il n‟est un secret pour personne que de nos jours la communication est un soutien indispensable au développement économique, social et culturel d‟un pays.
Le Niger a très tôt pris conscience de cette donnée. En effet, dès les toutes premières années de son indépendance, le pays avait entrepris de mobiliser les populations, d‟obtenir leur adhésion libre et volontaire et de se conduire elles-mêmes au développement.

Il mit en oeuvre, à cet effet, un vaste programme de communication alliant différents modes et méthodes. Mais la vaste étendue du territoire, et l‟inexistence quasi totale d‟infrastructures a conduit le Niger à recourir aux outils émergents de communication de masse, particulièrement la radiodiffusion. Les programmes de la radio étaient dominés par des émissions de variétés et des informations surtout politiques portant sur l‟actualité au Niger, en Afrique et dans le monde. Ces informations étaient résumées et traduites en Haussa, Zarma, Peulh, puis ultérieurement en Tamajaq, Kanuri, Gourmantché, Toubou, Arabe, Buduma.

C‟est en 1967 que le Niger prit entièrement le contrôle de sa radiodiffusion en créant l‟Office de Radiodiffusion et de Télévision du Niger (ORTN).

L‟ORTN a été créé par la Loi N° 67-011 du 11 février 1967, modifiée par l‟ordonnance N° 78-21 du 12 octobre 1978, en tant qu‟établissement public à caractère industriel et commercial doté de la personnalité civile et de l‟autonomie financière. L‟ORTN est placé sous la tutelle du Ministère de la Communication, et est régi par les ordonnances relatives au régime général et à la tutelle des établissements publics, sociétés d‟Etat et sociétés d‟économie mixte.

L‟ORTN assure le service public national de la radiodiffusion et de la télévision nationale, en vue de satisfaire les besoins d‟information, d‟éducation, de culture et de distraction du public.(3).

En effet, l‟avènement de la télévision en 1978 au Niger, avait conduit à l‟implantation dans toutes les zones de couverture des centres de réception collective pour faire face aux soucis d‟une communication sociale.

Le coût du système étant hors de porter pour le Niger, et la France ne prenant aucun engagement après l‟expérimentation, la télévision grand public ne vit le jour le 6 avril 1979. Elle élabora un programme alternatif de 4 jours par semaine, puis quotidien. Organe bien structuré, la télévision nationale, comme les autres médias avait une mission à accomplir.

I.2.5.2 Mission

La télévision nationale (Télé-Sahel) a pour mission de concevoir, de planifier et de produire les programmes télévisés.
Dans le cadre de notre recherche, nous nous sommes intéressés à deux(2) services sur le fonctionnement de Télé sahel :

I.2.5.3 Le Service des programmes :

Il est chargé des programmes télévisés en français et en langues nationales ; il assure la responsabilité de la programmation de la régie d‟antenne.

I.2.5.4 Le Service Production :

Il est responsable de la production et de la réalisation de toutes les émissions consignées dans la grille des programmes ; il établit des plannings de tournage intérieur et extérieur, ainsi que les missions de production.

Il comprend un bureau production, un bureau reportage et deux (2) unités (montage – décor).

Les fonctions sociales de la télévision sont en générale comme un support de l‟information, de la culture et de la distraction. Le petit écran joue aussi la fonction de catalyseur de la communication sociale, d‟outil de formation et de moyen de distraction.

La Télévision contribue à satisfaire les besoins de communication sociale qui est celui de la présence humaine.

Ainsi, elle constitue pour beaucoup de familles le principal moyen de recevoir, d‟entretenir et d‟améliorer leur culture générale à travers les émissions d‟information médicales, scientifiques et technologiques. « Une fois introduite dans le foyer, la télévision fournit l‟occasion aux membres de la famille de se retrouver régulièrement réunis, de bénéficier chacun de la présence des autres et de revivre la sociabilité traditionnelle de la famille villageoise rassemblée le soir autour du feu. Elle permet de palier au manque de contact imposé aux membres de la famille par des contraintes de la civilisation moderne marquée par une forte division sociale de travail (les enfants à l‟école, le père à l‟usine ou au bureau, la maman dans les courses de ménage ou au travail) »(4).

La possession d‟un poste téléviseur, même s‟il est un signe d‟aisance, permet aussi une ouverture vers le monde. C‟est un bon moyen de communication qui permet de savoir ce qui se passe partout dans le monde.

En fait, la télévision nationale pour remplir toutes ces fonctions, met en exergue le bon fonctionnement de ses différents démembrements.

C‟est ainsi que le Service de la Production remplit la tâche qui lui incombe. Il initie un film ou une émission à partir d‟une idée originale, d‟un livre, d‟une histoire, d‟un événement… pour ce faire, les producteurs et réalisateurs qui sont sous la responsabilité du chef de service de la production, réunissent tous les moyens matériels et humains nécessaires afin de produire ou de réaliser des émissions en studio ou sur le terrain. Ce service qui est responsable de la couverture télévisuelle de certains événements spéciaux en direct ou de leur diffusion en différé renferme aussi une cellule de reportage et de montage.

L‟insuffisance des moyens financiers et parfois matériels, oblige le service de la production à mettre l‟accent sur la production d‟émissions en studio. La production sur le terrain ne se fait que rarement, grâce à des coopérations avec certaines institutions de la place.

Pour sa part, le Service Programmes remplit la fonction de programmation afin de faire plaisir aux publics. Cependant, l‟énigme à résoudre est celle de savoir jusqu‟où on peut aller sans frustrer certains téléspectateurs.

Il doit faire preuve d‟imagination et de séduction pour attirer vers lui les meilleures idées, films et séries afin de vendre l‟image de la télévision nationale à l‟intérieur comme à l‟extérieur du pays.

I.2.5.5 La Grille des émissions de Télé Sahel

Toutes les émissions sont contenues dans un répertoire appelé « grille des programme ». En fait c‟est le point culminant ou du moins les poumons de toute chaîne de Télévision ou de station de radio. La grille des programmes est une grande feuille ou un ensemble de papier avec une architecture alambiquée de cases avec un ensimage de chiffres (les horaires), de mots (les jours de la semaine, le nom de l‟émission). Voir la grille des programmes 2008 en annexe.

I.3. la fiction outil pédagogique favorisant la prévention et la lutte contre la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du SIDA

L’intérêt que les chercheurs manifestent pour l’étude de la fiction télévisée est souvent expliqué par le fait que l’on reconnaît à ce genre d’émission des caractéristiques originales.

Plusieurs chercheurs se consacrent à des études traitant de la spécificité et des fonctions de la fiction. Tout en reconnaissant le très grand intérêt de telles études, nous croyons que cette question tiendra compte de la structure même de la diffusion et de la réception de la fiction télévisée telle qu’elle se présente dans la programmation télévisuelle. Cette approche permettra d’étudier ce genre d’émission davantage comme véhicule de certains modèles culturels et comme outil de communication pour un changement de comportement.

I.3.1. Fondement pédagogique de la fiction

La fiction télévisuelle est le lieu de synthèse du naturalisme visuel et de la narration romanesque. Il constitue, depuis plusieurs décennies, le véhicule essentiel de la fiction contemporaine.

La rapidité avec laquelle elle s‟est imposée partout témoigne de sa capacité à répondre de manière optimale à notre besoin d‟information.

Pour exemple, le spectateur qui verse des larmes à l‟occasion de telle ou telle scène de film (Titanic) ne verse pas des larmes fictionnelles, ni ne les verse fonctionnellement, il verse des larmes réelles, les mêmes qu‟il verserait peut-être, par ailleurs, lors d‟un enterrement, et il les verse réellement au sens où il est réellement triste.

Avant de se poser la question des relations de la fiction avec la réalité, il faut d‟abord se demander quel genre de réalité est la fiction elle-même. En effet, à force de se concentrer sur ses relations avec la réalité, on risque d‟oublier que la fiction est elle aussi une réalité, et donc une partie intégrante de la réalité. Autrement dit, la question primordiale n‟est pas celle des relations que la fiction entretient avec la réalité ; il s‟agit plutôt de voir comment elle opère dans la réalité, c‟est-à-dire dans nos vies.

La fiction nous donne la possibilité de continuer à enrichir, à remodeler, à réadapter tout au long de notre existence le socle cognitif originaire, grâce auquel nous avons accédé à l‟identité personnelle de notre être au monde. La fiction, par son existence même, témoigne du fait que, notre vie durant, nous restons redevables d‟une relation au monde, beaucoup plus complexe, diversifiée, et somme toute précaire. Mais elle fait plus que témoigner de ce fait : elle est un des lieux privilégiés où cette relation ne cesse d‟être renégociée, réparée, réadaptée, rééquilibrée dans un bricolage mental permanent.

L‟énoncé de fiction est au-delà ou en-deçà du vrai et du faux, et le contrat paradoxal d‟irresponsabilité qu‟il noue avec son récepteur est un parfait emblème du fameux désintéressement esthétique. Si donc il existe un et un seul moyen pour le langage de se faire à coup sûr oeuvre d‟art, ce moyen est sans doute la fiction.

I.3.2 La fiction comme barrière à la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du Sida.

Le VIH/SIDA détruit tout sur son passage : les statistiques de l‟ONUSIDA 2008 peignent un portrait alarmant. L‟usage des films documentaires et de fiction à titre d‟outil de sensibilisation a deux fonctions: soit enseigner ou avertir au sujet des dangers du VIH et aussi, développer des habiletés de communication pour un changement de comportement. Ces films ont un impact positif dans le processus de la communication pour un changement de comportement dans le domaine de la lutte contre les IST/VIH/SIDA.

Chapitre II. Méthodologie

La méthodologie peut se définir comme étant l‟ensemble des méthodes et techniques pour appréhender un fait réel. Elle utilise des procédés opératoires rigoureux applicables à la connaissance et à l‟explication des phénomènes sociaux. Elle permet de vérifier non seulement, les résultats de la recherche mais surtout de montrer le processus par lequel le chercheur va opérer.

Eu égard à cette définition, nous pouvons dire que la méthodologie est comme un principe d‟organisation rationnelle de la recherche scientifique. Par conséquent, elle est un outil fondamental pour tout chercheur en sciences sociales.

Elle garantit à la recherche une certaine crédibilité, qui permet au chercheur d‟avoir une assise scientifique quant aux résultats de l‟enquête. Et comme le précise KAPLAN, « le propre de la méthodologie est d‟aider à comprendre au sens le plus large non seulement des résultats de la recherche scientifique mais aussi le processus de la démarche elle-même » (KAPLAN cité par GRAWITZ, 1990).

Au sens large, une méthodologie est un ensemble d‟idées directrices qui oriente l‟investigation scientifique. Les voies et moyens utilisés dans la démarche intellectuelle constituent les méthodes et les techniques.

En réalité, méthode et technique sont deux concepts différents dans la mesure où la méthode est une voie d‟approche tandis que la technique est un moyen d‟accès.

La méthode fait appel à l‟intellect, à l‟orientation théorique. Elle se situe du coté de la raison et des principes. « La méthode permet de façon concrète d‟envisager ou d‟organiser la recherche de manière plus ou moins impérative, plus ou moins précise, complète et systématisée » (KAPLAN cité par GRAWITZ1990, p9).

Tout travail en sciences sociales nécessite une méthode et une technique car la méthode fait appel à la technique au moment où elle va être adaptée ou mise en oeuvre.

La technique devient donc, le moyen par lequel le chercheur a pu effectuer son opération de collecte de données. Elle fait appel à l‟action, à la capacité pratique. Elle se situe au niveau des faits et des étapes pratiques.

Les techniques deviennent ainsi par définition, l‟ensemble des procédés mis à la disposition de la recherche et organisés par la méthode.
Plusieurs étapes ont été utilisées pour parvenir aux résultats de la recherche.

II.1 Type de recherche :

Tout travail scientifique s‟enracine dans une recherche documentaire, phase préalable de toute étude.

Elle a consisté à recueillir le maximum d‟information à travers des ouvrages monographiques, articles périodiques et revues traitant de la question de la fiction télévisée et de la stigmatisation des personnes vivant avec le virus du SIDA, en vue d‟avoir une vison globale du sujet nous permettant d‟orienter la recherche.

Nous avons eu à faire des entretiens avec des femmes vivant avec le virus du SIDA lors des réunions du sous réseau prise en charge organisées par le RAIL/SIDA/IST-Niger avec l‟appui financier de Solthis/Niger.

Nous avons également bénéficié de la contribution des personnes ressources qui ont mis des documents à notre disposition.

Signalons que la documentation n‟a pas été exhaustive.

Nous nous sommes informés au fur et à mesure que nous évoluons dans la recherche.

La collecte de ces informations nous a conduit dans les bibliothèques, les cybers café et les centres de documentation de la place, pour consulter les ouvrages en rapport avec notre sujet. Il s‟agit de SOLTHIS, du RAIL/SIDA/IST-Niger, de la CISLS, de l‟OMS, de l‟UNFPA, SongES etc.

Notre démarche a consisté, d‟abord, à rassembler la documentation sur le la fiction télévisée et la stigmatisation des personnes vivant avec le virus du SIDA d‟une manière générale, puis, spécifiquement sur Télé Sahel et les femmes vivant avec le virus du SIDA dans la Communauté Urbaine de Niamey.

II.2 Echantillon

L‟échantillonnage est un procédé qui a pour objet de tirer un échantillon à partir d‟une population donnée.

Cet échantillon se veut représentatif, c‟est à dire doit refléter les principales caractéristiques de la population mère. Il est obtenu grâce à l‟application d‟une technique ou à partir de la combinaison de plusieurs techniques.

Tout d‟abord nous avons jugé utile de questionner vingt (20) femmes vivant avec le virus du SIDA dans la communauté urbaine de Niamey. Cette enquête nous a permis d‟avoir le degré de stigmatisation dont sont victimes les femmes vivant avec le virus du SIDA et surtout d‟appuyer la thèse selon laquelle elles sont victimes de stigmatisation de la part de la communauté.

Ensuite, nous nous sommes intéressés au groupe cible proprement dit de notre étude qui est la population de la communauté urbaine de Niamey.

Ainsi, l‟échantillon qui a été prélevé représente un modèle réduit de la population étudiée. Cet échantillon est composé de cent (100) personnes. Les catégories de fonctions suivantes en font partie : un élève, un enseignant, un agent de santé, un élément des forces de défense et de sécurité, un membre des associations de la société civile active dans la lutte contre le SIDA, un juriste, une ménagère, un leader religieux, un journaliste et un transporteur.

Un questionnaire a été administré à dix (10) spectateurs et nous a permis de voir comment la communauté perçoit les femmes vivant avec le virus du SIDA, après la diffusion du film fiction « Balki » que nous avons produit.

Cela nous a permis aussi de connaître, si en réalité le visionnement d‟un film portant sur la stigmatisation peut amener les téléspectateurs à avoir un comportement plus responsable envers les femmes vivant avec le virus du SIDA.

II.3 Techniques et instruments de collecte des données :

II.3.1 Le questionnaire

L‟objectif de notre étude étant de voir l‟impact de la fiction télévisée sur la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du SIDA, nous avons jugé nécessaire d‟interroger les spectateurs avant et après la projection du film de sensibilisation sur la thématique. Pour ce faire, un questionnaire qui est une série de questions a été élaboré et cela en fonction du groupe cible. Les questions fermées portent sur l‟identification des enquêtés, le cadre familial, et les questions ouvertes portent sur les points de vue de ces groupes cibles sur la stigmatisation. Nous avons fait recours aux questions ouvertes, pour permettre aux enquêtés de répondre aisément et de développer leur pensée à leur guise. Les questions contenues dans cet instrument d‟enquête nous a aussi permis d‟avoir l‟impact de la fiction télévisée sur la stigmatisation.

II.4 Technique et outils d’analyse des données statistiques

Le principal outil utilisé pour le dépouillement des résultats de notre enquête est le logiciel informatique appelé Excel qui nous a permis de dresser des histogrammes qui illustrent les réponses données par les personnes interrogées.

II.4.1 Les techniques d’enquête

La recherche des informations exige l‟utilisation d‟un certain nombre de techniques, le choix de ces techniques dépend de l‟objectif poursuivi. Dans le cadre de cette étude, une seule technique a été utilisée. Il s‟agissait de rassembler toutes les sensibilités de la population de la communauté urbaine de Niamey précitées pouvant y avoir accès à la télévision et pouvant surtout avoir un comportement stigmatisant envers les femmes vivant avec le virus du SIDA. Puis leur projeter le film « Balki », afin de mesurer leurs attitudes et leurs comportements éventuels vis-à-vis des femmes vivant avec le virus du SIDA. Cela nous permettra de savoir si réellement la fiction peut ou ne peut pas apporter une contribution dans la lutte contre la stigmatisation des FVAVS

II.5 Faisabilité et les Limites

La faisabilité de notre étude n‟a souffert d‟aucune ambiguïté.

La documentation, les personnes ressources, les victimes (femmes vivant avec le virus du SIDA et le groupe cible (communauté) ont été accessibles et disponibles durant toute la recherche.

Cela a permis l‟élaboration du présent document.

Cependant, il ne faut pas ignorer le manque de moyens financiers qui a entravé la réalisation de notre fiction. Car qui dit fiction dit jeu des acteurs. Ainsi, leurs frais de déplacement, les frais de restauration et le contrat, pour avoir jouer un rôle doivent figurer dans un dossier de production. Mais malheureusement, nous n‟avons pas pu trouver de producteur ou de partenaire financier pour prendre en charge toutes ces dépenses. Ce qui nous a conduit à tourner avec des moyens de bords et surtout avec une très bonne compréhension des acteurs dont la plu- part sont des camarades de classe et des camarades de lutte.

Chapitre III : Résultats et Discussion

Concernant notre enquête sur la stigmatisation de la femme vivant avec le virus du SIDA dans la communauté urbaine de Niamey, et la projection du film fiction « Balki »les résultats suivants ont étés obtenu :

III. 1 1. Affiliation

Pour la 1ere question 13 femmes sur 20 soit un taux de 65% affirme appartenir à une association. Cette affiliation leur permettra de défendre leur droit et amener les femmes nouvellement infectées à prendre conscience de leur statut en suivant leur traitement antirétroviral, pour vivre encore plus longtemps. 07 femmes sur 20 soit un taux de 35% affirment ne pas appartenir à une association pour ne pas se faire afficher. Elles préfèrent vivre avec leur maladie dans la clandestinité.

Appartenance ou non à une structure

Figure 1 : Appartenance ou non à une structure.

III.1.2. Population stigmatisant

Par rapport à la 2e question à savoir la composante de la population qui stigmatise le plus les Femmes vivant avec le virus du SIDA, 09 femmes sur 20 soit un taux de 45% affirment que les agents de santé constituent la classe la plus stigmatisante, 05 femmes sur 20 soit un taux de 25% affirment que ce sont les enseignants et 06 femmes sur 20 soit 30% disent qu‟elles sont victimes de stigmatisation au sein de la famille.

Population stigmatisant

Figure 2 : Population stigmatisant

III.1.3. Obstacle à la lutte

– Concernant la 3e question à savoir le sentiment que ressent un femme vivant avec le virus du SIDA, après avoir été victime d‟un acte ou comportement stigmatisant, la totalité des 20 femmes soit 100% affirment être déçues de la vie et de leur entourage.

– Par rapport à la 4e question qui consiste à savoir si la stigmatisation constitue un frein à la lutte contre le VIH/SIDA, la totalité des 20 femmes questionnées soit un taux de 100% affirment sans aucun doute que la stigmatisation est un frein à la lutte car elle empêche aux populations d‟aller d‟une part se faire dépister et d‟autre part témoigner à visage découvert une fois contaminée par le virus. Elles ajoutent que la stigmatisation tue plus que le virus.

Conséquences et obstacle à la lutte

Figure 3 : Conséquences et obstacle à la lutte

III. 1.4. Fiction portant sur la thématique »

Il n‟existe aucune fiction traitant de la stigmatisation des FVAVS réalisée au Niger et diffusée sur les antennes de télé Sahel soit un taux de 0%. Néanmoins, dans certains documentaires, la fiction (le toit de Moussa), la série (Souweyba) l‟aspect de la stigmatisation est abordé en général. Ainsi, sur toutes diffusées sur télé Sahel de 2006 à 2008, aucun ne traite de la stigmatisation de la femme vivant avec le virus du sida en particulier soit un taux de 0%.

III.1.5. Fiction « Balki »

Un film fiction intitulé Balki d‟une durée 13 mn portant sur la thématique est réalisé.

Le film parle de Balki, une jeune femme d‟une trentaine d‟années, qui vivait avec son époux dans une cour commune à Niamey I. Balki enseigne à l‟école primaire. Son époux Sani enseignant au collège vient de succomber à la suite d‟une très longue maladie.

En rangeant les papiers du défunt, Balki découvre qu‟il est mort du VIH/SIDA. Inquiète et troublée, elle part faire le test du dépistage et malheureusement elle est séropositive.

Balki se confie à une de ses amies enseignante à la même école, qui à son tour informe par commérage tout son entourage. C‟est le début du calvaire de Balki. Soupçonnée et harcelée par ses voisines de la maison, Balki est doigtée et rejetée de la maison à l‟école, comme si elle a la peste. Ne pouvant plus résister à cette vie nouvelle, Balki veut se suicider, heureusement Docteur Moussa responsable d‟une ONG de lutte contre le VIH/SIDA lui vient en aide par une intervention lors d‟un débat télévisé sur la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du SIDA.

Ainsi, son entourage a compris qu‟on peut vivre dans un environnement favorable avec une personne vivant avec le VIH, sans se faire contaminer, aussi si et seulement si les uns et les autres arrivent à s‟accepter, se tolérer mutuellement et surtout en ayant des connaissances sur les modes de transmission et de prévention sur la pandémie.

III.1.6. Projection de la fiction « Balki »

Concernant le résultat 3, au niveau de la 1ère question, 08 personnes sur 10 soit (80%) des personnes interrogées affirment connaitre une personne vivant avec le virus du SIDA dans leur communauté. Seules 03 d‟entre elles continuent à les fréquenter comme avant soit un taux de (37,5%). Par rapport à la 2e question, les 10 personnes sur 10 questionnées ont affirmé avoir peur d‟être contaminées par une personne vivant avec le virus du SIDA soit un taux de 100%. Au niveau de la 3e question, 09 personnes sur 10 soit (90%) affirment pouvoir manger, boire et partager les mêmes toilettes qu‟une personne vivant avec le virus du SIDA, après visionnement du film, puisqu‟elles ont compris que certains gestes sont sans danger. Les (10%) restant affirment qu‟ils ne vont jamais manger avec une personne vivant avec le virus du SIDA. Enfin pour la 4e question 08 personnes sur 10 soit (80%) des personnes questionnées affirment que les images qu‟ils viennent de suivre peuvent les conduire à adopter un comportement responsable envers les femmes vivant avec le virus du SIDA. 10% affirment que ça prendra du temps et 10% restant affirment le contraire.

Vivre positivement

Figure 4 : Vivre positivement

Changement de comportement

Figure 5 : Changement de comportement

Processus de changement de comportement

Figure 6 : Processus de changement de comportement

III. 2. Discussion

Cette enquête répond à un besoin criant en attirant l‟attention du public sur le sort des femmes vivant avec le VIH/SIDA. En effet, 0,7% des femmes âgées de 15 à 49 ans vivent avec le VIH/SIDA au Niger. Les femmes représentent 50,12% de la population nigérienne.

L‟étude nous démontre à ce sujet que :

– La méconnaissance des modes de transmission et les méthodes de prévention du VIH par la communauté est à l‟origine de la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du SIDA ;

– La peur d‟être contaminé par une personne vivant avec le virus du SIDA contribue aussi à la stigmatisation des personnes vivant avec le virus du SIDA. A ce sujet, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a écrit: « la stigmatisation demeure l’obstacle le plus important de l’action publique. C’est une des raisons principales pour lesquelles un trop grand nombre de gens ont peur de voir un médecin, afin de déterminer si elles ont la maladie, ou pour obtenir un traitement si tel est le cas. Il permet de faire du sida un tueur silencieux, parce que les gens ont peur de la honte sociale de parler de lui, ou en prenant des précautions faciles à obtenir. La stigmatisation est un chef de raison, pour que l’épidémie de sida continue de dévaster des sociétés du monde ». Cette écriture est confirmée car nous avons seulement 37,5% des personnes interrogées qui affirment vivre avec une personne vivant avec le virus du SIDA, lorsque la séropositivité est confirmée.

– Un film de fiction portant sur la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du SIDA est disponible contrairement aux années antérieures. En effet, on se demande pourquoi dans un pays comme le Niger où la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est d‟actualité, la télévision nationale en tant qu‟organe de l‟Etat n‟a jamais réalisé et diffusé une fiction de sensibilisation sur la thématique.

En effet, de manière générale, dès que la famille apprenne qu’un de ses membres est séropositif, la tendance est de le mettre à l’écart ou même de le chasser. La famille se sent déshonorée et a peur de la contamination. Quand une personne est publiquement déclarée séropositive, la première hostilité qu’elle doit affronter est celle de son entourage immédiat : père, mère, frères et soeurs, conjoint(e), amis, voisins, collègues. Ces attitudes préjudiciables qui entourent le VIH/SIDA ont de nombreuses conséquences, tant pour les individus et leurs familles que pour les communautés et les sociétés. Elles entravent toute activité de prévention et de prise en charge.

Ces résultats devraient réveiller tous les secteurs de la société. Nous avons besoin d‟intensifier les efforts éducatifs et les politiques fondés sur la science, afin de briser le stigmate social qui entoure cette maladie depuis bien trop longtemps.

Conclusion

La conclusion que nous tirons de ces résultats est que notre hypothèse selon laquelle, la fiction est un moyen de lutte contre la stigmatisation des femmes vivant avec le virus du SIDA dans la communauté urbaine de Niamey vient d‟être confirmée par 80% des personnes spectateurs interrogées.

Ainsi, si nous nous tenons au taux de 45,7% des ménages de Niamey possédant un poste téléviseur(5), le même taux de ménages verra le film diffusé.

2 Mme Diakité Ramatou Alfari, Etude de la grille des programmes de la télévision nationale : cas des émissions féminines, 2004, p 9 à 10.
3 La Radiodiffusion et les radios rurales chapitre II. Le service public gouvernemental de radiodiffusion. P 8. Site Geogle : htt://www.fao.org//docbep/006/y 4957/y4957f06.htm du 05-04-05.
4 Famille et Télévision. Actes de la 28ème Journée Mondiale de Communications Sociales. Facultés Catholiques de Kinshasa, 1996, Collection NOYOS. P 1.
5 Pourcentage de ménages possédant certains biens de consommation durables, selon le milieu de résidence, EDSN-MICS III 2006

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