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PREMIÈRE PARTIE : LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION

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Présentation générale du contexte

– Brève présentation de la Guinée

La République de Guinée (Guinée) est un pays côtier situé dans la partie occidentale du continent africain.Couvrant une superficie de 246 000 km2, elle est limitée à l’ouest par la Guinée-Bissau et l’océan Atlantique, au nord par le Sénégal et le Mali, à l’est par la Côte d’Ivoire et au sud par la Sierra Léone et le Liberia.

Du point de vue géoéconomique, la Guinée est subdivisée en quatre régions naturelles assez bien distinctes et intérieurement homogènes : Guinée maritime, Moyenne-Guinée, Haute-Guinée et Guinée forestière.Le pays doit son originalité à son milieu naturel qui se caractérise par des contrastes climatiques, des barrières montagneuses et l’orientation des reliefs qui se combinent pour donner à chaque région des particularités du point de vue du climat, du sol, de la végétation et du mode de vie des populations.

En 2003, la population est estimée à 8,5 millions d’habitants (Organisation des Nations unies, 2005) et est majoritairement constituée de femmes qui en représentent 51 %.D’après les résultats du recensement général de la population et de l’habitat de 1996, la population guinéenne vit essentiellement en milieu rural (70 %) et plus de la moitié de la population urbaine est concentrée dans la capitale (51 %).Le poids des personnes de moins de 15 ans (46 %) traduit l’extrême jeunesse de la population guinéenne qui se confirme par un âge moyen de 23 ans et un âge médian de 14,9 ans.

La Guinée réunit sur son territoire tous les ingrédients aptes à générer un développement économique et social enviable. Le relief est montagneux ou accidenté sur près des deux tiers du territoire avec un important réseau hydrographique aux fleuves puissants permettant des aménagements hydroélectriques sur leurs parcours montagneux. Les eaux continentales et maritimes sont poissonneuses et les précipitations favorables à l’agriculture et à l’élevage. On y trouve une grande quantité de ressources minérales, en particulier de la bauxite, du fer, du diamant et de l’or. Le potentiel économique de la Guinée repose essentiellement sur deux secteurs productifs : le secteur primaire (rural) et l’industrie minière.

En Guinée, les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat et de la pêche regroupent quatre Guinéens sur cinq et constituent les principaux pourvoyeurs d’emplois du pays.

Jusqu’à aujourd’hui, la Guinée n’a pas encore su valoriser son potentiel et la pauvreté y est toujours présente. Le revenu par tête d’habitant est estimé à 316 $ US par an en 2007.Enfin, la Guinée se situe dans la catégorie « Faible développement humain » selon le classement de l’indice de développement humain de 160 sur 17 (Rapport mondial sur le développement humain 2007).

– Présentation de la ville de Conakry(1)

La ville de Conakry, considérée comme une zone spéciale, comprend cinq communes : Dixinn, Kaloum, Matam, Matoto et Ratoma. Adossée à l’océan Atlantique, elle est limitée vers le continent par la préfecture de Dubréka au nord et par la préfecture de Coyah à l’est.

La zone de Conakry couvre une superficie de 308 km2. À sa pointe ouest se dessine l’archipel des îles de Loos. La végétation est essentiellement constituée de mangroves dans les communes de Ratoma et Matoto. Cette végétation est menacée de destruction sous l’effet de la poussée urbaine marquée par un développement des constructions individuelles et des activités du secteur informel.

L’agriculture (cultures maraîchères, tubercules, oléagineux, fruits, céréales) et l’élevage (surtout de volaille) sont pratiqués principalement dans les zones périphériques à caractère rural des communes de Ratoma et Matoto sous forme familiale. Leur commercialisation assure un revenu minimum aux familles qui s’y adonnent.

Les autres principales activités de la zone sont le commerce, les services, l’artisanat et la pêche. Au port autonome de Conakry, dans la commune de Kaloum, se développent les échanges commerciaux. La pêche (artisanale et industrielle) occupe une place importante et les métiers de la pêche sont en plein essor dans toute la zone, même si on constate une baisse du volume de poissons fraisdébarqués depuis quelques années : 27 % en 2000 et 29 % en 2001.

Le petit commerce occupe une grande place dans le secteur informel et s’effectue dans les marchés du périmètre urbain. Ces marchés sont classés en trois catégories : marchés à l’échelle de la ville, marchés à l’échelle de plusieurs quartiers, marchés à l’échelle d’un quartier et/ou spécialisés. L’activité industrielle y est plus dynamique que partout ailleurs dans le pays. Elle s’exerce à travers des unités de fabriques de jus de fruits, de boissons alcoolisées, des produits laitiers, d’oxygène, de tôles, de matelas, etc.

Le taux d’accroissement annuel est estimé à 6,6 %. Quarante pour cent de cette population est âgée de moins de 15 ans, 2,5 % sont des personnes âgées de plus de 65 ans et 48 % sont des femmes. L’accroissement rapide de la population de Conakry tient en grande partie au phénomène de migration vers les grands centres urbains. Il s’accompagne d’une demande de plus en plus forte de services de base (assainissement, logement, services scolaires et sanitaires, etc.).

– Présentation du secteur de la microfinance en Guinée en 2009(2)

Depuis l’avènement de la Deuxième République, la microfinance s’est révélée comme un outil prépondérant dans la lutte contre la pauvreté en Guinée. Plusieurs structures de microfinance et d’autres systèmes de financements décentralisés se sont donc créés et développés pour promouvoir les activités génératrices de revenus à la base.

À lafindesannées80, trois réseaux de microfinance à vocation nationale se sont développés avec l’autorisation de laBanque centrale,celle-ci visaitàcouvrirunegrandepartie duterritoire :leCrédit MutueldeGuinée(CMG,crééen 1988, a fermé ses portes en 2000 suite à une faillite),le Crédit rural de Guinée (CRG, créé en1988), Pride Finance (créé en 1991), les caisses d’épargne et de crédit de Guinée Yètè Mali (créés en1998 avec l’ouverture de la première caisse dans le quartier de Matam).

En Guinée, les activités d’épargne et de crédit sont réglementées par une loi sur la microfinance promulguée par l’Assemblée nationale en décembre 2005 qui classe les IMF en trois catégories :

1re catégorie : collecte l’épargne et prête à ses membres;
2e catégorie : collecte l’épargne et prête aux tiers;
3e catégorie : accorde des crédits aux tiers sans collecter de l’épargne.

Cette loi exige également que l’IMF, une fois agréée, adhère à l’Association professionnelle des IMF de Guinée (APIMGUI)(3).

En 2009, en dépit d’un contexte sociopolitique difficile, le secteur de la microfinance continue à se développer. Le nombre d’IMF est passé à dix, formant un ensemble de 340 caisses ou points de service réparti dans les quatre régions naturelles du pays, ce sont : Crédit rural de Guinée (CRG SA); le Programme intégré pour le développement de l’entreprise (PRIDE FINANCE); l’Agence autonome d’assistance intégrée aux entreprises (3AE); la Société coopérative de mobilisation des ressources pour l’investissement en Guinée (MIGUI); la Financial Development – Société anonyme (FINADEV SA); les Caisses communautaires d’épargne et de crédit de Guinée (CCECG); le Centre d’appui et de formation au développement à l’épargne/crédit et à l’éducation civique (CAFODEC); la Mutuelle d’épargne et de crédit des pêcheurs artisans de Guinée (MECREPAG); le Réseau d’assistance financière aux organisations communautaires (RAFOC).

L’offre de produits financiers proposée par les IMF est restée largement dominée par les dépôts à vue et les crédits à court terme. Certaines institutions de microfinance ont entrepris un processus de diversification de leur portefeuille d’activité, notamment en facilitant la réception des transferts en provenance de l’étranger ou des grandes agglomérations du pays.

Les ressources des institutions de microfinance sont majoritairement constituées de ressources à court terme, essentiellement par les dépôts à vue. Concernant les institutions relevant de la 3e catégorie, qui ne sont pas autorisées à collecter de l’épargne, les ressources proviennent des lignes de crédit accordées par les différents bailleurs dans le cadre des programmes d’aide au développement.

Tableau I. L’évolution de la situation des IMF de 2005 à 2009(4)

L’évolution de la situation des IMF de 2005 à 2009

Source : BCRG (2010)
Le tableau ci-dessus présente l’évolution du secteur de la microfinance en Guinée de 2005 à 2009 à partir des principaux indicateurs. Au 31 décembre 2009, 324 512 personnes étaient bénéficiaires des services financiers offerts par les dixIMF agrées par la Banque centrale de Guinée. Par rapport à l’année 2008, on observe une progression du nombre de clients de 5 %. Les dépôts ont aussi progressé de 6,61 % par rapport à 2008, mais à un rythme moins accéléré que celui de 2008 par rapport à 2007.

Le volume des financements (montant des crédits distribués) estimé à 65,4 milliards de GNF a baissé de 9,95 % par rapport à 2008. La diminution de l’encours de crédits est de l’ordre de 14,27 % par rapport à 2008.

Selon la Banque centrale(5), les baisses enregistrées dans le secteur de la microfinance sont dues au ralentissement de l’activité économique du pays, à l’abandon par certaines institutions de microfinance de l’octroi de petits crédits, en raison du taux de non-remboursement élevé par rapport aux autres formes de crédit, à la réduction et au gel de certaines lignes de financement de la part des bailleurs.

– Les parts de marché

La microfinance en Guinée est dominée par quatre institutions sur les 10 que compte le secteur. En effet, en ce qui a trait aux ressources, deux institutions détiennent à elles seules 98 % de l’ensemble des dépôts collectés par le secteur, soit 39,1 milliards GNF. Quatre-vingt-seize pour cent des financements ont été accordés par quatre structures (62,6 milliards GNF sur les 65,45 milliards distribués par l’ensemble du secteur en 2009, les six autres institutions représententdonc les 4 % restantsdu marché).

En 2009, la clientèle féminine représentait 48,67 % de la clientèle totale des institutions de microfinance et 41,04 % du montant total des crédits ont été octroyés à des femmes.

– La répartition des financements par secteur d’activité

Tous les secteurs de l’économie nationale ont bénéficié des financements avec une nette prédominance des financements du secteur du commerce, de la restauration et de l’hôtellerie (54 % des financements en 2009).

Par rapport à l’année 2008, on enregistre une diminution de la part des financements des projets relevant du secteur de l’agriculture, de la pêche ou de l’élevage. La part de ce secteur est passée de 26 % à 17 %.

Tableau II. L’évolution de la répartition des financements en 2008 et en 2009

L’évolution de la répartition des financements en 2008 et en 2009

Source : BCRG,Rapport annuel 2009.

Le secteur de la microfinance en Guinée en est encore à ses débuts comparativement au reste de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. En décembre 2009, le secteur desservait près de 324 512 clients sur un potentiel estimé à plus de 3,2 millions selon la Banque centrale, équivalant à un taux de pénétration d’environ 10 %(6).

Le secteur de la microfinance en Guinée n’est pas encore doté d’une stratégie nationale de microfinance. Néanmoins, plusieurs actions prouvent une certaine volonté des autorités à promouvoir le secteur, notamment la création d’une direction nationale de microfinance ainsi qu’une Association des professionnels de la microfinance(APIMG) qui fournissent des services de représentation et de défense des intérêts de ses membres.

– Les défis du secteur de la microfinance en Guinée

Les institutions de microfinance de Guinée sont confrontées à un certain nombre de problèmes, dont les plus importants sont :

– La difficulté d’accès aux ressources financières adaptées aux spécificités des besoins des pauvres, notamment des ressources financières à long terme;
– L’absence de mécanismes d’accompagnement en termes de renforcement des capacités et d’appuis divers;
– L’absence d’un mécanisme de sécurisation pour la gestion des nombreux risques auxquels sont soumises les institutions de microfinance;
– L’absence d’une véritable synergie entre les établissements bancaires et les institutions de microfinance.

– Présentation du Réseau des Caisses populaires d’épargne et de crédit de Guinée (CPECG/Yètè Mali)(7)

En 1996, dans le contexte de sa politique de diversification des réseaux de collecte de l’épargne et de distribution de crédit, la Banque centrale de République de Guinée (BCRG) a lancé un appel d’offres international pour un projet d’implantation d’un réseau mutualiste à Conakry pour lequel elle réservait un financement de 2 millions de dollars américains (2,7 millions de dollars canadiens à l’époque). Cet appel d’offres fut gagné par Développement international Desjardins (DID) qui apportait une contribution de 0,5 million de dollars canadiens. La durée du projet était alors estimée à cinq ans. Il s’agissait de mettre en place 13 Caisses populaires d’épargne et de crédit à travers Conakry. En juin 1997, vu l’engouement de la population autour de ce projet, le ministre canadien responsable de l’ACDI a entériné une contribution de 1 million de dollars canadiens pour les deux dernières années de ce projet et a approuvé la sélection de DID comme institution partenaire pour son exécution. En février 2000, le gouvernement canadien,par le biais du ministre responsable de l’ACDI, a décidé d’accroître la contribution canadienne,passant de 1 à 3 millions de dollars, et de prolonger la durée de l’appui de 5 à 8 ans. Tout ceci afin de permettre un transfert efficace de compétences vers les gestionnaires et dirigeants nationaux pour une amélioration significative des perspectives de viabilité du réseau. Les caisses de Yètè Mali sont nées d’un constat : plus de 80 % de la population de Conakry n’a pas accès au système bancaire, trop couteux.

– Du projet à l’institutionnalisation

En 2003, le projet d’implantation des caisses a été institutionnalisé selon la structure du Réseau des Caisses d’épargne et de crédit de Guinée (CPECG/Yètè Mali), agréé comme institution de microfinance de 1re catégorie. Le réseau regroupe 14 caisses toutes situées dans la ville de Conakry. Les premières années de son existence ont été consacrées au renforcement des systèmes opérationnels et organisationnels et ont permis au réseau de capitaliser un certain nombre d’acquis. Ensuite, le réseau a procédé à la consolidation et à la croissance de ses opérations (CPECG Yété Mali, 2009-2011).

– La mission du CPECG/Yètè Mali

Le Réseau CPECG/Yètè Mali a pour mission, à travers ses caisses de base, d’offrir des services financiers de proximité à la population guinéenne exclue du système bancaire classique et de contribuer ainsi à la lutte contre la pauvreté.

– La vision du CPECG/Yètè Mali

La vision du CPECG/Yètè Mali est celle d’une institution financière performante offrant à ses membres des services de qualité et en toute sécurité. Le Réseau veut s’affirmer progressivement comme un acteur essentiel de la microfinance en Guinée par une couverture du territoire national conséquente et accroître son impact sur la population guinéenne.

– Le modèle d’affaires du CPECG/Yètè Mali

Selon Osterwalder (2004), le modèle d’affaires décrit la valeur qu’une organisation offre à ses divers clients et identifie les compétences, les partenaires et le capital relationnel requis pour créer, mettre en valeur et livrer cette valeur, tout ceci en s’assurant de générer des entrées de revenus durables et profitables.

Le Réseau des CPECG/Yètè Mali offre à ses membres (hommes, femmes, personnes morales), une gamme de services financiers (épargne, crédit, transfert d’argent) adaptés à leurs besoins et à des tarifs très concurrentiels, à travers de nombreuses caisses, pouvant assurer la rentabilité financière afin d’être indépendant des bailleurs de fonds. Néanmoins, l’institution peut toutefois recourir aux subventions pour l’accélération de projets de grande envergure. Pour ce faire, elle mise sur l’engagement et les compétences de ses composantes (dirigeants, membres, employés), héritant des valeurs léguées par la gestion de Développement international Desjardins (DID), en respectant les normes et la loi régissant ce secteur surveillé par la Banque centrale et l’APIMG.

– Produits et services du CPECG/Yètè Mali

L’offre de services financiers du réseau est destinée à répondre aux besoins de ses membres qui viennent de toutes les catégories socioéconomiques de Conakry.
Les produits d’épargne permettent aux membres de garder leur argent à la caisse en toute sécurité, mais en ayant toute la flexibilité nécessaire pour se créer une épargne plus importante ou pour faire face à leurs besoins de liquidité. Le Réseau offre quatre produits d’épargne : épargne à vue, dépôt à terme, épargne tontine, dépôt-salaire. Le produitdépôt-salaire est destiné aux entreprises privées, publiques et mixtes, il permet aux employeurs d’effectuer le paiement des salaires de leurs employés à travers le réseau des caisses Yètè Mali.

Tableau III. Les produits d’épargne

Les produits d’épargne

Au 31 décembre 2009, le réseau a mobilisé 12 998 669 073 GNF en épargne, répartis comme suit : dépôts à vue (77 %), dépôts à terme (3 %), dépôts bloqués (20 %).

– Les produits de crédit

Le portefeuille de produits de crédit du réseauest subdivisé en deux grandes catégories : les crédits non productifs, permettant aux membres d’améliorer leur accès aux biens de consommation, représentent 5 % du portefeuille total des produits de crédit, et les crédits productifs, permettant aux membres d’exercer une activité génératrice de revenus et d’augmenter leur capital,représentent 95 % du portefeuille total des crédits octroyés en 2009,pour l’ensemble des caisses du réseau, estimé à 6 806 520 111 GNF.

– Les produits de crédits non productifs

Les produits de crédits non productifs offerts par les caisses du réseau sont : crédit sur salaire, avance sur salaire, avance sur masse salariale.

Tableau IV. Les produits de crédit non productif

Les produits de crédit non productif

Au 31 décembre 2009, l’ensemble des caisses du réseaua octroyé des crédits improductifs pour une valeur de383 541 099 GNF, répartis comme suit : des crédits et avances sur salaire, représentant 30 % du portefeuille et estimés à 266 567 077 GNF,dont 68 % ont été destinées à des femmes; et des crédits avances sur la masse salariale, représentant 70 % du portefeuilleet estimés à 16 974 022 GNF.

– Les produits de crédits productifs

Les produits de créditproductifs offerts par leRéseau sont : crédit régulier, microcrédit groupe (MCG), crédit Makiti Mali (CMM), crédit grands entrepreneurs et commerçants (GEC), crédit PAAEF, crédit aux pêcheurs (BAD).

Tableau V. Les produits de crédit productif

Les produits de crédit productif

Au 31 decembre 2009, l¡¦ensemble des caisses du reseau a octroye des credits productifs pour une valeur de6 422 979 012 GNF, repartis comme suit : credit regulier (35 %), credit Makiti Mali (2 %), credit PAAEF (1 %), credit GEC et autres (56 %), credit aux pecheurs (BAD) (6 %) et microcredit de groupe (0 %).

– Proximite

Le Reseau compte 14 caisses, dont 13reparties dans les cinq communes de Conakry et une au Kilometre 36, accusant toutes des taux eleves de pauvrete.Au 31 decembre 2009, les 14 caisses comptaient41 061 membres et 55 employes.

Tableau VI. Couverture regionale des caisses

Couverture régionale des caisses

– Le profil des membres des CPECG/Yètè Mali

Le Réseau des CPECG/Yètè Mali dispose d’une structure de d’effectiftrès diversifiée, composée de femmes (54 %), d’hommes (39 %)et de commerçants-entrepreneurs (5 %).Ces membres qui constituent sa clientèle cible appartiennent à toutes les catégories socioprofessionnelles présentes à Conakry et au Kilomètre 36.

Tableau VII. Répartition du portefeuille de crédit du CPECG/Yètè Mali par secteur

Répartition du portefeuille de crédit du CPECG Yètè Mali par secteur

Année de référence : 2009

– Le niveau de pauvreté monétaire des membres du CPECG/Yètè Mali.

Au CPECG/Yètè Mali, le niveau de prêt moyen est de 738,500 GNF et l’épargne moyenne est de 107,980 GNF (ces deux indicateurs ne tiennent pas compte de la clientèle personne morale). De plus, 53 % des bénéficiaires de prêt ont reçu un montant n’excédant pas 5 000 000 GNF.Par ailleurs,15 %des bénéficiaires de prêt ont reçu un montant inférieur ou égal à 1 000 000 GNF. Compte tenu de cet état de fait, on peut affirmer que l’effectif du CPECG/Yètè Mali est majoritairement constitué de gens à faible revenu, ayant des difficultés à intégrer le système financier classique de la Guinée.

– La structure organisationnelle du CPECG/Yètè Mali.

Le Réseau dispose de :

– Un conseil d’administration composé de neufmembres représentant des organes des caisses, élu par l’assemblée générale. Ce conseil doit être composé de quatre femmes au minimum, selon le statut de l’institution;
– Un directeur général, auquel sontliés hiérarchiquement : un secrétaire, un contrôleur interne,
– Une directrice générale adjointe responsable du service juridique et contentieux et qui supervise les trois autres services de la structure : service de l’exploitation, service des ressources humaines et formation, service des communications, développement et marketing;
– Un service administratif financier qui supervise les analystes financiers, les informaticiens, les comptables, les caissiers et les chauffeurs;
– Un service de l’exploitation qui supervise les conseillers et agents aux opérations, les agents de saisies, les agents de recouvrement, les employés des caisses (gérants, agents de crédits, caissiers);
– Un service des ressources humaines et formation.

Cadre théorique et conceptuel

Dans cette partie, nous essayerons de situer notre travail par le biais de certains concepts clés et des travaux de différents chercheurs ayant déjà abordés cet aspect. Aussi, tenterons-nous de définir ces concepts clés que sont : la performance globale, la performance sociale, la performance financière la gouvernance ainsi que le fonctionnement en réseau fédéré.

– La performance globale comme concept

Selon Baret(2006),la performance globalese définit comme « l’agrégation des performances économiques sociales etenvironnementales d’une entreprise (Baret, 2006) ».Néanmoins, dans cetessai, la performance globale est définie de façon à ce qu’elle soit mieux intégrée dans la littérature de la microfinance. Ainsi, la performance globale inclut « la capacité des dirigeants d’une IMF à appliquer les principes de bonne gouvernance afin d’assurer simultanément, les performances sociales et financières de l’institution; tout en respectant les principes de fonctionnement d’unréseau fédéré ».

– Peut-on associer l’économique et le social ?

Cette question a toujours alimenté les débats entre les praticiens de la microfinance. Zeller et Meyer(2003) proposent un modèle polyvalent pour comprendre et évaluer les performances sociale et financière des IMF.

À travers le modèle du« triangle de la microfinance (Zeller et Meyer, 2003) », Zeller et Meyer décrivent le défi d’atteindre les pauvres en nombre significatif (portée), de les aider à sortir de la pauvreté (impact), de créer des institutions financièrement viables (viabilité). Ils pensent queces objectifs ne sont pas naturellement en conflit. La situation la plus concluante serait que l’IMF puisse intégrer simultanément les trois dimensions : accessibilité, impact et viabilité dans sa stratégie.

Le triangle de la microfinance

Le triangle de la microfinance

Il est à noter que les évaluations de la performance d’une IMF ont d’abord étéd’ordre social, si l’on se réfère aux premières études d’impact réalisées à la fin des années 80. D’ailleurs, la microfinance a toujours été promue comme un outil de lutte contre la pauvreté. Sa mission, dit-on, consiste à atteindre les pauvres. Le sentiment de réussite de la microfinance déclenché par le Sommet dumicrocréditde1997 a favorisé, au milieu des années 90, une nouvelle approche dans l’évaluation de la performance d’une IMF. Cette nouvelle approche, dite institutionnelle, accentue davantage la performance financière.

Selon Pierret et Doligez (2005) :« La microfinance est sortie du temps des précurseurs pour constituer une industrie en émergence dans le champ de l’économie du développement. » Par ailleurs, les deux auteurs affirmentque « si l’année 2005, déclarée année internationale du microcrédit, constitue une reconnaissance pour cette innovation, elle met aussi en avant les fragilités du secteur et de ses institutions, à commencer par leur gouvernance. Et qu’en effet, le temps où ce concept était circonscrit à labonne administration des institutions de microfinance est révolu et la plupart des principaux enjeux du secteur sont, tôt ou tard confrontés à cette dimension essentielle du développement institutionnel », d’où l’intérêt de définir dans les lignesqui suivent, ces trois concepts : gouvernance, performance sociale et performance financière afin de mieux situer l’évaluation de la performance globale du CPECG Yètè Mali.

– La gouvernance comme concept

Selon Ghislain Paradis (2009), la gouvernance,« c’est l’intégrité et la transparence des décisions, le respect des intérêts des membres, leur protection; c’est un processus électoral respectueux des règles démocratiques, une reddition des comptes obligatoire, transparente et complète; c’est une division des tâches claires entre les élus et les gestionnaires… ».

L’Institut des recherches et d’applications des méthodes de développement (IRAM) et le Comité d’échanges de réflexions et d’informations sur les systèmes d’épargne-crédit (CERISE) ont élaboré une grille d’évaluation de la gouvernance définie à partir de cinq axesque nous retenons dans le cadre de notre analyse :

une vision stratégique partagée; un système d’information fiable et rapide pour préparer les décisions et alimenter le contrôle; un mode de prise de décision clair, adapté à la structure et préservant la cohérence d’ensemble; des niveaux de formation et de compétences permettant la mise en oeuvre des décisions; un système de contrôle efficace; une capacité à prévenir et surmonter les crises (CERISE, IRAM, 2005).

De plus, l’indicateur équité femme-homme a été ajouté en vue de déterminer la représentativité des femmes à l’échelle du réseau.

– La performance sociale comme concept

La notion de performance socialeest un concept central de la recherche en éthique des affaireset des travaux sur les relations entreprises-société. Elle s’inscrit dans le prolongement d’une réflexion théorique sur la responsabilité sociale de l’entreprise. Selon les auteurs Wartick et Cochran (1985), « la performance sociale traduitlacapacitédel’entrepriseàgérercetteresponsabilitésociale ».La notion de responsabilité sociale renvoie à la nature des interactions entre l’entreprise et la société et elle formalisel’idée selon laquelle l’entreprise, du fait qu’elle agit dans un environnement qui est à la fois social, politique et écologique, doit assumer un ensemble de responsabilités au-delà de ses obligations purement légales et économiques. C’est ainsi que la Commission européenne définit la responsabilité sociale des entreprises comme étant « l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes(8) ».

Les praticiens de la microfinance, tels que le CGAP et le CERISE définissent la performance sociale d’une IMF comme étant la mise en pratique de ses ambitions sociales afin qu’elle puisse durablement servir un nombre croissant de personnespauvresouexclues, améliorer tant la qualitéquelapertinence des services financiers proposés qu’agir sur l’environnement socio-économiquede ses clients tout en garantissant à ces derniers, àleurs employés et d’une manière générale à la communauté que les principesderesponsabilitésocialesontpleinementrespectés (CGAP, 2007).

Pour évaluer la performance sociale du CPECG Yètè Mali, l’utilisation de l’outil SPI de CERISE était prévue. Cependant, après plusieurs discussions avec les acteurs de la microfinance de la Guinée, cet outil s’est révélé non pertinent dans la mesure où bon nombre d’indicateurs composant cet outil ne répondent pas à leurs réalités institutionnelles.Il a fallu trouverun auteur permettant de mieux situer le concept de performance sociale. C’est ainsi que la définition de performance sociale de Clarkson a été jugée très pertinente.

Selon Clarkson (1995), la performance sociale peut se définir comme « la capacité à gérer et à satisfaire les différentes parties prenantes de l’entreprise ». Pour Freeman (1984), le terme de parties prenantes peut être défini dans les organisations par : « tout groupe ou tout individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs d’une organisation ».

Par ailleurs, Anais Perilleux (2008) considère la structure coopérative d’épargne et de crédit comme étant une coalition de parties prenantes. Elle a identifié six principales catégories communes à toutes les coopératives d’épargne et de crédit, ce sont : les membres, lesdirigeants, les élus, le personnel, les fournisseurs et les partenaires externes soutenant les coopératives d’épargne et de crédit dans leur développement.

Somme toute, la performance sociale de Yètè Mali sera évaluée à partir du niveau de satisfaction de ses parties prenantes qui sont : les élus, les membres, le personnel, les autorités de tutelle et les partenaires.

– La performance financière comme concept

Selon le Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP) (2007), « la viabilité financière est un critère essentiel de réussite des IMF ». De ce fait, le CGAP soutient l’approche institutionnaliste de la microfinance prônant que« le segment de la microfinance ne doit pas rester confiné à un créneau spécifique de développement des populations pauvres, mais doit faire partie intégrante du système financier ». Uneconséquence duraisonnementinstitutionnalistedominanta conduità considérerla missionsocialecommeacquiseetintrinsèqueàpartirdumomentoùlesIMFsont financièrementviables. De fait, des indicateurs, acceptés par la communauté de la microfinance, ont été mis en place par Microrate(9) (l’agence de notation la plus anciennespécialisée dans les institutions de microfinance) pour évaluer la performance financière des IMF. Ces indicateurs se concentrent sur quatre dimensions principales : qualitéduportefeuille, efficacitéetproductivité, gestionfinancière, rentabilité. Évaluer la performance financière de l’IMF consiste à déterminer, par rapport à ces quatre dimensions, son efficacité organisationnelle,sa capacité à croître, sa compétitivité sur les plans national etrégional.

– Le fonctionnement en réseau fédéré

Dans les paragraphes précédents nous avons tenté de définirles dimensionsfinancière, sociale et gouvernance de l’évaluation dela performance globale du CPECG Yètè Mali. En dernier lieu, une analyse du niveau d’intégration des critères essentielsde fonctionnement en réseau fédéré sera associée au processus d’évaluation de la performance globale de l’institution.

Le contexte économique actuel incite les coopératives financières à se donner les moyens pour avoir et maintenir des avantages compétitifs par rapport aux entreprises qui généralement possèdent une meilleure efficacité opérationnelle. La stratégie préconisée par Développement international Desjardins (DID), favorisant la compétitivité des coopératives financières, est le fonctionnement en réseau.

Selon Fischer (2000), ilexiste deux modèles dominants de fonctionnement en réseau pour les coopératives financières, il s’agit du fonctionnement en réseau fédéré centralisé etdu fonctionnement en réseau décentralisé compétitif ou atomisé. Selon l’étude de Fischer, effectuée sur 13 coopératives financières matures, le réseau fédéré semble présenter une performance égale ou supérieure (mais non inférieure) aumodèle atomisé.

Toujours selon Fischer (2000), pour être en mesure de qualifier un réseau de fédéré, quatre critères sont retenus : lamise en commun des ressources, la standardisation des opérations, la solidarité contractuelle et les stratégies des règles internes de gouvernance.

1) La mise en commun des ressources

La mise en commun des ressources, et particulièrement l’accès à des services de soutien communs, constitue probablement une des premières motivations des entités à s’allierentreelles. Les entités s’unissent pour partager des informations et des services qu’elles ne pourraient obtenir autrement sans moindre qualité.

2) La standardisation des opérations

La standardisation des systèmes suppose que les unités de base présentent une image uniforme et qu’elles opèrent selon certains standards connus et obligatoires.

3) La solidarité contractuelle

Un des aspectsimportantsd’unréseaufédéréestlanécessitéd’établirdesententesformellesliantles différents membres du système, développant ainsi une solidarité réseau. Àmaturité, face à l’extérieur, le réseau présente alors une image d’une institution financière unifiée.

4) Les stratégies des règles internes de gouvernance

La mise en place de stratégies et de règles internes pour renforcer la gouvernance est une autre caractéristique d’un réseau fédéré.

Méthodologie et limites du travail

– Conception et validation de l’outil

À partir de mon cadre théorique et de nombreuses discussions que j’ai eues avec des experts de la question tels Ghislain Paradis, Garnier Parent, Planet Rating, de CERISE et avec les acteurs de la microfinance de la Guinée, j’ai élaboré 5 critères de validation de mon questionnaire :

1. Cohérenceavecla mission et les orientations de l’IMF;
2. Applicabilité dans sa globalité à toute forme d’IMF évoluant dans le même contexte;
3. Clarté et aptitude à être appropriées par les praticiens;
4. Capacité à susciterdes actions pertinentes dans le contexte de l’IMF;
5. Participation des acteurs de la microfinance de Guinée à sa conception et sa validation.

– Modalité des entrevues

Un questionnaire a été élaboré afin de recueillir les informations qui seront collectées pendant les entrevuesréalisées en groupe de discussion. Le questionnaire a été validé avec les parties prenantes à l’aide d’un prétest.

– Méthode de cueillette des données

La cueillette des données s’est appuyée :

– Premièrement sur une série de documents disponibles au sein de l’institution, sur le site de DID (www.did.qc.ca), de la Banque centrale de la République de (www.bcrg-guinee.org), deMIX Market (www.mixmarket.org)et du Portail Microfinance (www.lamicrofinance.org).
– Deuxièmement, sur une dizaine d’entretiens et des groupes de discussionsréalisés de manière subséquente avec les différentes parties prenantes : les dirigeants, les employés, les membres du CPECG/YETE MALI, la Banque centrale, l’organisme professionnel des IMF (APIMG), la Direction nationale de la microfinance de la Guinée, Développement international Desjardins (DID), les dirigeants des deux autres IMF importantes en Guinée : (Crédit rural de Guinée etPRIDE finance).

– Limite du travail

– Le temps imparti était relativement restreint pour réaliser le travail.
– La disponibilité des personnes ressources était restreinte également pour valider les informations recueillies.
– Compte tenu du fait que la littérature de la microfinance est relativement jeune, trouver un cadre théorique et conceptuel pour situer l’essai n’a pas été facile. Autrement dit, il y a peu d’études qui s’inscrivent dans la même lignée.
– Le caractère très subjectif du cadre conceptuel de la performance sociale rend la démarche utilisée pour évaluer la performance sociale de l’institution scientifiquement limitée.

1 Source : http://srp-guinee.org/regional.htm
2 Source : http://srp-guinee.org/regional.htm
3 BCRG, la Loi sur la microfinance de Guinée, novembre 2005.
4 Pour les taux de change et d’inflation voir l’annexe.
5 Rapport annuel 2009.
6 Rapport annuel 2009.
7 Source : http://www.mixmarket.org/mfi/cpecg-yete-mali
8 Source : Commission européenne : entreprise et industrie (page consultée le 20 septembre 2010) [en ligne],http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sustainable-business/corporate-social-responsibility/index_fr.htm>
9 Source : http://idbdocs.iadb.org/wsdocs/getdocument.aspx?docnum=678720

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